La viande, en Espagne, un «tabou» coriace et des débats musclés

Dans cette photo d'archives prise le 1er décembre 2019, des militants tiennent des pancartes indiquant «la viande est la première cause du changement climatique», alors qu'ils participent à une manifestation organisée par l'organisation internationale de défense des animaux à but non lucratif AnimaNaturalis, à Madrid. (Gabriel Bouys/AFP)
Dans cette photo d'archives prise le 1er décembre 2019, des militants tiennent des pancartes indiquant «la viande est la première cause du changement climatique», alors qu'ils participent à une manifestation organisée par l'organisation internationale de défense des animaux à but non lucratif AnimaNaturalis, à Madrid. (Gabriel Bouys/AFP)
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Publié le Dimanche 09 janvier 2022

La viande, en Espagne, un «tabou» coriace et des débats musclés

  • Selon la FAO, les Espagnols consomment en moyenne 98,8 kilos de viande par personne et par an, contre 42 kilos en moyenne dans le monde
  • Selon la base de données de l'université d'Oxford, la production de viande a été multipliée par 10 en Espagne depuis 60 ans, soit bien plus que dans les autres pays européens

MADRID: Échanges à couteaux tirés au pays du jambon: le poids de l'élevage industriel et son impact environnemental enflamment le débat politique en Espagne, premier pays consommateur de viande en Europe, sur fond de divisions au sein de la coalition de gauche au pouvoir.

Le ministre de la Consommation, Alberto Garzón, a sonné la charge contre ce qu'il estime être la surproduction de viande dans son pays dans un entretien publié par le quotidien britannique The Guardian le lendemain de Noël.

«Ce n'est que très récemment que nous avons commencé à examiner l'impact de la chaîne de production de viande et, en particulier, l'impact (de la production de viande de) boeuf»,  a-t-il déclaré au quotidien britannique, affirmant qu'en Espagne, ce thème avait longtemps été «un tabou».

Cet économiste de formation visait les «fermes géantes» («macro-granjas»), ces établissements gigantesques en plein essor en Espagne.

Les entreprises concernées «trouvent un village dans une zone dépeuplées d'Espagne et y mettent 4.000, 5.000 ou 10.000 têtes de bétails. Elles polluent le sol, polluent l'eau, puis exportent cette viande de mauvaise qualité venant d'animaux maltraités», avait-il ajouté.

Repris après les fêtes par la presse espagnole, les propos de M. Garzón -- dirigeant de Izquierda Unida (IU), petite coalition de gauche intégrée au parti de gauche radicale Podemos, allié du parti socialiste (PSOE) dans la coalition gouvernementale -- ont fait bondir les associations d'éleveurs, à l'image de l'UPA (Union des petits agriculteurs).

- «Mensonges» et «maladresses» -

«En Espagne, il n'y a pas d'animaux maltraités», s'est offusquée l'organisation, en dénonçant une série de «mensonges» et de «maladresses» pouvant avoir «des effets désastreux sur les exportations espagnoles de produits carnés».

Il s'agit d'une «attaque contre les agriculteurs» et «contre l'image» de l'Espagne, a renchéri le chef de file de l'opposition conservatrice, Pablo Casado (Parti Populaire). Même certains socialistes, dirigeants de régions dont l'économie repose sur l'élevage, ont réclamé la «démission» de M. Garzón.

Face à cette avalanche de critiques, la porte-parole du gouvernement, Isabel Rodríguez, a évoqué «une vue personnelle» du ministre. L'exécutif «soutient l'élevage, qui contribue de façon décisive à l'économie, à (...) nos exportations» et «à la cohésion territoriale» de l'Espagne, a-t-elle dit.

En juillet, M. Garzón avait déjà provoqué la panique au sein de l'exécutif en dénonçant la «surconsommation» de viande en Espagne. Le Premier ministre Pedro Sánchez, soucieux de rassurer la filière, avait alors confié ne pas pouvoir résister à «une côte de boeuf à point».

