La "capitale" du Nagorny Karabakh bombardée malgré le cessez-le-feu

Policier à la retraite, Genadiy Avanesyan, 73 ans, fouille les débris de sa maison bombardée par les Azeris, dit-il, à la recherche de quelques biens à sauver (Aris Messinis/AFP)
Policier à la retraite, Genadiy Avanesyan, 73 ans, fouille les débris de sa maison bombardée par les Azeris, dit-il, à la recherche de quelques biens à sauver (Aris Messinis/AFP)
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Publié le Dimanche 11 octobre 2020

La "capitale" du Nagorny Karabakh bombardée malgré le cessez-le-feu

  • Sept lourdes explosions ont été entendues vers 23H30 locales, faisant trembler le sol dans tout Stepanakert
  • Ces bombardements interviennent en dépit du cessez-le-feu entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan entré théoriquement en vigueur à la mi-journée

STEPANAKERT, Azerbaïdjan : Stepanakert, la capitale régionale du Nagorny Karabakh sous contrôle des séparatistes arméniens, a été samedi soir la cible de bombardements, en dépit d'un cessez-le-feu négocié à Moscou, que l'Arménie et l'Azerbaïdjan se sont mutuellement accusés de violer.

Sept lourdes explosions ont été entendues vers 23H30 locales, faisant trembler le sol dans toute la ville. Immédiatement après cette salve, les sirènes d'alerte ont sonné pendant plusieurs minutes pour appeler les habitants à se réfugier dans les caves et abris.

Le silence est ensuite retombé sur la ville, plongée dans l'obscurité la plus complète.

Ces bombardements interviennent en dépit du cessez-le-feu entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan entré théoriquement en vigueur à la mi-journée, et négocié sous les auspices de la Russie après deux semaines de combats intenses pour la région séparatiste du Nagorny Karabakh.

Les belligérants s'accusaient déjà samedi dans la journée d'avoir violé cette trêve sur les lignes de front, mais la situation était restée inhabituellement calme ce jour à Stepanakert, soumise à des bombardements réguliers depuis deux semaines, notamment des tirs de lourdes roquettes.

Les chefs de la diplomatie arménienne et azerbaïdjanaise ont convenu, sous médiation russe, d'un cessez-le-feu après des négociations de plus de dix heures terminées à l'aube samedi à Moscou. Ce cessez-le-feu doit permettre d'échanger des prisonniers de guerre et les corps de victimes.

"Les parties ont réaffirmé leur attachement à l'accord de cessez-le-feu", avait insisté dans la soirée Moscou dans un communiqué, ajoutant que le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov s'était entretenu au téléphone avec ses deux homologues.

Le Nagorny Karabakh, un territoire majoritairement peuplé d'Arméniens, a fait sécession de l'Azerbaïdjan après une guerre qui a fait 30.000 morts dans les années 1990. Bakou accuse depuis Erevan d'occuper son territoire, et les accès de violence sont réguliers.

Les combats qui opposent depuis le 27 septembre les troupes du Nagorny Karabakh, soutenues par Erevan, et les forces azerbaïdjanaises sont les plus meurtriers avec plus de 450 morts confirmés, dont une cinquantaine de civils, un bilan qui pourrait être en réalité bien plus lourd.

Immédiatement après l'entrée en vigueur du cessez-le-feu, le ministère arménien de la Défense avait cependant accusé les forces azerbaïdjanaises d'avoir "lancé une attaque à 12H05".

"L'Arménie viole de manière flagrante le cessez-le-feu", avait répliqué l'armée azerbaïdjanaise, accusant plus tard les forces arméniennes d'avoir lancé une offensive, repoussée.

"Ils nous haïssent"

Stepanakert avait encore été bombardé samedi matin mais la situation était restée calme ensuite, hormis quelques explosions au loin. Peu croyaient néanmoins aux chances d'une trêve.

"On connaît les Azéris, on ne peut pas leur faire confiance. Ils peuvent retourner leur veste en un clin d’œil. Ce cessez-le-feu ne durera pas. C'est un stratagème pour gagner du temps", estimait Levon, un des rares taxis circulant dans la capitale séparatiste.

"J'ai vécu près de vingt ans en Azerbaïdjan, ces gens nous haïssent. Nous ne croyons pas à un cessez-le-feu, ils veulent juste gagner du temps", renchérissait Vladimir Barseghian, 64 ans, retraité et volontaire mobilisé dans un atelier d'uniformes.

Beaucoup en Azerbaïdjan se disaient même opposés à cette trêve. A Bakou, Sitara Mamedova, une étudiante de vingt ans, est "déçue": "Non au cessez-le-feu! L'ennemi doit quitter nos terres ou être exterminé sur nos terres".

A Barda, à 40 kilomètres du front, Mourat Assadov est d'accord: "Nous devons continuer la guerre et reprendre nos terres".

 "Temporaire"

Selon un haut responsable azerbaïdjanais, le calme n'était que "temporaire": "c'est un cessez-le-feu humanitaire pour échanger les corps et les prisonniers, ce n'est pas un (véritable) cessez-le-feu", a-t-il indiqué, affirmant que Bakou n'avait "pas l'intention de reculer".

