Chine: un Boeing s'écrase avec 132 personnes à bord

Sur cette photo prise le 1er avril 2021, un Boeing 737-800 de China Airlines à l'aéroport de Koror. (Richard W. Brooks/AFP)
Sur cette photo prise le 1er avril 2021, un Boeing 737-800 de China Airlines à l'aéroport de Koror. (Richard W. Brooks/AFP)
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Publié le Lundi 21 mars 2022

Chine: un Boeing s'écrase avec 132 personnes à bord

  • Le Boeing-737 s'est écrasé près de la ville de Wuzhou, dans la région du Guangxi, et a «provoqué un incendie» dans une montagne
  • Selon les médias locaux, le vol MU5735 de China Eastern Airlines avait décollé peu après 13H00 locales (05H00 GMT) de la métropole de Kunming (Sud-Ouest)

CANTON: Un Boeing-737 avec 132 personnes à bord s'est écrasé lundi dans le Sud de la Chine après une chute brutale de 8.000 mètres, un accident d'avion qui pourrait s'avérer le plus meurtrier dans ce pays depuis 1994.

Aucun bilan précis des victimes n'avait été publié lundi soir à Pékin après la catastrophe qui a suscité une réaction à chaud du président Xi Jinping, inhabituelle pour un dirigeant chinois.

Mais à l'examen des données de l'accident, il semblait peu probable que quiconque ait pu en réchapper vivant. Dans un communiqué, la compagnie aérienne, China Eastern Airlines, a "rendu hommage" aux "morts" de la catastrophe.

Selon le site spécialisé FlightRadar24, l'appareil a perdu en l'espace de trois minutes près de 26.000 pieds (7.925 m) avant de disparaître des écrans radar après 14h22 locales (06H22 GMT).

Le vol MU5735 de la compagnie shanghaïenne China Eastern Airlines avait décollé peu après 13H00 locales (05H00 GMT) de la métropole de Kunming (Sud-Ouest). Il avait pour destination Canton (Sud), à quelque 1.300 km.

Le 737-800, qui transportait 123 passagers et neuf membres d'équipage, a "perdu le contact au-dessus de la ville de Wuzhou" dans la région montagneuse du Guangxi, a indiqué l'administration chinoise de l'avion civile (CAAC).

Une vidéo diffusée par des médias chinois fait apparaître un avion piquant verticalement du nez, mais l'AFP n'a pas été en mesure à ce stade de vérifier son authenticité. 

L'avion "a été pulvérisé", a raconté un riverain à un média local.  

'Sous le choc'

L'accident a "provoqué un incendie" dans la montagne, a indiqué la télévision publique CCTV, qui a diffusé des images des pompiers se dirigeant vers le site de l'accident à travers une zone montagneuse et arborée. Les secours ont éteint les flammes.

"Tous les habitants ont pris l'initiative d'aider les secours. Tout le monde s'est rendu dans la montagne", a déclaré par téléphone à l'AFP une commerçante du nom de Tang Min, installée à environ quatre km du lieu de l'impact.

Le président Xi Jinping s'est dit "sous le choc" après l'accident, a rapporté l'agence Chine nouvelle. L'homme fort de Pékin a appelé à "déterminer au plus vite les causes de l'accident".

Depuis les Etats-Unis, Boeing a dit s'efforcer "de réunir davantage d'informations". Les actions du constructeur étaient en baisse à l'ouverture de Wall Street.

Selon le média financier Yicai, China Eastern a décidé sans attendre les résultats de l'enquête de suspendre tous ses 737-800 à compter de mardi. La compagnie, n'était pas joignable pour commenter ces informations.

A l'aéroport de Canton, les proches des passagers, certains en pleurs, ont été rassemblés dans une salle d'attente dédiée, a constaté l'AFP.

