Madagascar: Des maisons en ruines et des rats après la tempête Ana

Des habitants marchent dans une zone inondée du quartier d'Ankasina de 67 hectares à Antananarivo, le 28 janvier 2022 alors que Madagascar a subi des inondations causées par une violente tempête. (Photo, AFP)
Des habitants marchent dans une zone inondée du quartier d'Ankasina de 67 hectares à Antananarivo, le 28 janvier 2022 alors que Madagascar a subi des inondations causées par une violente tempête. (Photo, AFP)
Short Url
Publié le Samedi 29 janvier 2022

Madagascar: Des maisons en ruines et des rats après la tempête Ana

  • La tempête s'est formée la semaine dernière à l'est de l'île, provoquant inondations et glissements de terrain
  • Après avoir traversé Madagascar, Ana s'est engouffrée dans le canal du Mozambique, s'abattant sur le Mozambique et le Malawi et faisant 90 morts au total

ANTANANARIVO, Madagascar: Sur des barques de fortune, ils vont la boule au ventre voir ce qu'il peut bien rester de leur maison et leurs récoltes, après dix jours de pluies intenses déversées sur Madagascar par la tempête tropicale Ana.

Cinquante-et-une personnes sont mortes depuis le début du déluge la nuit du 17 janvier sur la grande île de l'océan Indien. Quelques 130 000 personnes sont sinistrées, parmi elles la plupart n'ont plus de toit.

A coups de rame dans ce quartier du sud de la capitale Antananarivo, de petits groupes se frayent un chemin entre les lentilles d'eau et des plantes flottantes typiques de l'île appelées tsifakona, habituellement données en nourriture aux cochons. Les pluies ont cessé depuis trois jours et les habitants retournent peu à peu chez eux.

Certains n'ont pas voulu dépenser les 300 ariary (0,07 euro) pour le transport et rentrent à pied, portant les enfants à bout de bras là où le niveau d'eau est encore élevé.

Ulrich Tsontsozafy, un militaire à la retraite de 66 ans, raconte comment les trombes d'eau l'ont surpris en pleine nuit. "Je me suis réveillé à 03H00 du matin pour aller aux toilettes et j'ai découvert ma maison pleine d'eau", raconte-t-il assis en haut d'une pile de chaises en plastique dans son salon détrempé.

Ce Malgache essaie de trouver des astuces pour ne pas avoir constamment les pieds dans l'eau. "Ça abîme la peau", explique-t-il en écartant les orteils, laissant apercevoir une fine pellicule blanche. "Ça gratte et ça s'infecte".

«Mes cahiers d'école»

La tempête s'est formée la semaine dernière à l'est de l'île, provoquant inondations et glissements de terrain. Après avoir traversé Madagascar, Ana s'est engouffrée dans le canal du Mozambique, s'abattant sur le Mozambique et le Malawi et faisant 90 morts au total.

Dans cette zone marécageuse de la plaine du Betsimitatatra, les gens sont habitués à vivre avec l'eau. Un ingénieux système de pontons en bois relie habituellement les maisons entre elles. La tempête a tout submergé d'un eau brunâtre qui dégage une forte odeur de vase.

Pendant quelques jours, les rats ont nagé à la surface, à la recherche de nourriture. "Nos plantations ont été détruites, la rizière, l'avocatier, le petit cocotier", souffle Tsontsozafy, cachant mal son émotion. Son épouse, Juliette Etaty, 65 ans, a réussi a sauver quelques sacs de riz, mis de côté avec des marmites et des vêtement dans une pile qui monte jusqu'au plafond.

"La première chose à laquelle j’ai pensé, c'est mes cahiers d'école", raconte leur petite-fille Luciana, 17 ans. Elle raconte le cauchemar de se réveiller en pleine nuit, les pieds dans l'eau.

Dans la capitale malgache, des gymnases et des écoles ont été réquisitionnés et transformés en hébergement d'urgence. Mais eux n'ont pas voulu y aller. Peur de se retrouver entassés et d'attraper la Covid, peur de laisser leur maison ouverte aux quatre vents et aux cambrioleurs.

Toky Ny Nosy, 42 ans et sans emploi, s'est réfugiée dans une école. Elle n'a pas eu le choix, elle pensait que sa maison allait s'écrouler sous le poids des litres de pluie. Et puis, "l'eau m'empêchait de bien respirer", explique cette asthmatique.