Pour Salvador Calvet, professeur à l'Université de Valence et spécialiste du secteur, ces levées de boucliers s'expliquent par le poids culturel et économique de l'élevage, qui fait vivre «de nombreuses familles» en Espagne.

Selon l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), la filière carnée espagnole génère quelque 2,5 millions d'emplois directs et indirects en Espagne et pèse pour neuf milliards dans les exportations.

Le secteur, marqué par une industrialisation croissante, est en plein boom: selon la base de données de l'université d'Oxford, la production de viande a été multipliée par 10 en Espagne depuis 60 ans, soit bien plus que dans les autres pays européens.

- «Débat légitime» -

«Le nombre d'exploitations a tendance à diminuer», mais les élevages «sont de plus en plus grands», souligne M. Calvet. Une dynamique favorisée par la demande extérieure, notamment de Chine, mais aussi par le fort appétit des Espagnols pour les produits carnés.

Selon la FAO, les Espagnols consomment en moyenne 98,8 kilos de viande par personne et par an, contre 42 kilos en moyenne dans le monde. Cela fait de l'Espagne le premier pays consommateur de viande en Europe par habitant, devant le Portugal (94,7) et la Pologne (88,5).

Cette consommation équivaut à plus de 270 grammes par jour, «quand les recommandations scientifiques internationales recommandent 300 grammes par semaine», fustige Greenpeace, qui juge les conséquences de cette surconsommation «dévastatrices».

Dans un communiqué, l'ONG internationale a apporté son soutien à Alberto Garzón, dans le sillage de plusieurs autres associations.

«Il y a un débat légitime» sur l'impact de l'élevage, même si la réalité est «complexe et nuancée», estime M. Calvet, pour qui les éleveurs ont «amélioré» leurs pratiques ces dernières années, mais peuvent «s'améliorer encore plus».

Un débat qui pourrait peser sur les prochaines échéances électorales, à commencer par un scrutin régional le 13 février en Castille et León, une région rurale au nord de Madrid, au risque de fragiliser un peu plus l'alliance entre les socialistes et Podemos. Ce parti a regretté vendredi les critiques de ses alliés contre M. Garzón.


CMA CGM annonce la reprise de la compagnie aérienne cargo en faillite Air Belgium

CMA CGM a décidé de conserver la marque Air Belgium, "compagnie emblématique du paysage aérien belge", et les appareils resteront basés en Belgique. (AFP)
CMA CGM a décidé de conserver la marque Air Belgium, "compagnie emblématique du paysage aérien belge", et les appareils resteront basés en Belgique. (AFP)
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  • Le groupe marseillais, qui a lancé CMA CGM Air Cargo en mars 2021 pour proposer une offre de fret aérien, va mettre la main sur les quatre avions cargo d'Air Belgium
  • L'offre de reprise du transporteur maritime avait été validée par le tribunal de l'entreprise du Brabant wallon fin mars. Air Belgium accumulait les difficultés depuis 2023, après avoir tenté de lancer une activité passager qui n'a jamais été rentable

PARIS: Le transporteur maritime français CMA CGM a annoncé mercredi qu'il reprenait la compagnie aérienne belge Air Belgium qui était placée en liquidation en raison d'un passif important accumulé pendant la pandémie de Covid, en promettant de sauvegarder 124 emplois sur 401.

Le groupe marseillais, qui a lancé CMA CGM Air Cargo en mars 2021 pour proposer une offre de fret aérien, va mettre la main sur les quatre avions cargo d'Air Belgium. Il totalisera dès lors neuf appareils effectuant plusieurs liaisons depuis la France, la Belgique et les Etats-Unis. Sa flotte doit doubler d'ici 2027.

L'ajout des quatre appareils d'Air Belgium - deux Airbus A330F et deux Boeing B747F - "permet de renforcer immédiatement nos capacités aériennes tout en répondant aux défis logistiques actuels", s'est réjoui le vice-président exécutif de la division aérienne de CMA CGM, Damien Mazaudier.

L'offre de reprise du transporteur maritime avait été validée par le tribunal de l'entreprise du Brabant wallon fin mars. Air Belgium accumulait les difficultés depuis 2023, après avoir tenté de lancer une activité passager qui n'a jamais été rentable.

