Au Maroc, les abeilles désertent le plus ancien rucher au monde

Le monumental rucher d'Inzerki, dans le sud-ouest du Maroc. (AFP)
Le monumental rucher d'Inzerki, dans le sud-ouest du Maroc. (AFP)
Short Url
Publié le Dimanche 03 avril 2022

Au Maroc, les abeilles désertent le plus ancien rucher au monde

  • Considéré comme «le plus ancien et le plus grand rucher collectif traditionnel au monde», selon les spécialistes, ce site datant de 1850 n'est pas le seul frappé par la mortalité des hyménoptères
  • Cette année, l'ampleur des disparitions d'abeilles est telle que le gouvernement a débloqué une aide aux apiculteurs de 130 millions de dirhams (plus de 12 millions d'euros) -- «toujours pas déployée», selon M. Choudani

INZERKI: Au pied du monumental rucher d'Inzerki, dans le sud-ouest du Maroc, le silence a remplacé le bourdonnement des abeilles.


Silence synonyme d'un désastre écologique précipité par la disparition des colonies. Un phénomène observé à l'échelle nationale provoqué par une sécheresse hors norme et le changement climatique, selon des experts.


"A cette période de l'année, l'espace est censé être empli du bourdonnement des abeilles. Aujourd'hui, elles meurent à un rythme vertigineux", déplore auprès de l'AFP l'apiculteur Brahim Chatoui, en inspectant ses essaims sous un soleil de plomb. 


Comme le veut la tradition familiale, ses 90 ruches -- il en a perdu 40 en moins de deux mois -- sont disposées dans l'abeiller d'Inzerki, au coeur de la réserve de biosphère de l'arganeraie, l'une des plus riches du pays. 


"D'autres familles ont tout simplement décidé d'abandonner l'apiculture faute de moyens", témoigne M. Chatoui.


Considéré comme "le plus ancien et le plus grand rucher collectif traditionnel au monde", selon les spécialistes, ce site datant de 1850 n'est pas le seul frappé par la mortalité des hyménoptères.   


D'autres régions marocaines sont touchées. "Les pertes sont considérables rien que dans la région de Béni Mellal-Khénifra (centre), elles sont estimées à 100 000 ruches depuis le mois d'août", s'alarme Mohamed Choudani, de l'Union des apiculteurs du Maroc (UAM).


Le pays comptait 910 000 ruches exploitées par 36 000 apiculteurs recensés en 2019 contre un peu moins de 570 000 en 2009, selon les statistiques officielles. 

photo
Comme le veut la tradition familiale, ses 90 ruches -- il en a perdu 40 en moins de deux mois -- sont disposées dans l'abeiller d'Inzerki, au coeur de la réserve de biosphère de l'arganeraie, l'une des plus riches du pays. (AFP)

«Phénomène inédit»
Cette année, l'ampleur des disparitions d'abeilles est telle que le gouvernement a débloqué une aide aux apiculteurs de 130 millions de dirhams (plus de 12 millions d'euros) -- "toujours pas déployée", selon M. Choudani -- et a lancé une vaste enquête sur la catastrophe. 


"Cette désertion des ruches est un phénomène inédit au Maroc", constate l'Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires (ONSSA), chargé de l'enquête, qui impute aux changements climatiques le "syndrome de l'effondrement des colonies d'abeilles". L'ONSSA exclut l'hypothèse de maladies. 


Le chercheur en sciences apicoles, Antonin Adam, privilégie lui comme explication la pire sécheresse depuis 40 ans à frapper ce pays d'Afrique du nord.  


En outre, "la sécheresse peut être aujourd'hui amplifiée par la vulnérabilité des abeilles aux maladies, à la transhumance, aux pratiques agricoles intensives mais également à la volonté du pays d'augmenter sa production de miel", analyse le scientifique qui a étudié le milieu apicole dans le sud-ouest du Maroc. 


La production de miel a bondi de 69% en 10 ans, passant de 4,7 tonnes en 2009 à près de 8 tonnes en 2019, avec plus d'un milliard de dirhams (101 millions d'euros) de chiffre d'affaires, selon le ministère de l'Agriculture. 


Pour l'apiculteur Brahim Chatoui, "la sécheresse est un cycle normal. C'est son intensité qui est aujourd'hui inquiétante". 

Patrimoine menacé

A Inzerki, le désastre est double: écologique mais aussi patrimonial. 