Tous les jours depuis près de deux semaines, elle retourne dans son quartier: "L'eau baisse à peine, ça m'arrive toujours à la hanche, désespère-t-elle, adossée contre un mur en brique.

Dans la cour de l'établissement transformé en hébergement d'urgence, des centaines de familles regardent un camion faire son entrée. Il amène les repas du soir, "il n'y en a jamais assez", soupire Toky.


Tanzanie : la présidente investie malgré les violences électorales

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
Short Url
  • Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021
  • Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin

NAIROBIE: Samia Suluhu Hassan a été investie lundi présidente de la Tanzanie, où l'internet reste coupé depuis les manifestations réprimées dans le sang contre son élection, l'opposition évoquant au moins 800 morts.

Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021. Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin.

"Moi, Samia Suluhu Hassan, jure que je remplirai mes fonctions de présidente de la République (...) avec diligence et un cœur sincère", a-t-elle affirmé. La cheffe de l'Etat, qui portait un voile rouge et un long vêtement noir, a également prôné dans un discours "l'unité et la solidarité".

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan.

La cérémonie, qui n'était pas ouverte au public, contrairement aux précédentes, s'est tenue dans un espace ressemblant à un terrain de parade militaire de la capitale Dodoma, où quelques podiums dressés ne réussissaient pas à masquer un grand vide.

Des chanteurs et chanteuses se sont succédé, avant l'arrivée de la présidente, pour chanter les louanges de "Mama Samia", son surnom parmi ses soutiens, devant un parterre de dignitaires et de militaires. Parmi les invités étaient notamment présents les présidents de la Zambie, de la Somalie et du Burundi.

Mme Hassan a, selon la commission électorale, obtenu 97,66% des suffrages. L'élection a été qualifiée de "parodie de démocratie" par l'opposition, les deux principaux opposants ayant été soit emprisonné, soit disqualifié.

L'opposition a également dénoncé d'importantes tricheries le jour de l'élection, mais aussi sur le taux de participation de 87% selon la commission électorale.

Le scrutin a surtout été marqué par un fort niveau de violence, des manifestations anti-régime ayant été réprimées dans le sang et la Tanzanie mise sous cloche: l'internet reste coupé depuis mercredi, ce qui ralentit considérablement la sortie d'informations.

Cadavres 

De premières photos et vidéos de cadavres, parfois empilés les uns sur les autres, mais aussi d'hommes en uniforme usant de leur arme à feu, commencent à apparaître sur les réseaux sociaux.

Le service de fact-checking de l'AFP a pu vérifier que certaines d'entre elles n'avaient jamais été postées auparavant. Plusieurs éléments montrent qu'elles ont été prises en Tanzanie.

Un porte-parole du principal parti d'opposition, Chadema, a estimé vendredi qu'au moins 700 manifestants hostiles au régime ont été tués en Tanzanie en trois jours. Un chiffre estimé crédible par une source sécurité, qui a alors mentionné "des centaines de morts".

Le samedi, ce porte-parole, John Kitoka, a ensuite fait état d'au moins 800 tués.

Des informations crédibles corroborent l'idée que des centaines, et peut-être même des milliers de personnes ont été tuées lors des violences électorales, a de son côté estimé une source diplomatique interrogée par l'AFP.

D'après des "rapports préoccupants", la police utilise également le blocage d'internet pour "traquer les membres de l'opposition et les manifestants qui pourraient avoir des vidéos" de ses atrocités, a poursuivi cette source.

La Mission d'observation électorale de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC), dont la Tanzanie fait partie, a pointé lundi dans un rapport préliminaire "un faible nombre d'électeurs dans tous les bureaux de vote" où ses observateurs se trouvaient, avec parfois "plus de policiers que de votants", des irrégularités et des incidents violents "au cours desquels des membres de la police ont fait usage d'armes à feu".

Les écoles restent fermées lundi et les transports publics à l'arrêt. La capitale économique Dar es Salaam et les principales villes du pays ont retrouvé un peu de calme depuis le week-end.

Dimanche, le pape Léon XIV a indiqué prier "pour la Tanzanie" et évoqué les "nombreuses victimes" des affrontements ayant éclaté après les élections.

L'élection présidentielle était couplée avec les législatives.

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a réclamé vendredi une "enquête minutieuse et impartiale sur les accusations d'utilisation excessive de la force".


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Short Url
  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Short Url
  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.