Une femme a raconté à des médias locaux qu'elle aurait dû initialement se trouver à bord de l'avion accidenté, mais qu'elle avait décidé à la dernière minute de prendre un vol partant plus tôt. Elle attendait "des nouvelles" en revanche de sa soeur et de quatre amis.

Un homme, Ye, a indiqué à l'AFP qu'un collègue était à bord.  "Quand nous avons appris la nouvelle... nous l'avons continuellement appelé durant des heures, mais n'avons jamais réussi à le joindre", a-t-il raconté.

Les dernières catastrophes aériennes en Chine

L'accident d'un avion qui transportait lundi 132 personnes dans le sud de la Chine est la première catastrophe aérienne dans ce pays depuis 2010. Voici la liste des principaux accidents d'avion survenus en Chine au cours des trois dernières décennies:

--1990--

2 octobre: une collision entre un Boeing 757 et un Boeing 737 sur le tarmac de l'aéroport de Canton (sud) à la suite d'un détournement d'avion fait 128 morts.

--1992--

24 novembre: un Boeing 737 d'Air China s'écrase dans la région du Guangxi (sud), tuant 141 personnes.

--1994--

6 juin: un Tupolev-154 de la China Northwest Airlines s'écrase dans la province du Shaanxi (nord-ouest), tuant les 160 personnes à bord.

--1997--

8 mai: un Boeing 737-300 de la China Southern Airlines s'écrase près de la ville de Shenzhen (sud), faisant 35 morts.

--1999--

24 février: Un Tupolev-154 de la China Southwest Airlines explose en plein vol en effectuant la liaison entre Chengdu (sud-ouest) et Wenzhou (est), tuant les 61 personnes à bord.

--2000--

22 juin: un Yun-7 de fabrication chinoise appartenant à la compagnie Wuhan Airlines s'écrase lors d'une tempête à Wuhan (centre), faisant 51 morts.

--2002--

7 mai: Un McDonnell Douglas MD-82 de la compagnie China Northern Airlines s'écrase dans la ville de Dalian, tuant les 112 personnes à bord.

--2004--

11 novembre: 55 personnes trouvent la mort lorsque qu'un moyen courrier de type CRJ200 du canadien Bombardier opéré par la China Eastern Airlines s'écrase dans la ville de Baotou, en Mongolie intérieure (nord).

--2010--

24 août: un Embraer ERJ-190 de conception brésilienne de la compagnie régionale chinoise Henan Airlines se brise en deux lors de l'atterrissage à l'aéroport de Yichun (nord-est), tuant 44 personnes. 47 passagers et membres d'équipage, dont le pilote, ont survécu.

Catastrophes rares

Les accidents d'avion sont relativement rares en Chine, un pays où le trafic aérien s'est considérablement développé ces dernières décennies et où les mesures de sécurité sont généralement strictes.

Le dernier accident majeur dans le pays remontait à août 2010. Un vol de la compagnie chinoise Henan Airlines s'était alors écrasé dans le Nord-Est du pays et avait fait une quarantaine de morts. 

Le bilan le plus lourd pour un vol commercial date de 1994. Un Tupolev 154 de China Northwest Airlines s'était écrasé peu après son décollage de Xi'an (Nord), tuant les 160 personnes à bord.

De très nombreux passagers chinois avaient par ailleurs péri en mars 2014 lors de la disparition énigmatique du vol MH370 de la Malaysian Airlines, à destination de Pékin.

La catastrophe aérienne de lundi est un nouveau coup dur pour Boeing en Chine.

En mars 2019, le pays avait été le tout premier au monde à ordonner à ses compagnies de suspendre les vols des appareils 737 MAX pour des raisons de sécurité.

L'annonce avait fait suite à deux accidents en quelques mois à l'étranger, qui avaient fait 346 morts.

Près de trois ans après ces déboires, le régulateur chinois avait finalement levé en décembre dernier son interdiction de vol pour le Boeing 737 MAX. On ignore si ces appareils ont à nouveau repris leurs vols commerciaux en Chine.

