Au Pakistan, des start-up veulent propulser l'agriculture dans l'ère numérique

Sur cette photo prise le 7 janvier 2022, des villageois se tiennent à côté du bureau de Digital Dera à Chak Twenty-six SP. (Photo, AFP)
Sur cette photo prise le 7 janvier 2022, des villageois se tiennent à côté du bureau de Digital Dera à Chak Twenty-six SP. (Photo, AFP)
Short Url
Publié le Dimanche 30 janvier 2022

Au Pakistan, des start-up veulent propulser l'agriculture dans l'ère numérique

  • L'agriculture est le pilier de l'économie pakistanaise, comptant pour près de 20% de son PIB et 40% de sa main-d'œuvre
  • Mais elle reste très manuelle et a du retard sur d'autres grands pays agricoles en terme de mécanisation

CHAK TWENTY-SIX SP, Pakistan: Installer internet dans les champs et mieux distribuer les produits: au Pakistan, des entrepreneurs s'attaquent au gigantesque secteur agricole, inefficace et encore largement déconnecté de l'ère numérique.

A "Chak 26 SP", le "village 26" au centre de la province du Pendjab, cœur culturel du pays, les appels téléphoniques sont difficiles. Mais les agriculteurs y ont, depuis octobre, accès à internet.

Jusqu'ici, "la machine la plus moderne que nous avions était le tracteur", explique à l'AFP Aamer Hayat Bhandara, agriculteur et élu local à l'origine du projet "Digital Dera", ou lieu d'accueil numérique.

L'agriculture est le pilier de l'économie pakistanaise, comptant pour près de 20% de son PIB et 40% de sa main-d'œuvre. Mais elle reste très manuelle et a du retard sur d'autres grands pays agricoles en terme de mécanisation.

Des vaches et ânes se reposent près du chemin d'accès boueux à ce pavillon, relié au réseau de la prochaine ville grâce à une parabole sur le toit.

Six agriculteurs sont venus y découvrir les ordinateurs et tablettes permettant de consulter les prévisions météorologiques -- plus exactes que la télévision -- ainsi que les prix du marché ou des astuces agricoles.

"Je n'avais jamais vu de tablette avant", témoigne Munir Ahmed, 45 ans, qui cultive du maïs, des pommes de terre et du blé. "Avant, on s'appuyait sur l'expérience de nos ancêtres ou la nôtre, mais ce n'était pas très précis", raconte Amjad Nasir, un autre agriculteur, qui espère que le projet "apportera plus de prospérité".

Et ce n'est pas la seule innovation de M. Bhandara: à quelques minutes de voiture, sur le mur d'un abri, un petit boîtier neuf contraste avec la pompe à eau vétuste.

Une tablette lui suffit désormais pour contrôler l'irrigation d'une partie des 100 hectares qu'il cultive. Sauf si une des multiples coupures de courant intempestives du réseau d'électricité pakistanais interfère.

Application mobile

Cette année, espère-t-il, d'autres installeront la technologie pour "réduire la consommation d'eau" et "les besoins en main-d'œuvre".

Et l'agriculteur imagine les prochaines étapes: des capteurs connectés pour mesurer, par exemple, l'humidité du sol.

"Des données sont nécessaires pour prendre de meilleures décisions", soutient M. Bhandara. "Numériser l'agriculture... et la population rurale est le seul moyen pour prospérer", assure-t-il, en affirmant avoir "besoin de soutien du gouvernement".

Avant l'aube à Lahore, quelque 150 kilomètres au nord, des dizaines d'hommes chargent des sacs de fruits et légumes sur des motos cargo dans un entrepôt de la start-up Tazah, qui sert d'intermédiaire entre agriculteurs et commerçants.

Après quatre mois de fonctionnement, l'entreprise a levé 6,5 millions de dollars (5,7 millions d'euros) et livre quotidiennement une centaine de tonnes de produits aux marchands, qui ont passé commande via une application mobile.

"Avant, le commerçant devait se lever à 5h00 ou 5h30 pour acheter les produits en gros, au prix du jour, puis se tracasser à les transporter", note Inam Ulhaq, responsable régional.

La jeune entreprise s'attaque à un système "extrêmement complexe", "déconnecté", "vieux de plusieurs décennies, voire siècles" et "défaillant à plusieurs échelons", explique le co-fondateur, Abrar Bajwa.

Investissement record

Alors que fruits et légumes pourrissent souvent lors de longs transports mal organisés, Tazah rend "toute la chaîne d'approvisionnement plus efficace", avance son partenaire Mohsin Zaka.

Après Lahore, Tazah opère déjà dans la plus grande ville, Karachi, et prépare son arrivée dans la capitale Islamabad.

Une levée de 20 millions de dollars est en cours, notamment auprès de fonds internationaux, détaille à l'AFP le co-fondateur, au moment où les investissements affluent vers les start-up du Pakistan.

Au total, ces investissements ont dépassé 310 millions de dollars l'an passé, cinq fois le niveau de 2020 et plus que les six années précédentes réunies, selon plusieurs rapports.

