Le père israélien de la «barrière de sécurité» investit dans la reconnaissance faciale

Dany Tirza, 63 ans, ancien colonel de l'armée israélienne, s'adresse à l'AFP alors qu'il se tient le long de la barrière de séparation controversée d'Israël dans le village occupé de Hizma en Cisjordanie, entre Jérusalem et la ville palestinienne de Ramallah, le 14 janvier 2022. (Photo, AFP)
Dany Tirza, 63 ans, ancien colonel de l'armée israélienne, s'adresse à l'AFP alors qu'il se tient le long de la barrière de séparation controversée d'Israël dans le village occupé de Hizma en Cisjordanie, entre Jérusalem et la ville palestinienne de Ramallah, le 14 janvier 2022. (Photo, AFP)
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Publié le Dimanche 23 janvier 2022

Le père israélien de la «barrière de sécurité» investit dans la reconnaissance faciale

  • Estimé à environ 3,7 milliards de dollars en 2020, le marché en plein essor des technologies de reconnaissance faciale devrait dépasser les 11 milliards de dollars d'ici 2026
  • Face à la critique, de grands groupes comme Amazon, Microsoft, IBM et Meta ont arrêté ou gelé temporairement la vente de leurs logiciels de reconnaissance faciale aux forces de l'ordre

KFAR ADUMIM : Vingt ans après avoir conçu la "barrière de sécurité" entre Israël et les Palestiniens, Dany Tirza planche sur un nouveau projet controversé mais ne requérant cette fois aucun ciment: des caméras corporelles dotées d'une technologie de reconnaissance faciale.

Cette technologie, considérée par ses détracteurs comme un outil de surveillance posant des risques de violation de la vie privée, est de plus en plus utilisée dans les appareils électroniques et plusieurs pays l'ont aussi déployée dans des aéroports pour vérifier l'identité de voyageurs.

Dany Tirza, ancien colonel de l'armée israélienne vivant dans la colonie de Kfar Adumim, en Cisjordanie occupée, s'est lui reconverti dans les affaires, à la tête de la société Yozmot qui développe des caméras corporelles permettant aux policiers de scanner une foule et d'identifier en temps réel des "suspects", même s'ils portent un masque. 

"Les policiers sauront à qui ils ont affaire", estime l'homme de 63 ans, qui s'est associé avec la start-up israélienne Corsight AI, dont la technologie permet à ses clients de créer une banque de données, par exemple d'employés, ou de suspects recherchés par la police, pour ensuite identifier une personne dans une foule.

Remodeler

Estimé à environ 3,7 milliards de dollars en 2020, le marché en plein essor des technologies de reconnaissance faciale devrait dépasser les 11 milliards de dollars d'ici 2026, selon le cabinet Mordor Intelligenge.

Face à la critique, de grands groupes comme Amazon, Microsoft, IBM et Meta ont arrêté ou gelé temporairement la vente de leurs logiciels de reconnaissance faciale aux forces de l'ordre.

Mais cet essor connaît quelques remous. Le mois dernier, la France a ordonné à la société de reconnaissance faciale Clearview AI de supprimer les données personnelles de ses citoyens, l’accusant d'atteinte à la vie privée en constituant des bases de données à l'aide d'images "ramassées" (grattées) sur internet.

Des agissements "odieux", souligne Rob Watts, PDG de Corsight AI, assurant que sa compagnie a refusé de vendre ses produits à la Russie, au Myanmar ou à la Chine, des ONG de défense des droits de l'Homme accusant Pékin d'utiliser la reconnaissance faciale pour surveiller les Ouïghours, une minorité musulmane.

Ces polémiques n'empêchent pas Dany Tirza de défendre le bien-fondé de sa caméra qu'il espère mettre au point d'ici un an et vendre aux services de police aux Etat-Unis et au Mexique, pays séparés par une longue barrière. 

Barrière, mur? Ces mots, Danny Tirza les connaît bien et de près. En 2002, en pleine seconde Intifada, l'armée israélienne avait demandé à cet expert en planification stratégique spatialisée, d'ériger "une barrière de sécurité" pour protéger l'Etat hébreu des incursions depuis la Cisjordanie occupée.

Pour les Palestiniens, cette barrière qui s'étend sur plus de 500 km et faite de barbelés, clôtures électriques et de murs de béton atteignant jusqu'à neuf mètres de haut est l'un des symboles les plus honnis de l'occupation.

Mais pour Dany Tirza, elle a remodelé le conflit israélo-palestinien, en limitant le nombre d'attentats en sol israélien. Avant qu'elle ne soit érigée, "beaucoup de gens pensaient qu'on ne pouvait pas séparer" les deux peuples, dit-il.

