Le marché spatial, ultime frontière du profit

Un modèle-échelle Sierra Space Large Integrated Flexible Environment, qui fait partie d'une station spatiale Orbital Reef, est exposé à Las Vegas, Nevada, le 4 janvier 2022. (Photo, AFP)
Un modèle-échelle Sierra Space Large Integrated Flexible Environment, qui fait partie d'une station spatiale Orbital Reef, est exposé à Las Vegas, Nevada, le 4 janvier 2022. (Photo, AFP)
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Publié le Mercredi 05 janvier 2022

Le marché spatial, ultime frontière du profit

  • Ces efforts sont en lien avec la politique de la Nasa qui vise à stimuler une économie commerciale dominée par les Etats-Unis dans l'orbite terrestre basse
  • Mais la perspective d'une hausse de l'activité spatiale de la part d'entreprises privées pourrait aussi générer de vrais risques

LAS VEGAS : La présentation d'un modèle grandeur nature d'"avion spatial" de Sierra Space au salon de la tech à Las Vegas (CES) cette semaine est la preuve de l'avènement de l'ère d'un marché de l'espace, avec son potentiel vertigineux et les risques qu'il implique. 

Au moment où de plus en plus d'entreprises privées s'intéressent à l'espace, les experts du secteur estiment que cette tendance donnera naissance à de nombreuses avancées technologiques mais avec la perspective quasi-certaine que des désastres spatiaux auront lieu et que des vies seront perdues.

Sierra Space, filiale de la société Sierra Nevada, veut que son vaisseau de neuf mètres, baptisé "Dream Chaser", effectue ses premières missions cette année, l'engin réutilisable étant la clé de voûte de ses ambitions stellaires. 

"Auparavant, seuls les gouvernements pouvaient le faire. Maintenant, les êtres humains ordinaires peuvent aller dans l'espace", explique à l'AFP Neeraj Gupta, responsable des destinations spatiales chez Sierra Nevada.

La mini-navette a été conçue pour transporter des personnes et de l'équipement vers et depuis des installations spatiales commerciales que l'entreprise envisage de bâtir dans les 8 à 10 prochaines années, notamment un système de structures gonflables destinées à accueillir des humains en orbite. 

Sierra Nevada a signé un accord avec la Nasa pour des vols non habités vers la Station spatiale internationale qui doivent débuter en 2022 et collabore avec la société Blue Origin de Jeff Bezos pour développer un comptoir commercial dans l'espace. 

"Nous observons vraiment l'ouverture d'un marché pour amener de plus en plus de personnes dans l'espace", assure Neeraj Gupta. 

Les projets commerciaux liés à l'espace voient le jour à un rythme effréné et font l'objet de toutes les attentions, en particulier les lancements des fusées de SpaceX, entreprise fondée par Elon Musk, qui transportent des astronautes pour le compte de la Nasa. 

L'année dernière, le voyage spatial de Jeff Bezos, à bord d'une fusée de sa propre société, a tour à tour suscité la fascination et une pluie de critiques outrées de la "course à l'espace" que se livrent ces milliardaires. 

Risques spatiaux

Au-delà du tourisme, l'espace est ainsi désormais vu comme un nouvel horizon commercial à prendre au sérieux. 

A Las Vegas, une vidéo montre un modèle non habité de "l'avion spatial" de Sierra Space revenir sur Terre et atterrir sur une piste comme n'importe quel avion de ligne. 

De nombreuses entreprises s'étaient déjà penchées sur des idées plus ou moins farfelues comme l'exploitation minière d'astéroïdes ou des applications biomédicales mais, jusqu'à il y a cinq ans, l'idée de produire quelque chose dans l'espace et de le ramener sur Terre ne faisait pas sens, détaille Mason Peck, professeur d'astronautique à l'université Cornell. 

"Désormais il y a des entreprises qui sont réellement en train d'étudier cette question: comment puis-je gagner de l'argent dans l'espace?", confirme-t-il à l'AFP. 

"Cela n'a jamais été la façon dont les gens envisageaient l'intérêt de l'espace. C'était toujours lié à quelque chose de plus profond, comme le bénéfice pour l'homme, l'humanité ou celui de la science", poursuit-il. 

Mais l'attrait du profit a le pouvoir d'accélérer fortement la productivité et les avancées technologiques, beaucoup plus que l'approche lente et réfléchie de la Nasa ou de l'Agence spatiale européenne. 