Les liens entre Air Belgium et CMA CGM sont anciens puisque la compagnie belge était chargée de l'exploitation de quatre Airbus A330F appartenant à CMA CGM Air Cargo basés à Liège, avant que la compagnie n'obtienne son certificat de transporteur aérien français et ne rapatrie ses appareils à l'aéroport de Paris-Charles de Gaulle.

CMA CGM a décidé de conserver la marque Air Belgium, "compagnie emblématique du paysage aérien belge", et les appareils resteront basés en Belgique. Deux d'entre eux effectuent une liaison régulière entre Bruxelles et la Chine, tandis que les deux autres sont exploités pour le compte de tiers, a indiqué Damien Mazaudier.

Parallèlement, le groupe marseillais a annoncé son intention de renforcer sa flotte basée à Chicago, où stationnent déjà deux Boeing B777F, "auxquels viendront s'ajouter trois autres appareils" du même modèle.

Ce hub permet d'effectuer des liaisons entre les Etats-Unis, la Chine et l'Asie du Sud-Est. CMA CGM n'a pas souhaité commenter l'impact de la guerre commerciale en cours entre Pékin et Washington sur cette activité.

"Ces avions renforceront la présence du groupe sur les routes transpacifiques et soutiendront l'expansion de ses activités cargo sur le marché américain", a expliqué CMA CGM.

En Europe, CMA CGM Air Cargo dispose déjà de liaisons régulières depuis Paris vers Hong Kong, Shanghai et Zhengzhou.


L’autorité portuaire saoudienne renforce l’attractivité de Dammam avec une zone logistique ambitieuse

La zone logistique de Dammam fait partie d'un plan d'investissement plus large de 10 milliards de SR visant à établir 20 centres logistiques intégrés à travers le Royaume.
La zone logistique de Dammam fait partie d'un plan d'investissement plus large de 10 milliards de SR visant à établir 20 centres logistiques intégrés à travers le Royaume.
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  • L'Autorité portuaire générale d'Arabie saoudite, connue sous le nom de Mawani, a signé un nouvel accord pour développer une zone logistique d'une valeur de 300 millions de riyals saoudiens (79 millions de dollars) dans le port Roi Abdulaziz de Dammam
  • Le projet renfore l'ambition du Royaume de devenir une plaque tournante mondiale de la logistique

RIYAD : L'Autorité portuaire générale d'Arabie saoudite, connue sous le nom de Mawani, a signé un nouvel accord pour développer une zone logistique d'une valeur de 300 millions de riyals saoudiens (79 millions de dollars) dans le port Roi Abdulaziz de Dammam, renforçant ainsi l'ambition du Royaume de devenir une plaque tournante mondiale de la logistique.

Le projet, lancé en partenariat avec Alissa International Motors - une filiale du groupe Abdullatif Alissa Holding - couvrira 382 000 mètres carrés. La nouvelle installation servira de plaque tournante pour l'importation et la réexportation de véhicules et de pièces détachées, a indiqué l'autorité dans un communiqué.

Cette initiative s'aligne sur les objectifs de la stratégie nationale de l'Arabie saoudite en matière de transport et de logistique, qui vise à améliorer l'efficacité de la chaîne d'approvisionnement et à attirer les investissements étrangers et nationaux. La zone logistique de Dammam fait partie d'un plan d'investissement plus large de 10 milliards de RS visant à établir 20 centres logistiques intégrés à travers le Royaume sous la supervision de l'autorité.

La nouvelle installation comprendra un entrepôt de 7 000 mètres carrés consacré au stockage des pièces détachées et conçu pour accueillir plus de 13 000 véhicules.

"Ce développement renforcera l'avantage concurrentiel du port et sa position en tant que centre logistique régional en fournissant des services logistiques de haute qualité", selon Mawani.

L'autorité a également souligné que le projet contribuerait à la diversification de l'économie et renforcerait la participation du secteur privé à la croissance du Royaume.