Ficher les Palestiniens ?

Au cours des derniers moins, la société de cybersécurité israélienne NSO a été critiquée pour l'usage présumé de son logiciel Pegasus qui aurait permis d'espionner les numéros de journalistes, d'hommes politiques, de chefs d'entreprises, ou de militants palestiniens.

Le groupe fondé par des vétérans du renseignement militaire israélien soutient que son logiciel - permettant de récupérer les messages, photos, contacts, et d'activer à distance les micros d'un smartphone - ne peut être vendu qu'à des Etats et avec l'approbation du ministère de la Défense.

En novembre "Breaking the Silence", une organisation israélienne ayant recueilli des témoignages de soldats, a révélé que l'armée israélienne avait mis au point un système de reconnaissance faciale pour ficher des Palestiniens en Cisjordanie, territoire occupé par Israël depuis 1967.

Sollicitée par l'AFP sur cette affaire, l'armée israélienne a dit mener des "opérations sécuritaires de routine" en Cisjordanie visant à "lutter contre le terrorisme".

Et la société israélienne Oosto - nouveau nom d'Anyvision - a confirmé à l'AFP que ses logiciels étaient aujourd'hui utilisés par les forces de l'ordre aux points de passage par lesquels transitent les Palestiniens travaillant en Israël.

Pour Dany Tirza, qui doit traverser ces points de contrôle lorsqu'il se rend en Israël depuis sa colonie, ce dispositif permet de "réduire les frictions entre les soldats et les gens sur le terrain".

A l'opposé, le militant palestinien des droits numériques Nadim Nashif, dénonce lui un outil de "domination". "Plutôt que de trouver une solution politique qui respecte les droits du peuple palestinien, il y a de plus en plus une tentative de contrôle".


Indonésie: 54 blessés dans une explosion d'origine inconnue près d'une école à Jakarta, selon la police

 Au moins 54 personnes ont été blessées vendredi à la suite d'une explosion près d'une école à Jakarta, la capitale indonésienne, a déclaré le chef de la police locale, Asep Edi Suheri, sans donner d'éléments sur l'origine du sinistre. (AFP)
Au moins 54 personnes ont été blessées vendredi à la suite d'une explosion près d'une école à Jakarta, la capitale indonésienne, a déclaré le chef de la police locale, Asep Edi Suheri, sans donner d'éléments sur l'origine du sinistre. (AFP)
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  • "Selon les premières données, quelque 54 personnes sont touchées. Certaines ont des blessures mineures, d'autres modérées et certaines ont déjà quitté l'hôpital", a déclaré M. Asep, cité sur la chaîne Kompas TV
  • L'explosion s'est produite "à proximité" d'un lycée, a-t-il précisé, ajoutant que la police avait bouclé le périmètre

JAKARTA: Au moins 54 personnes ont été blessées vendredi à la suite d'une explosion près d'une école à Jakarta, la capitale indonésienne, a déclaré le chef de la police locale, Asep Edi Suheri, sans donner d'éléments sur l'origine du sinistre.

"Selon les premières données, quelque 54 personnes sont touchées. Certaines ont des blessures mineures, d'autres modérées et certaines ont déjà quitté l'hôpital", a déclaré M. Asep, cité sur la chaîne Kompas TV.

L'explosion s'est produite "à proximité" d'un lycée, a-t-il précisé, ajoutant que la police avait bouclé le périmètre.

La police "procède aux constatations sur la scène de crime", a déclaré M. Asep, précisant qu'une équipe de déminage de la police de Jakarta était sur place afin de déterminer la cause de l'explosion.

Des postes de secours ont été établis dans deux hôpitaux pour aider les familles à retrouver les victimes blessées, a-t-il également indiqué.

Une enquête est en cours pour déterminer la cause de l'explosion, a ajouté M. Asep. "Nous sommes en train de mener les investigations car cet incident vient de se produire", a-t-il expliqué.