De loin, le rucher frappe par sa structure à la fois simple et complexe, construite en terre et en bois sur cinq niveaux compartimentés en cases à dimension égale. A l'intérieur des cases sont disposées les ruches cylindriques en roseaux tressés enveloppées de terre mélangée à de la bouse de vache. 

photo
La production de miel a bondi de 69% en 10 ans, passant de 4,7 tonnes en 2009 à près de 8 tonnes en 2019, avec plus d'un milliard de dirhams (101 millions d'euros) de chiffre d'affaires, selon le ministère de l'Agriculture. (AFP)


Mais il suffit d'approcher pour constater l'étendue du délabrement. Des parties de l'abeiller -- inscrit récemment au patrimoine national -- s'affaissent, faisant craindre le pire.


Pour Hassan Benalayat, chercheur en géographie humaine, la dégradation du rucher est la conséquence de plusieurs bouleversements dans la région, notamment la modernisation de la filière apicole et l'exode rural mais aussi le réchauffement climatique. 


Par le passé, 80 familles y déposaient leurs abeilles, elles ne sont plus qu'une vingtaine aujourd'hui. "Il est urgent de faire vivre ce patrimoine exceptionnel", plaide M. Benalayat.


"La situation est critique mais ce n'est pas pour autant que je vais baisser les bras", assure M. Chatoui qui a créé avec d'autres villageois une association pour protéger le rucher.


Ils se sont battus pour l'inscrire au patrimoine du Maroc. Ils ont planté des herbes aromatiques, afin de résister à l'aridité des sols, et s'efforcent aujourd'hui de réhabiliter le rucher.


"L'objectif n'est pas le miel mais surtout que le rucher soit préservé et que mes abeilles survivent en attendant des jours meilleurs", espère l'apiculteur. 


Chalhoub Group célèbre 70 ans de croissance et d’innovation à Dubaï

Le groupe Chalhoub, acteur majeur du luxe au Moyen-Orient, a célébré son 70ᵉ anniversaire lors d’une réception organisée au Museum of the Future, son siège mondial et symbole de son ambition tournée vers l’avenir. (Photo fournie)
Le groupe Chalhoub, acteur majeur du luxe au Moyen-Orient, a célébré son 70ᵉ anniversaire lors d’une réception organisée au Museum of the Future, son siège mondial et symbole de son ambition tournée vers l’avenir. (Photo fournie)
Short Url
  • La célébration, organisée sous le thème Symphony of the Future, a mis à l’honneur les deux piliers du groupe : ses collaborateurs – plus de 16 000 dans la région, dont 7 300 aux Émirats – et ses partenaires internationaux
  • Patrick Chalhoub, président exécutif, a souligné que la réussite du groupe repose sur « une symphonie collective » et sur une culture d’entreprise fondée sur l’audace, l’entrepreneuriat et la résilience

DUBAI: Le groupe Chalhoub, acteur majeur du luxe au Moyen-Orient, a célébré son 70ᵉ anniversaire lors d’une réception organisée au Museum of the Future, son siège mondial et symbole de son ambition tournée vers l’avenir.

À cette occasion, le PDG Michael Chalhoub a rappelé l’importance stratégique des Émirats arabes unis dans le développement du groupe, où se réalise aujourd’hui 40 % de ses activités. Il a réaffirmé la volonté du groupe d’évoluer d’un rôle de partenaire vers celui de « House of Brands », en développant notamment ses propres créations tout en renforçant ses marques existantes. Parmi les projets phares : l’ouverture prochaine de Level Shoes aux États-Unis, une première pour une marque née à Dubaï.

Une « Symphonie du futur » portée par l’innovation et le capital humain

La célébration, organisée sous le thème Symphony of the Future, a mis à l’honneur les deux piliers du groupe : ses collaborateurs – plus de 16 000 dans la région, dont 7 300 aux Émirats – et ses partenaires internationaux.
Patrick Chalhoub, président exécutif, a souligné que la réussite du groupe repose sur « une symphonie collective » et sur une culture d’entreprise fondée sur l’audace, l’entrepreneuriat et la résilience.