"Davantage de capitaux sont investis dans l'industrie spatiale. La technologie s'améliore, les coûts baissent donc tout le monde en tire profit", analyse Mike Gruntman, professeur d'astronautique à l'université de Californie du Sud. 

Ces efforts sont en lien avec la politique de la Nasa qui vise à stimuler une économie commerciale dominée par les Etats-Unis dans l'orbite terrestre basse. 

Mais la perspective d'une hausse de l'activité spatiale de la part d'entreprises privées pourrait aussi générer de vrais risques. 

"Il y aura sûrement un moment où surviendront une tragédie, des morts et de la destruction à cause de cela comme c'est toujours le cas. Il y a bien des accidents de voiture, des ponts qui s'effondrent, des trains qui déraillent", prévient Mason Peck. 

"Le prochain William Shatner que nous envoyons dans l'espace pourrait ne pas revenir... et ce sera effroyable. Mais ce n'est pas une raison de ne pas le faire", conclut-il, en faisant référence à l'acteur incarnant l'emblématique capitaine Kirk de la série Star Trek, qui s'est rendu dans l'espace en octobre à bord d'une fusée de Blue Origin. 


Liban: l'Union européenne annonce une aide d'un milliard d'euros pour soutenir l'économie

Le Premier ministre libanais Najib Mikati (au centre) pose pour une photo avec la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et le président chypriote Nikos Christodoulides lors de leur rencontre au siège du gouvernement du Grand Sérail à Beyrouth (Photo, AFP).
Le Premier ministre libanais Najib Mikati (au centre) pose pour une photo avec la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et le président chypriote Nikos Christodoulides lors de leur rencontre au siège du gouvernement du Grand Sérail à Beyrouth (Photo, AFP).
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  • Le président chypriote s'était déjà rendu au Liban le 8 avril pour discuter avec M. Mikati de la question des réfugiés
  • Le Liban, frappé par une crise économique depuis 2019 dit accueillir près de deux millions de réfugiés syriens

BEYROUTH: La cheffe de la Commission européenne a annoncé jeudi à Beyrouth une aide d'un milliard d'euros pour soutenir la "stabilité socio-économique" du Liban et appelé ce pays à bien coopérer dans la lutte contre l'immigration clandestine.

Les fonds seront "disponibles à partir de cette année jusqu’en 2027. Nous voulons contribuer à la stabilité socio-économique du Liban", a déclaré Ursula von der Leyen, ajoutant "compter sur une bonne coopération" des autorités libanaises dans la lutte contre l'immigration clandestine vers l'Europe.

Le Liban, frappé par une crise économique depuis 2019 dit accueillir près de deux millions de réfugiés syriens, soit le plus grand ratio par habitant au monde.

Le petit pays méditerranéen, frontalier de la Syrie, n'a de cesse d'exhorter la communauté internationale de les rapatrier, les armes s'étant tues dans plusieurs régions syriennes.

Les migrants, demandeurs d'asile et réfugiés qui quittent le Liban par bateau à la recherche d'une vie meilleure en Europe se dirigent souvent vers Chypre qui affirme être en première ligne face aux flux migratoires au sein de l'UE.

"La réalité actuelle de cette question est devenue plus grande que la capacité du Liban à la traiter", a déclaré le Premier ministre libanais Najib Mikati, lors d'une conférence de presse en présence de Mme. von der Leyen et du président chypriote Nikos Christodoulides.

Augmentation des ressortissants syriens à Chypre 

"Nous renouvelons notre demande à l'UE, (...) d’aider les personnes déplacées dans leur pays (d'origine et non au Liban), pour les encourager à rentrer volontairement", a-t-il poursuivi.

De son côté, Chypre, qui fait état d'une augmentation des arrivées de ressortissants syriens, estime que la guerre entre Israël et le Hamas à Gaza, qui a déclenché des violences à la frontière israélo-libanaise, a affaibli les efforts de Beyrouth pour empêcher les départs.

De janvier à avril 2024, plus de 40 bateaux transportant environ 2.500 personnes ont accosté à Chypre, a indiqué à l'AFP l'agence de l'ONU pour les réfugiés (HCR).

Chypre avait conclu il y a des années avec le Liban un accord pour le retour de migrants en situation irrégulière.

Le président chypriote s'était déjà rendu au Liban le 8 avril pour discuter avec M. Mikati de la question des réfugiés et de la manière de contrôler le flux migratoire vers son pays.