Au moins neuf morts dans l'accident d'un avion-cargo aux États-Unis

Au moins neuf personnes sont mortes dans l'accident d'un avion-cargo qui s'est écrasé mardi peu après son décollage de Louisville, dans le centre-est des Etats-Unis, a annoncé mercredi le gouverneur du Kentucky. (AFP)
Au moins neuf personnes sont mortes dans l'accident d'un avion-cargo qui s'est écrasé mardi peu après son décollage de Louisville, dans le centre-est des Etats-Unis, a annoncé mercredi le gouverneur du Kentucky. (AFP)
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  • "Kentucky, d'autres nouvelles déchirantes nous parviennent de Louisville. Le nombre de victimes s'élève désormais à au moins 9, et pourrait encore augmenter. En ce moment, ces familles ont besoin de prières, d'amour et de soutien"
  • L'accident a également fait au moins 11 blessés. Le gouverneur de l'Etat tiendra une conférence de presse à 11H30, heure locale (16H30 GMT)

WASHINGTON: Au moins neuf personnes sont mortes dans l'accident d'un avion-cargo qui s'est écrasé mardi peu après son décollage de Louisville, dans le centre-est des Etats-Unis, a annoncé mercredi le gouverneur du Kentucky.

"Kentucky, d'autres nouvelles déchirantes nous parviennent de Louisville. Le nombre de victimes s'élève désormais à au moins 9, et pourrait encore augmenter. En ce moment, ces familles ont besoin de prières, d'amour et de soutien", a écrit sur X le gouverneur de l'Etat, Andy Beshear.

L'accident a également fait au moins 11 blessés. Le gouverneur de l'Etat tiendra une conférence de presse à 11H30, heure locale (16H30 GMT).

Le vol UPS 2976, qui devait rejoindre Hawaï, "s'est écrasé vers 17H15 heure locale" (22H15 GMT) mardi, selon le régulateur américain de l'aviation, la FAA. L'appareil était un McDonnell Douglas MD-11.

L'avion avait "trois membres d'équipage à son bord", a déclaré dans un communiqué le transporteur UPS, dont le siège de la division aérienne est installé à Louisville.

L'appareil aurait percuté "de manière assez directe" une installation de recyclage de pétrole, a précisé le gouverneur.

Une vidéo amateur partagée par la chaîne locale WLKY montre le moteur gauche de l'avion en feu tandis que l'appareil rase le sol en tentant de décoller de la piste, avant visiblement d'exploser plus loin, provoquant un large panache de fumée noire.

L'appareil a terminé sa course à près de 5 km de l'aéroport, selon la police.

Des images aériennes de télévisions locales montraient aussi, peu après le crash, un large brasier s'étalant sur plusieurs centaines de mètres de long dans une zone de hangars et de parkings, avec les gyrophares des équipes de secours à proximité.

Les vols, annulés mardi soir, ont été rétablis à l'aéroport international Mohamed-Ali de Louisville, a annoncé mercredi matin sur X le maire de la ville, Craig Greenberg.

UPS a annoncé mercredi via un communiqué suspendre toutes les opérations de tri des colis sur place, pour la deuxième journée consécutive.

Louisville sert de principal hub aérien américain pour UPS, selon une fiche d'information de l'entreprise.

Paralysie budgétaire 

Les enquêteurs de l'Agence américaine de sécurité des transports (NTSB) doivent arriver mercredi sur place.

L'accident de mardi intervient au moment où les conséquences de la paralysie budgétaire, due à un désaccord entre républicains et démocrates au Congrès, se font particulièrement ressentir dans le domaine du transport aérien.

Depuis plusieurs semaines, des pénuries de contrôleurs aériens - qui travaillent depuis le 1er octobre sans être payés - entraînent retards et annulations de vols à travers le pays.

Si la paralysie budgétaire se prolonge au-delà de cette semaine, l'espace aérien américain pourrait même être partiellement fermé, a mis en garde mardi le ministre des Transports, Sean Duffy.

UPS Airlines, la division aérienne du groupe américain de messagerie et de livraison de colis, opérait début septembre une flotte d'environ 500 avions de transport de marchandises, dont 27 MD-11, l'appareil impliqué dans l'accident de mardi.

Le dernier accident aérien majeur aux Etats-Unis s'est produit le 29 janvier dernier à proximité de l'aéroport Ronald-Reagan de Washington, quand un hélicoptère militaire est entré en collision avec un avion de ligne sur le point d'atterrir, tuant 67 personnes au total.


Mamdani élu maire de New York, soirée de revers pour Trump

Le socialiste Zohran Mamdani a remporté mardi la mairie de New York au terme d'une soirée d'élections locales dans lesquelles Donald Trump a essuyé plusieurs revers, un message de défiance à un an des élections de mi-mandat. (AFP)
Le socialiste Zohran Mamdani a remporté mardi la mairie de New York au terme d'une soirée d'élections locales dans lesquelles Donald Trump a essuyé plusieurs revers, un message de défiance à un an des élections de mi-mandat. (AFP)
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  • L'élu local de 34 ans, opposant résolu au président américain, a largement devancé son principal adversaire, l'ancien gouverneur de l'Etat, le centriste Andrew Cuomo, selon les projections de plusieurs médias
  • Zohran Mamdani deviendra le 1er janvier le premier maire musulman de la plus grande ville des Etats-Unis

NEW YORK: Le socialiste Zohran Mamdani a remporté mardi la mairie de New York au terme d'une soirée d'élections locales dans lesquelles Donald Trump a essuyé plusieurs revers, un message de défiance à un an des élections de mi-mandat.