 


Genève mise sur l'excellence horlogère pour renforcer ses liens économiques avec le Moyen-Orient

À travers l’exposition itinérante du Grand Prix d’Horlogerie de Genève (GPHG), Genève Tourisme a présenté à Dubaï les créations les plus innovantes de l’année, confirmant le rôle stratégique du marché du Golfe pour la croissance du secteur. (Photos fournies)
À travers l’exposition itinérante du Grand Prix d’Horlogerie de Genève (GPHG), Genève Tourisme a présenté à Dubaï les créations les plus innovantes de l’année, confirmant le rôle stratégique du marché du Golfe pour la croissance du secteur. (Photos fournies)
Short Url
  • Les pièces maîtresses exposées, comme la Breguet Classique Souscription — lauréate de l’« Aiguille d’Or » — ou la Möbius de Fam Al Hut, ont rappelé le poids économique de l’horlogerie suisse
  • La participation de Genève à la Dubai Watch Week 2025 a mis en lumière non seulement l’excellence horlogère suisse, mais aussi les ambitions économiques de la ville dans une région devenue essentielle pour son industrie du luxe

DUBAÏ: La participation de Genève à la Dubai Watch Week 2025 a mis en lumière non seulement l’excellence horlogère suisse, mais aussi les ambitions économiques de la ville dans une région devenue essentielle pour son industrie du luxe. À travers l’exposition itinérante du Grand Prix d’Horlogerie de Genève (GPHG), Genève Tourisme a présenté à Dubaï les créations les plus innovantes de l’année, confirmant le rôle stratégique du marché du Golfe pour la croissance du secteur.

Les pièces maîtresses exposées, comme la Breguet Classique Souscription — lauréate de l’« Aiguille d’Or » — ou la Möbius de Fam Al Hut, ont rappelé le poids économique de l’horlogerie suisse, qui représente plus de 26 milliards de francs suisses d’exportations annuelles, dont une part croissante est destinée aux Émirats arabes unis, au Qatar et à l’Arabie saoudite. Le Moyen-Orient demeure l’un des marchés les plus dynamiques pour les montres haut de gamme, soutenu par une clientèle jeune, fortunée et férue de pièces d’exception.

Pour Adrien Genier, directeur général de Genève Tourisme, l’événement constitue un levier majeur pour renforcer la visibilité et les relations commerciales de Genève :
« Le Golfe est aujourd’hui un marché stratégique pour Genève. Présenter notre savoir-faire ici, là où la demande pour le luxe et l’artisanat d’exception ne cesse de croître, permet de consolider notre attractivité économique et d’encourager de nouvelles collaborations. »

Raymond Loretan, président du GPHG, souligne l’importance de Dubaï dans l’écosystème mondial de l’horlogerie :
« La Dubai Watch Week joue un rôle clé dans le développement du marché régional. Y présenter nos créations permet de renforcer la présence suisse dans un hub économique qui façonne les tendances et les investissements du secteur du luxe. »

Genève, qui abrite des maisons prestigieuses telles que Patek Philippe, Rolex et Vacheron Constantin, combine tradition artisanale et innovation technologique pour alimenter une industrie qui représente un pilier essentiel de l’économie suisse. La ville attire également des talents et investisseurs internationaux, séduits par son écosystème horloger et son cadre économique stable.

Au-delà de son industrie phare, Genève s’appuie sur un art de vivre haut de gamme — gastronomie, nature, culture, shopping — pour renforcer son positionnement auprès des voyageurs du Golfe, dont le pouvoir d’achat et la fidélité constituent un moteur important pour le tourisme suisse.

Avec cette nouvelle édition de la Dubai Watch Week, Genève réaffirme sa volonté de renforcer ses liens économiques avec le Moyen-Orient, un marché incontournable pour l’avenir du luxe, du tourisme et des investissements liés à l’horlogerie.


Climat: l'UE face aux pays pétroliers et émergents, la COP30 dans l'impasse

Vue des camions de pompiers depuis l'extérieur de la COP30 à Belém au Brésil, le 20 novembre 2025, après qu'un incendie s'est déclaré dans un pavillon. (AFP)
Vue des camions de pompiers depuis l'extérieur de la COP30 à Belém au Brésil, le 20 novembre 2025, après qu'un incendie s'est déclaré dans un pavillon. (AFP)
Short Url
  • Les négociations de la COP30 à Belém sont dans l’impasse, l’Union européenne se retrouvant isolée face aux pays pétroliers et émergents qui refusent d’inscrire la sortie des énergies fossiles dans l’accord final
  • Les pays en développement exigent davantage de financements pour la transition et l’adaptation, tandis que les Européens menacent de quitter la conférence sans accord

BELEM: La conférence de l'ONU sur le climat à Belém (Brésil) est entrée en prolongation samedi, avec un face-à-face entre Union européenne d'un côté et des pays pétroliers et émergents de l'autre, en désaccord frontal.