A l'annonce de la trêve, le ministre russe Sergueï Lavrov avait affirmé que les deux camps s'étaient engagés "à des négociations substantielles pour parvenir rapidement à un règlement pacifique" du conflit, avec la médiation des trois co-présidents (France, Russie, Etats-Unis) du groupe de Minsk de l'OSCE.

Ces négociations devront "reprendre sans préconditions", a insisté la porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Agnès von der Mühll.

Samedi, Vladimir Poutine s'est entretenu avec le président iranien Hassan Rouhani des efforts de médiation russes, selon le Kremlin.

Le Comité international de la Croix Rouge (CICR) a lui salué le cessez-le-feu et s'est dit prêt à participer aux échanges de prisonniers et des corps.

Le cessez-le-feu est "un premier pas important mais ne remplacera pas une solution permanente", a de son côté indiqué la diplomatie turque, premier soutien de Bakou.

La crainte est de voir ce conflit s'internationaliser, Ankara encourageant Bakou à l'offensive et Moscou étant lié par un traité militaire à Erevan.

La Turquie est en outre accusée d'avoir envoyé des combattants pro-turcs de Syrie se battre aux côtés des Azerbaïdjanais, ce que Bakou nie. (AFP)


Nucléaire: Paris, Berlin et Londres exhortent Téhéran à négocier «au plus vite, sans préconditions»

 Le président du Conseil européen António Costa, le Premier ministre japonais Shigeru Ishiba, le Premier ministre italien Giorgia Meloni, le président français Emmanuel Macron et le Premier ministre canadien Mark Carney arrivent pour une photo de famille lors du sommet du Groupe des Sept (G7) au Kananaskis Country Golf Course à Kananaskis, Alberta, Canada, le 16 juin 2025. (AFP)
Le président du Conseil européen António Costa, le Premier ministre japonais Shigeru Ishiba, le Premier ministre italien Giorgia Meloni, le président français Emmanuel Macron et le Premier ministre canadien Mark Carney arrivent pour une photo de famille lors du sommet du Groupe des Sept (G7) au Kananaskis Country Golf Course à Kananaskis, Alberta, Canada, le 16 juin 2025. (AFP)
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  • Dans la nuit de lundi à mardi, le ministère iranien des Affaires étrangères avait fait état de l'appel entre le chef de la diplomatie iranienne et chef négociateur pour le nucléaire avec ses homologues français, britannique et allemand
  • Jean-Noël Barrot, David Lammy et Johann Wadephul, qui se sont entretenus lundi soir avec la cheffe de la diplomatie de l'Union européenne Kaja Kallas, ont "appelé l'Iran à éviter toute fuite en avant contre les intérêts occidentaux"

PARIS: Les chefs de la diplomatie française, britannique et allemand ont "incité l'Iran à revenir au plus vite, sans préconditions, à la table des négociations" sur le programme nucléaire iranien, selon une source diplomatique française.

Jean-Noël Barrot, David Lammy et Johann Wadephul, qui se sont entretenus lundi soir avec la cheffe de la diplomatie de l'Union européenne Kaja Kallas, ont en outre "appelé l'Iran à éviter toute fuite en avant contre les intérêts occidentaux, toute extension régionale et toute escalade nucléaire" comme la non-coopération avec l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), la sortie du Traité sur la non-prolifération (TNP) ou le franchissement de seuils d'enrichissement, selon la même source.

Dans la nuit de lundi à mardi, le ministère iranien des Affaires étrangères avait fait état de l'appel entre le chef de la diplomatie iranienne et chef négociateur pour le nucléaire avec ses homologues français, britannique et allemand ainsi que Kaja Kallas.

Abbas Araghchi a estimé que les frappes israéliennes contre son pays "portent un coup" à la diplomatie.

"L'agression israélienne contre l'Iran en pleine négociation (sur le nucléaire avec les Etats-Unis, NDLR) porte un coup à la diplomatie", a-t-il déclaré.

La France, l'Allemagne et le Royaume Uni et l'UE sont membres avec la Chine et la Russie d'un accord sur le nucléaire conclu en 2015 et dont les Etats-Unis s'étaient unilatéralement retirés.

Paris, Berlin et Londres, qui forment le groupe E3, avaient entrepris des discussions avec Téhéran l'an passé pour tenter de trouver un nouvel accord sur le nucléaire.

Parallèlement, les Etats-Unis avaient entamé des négociations indirectes en début d'année qui butaient sur la question de l'enrichissement d'uranium iranien.

Un nouveau cycle de négociations devait avoir lieu la semaine dernière avant qu'Israël ne frappe l'Iran.

Les Etats-Unis et leurs alliés occidentaux, ainsi qu'Israël, considéré par des experts comme la seule puissance nucléaire au Moyen-Orient, accusent depuis longtemps la République islamique d'Iran de chercher à se doter de l'arme atomique, ce qu'elle a toujours nié.