Cette décision était très attendue par Boeing, dont la Chine est un important marché.

Le régulateur conditionnait notamment le retour du 737 MAX dans le ciel chinois à des modifications techniques sur les avions, afin de garantir la sécurité des vols.

La Chine a été le dernier grand pays à lever l'interdiction de vol pour cet appareil.


Biden appelle au retour à l'ordre face à la mobilisation étudiante pour Gaza

Après plusieurs avertissements, "environ 300 manifestants sont sortis volontairement tandis que plus de 200 ont résisté à l'ordre de se disperser et ont été arrêtés", a dit le président de UCLA Gene Block dans un communiqué. (AFP).
Après plusieurs avertissements, "environ 300 manifestants sont sortis volontairement tandis que plus de 200 ont résisté à l'ordre de se disperser et ont été arrêtés", a dit le président de UCLA Gene Block dans un communiqué. (AFP).
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  • A six mois des élections, dans des Etats-Unis polarisés, le président démocrate a pris la parole sur ce thème susceptible de plomber sa campagne pour affirmer jeudi que "l'ordre devait prévaloir"
  • Cette déclaration après une série de démantèlements manu militari par la police de campements pro-palestiniens, le dernier en date à l'Université de Californie à Los Angeles (UCLA)

WASHINGTON: Après deux semaines de silence, le président Joe Biden s'est engagé dans la question du mouvement qui agite les universités américaines contre l'offensive israélienne dans la bande de Gaza, appelant à un retour à l'ordre.

A six mois des élections, dans des Etats-Unis polarisés, le président démocrate a pris la parole sur ce thème susceptible de plomber sa campagne pour affirmer jeudi que "l'ordre devait prévaloir".

Cette déclaration après une série de démantèlements manu militari par la police de campements pro-palestiniens, le dernier en date à l'Université de Californie à Los Angeles (UCLA), où elle a interpellé des dizaines d'étudiants.

"Nous ne sommes pas un pays autoritaire qui réduit les gens au silence", a néanmoins assuré Joe Biden lors d'une courte allocution.

Auparavant, son adversaire républicain Donald Trump l'avait accusé d'inaction face au mouvement pro-palestinien. "Ce sont des tarés de la gauche radicale et il faut les arrêter maintenant", a-t-il lancé à son arrivée à son procès à New York.

Depuis le 17 avril, une vague de mobilisation pour Gaza déferle sur les campus américains, dans une quarantaine d'universités, de la côte Atlantique à la Californie, évoquant les manifestations contre la guerre du Vietnam.

Près de 2.000 arrestations

La police est intervenue à plusieurs reprises ces derniers jours pour déloger les protestataires. Près de 2.000 personnes ont été interpellées, selon un bilan établi par plusieurs médias américains.

Les étudiants appellent en particulier les universités à couper les ponts avec des mécènes ou entreprises liés à Israël et dénoncent l'appui quasi inconditionnel des Etats-Unis à leur allié engagé dans une campagne massive dans la bande de Gaza, en représailles à l'attaque du Hamas le 7 octobre sur son sol.

A UCLA, les protestataires ont été interpellés jeudi un par un, menottés puis conduits à l'extérieur à l'issue d'un face à face tendu avec les policiers, selon un journaliste de l'AFP.

Les policiers ont démonté méthodiquement les palettes de bois et panneaux de contreplaqué d'une barricade entourant le camp et ont défait les tentes des manifestants, dont bon nombre portaient des keffiehs.

Après plusieurs avertissements, "environ 300 manifestants sont sortis volontairement tandis que plus de 200 ont résisté à l'ordre de se disperser et ont été arrêtés", a dit le président de UCLA Gene Block dans un communiqué.

La nuit précédente, des affrontements avaient éclaté sur ce campus quand des contre-manifestants, pour beaucoup masqués, avaient attaqué le campement pro-palestinien et tenté d'enfoncer une barricade. Manifestants et contre-manifestants s'étaient ensuite affrontés à coups de bâton et de projectiles.