Airlift, qui assure des livraisons de courses, a collecté en août dernier 85 millions lors d'un tour de table record pour le pays.

"Beaucoup de marchés recherchés par les investisseurs en capital risque, comme l'Inde ou l'Indonésie, sont saturés", explique M. Bajwa, ancien directeur chez Careem, l'application locale de VTC rachetée par Uber en 2020.

Désormais, le Pakistan, 5e pays le plus peuplé du monde, "attire l'attention" et l'agriculture est un secteur "complètement inexploité d'un point de vue technologique". C'est "certainement celui où on peut avoir le plus grand impact" ici, relève-t-il.

Mais, le co-fondateur l'assure, l'essor de l'entrepreneuriat pakistanais va se poursuivre plus largement. Aussi car "le gouvernement se réveille" et "prend conscience du potentiel des start-up".


Armes à Israël: les républicains tentent de forcer la main à Biden

Des Palestiniens déplacés marchent autour d'une flaque d'eau devant des bâtiments et des tentes détruits à Khan Yunis, dans le sud de la bande de Gaza, le 16 mai 2024, au milieu du conflit en cours entre Israël et le groupe militant Hamas. (Photo par AFP)
Des Palestiniens déplacés marchent autour d'une flaque d'eau devant des bâtiments et des tentes détruits à Khan Yunis, dans le sud de la bande de Gaza, le 16 mai 2024, au milieu du conflit en cours entre Israël et le groupe militant Hamas. (Photo par AFP)
Short Url
  • Pour les républicains, Joe Biden n'a pas le droit d'interférer dans la manière dont Israël mène sa campagne militaire, qui a provoqué un désastre humanitaire à Gaza
  • Mais 16 démocrates se sont joints aux républicains pour adopter la proposition de loi, défiant le chef de l'Etat

WASHINGTON: La Chambre américaine des représentants, dominée par les républicains, a voté jeudi une mesure largement symbolique visant à forcer le président démocrate Joe Biden à mettre fin à sa suspension d'une livraison de bombes à Israël.

Cette suspension de la livraison d'une cargaison d'armes, composée de bombes de 2 000 livres (907 kg) et de 500 livres (226 kg), a été décidée au moment où Washington, premier soutien militaire d'Israël, s'oppose à une offensive d'ampleur des troupes israéliennes à Rafah.

La mesure votée jeudi n'a aucune chance de devenir loi. En théorie, elle empêcherait M. Biden de geler toute aide militaire à Israël approuvée par le Congrès.

"Le président et son administration doivent immédiatement faire marche arrière et se tenir aux côtés d'Israël", a déclaré Mike Johnson, chef républicain de la Chambre des représentants, dans un communiqué.


Biden s'efforce de remobiliser l'électorat afro-américain

Le président américain Joe Biden s'exprime lors du service commémoratif des agents de la paix nationaux devant le Capitole américain à Washington, DC, le 15 mai 2024. (Photo, AFP)
Le président américain Joe Biden s'exprime lors du service commémoratif des agents de la paix nationaux devant le Capitole américain à Washington, DC, le 15 mai 2024. (Photo, AFP)
Short Url
  • Vendredi, Joe Biden ira prononcer un discours au Musée national de l'histoire et de la culture afro-américaine à Washington
  • La mobilisation des Afro-Américains avait été décisive dans la victoire de Joe Biden face à Donald Trump en 2020

WASHINGTON: A coup d'événements symboliques et d'interviews, Joe Biden, qui selon certains sondages serait en perte de vitesse auprès des Afro-Américains, s'efforce cette semaine de remobiliser cet électorat décisif.

Le président américain multiplie ainsi les hommages aux grandes luttes menées pour les droits civiques aux Etats-Unis.

Jeudi, le démocrate de 81 ans, qui va affronter son prédécesseur républicain Donald Trump pour un second mandat en novembre, a reçu les familles des plaignants d'un combat judiciaire emblématique contre la ségrégation scolaire, ayant débouché sur la décision "Brown vs Board of Education" de la Cour suprême.

Dans cet arrêt de 1954, la Cour a jugé que la séparation des élèves blancs et des élèves noirs dans les écoles violait la Constitution.

Vendredi, Joe Biden ira prononcer un discours au Musée national de l'histoire et de la culture afro-américaine à Washington.

Puis il rencontrera les représentants des "Divine Nine", des "fraternités" et "sororités" (associations typiques des universités américaines) fondées par des étudiants et des étudiantes noires.

Dimanche enfin, il doit s'exprimer lors de la remise des diplômes de l'université historiquement noire de Morehouse à Atlanta (sud-est), celle où étudia Martin Luther King, le grand meneur de la lutte pour les droits civiques dans les années 1960.

La Maison Blanche a d'ailleurs annoncé jeudi avoir investi au total 16 milliards de dollars dans la centaine d'universités historiquement noires du pays depuis l'élection de Joe Biden.

