Présidentielle: Macron et Le Pen s'affrontent par médias interposés

Marine Le Pen prononce un discours à Vallauris, et Emmanuel Macron s'adresse à des sympathisants après les premiers résultats du premier tour, le 10 avril 2022 (Photo, AFP).
Marine Le Pen prononce un discours à Vallauris, et Emmanuel Macron s'adresse à des sympathisants après les premiers résultats du premier tour, le 10 avril 2022 (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 15 avril 2022

Présidentielle: Macron et Le Pen s'affrontent par médias interposés

  • Les deux finalistes s'affrontent vendredi par médias interposés. Marine Le Pen enchaîne les matinales et Emmanuel Macron sera l'invité de franceinfo
  • A neuf jours du scrutin, le président sortant garde l'avantage dans les intentions de vote mais avec une marge moindre qu'il y a cinq ans

PARIS: Ils ne se quittent plus d'une semelle. Les deux finalistes à la présidentielle Emmanuel Macron et Marine Le Pen s'affrontent vendredi par médias interposés, après un début de campagne d'entre-deux-tours marqué par une quête de proximité pour le président-candidat, une recherche de crédibilité pour la candidate d'extrême droite.

Après son premier grand meeting depuis le premier tour, jeudi soir à Avignon, la candidate RN enchaîne à partir de 07h45 les matinales sur France Bleu Vaucluse, puis France Bleu Provence avant de passer sur RMC-BFMTV depuis Avignon. Elle sera ensuite en déplacement dans la région.

Dans le même temps, le président sortant, qui était la veille au Havre pour parler écologie, sera l'invité de franceinfo pendant une heure en matinée, avant France 2 le soir. Gros duel médiatique à distance en perspective sur deux candidats, deux projets, deux France radicalement opposés.

A neuf jours du scrutin, le président sortant garde l'avantage dans les intentions de vote (de 53 à 55%) mais avec une marge moindre qu'il y a cinq ans (64/36%). Et avec toujours plusieurs inconnues, notamment le niveau de l'abstention et le report des 21,95% de voix qui se sont portées dimanche sur le candidat insoumis Jean-Luc Mélenchon.

Cette campagne d'entre-deux-tours ne ressemble en rien à celle du premier, qui s'était déroulée dans l'ombre de la guerre en Ukraine qui avait beaucoup mobilisé le président-candidat. 

Il n'avait fait qu'un seul meeting, peu de déplacements et s'était refusé à débattre avec les 11 autres prétendants à l'Elysée, déclenchant la colère de ses adversaires, qui l'avaient accusé de vouloir "enjamber" le scrutin en les contraignant de boxer dans le vide.

Depuis le début de la semaine, Emmanuel Macron a considérablement allégé son agenda diplomatique. Il multiplie les immersions en région dans le Nord, en Alsace et en Normandie avant un grand meeting samedi à Marseille, avec des rencontres et échanges parfois vifs à l'occasion de longs bains de foule. 

France des oubliés

Changement de ton et de rythme aussi pour Marine Le Pen qui depuis plusieurs semaines menait une campagne à bas bruit, favorisant les déplacements dans de petites localités de la "France des oubliés" autour de la thématique du pouvoir d'achat. 

Et laissait les propos les plus radicaux sur l'immigration à son rival d'extrême droite Eric Zemmour, elle tentait ainsi de lisser son image tout en conservant un programme de rupture. 

Depuis lundi, elle va de média en média et a fait des conférences de presse sur la réforme des institutions et la diplomatie, deux sujets régaliens par excellence. 

Tout a en effet changé après le premier tour. "On est à front renversé: Emmanuel Macron va chercher dans cette campagne à rétablir une image de proximité qu'il n'a pas et Marine Le Pen va chercher à conforter, installer une image de crédibilité qu'elle a moins que Macron", indique à l'AFP Bernard Sananès, président de l'institut de sondage Elabe. 