Graeme Blair, professeur de sciences politiques à UCLA, regrette une crise "ô combien inutile".

"L'université et les autorités avaient l'occasion d'une désescalade. Ils ont envoyé la police très tardivement contre les extrémistes la nuit dernière (lors de l'attaque des contre-manifestants, NDLR) et maintenant ils s'en prennent aux étudiants participant à une manifestation pacifique", confie-t-il à l'AFP.

Le président de UCLA avait mis en garde avant ces violences contre la présence de personnes extérieures au campus.

« Désinvestissement »

Quelque 300 personnes ont été interpellées mercredi à New York sur des sites universitaires, selon les autorités. Dans la nuit de mardi à mercredi, les policiers avaient déjà chassé des manifestants pro-palestiniens barricadés dans la prestigieuse université Columbia, épicentre de la mobilisation estudiantine.

La police de New York a indiqué jeudi que sur les 282 individus interpellés sur les campus de Columbia et CCNY mardi soir, 48% étaient des manifestants extérieurs aux universités.

A rebours d'autres institutions, l'université Brown (Rhode Island, est) s'est accordée avec les manifestants sur le démantèlement de leur campement en échange d'un vote sur un éventuel "désinvestissement" de "+sociétés qui rendent possible et profitent du génocide à Gaza+".

Une mobilisation qui inspire les militants pro-palestiniens à travers le monde, en France, en particulier sur des sites de la prestigieuse école Sciences Po, dont les principaux locaux seront fermés vendredi, à l'université McGill au Canada, et jeudi en Suisse, à l'Université de Lausanne (UNIL).

A Mexico, des dizaines d'étudiants pro-palestiniens de l'Université nationale autonome du Mexique (UNAM), la plus grande du pays, ont dressé un camp jeudi dans la capitale, scandant "Vive la Palestine libre !" et "De la rivière à la mer, la Palestine vaincra !".

Les images de policiers anti-émeute intervenant sur les campus américains ont fait le tour de la planète et suscité une vive réaction en Israël.

Son président Isaac Herzog a dénoncé une "terrifiante résurgence de l'antisémitisme" dans le monde, et notamment aux Etats-Unis, où "des universités réputées" sont "contaminées par la haine".


David Cameron s'est rendu à Kiev et veut réunir davantage de fonds pour l'Ukraine

Le chef de la diplomatie britannique David Cameron s'est rendu jeudi à Kiev et a annoncé l'intention du Royaume-Uni de réunir ses partenaires le mois prochain pour collecter des fonds pour répondre aux besoins militaires de l'Ukraine, ont annoncé ses services. (AFP).
Le chef de la diplomatie britannique David Cameron s'est rendu jeudi à Kiev et a annoncé l'intention du Royaume-Uni de réunir ses partenaires le mois prochain pour collecter des fonds pour répondre aux besoins militaires de l'Ukraine, ont annoncé ses services. (AFP).
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  • Celles-ci comprennent des bombes à guidage de précision, des missiles de défense aérienne et des équipements pour cent équipes mobiles de défense aérienne pour permettre à l'Ukraine d'abattre drones et missiles russes
  • A Kiev, le chef de la diplomatie britannique a notamment rencontré le président Ukrainien Volodymyr Zelensky, le Premier ministre Denys Chmygal et son homologue Dmytro Kuleba

LONDRES: Le chef de la diplomatie britannique David Cameron s'est rendu jeudi à Kiev et a annoncé l'intention du Royaume-Uni de réunir ses partenaires le mois prochain pour collecter des fonds pour répondre aux besoins militaires de l'Ukraine, ont annoncé ses services.

La visite de David Cameron intervient un peu plus d'une semaine après que le Premier ministre britannique Rishi Sunak a annoncé une aide supplémentaire de 500 millions de livres sterling (584 millions d'euros) pour atteindre trois milliards de livres par an (3,5 milliards d'euros), ainsi que la fourniture de nouvelles munitions.