TotalEnergies: le gouvernement remonté contre un possible transfert de sa cotation à New York

Le ministre français de l'Économie Bruno Le Maire (Photo, AFP).
Le ministre français de l'Économie Bruno Le Maire (Photo, AFP).
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  • Aujourd'hui, TotalEnergies a déjà des titres inscrits à Londres et à New York, mais de manière secondaire
  • M. Pouyanné avait notamment évoqué la frilosité de l'Europe vis-à-vis de sa stratégie qui consiste à continuer d'investir dans les énergies fossiles

PARIS: Confronté à la réflexion de TotalEnergies quant au transfert de la cotation principale du groupe à New York, le ministre de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire a affirmé jeudi qu'il comptait se battre pour que ce déménagement de la Bourse de Paris "n'ait pas lieu".

 

"Je suis là pour faire en sorte que ça n'ait pas lieu, parce que je pense que c'est une décision qui est grave", a déclaré M. Le Maire sur BFMTV/RMC.

"Est-ce que l'intérêt suprême de la nation est de garder le siège social de Total en France et la cotation principale de Total en France? Oui, et donc je me battrai pour ça", a-t-il ajouté.

"Nous avons besoin de Total", a-t-il souligné, mentionnant le plafonnement à moins de 2 euros du litre du carburant dans ses stations françaises.

L'affaire est partie des déclarations surprises de Patrick Pouyanné à l'agence Bloomberg. Dans un entretien publié le 26 avril, Patrick Pouyanné avait dit réfléchir à une cotation principale à la Bourse de New York. Près de la moitié de l'actionnariat de TotalEnergies est désormais constituée d'actionnaires institutionnels (fonds de pension, gestionnaires d'actifs, assureurs...) nord-américains.

"Ce n'est pas une question d'émotion. C'est une question d'affaires", avait ajouté le dirigeant de l'entreprise, tout en assurant que le siège social de ce fleuron du CAC 40 resterait bien à Paris.

Son argument principal: "une base d'actionnaires américains qui grossit", ce qui amène l'entreprise à s'interroger sur la façon de "donner accès plus facilement aux actions pour les investisseurs américains", a-t-il expliqué aux analystes, le 26 avril.

Appétit américain pour les fossiles 

Las du manque d'appétit des investisseurs européens pour le secteur pétrogazier, alors que le groupe estime investir beaucoup dans les énergies vertes, le PDG chercherait à se rapprocher des investisseurs américains moins contraints par des règles d'investissement durable.

"Les politiques au sens large ESG (environnement, social et de gouvernance, NDLR) en Europe ont plus de poids", a ainsi justifié M. Pouyanné lundi devant des sénateurs français.

Le PDG observe que "la base d'actionnaires européens de TotalEnergies diminue, notamment la base française" qui a reculé de "7% au cours des quatre dernières années, largement à cause des réglementations, de la pression qui est faite sur eux".

En filigrane, le patron pointe du doigt le changement en France du label Investissement socialement responsable (ISR), qui exclut désormais les entreprises exploitant du charbon ou des hydrocarbures non conventionnels, une mesure décidée par Bercy lui-même fin 2023. Ahmed Ben Salem, analyste du groupe financier Oddo BHF, nuance ce point en indiquant que les fonds labellisés ISR représentaient 1,7% de l'actionnariat de TotalEnergies.

Pendant que l'UE muscle sa réglementation pour flécher les investissements vers la transition écologique, aux Etats-Unis la pression de certains Etats, comme le Texas, pour ne pas délaisser les entreprises d'énergies fossiles a poussé de grands gérants d'actifs à abaisser leurs ambitions climatiques.

"Nous observons clairement plus d'appétit pour les actions d'entreprises des secteurs énergétique, pétrole et gaz du côté de l'Amérique du Nord qu'en Europe", a dit M. Pouyanné aux analystes.

Conséquence de ce manque d'appétit: une valorisation moins importante. TotalEnergies avance "exactement les mêmes résultats trimestriels qu'une entreprise comme Chevron". Le groupe énergétique américain est valorisé 300 milliards de dollars en Bourse, contre 175 milliards pour TotalEnergies.

Le mirage d'un marché européen 

La faute au cloisonnement des marchés financiers en Europe, selon M. Le Maire, qui avait dans un premier temps estimé dimanche sur LCI qu'il fallait offrir à TotalEnergies "les moyens de se développer" en accélérant sur l'union des marchés de capitaux (UMC) dans l'UE.