Par ailleurs, des messages ont été passés par les ministres français, britannique et allemand à Israël "sur la nécessité de ne pas cibler les autorités, infrastructures et populations civiles", selon la source diplomatique française.

 


Les forces américaines restent «dans une posture défensive» au Moyen-Orient annonce la Maison Blanche

Les forces américaines "sont dans une posture défensive" au Moyen-Orient "et cela n'a pas changé", a indiqué lundi un porte-parole de la Maison Blanche, Alex Pfeiffer, sur X. (AFP)
Les forces américaines "sont dans une posture défensive" au Moyen-Orient "et cela n'a pas changé", a indiqué lundi un porte-parole de la Maison Blanche, Alex Pfeiffer, sur X. (AFP)
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  • "Ce que vous voyez en temps réel, c'est la paix par la force et l'Amérique d'abord. Nous sommes en position défensive dans la région, pour être forts, dans la poursuite d'un accord de paix, et nous espérons certainement que c'est ce qui se passera"
  • "Et le président (Donald) Trump l'a dit clairement, c'est sur la table. La question est de savoir si l'Iran l'acceptera"

WASHINGTON: Les forces américaines "sont dans une posture défensive" au Moyen-Orient "et cela n'a pas changé", a indiqué lundi un porte-parole de la Maison Blanche, Alex Pfeiffer, sur X.

"Nous défendrons les intérêts américains" dans la région, a-t-il ajouté, alors que le conflit entre Israël et l'Iran se poursuit pour la cinquième nuit consécutive.

"Ce que vous voyez en temps réel, c'est la paix par la force et l'Amérique d'abord. Nous sommes en position défensive dans la région, pour être forts, dans la poursuite d'un accord de paix, et nous espérons certainement que c'est ce qui se passera", a déclaré de son côté le ministre de la Défense, Pete Hegseth, interrogé sur la chaîne Fox News.

"Et le président (Donald) Trump l'a dit clairement, c'est sur la table. La question est de savoir si l'Iran l'acceptera", a-t-il ajouté.

Le président américain va écourter sa participation au sommet du G7 au Canada pour rentrer à Washington dans la soirée en raison de la situation au Moyen-Orient, a indiqué la Maison Blanche.

Ces déclarations sur la posture "défensive" des forces américaines surviennent alors que des informations diffusées par des médias israéliens ont fait état d'une supposée participation directe des Américains aux frappes contre l'Iran.

Entretemps, le porte-avions américain Nimitz, qui croisait en mer de Chine méridionale, a mis le cap à l'ouest et prend la direction du Moyen-Orient, a confirmé un responsable du Pentagone.

Il remonte actuellement le détroit de Malacca, entre l'île indonésienne de Sumatra et la Malaisie.

Des sites qui géolocalisent en temps réel les positions des avions dans le monde entier ont identifié pour leur part dans la nuit de dimanche à lundi le mouvement d'une trentaine d'avions ravitailleurs américains, qui ont décollé des Etats-Unis et se sont dirigés vers différentes bases militaires en Europe.

Israël, allié des Etats-Unis, a lancé vendredi une campagne aérienne massive d'une ampleur sans précédent contre l'Iran, en ciblant des centaines de sites militaires et nucléaires, avec l'objectif affiché de l'empêcher de se doter de l'arme nucléaire. L'Iran tire depuis des salves de missiles en riposte.

Le président américain a appelé sur son réseau Truth Social "tout le monde à évacuer Téhéran immédiatement".

"L'Iran aurait dû signer l'+accord+ quand je leur ai dit de signer. Quel dommage et quel gâchis de vies humaines. Pour le dire simplement, L'IRAN NE PEUT PAS AVOIR D'ARME NUCLEAIRE", a-t-il aussi écrit.

Les Etats-Unis aident déjà Israël à intercepter les missiles iraniens visant son territoire.

 

 


Conflit Israël-Iran: Trump quitte prématurément le G7

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  • Le président américain, dont le séjour dans les Rocheuses canadiennes devait se prolonger jusqu'à mardi en fin de journée et se conclure par une conférence de presse, "rentre à Washington pour s'occuper de nombreux sujets importants"
  • Cette annonce vient peu après que Donald Trump a écrit sur son réseau Truth Social: "Tout le monde devrait évacuer Téhéran immédiatement."

KANANASKIS: "A cause de ce qui se passe au Moyen-Orient, le président Trump va partir ce soir après le dîner" avec les autres dirigeants du sommet du G7 au Canada, un jour plus tôt que prévu, a annoncé lundi sa porte-parole Karoline Leavitt sur X.

Le président américain, dont le séjour dans les Rocheuses canadiennes devait se prolonger jusqu'à mardi en fin de journée et se conclure par une conférence de presse, "rentre à Washington pour s'occuper de nombreux sujets importants", a-t-elle déclaré par ailleurs dans un court communiqué.

Cette annonce vient peu après que Donald Trump a écrit sur son réseau Truth Social: "Tout le monde devrait évacuer Téhéran immédiatement."