Les négociations se sont poursuivies dans la nuit de vendredi à samedi, alors que la COP30 devait s'achever vendredi soir, après deux semaines de travaux. Où en est-on au petit matin?

"Nulle part", répond la ministre française de la Transition écologique, Monique Barbut, en arrivant à une réunion avec les Vingt-Sept tôt samedi. De nombreux négociateurs n'ont pas dormi de la nuit, alors que des parties du site à Belem commencent à être démontées.

Que doit dire la déclaration finale de cette COP30? La question divise les délégations venues jusqu'en Amazonie.

Une séance de clôture est programmée à 10h00 (13h00 GMT), mais l'horaire pourrait changer.

Pour les Européens, l'avenir passe obligatoirement par un message pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et les énergies fossiles. Celles-ci sont responsables de la grande majorité du réchauffement.

Des pays comme la Chine, la Russie, l'Arabie saoudite ou l'Inde sont désignés par la France comme menant le camp du refus.

Mais une partie du monde en développement ne soutient pas non plus la bataille contre les fossiles.

Ils expliquent que de nombreuses économies, pauvres ou émergentes, n'ont pas à l'heure actuelle les moyens d'une transition vers une consommation et une croissance moins denses en carbone, ou tout simplement de s'adapter à un climat déréglé. Ils réclament des pays les plus riches des engagements financiers supplémentaires pour aider les nations qui le sont moins.

- Européens "isolés" -

La présidence brésilienne de la conférence a consulté tout le monde vendredi sur une proposition d'accord qui ne contient plus le mot "fossiles". Et encore moins la création d'une "feuille de route" sur la sortie du pétrole, du charbon et du gaz, réclamée par au moins 80 pays européens, latino-américains ou insulaires, et soutenue par le président brésilien Lula lui-même.

L'Union européenne a évoqué vendredi la perspective de partir "sans accord". Ce serait un échec retentissant pour l'hôte, le Brésil, et pour une conférence organisée dans l'une des régions emblématiques des questions environnementales posées à la planète, l'Amazonie.

Mais cela pose un dilemme. Les Européens se retrouvent "isolés" dans leur refus du texte, selon une délégation d'un des 27. Ils hésitent sur l'attitude à adopter: claquer la porte pour marquer la gravité de la situation, ou chercher encore une conciliation par "peur (...) d'endosser la responsabilité" de l'échec du sommet.

Le projet d'accord de la présidence brésilienne demande des "efforts" pour tripler les financements pour l'adaptation des pays pauvres au changement climatique. Or les État appelés à contribuer appelés sont réticents, un an après une COP29, à Bakou, qui les a déjà engagés sur dix ans.

"Concentrons-nous sur l'essentiel: l'accès à l'énergie pour les plus pauvres, la sécurité énergétique pour tous et la durabilité énergétique pour la planète", dit à l'AFP l'Indien Arunabha Ghosh, émissaire de la COP30 pour l'Asie du Sud.

- "Nous mettre d'accord" -

Selon plusieurs observateurs et délégués interrogés par l'AFP, les débats se concentrent sur des modifications à la marge des trois principaux points de friction: l'ambition de réduction des énergies fossiles, l'aide financière due par les pays développés, et les tensions commerciales sur les taxes carbone aux frontières.

"Ceux qui doutent que la coopération soit la meilleure chose à faire pour le climat seront absolument ravis de voir qu'on n'arrive pas à nous mettre d'accord", lançait le président de la COP30, le diplomate André Corrêa do Lago.

L'idée d'une "feuille de route" pour accélérer la sortie du pétrole, du charbon et du gaz, est née de la frustration face au manque de concrétisation de l'engagement à leur abandon progressif pris à la COP28 il y a deux ans.

Peu comptaient sur le retour de cette question au menu, jusqu'à ce que le président brésilien la remette au centre du jeu au début du sommet.

Premier producteur de pétrole au monde, les États-Unis sont eux-mêmes absents de cette COP30, le président Donald Trump jugeant ces négociations inutiles.