Le port Roi Abdulaziz, qui constitue déjà un lien vital entre l'Arabie saoudite et les marchés internationaux, offre des infrastructures et des capacités logistiques de pointe, ce qui en fait une destination attrayante pour les entreprises de commerce international.

Par ailleurs, Mawani a signé un autre contrat avec Sultan Logistics pour l'établissement d'une zone logistique supplémentaire dans le port du roi Abdulaziz, d'une valeur de 200 millions de RS. D'une superficie de 197 000 mètres carrés, l'installation comprendra 35 000 mètres carrés d'espace d'entreposage, des bureaux administratifs, des parcs de stockage pour les conteneurs secs et réfrigérés, ainsi qu'une zone de réexportation dédiée.

"Ces installations amélioreront la qualité des services logistiques offerts dans le port et soutiendront le commerce grâce à une efficacité opérationnelle accrue", a ajouté Mawani.

La création de ces nouvelles zones devrait considérablement renforcer la capacité opérationnelle et la compétitivité du port Roi Abdulaziz.

En 2024, l'Arabie saoudite a lancé, développé et inauguré huit zones et centres logistiques, soutenus par environ 2,9 milliards de RS d'investissements du secteur privé. Ces efforts s'inscrivent dans le cadre d'une stratégie plus large visant à consolider la position du Royaume en tant que puissance logistique mondiale de premier plan.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Moody’s et Fitch attribuent des notes de qualité à AviLease, société du PIF

Détenue par le Fonds d'investissement public d'Arabie saoudite, la société AviLease a annoncé que Moody's lui avait attribué la note Baa2 avec une perspective stable et que Fitch lui avait attribué la note BBB avec une perspective stable. (Photo fournie)
Détenue par le Fonds d'investissement public d'Arabie saoudite, la société AviLease a annoncé que Moody's lui avait attribué la note Baa2 avec une perspective stable et que Fitch lui avait attribué la note BBB avec une perspective stable. (Photo fournie)
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  • Les deux agences ont mis en avant le portefeuille de haute qualité d'AviLease, composé d'avions de nouvelle technologie, ainsi que la solidité de son bilan et sa trajectoire de croissance
  •  Elles ont noté que la société devrait devenir l'un des principaux acteurs du secteur mondial du leasing d'ici à 2030

RIYAD: La société saoudienne AviLease a reçu des notations de crédit de premier ordre de la part des agences Moody’s et Fitch Ratings, alors qu’elle poursuit l’expansion de son portefeuille et renforce son rôle stratégique dans le secteur aéronautique du Royaume.

Détenue par le Fonds d'investissement public d'Arabie saoudite, AviLease a annoncé que Moody's lui avait attribué la note Baa2 avec une perspective stable et que Fitch lui avait attribué la note BBB avec une perspective stable.

Les deux agences ont mis en avant le portefeuille de haute qualité d'AviLease, composé d'avions de nouvelle technologie avec une forte combinaison de crédit, ainsi que la solidité de son bilan et sa trajectoire de croissance.

Elles ont noté que la société devrait devenir l'un des principaux acteurs du secteur mondial du leasing d'ici à 2030.

«Les notations ouvrent la voie à une flexibilité financière encore plus grande, car nous pourrons accéder aux marchés des capitaux de la dette non garantie», a déclaré Edward O'Byrne, PDG d'AviLease, dans un communiqué de presse.

Il poursuit: «L'obtention d'une notation de qualité en moins de trois ans depuis notre création est un exploit remarquable, et nous pensons qu'elle positionne AviLease dans un groupe restreint de bailleurs de l'industrie en un temps record.»

Les notations reconnaissent également le rôle stratégique d'AviLease dans le soutien des initiatives du secteur de l'aviation du PIF dans le cadre de la Vision 2030 de l'Arabie saoudite.

«Ces notations permettront à AviLease d'accéder aux marchés de capitaux mondiaux pour financer ses stratégies commerciales, en se positionnant à l'avant-garde de l'industrie du leasing d'avions, en parfaite adéquation avec la stratégie nationale de l'aviation et la Vision 2030 de l'Arabie saoudite», a déclaré Fahad al-Saif, président d'AviLease.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com