L'élu local de 34 ans, opposant résolu au président américain, a largement devancé son principal adversaire, l'ancien gouverneur de l'Etat, le centriste Andrew Cuomo, selon les projections de plusieurs médias.

Zohran Mamdani deviendra le 1er janvier le premier maire musulman de la plus grande ville des Etats-Unis.

Sa victoire a été accueillie par des cris de joie et parfois les larmes de ses partisans réunis dans une grande salle rococo des années 1920 du centre de Brooklyn.

"En cette période d'obscurité politique, New York sera la lumière", leur a lancé le jeune élu, ajoutant que la ville pouvait "montrer à une nation trahie par Donald Trump comment le vaincre".

L'ancien président démocrate Bill Clinton, dont M. Cuomo a fait partie de l'administration, a souhaité au vainqueur de "transformer l'élan de (sa) campagne" pour construire "un New York meilleur, plus juste et plus abordable".

"L'avenir s'annonce un peu meilleur", a commenté pour sa part Barack Obama, évoquant les différentes victoires démocrates de la soirée.

Participation record 

Donald Trump, qui a fait de Zohran Mamdani l'une de ses nouvelles bêtes noires, a lui aussi rapidement réagi. Dans un message publié sur son réseau Truth Social, il a cité des "sondeurs" anonymes affirmant que les défaites républicaines étaient dues à la paralysie budgétaire -- le  "shutdown" -- et au fait que son propre nom ne figurait pas sur les bulletins de vote.

Plus tôt dans la journée, il avait appelé les électeurs juifs à faire barrage au candidat, militant de la cause palestinienne. En réponse, Zohran Mamdani s'est de nouveau engagé, dans son discours de victoire, à "bâtir une mairie qui (...) ne faiblira pas dans la lutte contre le fléau de l'antisémitisme".

Vainqueur surprise de la primaire démocrate en juin, l'élu du Queens à l'Assemblée de l'Etat de New York n'a jamais, depuis lors, quitté la tête des sondages, même après le retrait de la course du maire sortant Eric Adams, qui a également appelé à le battre en ralliant Andrew Cuomo.

Signe de l'engouement pour le scrutin, avant la fermeture des bureaux de vote à 21H00, plus de deux millions d'électeurs s'étaient rendus aux urnes, la plus importante participation depuis près de 60 ans.

Né en Ouganda dans une famille d'intellectuels d'origine indienne, arrivé aux Etats-Unis à sept ans et naturalisé en 2018, Zohran Mamdani a fait de la lutte contre la vie chère le coeur de sa campagne.

Si Donald Trump l'a qualifié de "communiste", ses propositions -- encadrement des loyers, bus et crèches gratuits -- relèvent plutôt de la social-démocratie.

Autres victoires démocrates 

Très populaire auprès des jeunes, le futur maire a également ramené à lui de nombreuses personnes qui s'étaient éloignées de la politique, "des électeurs frustrés par le status quo, en quête de nouvelles personnalités", selon le politologue Costas Panagopoulos.

"Si Zohran Mamdani devient maire, Trump n'en fera qu'une bouchée", a prédit Andrew Cuomo avant le verdict mardi, insistant, comme il l'a fait durant toute la campagne, sur l'inexpérience de son adversaire.

Plusieurs fois, le président républicain a promis de mettre des bâtons dans les roues du jeune candidat démocrate s'il était élu, en s'opposant au besoin au versement de certaines subventions fédérales à la ville.

Voisin de New York, l'Etat du New Jersey a choisi la démocrate Mikie Sherrill contre l'homme d'affaires républicain Jack Ciattarelli. L'Etat a longtemps été considéré comme un bastion démocrate. Mais à la dernière présidentielle, Donald Trump y avait considérablement réduit l'écart.

Plus au sud sur la côte est, la Virginie a élu la première femme à sa tête, la démocrate Abigail Spanberger, battant la républicaine Winsome Earle-Sears.

Enfin, les Californiens ont approuvé un texte visant à redécouper leur carte électorale en faveur des démocrates, qui cherchent à compenser ce qu'ont fait au Texas les républicains sous la pression de Donald Trump.