Même constat pour la directrice générale d'Odoxa Céline Bracq: "Emmanuel Macron se dit: +c'est le moment de prendre des risques+ et pour elle, ce n'est pas le moment de prendre des risques. Elle a tendance à amplifier sa stratégie de premier tour, à savoir une Marine Le Pen qui rassemble, qui ne fait pas peur et qui peut être appréciée".

Faire oublier ce qu'est le RN

"Elle fait tout pour ne pas prendre le risque de réactiver cette image de candidate dangereuse", a ajouté cette responsable. "Elle ne met plus Le Pen (sur les affiches), elle efface tous les signes, dans ses tracts elle parle à peine d'immigration. Elle veut faire oublier ce qu'est le RN".

Enfin, en pleine campagne pour le second tour, Emmanuel Macron reprendra vendredi son rôle de président pour inspecter le chantier de Notre-Dame de Paris, trois ans jour pour jour après l'incendie de la cathédrale le 15 avril 2019. Une manière de marquer la différence avec sa rivale grâce à son statut de chef d'Etat, toujours aux commandes.

L'occasion aussi de montrer le travail entrepris à l'aune de sa promesse, lancée comme un défi juste après l'incendie, de reconstruire le monument en cinq ans. Depuis, l'objectif a été un peu revu à la baisse. 

Le chantier ne sera pas achevé en cinq ans mais le monument doit être rendu au culte pour le 16 avril 2024, jour où doit être de nouveau célébrée une première messe dans la nef. 


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».


Selon ManPowerGroup, l'IA pourrait réduire l'importance des « compétences » dans le recrutement

Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
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  • L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences ».
  • « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

PARIS : L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences », selon un dirigeant de ManPowerGroup.

En effet, « les compétences pourraient s'avérer obsolètes dans six mois », explique Tomas Chamorro-Premuzic, directeur de l'innovation du géant américain du travail temporaire, rencontré par l'AFP au salon Vivatech, à Paris, qui ferme ses portes samedi.  Selon lui, « il vaut mieux savoir que vous travaillez dur, que vous êtes curieux, que vous avez de bonnes aptitudes relationnelles et ça, l'IA peut vous aider à l'évaluer ».

Selon l'Organisation internationale du travail (OIT), « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

Cependant, les tâches informatiques (utilisation d'Internet, messagerie, etc.) pouvant être accomplies de manière autonome par des agents d'IA connaissent une « rapide expansion ». 

Dans ce contexte, les employeurs pourraient rechercher de plus en plus de salariés dotés de compétences hors de portée de l'IA, telles que le jugement éthique, le service client, le management ou la stratégie, comme l'indique une enquête de ManpowerGroup menée auprès de plus de 40 000 employeurs dans 42 pays et publiée cette semaine.

M. Chamorro-Premuzic déplore toutefois que ces compétences ne soient pas encore davantage mises en avant dans la formation. « Pour chaque dollar que vous investissez dans la technologie, vous devez investir huit ou neuf dollars dans les ressources humaines, la transformation culturelle, la gestion du changement », dit-il.

Les craintes d'un chômage de masse provoqué par l'IA restent par ailleurs exagérées à ce stade, estime le dirigeant, malgré certaines prédictions alarmistes.

D'après Dario Amodei, patron de la société d'intelligence artificielle Anthropic, cette technologie pourrait faire disparaître la moitié des emplois de bureau les moins qualifiés d'ici cinq ans. 

« Si l'histoire nous enseigne une chose, c'est que la plupart des prévisions sont fausses », répond M. Chamorro-Premuzic.

Concernant le recrutement, activité principale de ManPowerGroup, le dirigeant ajoute que « les agents d'intelligence artificielle ne deviendront certainement pas le cœur de notre métier dans un futur proche ». Il constate également que l'IA est utilisée par les demandeurs d'emploi.

« Des candidats sont capables d'envoyer 500 candidatures parfaites en une journée, de passer des entretiens avec leurs bots et de déjouer certains éléments des évaluations », énumère-t-il.