Celles-ci comprennent des bombes à guidage de précision, des missiles de défense aérienne et des équipements pour cent équipes mobiles de défense aérienne pour permettre à l'Ukraine d'abattre drones et missiles russes, selon la diplomatie britannique.

A Kiev, le chef de la diplomatie britannique a notamment rencontré le président Ukrainien Volodymyr Zelensky, le Premier ministre Denys Chmygal et son homologue Dmytro Kuleba, selon le ministère britannique des Affaires étrangères.

Il a notamment annoncé l'intention du Royaume-Uni de réunir ses partenaires internationaux le mois prochain pour réunir davantage de contributions au Fonds international pour l'Ukraine (IFU, administré par le Royaume-Uni) pour répondre aux besoins de Kiev, en matière d'armement face à l'invasion russe.

Depuis sa création en 2022, le fonds, qui regroupe Royaume-Uni, Norvège, Pays-Bas, Danemark, Suède et Lituanie, avec des contributions de l'Islande, l'Australie et la Nouvelle-Zélande, a rassemblé jusqu'à présent 900 millions de livres sterling de promesses de dons.

"L'Ukraine se défend farouchement contre l'invasion illégale de la Russie, faisant d'une guerre que Poutine pensait durer quelques jours prendre des années", a déclaré David Cameron, cité dans un communiqué.

"Mais cette guerre est le défi de notre génération, et l'Ukraine ne peut pas le relever seule", a-t-il ajouté, soulignant la nécessité de faire en sorte que le pays ait ce dont il a "besoin pour gagner".

"A travers notre financement militaire pluri-annuel, la fourniture d'armes et un soutien vital pour protéger et réparer les infrastructures énergétiques de l'Ukraine, le Royaume-Uni se tient aux côtés de l'Ukraine" et le fera "aussi longtemps qu'il le faudra", a-t-il ajouté.

Le chef de la diplomatie britannique a en outre annoncé le début des négociations avec l'Ukraine pour un vaste partenariat de cent ans sur la coopération dans le commerce, la sécurité, mais aussi des sujets comme la science, la culture ou l'éducation, évoqué par le Premier ministre britannique Rishi Sunak lors d'une visite surprise à Kiev en janvier.


Kamala Harris en première ligne dans la campagne de Biden face à Trump

L'ancienne procureure de Californie (ouest) est déjà assurée d'avoir sa place dans les livres d'histoire, elle qui est la première femme, la première Afro-Américaine et la première Américaine d'origine asiatique à occuper ce poste dont il est souvent dit qu'il n'est séparé du Bureau ovale que par un battement de coeur. (AFP).
L'ancienne procureure de Californie (ouest) est déjà assurée d'avoir sa place dans les livres d'histoire, elle qui est la première femme, la première Afro-Américaine et la première Américaine d'origine asiatique à occuper ce poste dont il est souvent dit qu'il n'est séparé du Bureau ovale que par un battement de coeur. (AFP).
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  • Qu'il s'agisse de défendre le droit à l'avortement ou de mobiliser l'électorat afro-américain, la démocrate de 59 ans sillonne l'Amérique pour appeler à voter en novembre pour le "ticket" qu'elle forme avec le président Joe Biden
  • De là à être l'arme secrète du président de 81 ans, impopulaire, quand elle ne jouit pas elle-même d'une cote de confiance bien vaillante?

JACKSONVILLE: La fanfare jouait, la foule scandait "Quatre ans de plus" et la vice-présidente américaine Kamala Harris, venue faire campagne en Floride contre le républicain Donald Trump, savourait visiblement de se retrouver seule sous les projecteurs.

Qu'il s'agisse de défendre le droit à l'avortement ou de mobiliser l'électorat afro-américain, la démocrate de 59 ans sillonne l'Amérique pour appeler à voter en novembre pour le "ticket" qu'elle forme avec le président Joe Biden.