L'UMC permettrait d'augmenter la taille du marché boursier européen pour que les entreprises s'y financent davantage. Ahmed Ben Salem n'est cependant pas convaincu des changements éventuels pour TotalEnergies: "Il faut des acheteurs sur le secteur, pas seulement des liquidités."

La moindre valorisation de TotalEnergies "est aussi subie par les autres majors européennes", explique-t-il à l'AFP, citant l'exemple du britannique Shell qui "est dans la même réflexion" concernant une cotation principale à New York.

Au Sénat, le patron n'a pas exclu de reconsidérer la question si "plus d'actionnaires européens (...) rachètent du TotalEnergies".


Microsoft signe un accord avec le fournisseur d'énergie renouvelable Brookfield

Le géant du numérique Microsoft a annoncé mercredi avoir signé un accord avec le fournisseur d'énergie renouvelable canadien Brookfield Asset Management, qui en ferait le plus important accord d'entreprise de fourniture d'énergie verte, selon le groupe. (AFP)
Le géant du numérique Microsoft a annoncé mercredi avoir signé un accord avec le fournisseur d'énergie renouvelable canadien Brookfield Asset Management, qui en ferait le plus important accord d'entreprise de fourniture d'énergie verte, selon le groupe. (AFP)
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  • L'accord prévoit le développement d'un champ d'éoliennes et de panneaux solaires de 10,5 GigaWatt (GWt) afin d'alimenter les centres de données du groupe numérique, qui vise la neutralité carbone d'ici à 2030
  • L'IA, et plus largement l'informatique dématérialisé, va entraîner une hausse exponentielle de la consommation énergétique des groupes numériques

SAN FRANCISCO: Le géant du numérique Microsoft a annoncé mercredi avoir signé un accord avec le fournisseur d'énergie renouvelable canadien Brookfield Asset Management, qui en ferait le plus important accord d'entreprise de fourniture d'énergie verte, selon le groupe.

Cet accord qualifié de "première" prévoit, selon Brookfield, le développement d'un champ d'éoliennes et de panneaux solaires de 10,5 GigaWatt (GWt) afin d'alimenter les centres de données du groupe numérique, qui vise la neutralité carbone d'ici à 2030.

Il met également en lumière les importants investissements réalisés par les plus grands groupes mondiaux afin d'atteindre leur objectifs en terme d'énergie propre tout en restant compétitif dans la course au développement de l'intelligence artificielle (IA).

Car l'IA, et plus largement l'informatique dématérialisé (cloud), va entraîner une hausse exponentielle de la consommation énergétique des groupes numériques, alors qu'ils multiplient les centres de données, particulièrement énergivores, augmentant leur dépendance vis-à-vis des fournisseurs d'énergie traditionnels.

"Cette collaboration avec Brookfield vient soutenir le développement innovant de réseaux d'énergies plus variées au niveau mondial et va contribuer à atteindre notre objectif de 100% de notre consommation d'électricité décarbonnée, 100% du temps, d'ici à 2030", a assuré le directeur des énergies renouvelables chez Microsoft, Adrian Anderson.

Les conditions financières de l'accord n'ont pas été précisées, alors que la puissance prévue pour le parc pourrait potentiellement fournir en énergie l'équivalent de millions de foyers.

L'accord devrait également permettre à Brookfield d'augmenter ses actifs en projets éoliens et solaires aux Etats-Unis, en Europe et dans d'autres régions dans les prochaines années.

L'entreprise s'est dite "ravie de collaborer avec Microsoft pour répondre à la demande de leurs clients avec la construction d'une capacité dépassant 10,5 GWt en énergie renouvelable", a déclaré Connor Teskey, directeur général de l'unité des énergies renouvelables de Brookfield.

L'échelle de l'accord, près de huit fois plus gros que le plus important accord entreprise signé jusqu'ici en terme d'achat d'énergie renouvelable, vient souligner la montée en puissance de Brookfield ainsi que la capacité d'achat de Microsoft.

Le cadre de l'accord se fonde sur les échanges déjà existants entre les deux groupes, qui vont être étendus plus de 10 fois plus en termes de capacité renouvelable entre 2026 et 2030.

Si l'accord prévoit dans un premier lieu du solaire et de l'éolien, il sera étendu à d'autres technologies permettant de fournir de l'électricité décarbonnée, en particulier lorsque le vent ou le soleil n'en fournira pas suffisamment.

Comme Microsoft, Google, Amazon et Meta figurent désormais parmi les plus grosses entreprises acheteuses d'énergie propre, afin d'atteindre leurs engagements de neutralité carbone.