"Le président et moi-même restons déterminés à utiliser tous les moyens disponibles pour soutenir les universités historiquement noires", a commenté dans un communiqué la vice-présidente Kamala Harris, elle-même ancienne étudiante de l'un de ces établissements, la Howard University.

Gaza 

Reste à voir comment le démocrate, ferme soutien d'Israël, sera reçu à Morehouse, alors que certaines cérémonies de ce genre ont été perturbées récemment par des manifestants propalestiniens.

Concernant la guerre à Gaza, "il y a une inquiétude légitime", a dit le président américain, interrogé par une radio de la communauté afro-américaine à Atlanta (Géorgie, sud-est) à propos de ces mobilisations, en ajoutant: "Les gens ont le droit de manifester, de le faire pacifiquement."

Selon plusieurs sondages récents, Joe Biden, tout en restant nettement majoritaire auprès de cet électorat, perdrait du terrain auprès des électeurs noirs, en particulier les plus jeunes, dans certains Etats décisifs.

Parmi eux la Géorgie, ou encore le Wisconsin.

Ce n'est donc pas un hasard si Joe Biden a aussi accordé un entretien, également diffusé jeudi, à une radio afro-américaine de Milwaukee, dans cet Etat de la région des Grands Lacs.

Il y vante ses actions sociales et économiques en faveur des Afro-Américains et critique son opposant républicain.

"Il n'a littéralement rien fait (pour la communauté afro-américaine" et il veut empêcher son accès au vote", a dit Joe Biden.

Sur les ondes de la radio de Géorgie, il a déclaré: "Rappelez-vous qui est Trump. Il a accusé à tort les +Cinq de Central Park+", de jeunes Afro-Américains victimes d'une erreur judiciaire retentissante, "il a donné naissance aux théories du complot" autour de la nationalité de l'ancien président Barack Obama.

La mobilisation des Afro-Américains avait été décisive dans la victoire de Joe Biden face à Donald Trump en 2020. Il avait alors remporté 92% de leurs voix, contre 8% à son adversaire républicain, selon l'institut Pew Research.


Le micro d’une étudiante coupé alors qu’elle demande à Columbia de se mobiliser pour Gaza

Saham David Ahmed Ali s’exprime lors de la cérémonie de remise des diplômes de la Mailman School of Public Health de l’université Columbia. Son micro s’est coupé à deux reprises pendant son discours. (Capture d’écran)
Saham David Ahmed Ali s’exprime lors de la cérémonie de remise des diplômes de la Mailman School of Public Health de l’université Columbia. Son micro s’est coupé à deux reprises pendant son discours. (Capture d’écran)
Short Url
  • Le microphone s’est coupé à deux reprises pendant son discours, ce qui a incité les étudiants à huer et à scander «laissez-la parler» pendant que Mme Ali marquait une courte pause
  • On ne sait pas si le problème est dû à un défaut technique ou si le microphone a été délibérément coupé

LONDRES: Un microphone a brièvement été coupé cette semaine lors d’un discours prononcé au cours de la cérémonie de remise des diplômes de l’université Columbia aux États-Unis. L’oratrice avait critiqué la position de l’université à l’égard de Gaza.

Mardi, l’étudiante Saham David Ahmed Ali a prononcé un discours devant les diplômés de la Mailman School of Public Health. Elle a appelé à une action contre Israël, critiquant le «silence sur le campus de l’université Columbia».

Le microphone s’est coupé à deux reprises pendant son discours, ce qui a incité les étudiants à huer et à scander «laissez-la parler» pendant que Mme Ali marquait une courte pause. Elle a ensuite pu continuer. On ne sait pas si le problème est dû à un défaut technique ou si le microphone a été délibérément coupé.

Saham David Ahmed Ali a déclaré que l’université devait révéler ses relations avec des entreprises «tirant profit du génocide palestinien» et qu’elle devait immédiatement s’en désengager.

Elle a également demandé à Columbia d’appeler à un cessez-le-feu immédiat à Gaza, où les civils palestiniens sont actuellement confrontés à la famine, selon l’ONU, alors qu’Israël poursuit sa campagne militaire qui a fait plus de trente-cinq mille morts, des milliers d’autres blessés et des centaines de milliers de déplacés à la suite de l’attaque menée par le Hamas contre Israël le 7 octobre.

L’université Columbia a été témoin d’importantes manifestations sur son campus depuis le 17 avril après que la présidente de l’université, Minouche Chafik, a témoigné devant le Congrès américain au sujet d’incidents présumés d’antisémitisme contre des étudiants juifs sur son campus.

Les manifestants ont ensuite occupé certaines parties du campus, notamment le Hamilton Hall de l’université. La police de New York a arrêté des centaines de personnes à la suite de ces manifestations, qui ont également déclenché des mouvements similaires dans d’autres grandes universités américaines, ainsi que des contre-manifestations d’étudiants brandissant des drapeaux israéliens et américains.

Columbia a également pris la mesure inhabituelle d’annuler sa cérémonie d’ouverture cette année à la suite des manifestations, organisant uniquement des cérémonies de remise des diplômes propres à l’université.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com