De là à être l'arme secrète du président de 81 ans, impopulaire, quand elle ne jouit pas elle-même d'une cote de confiance bien vaillante?

L'ancienne procureure de Californie (ouest) est déjà assurée d'avoir sa place dans les livres d'histoire, elle qui est la première femme, la première Afro-Américaine et la première Américaine d'origine asiatique à occuper ce poste dont il est souvent dit qu'il n'est séparé du Bureau ovale que par un battement de coeur.

La principale cause dont elle s'est emparée est la défense du droit à l'interruption volontaire de grossesse face à ce qu'elle appelle les "interdictions de Trump", en référence aux restrictions parfois extrêmement sévères décidées par une vingtaine d'Etat américains.

"C'est une bataille pour la liberté!" a martelé Kamala Harris mercredi à Jacksonville, en Floride, où venait de rentrer en vigueur une interdiction d'avorter après six semaines de grossesse.

Inspiration

L'ancien président se vante régulièrement, d'avoir, par ses nominations à la Cour suprême, conduit l'institution à mettre fin en 2022 à une garantie fédérale du droit à l'avortement.

Kamala Harris est une "inspiration dans le combat pour les femmes", a salué la maire de Jacksonville, Donna Deegan, lors d'un événement conclu par la fanfare d'une université historiquement noire.

L'entourage de la démocrate met en avant sa capacité à s'adresser aux femmes et à l'électorat afro-américain.

"Sur le sujet de l'avortement en particulier, elle est mobilisée de manière très stratégique", note Thomas Whalen, chercheur en sciences sociales à l'université de Boston, pour qui la vice-présidente "semble faire un travail efficace" sur le terrain.

Kamala Harris a aussi, à plusieurs reprises, semblé avoir un temps d'avance sur le président octogénaire en ce qui concerne la guerre à Gaza, sujet politiquement brûlant.

L’ancienne magistrate, qui enfant accompagnait ses parents à des manifestations en faveur des droits civiques, a été la première responsable de haut rang à appeler à un "cessez-le-feu immédiat" dans le territoire palestinien ravagé par la guerre.

Ses conseillers assurent toutefois qu'elle est, en la matière, sur la même ligne que Joe Biden, qui a manifesté un soutien inconditionnel à Israël depuis l'attaque sans précédent du Hamas sur son sol le 7 octobre.

Stéréotype

Kamala Harris a été critiquée pour des sorties diplomatiques ratées ou pour une envergure politique jugée réduite, mais aussi visée sur des sujets plus personnels, comme le temps qu'elle consacre à sa coiffure ou la tonalité de son rire.

Cette semaine, elle a essuyé des moqueries sur internet après avoir rappelé, dans un entretien avec l'actrice et animatrice Drew Barrymore, que dans sa famille recomposée elle avait le surnom affectueux de "Momala". Son interlocutrice a commenté: "Il faut que vous soyez la Momala du pays."

"Kamala Harris n'est pas notre +Momala+, elle est notre vice-présidente", a répliqué un éditorialiste du New York Times, Charles Blow, qui craint qu'elle ne soit réduite à un "stéréotype", celui de la "nounou noire" qui serait dotée d'une capacité "surnaturelle" à réconforter les autres.

La démocrate occupe un poste qui est, en lui-même, le plus ingrat qui soit.

"Je suis vice-président. C'est-à-dire que je ne suis rien, mais que je peux être tout", avait lancé John Adams, vice-président de George Washington, puis lui-même président de 1797 à 1801.

Si Joe Biden, qui est déjà le président le plus âgé de l'histoire américaine, était réélu, Kamala Harris lui succéderait en cas de décès ou d'incapacité, comme le prévoit la Constitution.

Elle a d'ailleurs déjà exercé le pouvoir présidentiel pendant exactement une heure et 25 minutes en novembre 2021, pendant que le président subissait une coloscopie sous anesthésie générale.