Législatives: Bompard défend une soignante candidate condamnée pour des «violences»

Manuel Bompard, directeur de campagne de Jean-Luc Mélenchon (Photo, AFP).
Manuel Bompard, directeur de campagne de Jean-Luc Mélenchon (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 20 mai 2022

Législatives: Bompard défend une soignante candidate condamnée pour des «violences»

  • Manuel Bompard, directeur de campagne de Jean-Luc Mélenchon, a défendu vendredi la candidature aux législatives comme suppléante de Farida Chikh, une soignante violemment interpellée lors d'une manifestation en 2020
  • Mme Chikh se présente au scrutin des 12 et 19 juin dans la 10e circonscription du Val-de-Marne en tant que suppléante de la présidente du groupe LFI à l'Assemblée nationale Mathilde Panot

PARIS: Manuel Bompard, directeur de campagne de Jean-Luc Mélenchon, a défendu vendredi la candidature aux législatives comme suppléante de Farida Chikh, une soignante violemment interpellée lors d'une manifestation en 2020 et condamnée l'année suivante à une amende avec sursis pour des "violences".

Mme Chikh se présente au scrutin des 12 et 19 juin dans la 10e circonscription du Val-de-Marne en tant que suppléante de la présidente du groupe LFI à l'Assemblée nationale Mathilde Panot, sous les couleurs de l'alliance de la gauche (Nupes).

Traînée au sol par les forces de l'ordre lors de son interpellation en juin 2020 dans une manifestation de soignants, Mme Chikh, elle-même soignante, avait été condamnée en septembre 2021 à une amende de 1.000 euros avec sursis pour des "doigts d’honneur" et des "violences n'ayant pas entraîné d’incapacité temporaire de travail" contre des personnes dépositaires de l'autorité publique. Elle devait aussi verser 100 et 200 euros de dommages et intérêts à deux policiers pour le préjudice moral subi, et avait été relaxée des chefs de "résistance violente" et "outrages".

"Elle a été condamnée pour ça, très bien. C'est d'abord une femme, une soignante, une syndicaliste, qui se bat pour les conditions de travail dans le secteur de la santé qui sont encore aujourd'hui extrêmement difficiles", a défendu sur BFMTV et RMC M. Bompard, lui-même candidat Nupes dans la 4e circonscription des Bouches-du-Rhône.

Se disant "fier" de ces combats, il a jugé qu'elle est par sa profession "bien placée pour porter ces sujets dans la campagne".

De plus, "si vous voulez que cette colère s'exprime d'une manière canalisée dans des canaux démocratiques, il faut que celles et ceux qui se battent pour leurs conditions de travail se présentent aux élections et qu'on fasse en sorte qu'ils les gagnent", pour "changer les choses" dans le secteur de la santé, a développé Manuel Bompard.

Interrogé sur la manifestation parisienne de juin 2020 lors de laquelle Farida Chikh avait été interpellée, il a fait valoir que c'était "la première de soignants après la première crise du Covid, avec beaucoup de colère, d'émotion", et qu'elle avait été "réprimée de manière extrêmement brutale par les forces de l'ordre".

Farida Chikh "a d'abord jeté les pavés puis a été interpellée", mais "cette manifestation a été réprimée avant qu'il y ait des jets de projectiles et de pavés", a assuré M. Bompard, dénonçant "une situation de gestion du maintien de l'ordre" qui avait "généré une montée des tensions".

Législatives: chez les macronistes et à gauche, des dissidents en pagaille

Les élections législatives 2022 produisent leur lot habituel de candidats dissidents, entre les sortants non réinvestis qui se rebiffent côté majorité présidentielle, ou l'accord national à gauche qui fait des déçus, notamment chez les socialistes.

Des choix de la majorité présidentielle contestés 

Les trois piliers LREM, MoDem et Horizons ont scellé l'alliance Ensemble!, et par là limité les risques de dissidences. Mais dans le partage des circonscriptions, une vingtaine de députés sortants jugés moins loyaux ou moins implantés ont été balayés, dont certains se représentent. 

C'est le cas de Catherine Kamowski (LREM, 5e circonscription de l'Isère) et Aina Kuric (Agir, allié de la majorité, 2e de la Marne), à qui une ex-collaboratrice de Nicolas Sarkozy a été préférée. 

Dans l'Ain, le sortant de la 4e Stéphane Trompille, condamné pour harcèlement sexuel en 2020 et qui a fait appel, n'a pas été investi et fait de la résistance. Il fera face côté majorité à Isabelle Seguin, ancienne gagnante de l'émission Koh-Lanta.

L'ex-secrétaire d'Etat MoDem Nathalie Elimas, écartée en raison d'une enquête la visant pour harcèlement moral, est candidate dans le Val-d'Oise, bien que non adoubée. 

Dans la circonscription des Français de l'étranger couvrant Espagne, Portugal, Monaco et Andorre, le député sortant LREM Stéphane Vojetta se présente comme le candidat "naturel (refusant) les parachutages", alors que l'ancien Premier ministre Manuel Valls a été investi. M. Vojetta vient d'être exclu du parti.

Une kyrielle d'autres candidats, non sortants, se présentent comme de la "majorité présidentielle". Ainsi Ahmed Eddarraz, réputé proche du couple Macron, se maintient malgré l'investiture de la ministre sortante Elisabeth Moreno (circonscription des Français du Maghreb et de l'Afrique de l'Ouest). 

Constance Le Grip (Hauts-de-Seine), nouvelle recrue de la majorité issue de LR et concurrencée par des dissidents de la majorité, a reçu jeudi le soutien de ses ténors, qui menacent les usurpateurs de "procédures".  

Enfin, dans la 2e circonscription du Finistère, double tir de barrage: le sortant Jean-Charles Larsonneur (groupe Agir) revendique d'être le candidat de la majorité présidentielle alors que le chef de file des "marcheurs" de Brest Marc Coatanéa a été préféré; et à gauche, le socialiste Réza Salami veut aller jusqu'au bout, bien qu'un candidat LFI ait été désigné dans le cadre de la Nupes. 

La gauche façon pêle-mêle

Faisant la part belle à LFI, l'accord avec EELV, PS et PCF au sein de la Nupes (Nouvelle union populaire écologique et sociale) est à maints endroits mal reçu, en particulier dans les terres historiquement socialistes où les prétendants PS ont été évincés (Nièvre, Creuse, Dordogne...). Entre 50 et 70 socialistes dissidents sont sur les rangs, qui sont automatiquement exclus du parti.

Seule exception: Lamia El Aaraje qui se présente à Paris, soutenue par le PS. Sa direction évoque une "injustice" dans la désignation de Danielle Simonnet (LFI).

La fronde est répandue en Occitanie, région dirigée par Carole Delga qui soutient plusieurs dissidents, l'accord Nupes n'ayant réservé que 6 circonscriptions sur 49 au PS. 

En Dordogne dans la Nouvelle-Aquitaine voisine, des socialistes se présentent dans les quatre circonscriptions face aux postulants investis par la Nupes, trois LFI et un Génération.s. Le président socialiste du département, Germinal Peiro, fustige l'accord à gauche, "une capitulation". 

A Rouen, épidémie également de dissidences PS, dans trois de ses quatre circonscriptions: face au député sortant PCF Hubert Wulfranc dans la 3e; face au LFI Maxime Da Silva dans la 1ère; face à la LFI Alma Dufour dans la 4e.

A Vaulx-en-Velin (Rhône), le premier adjoint Stéphane Gomez se lance en dissident avec le soutien de la maire PS Hélène Geoffroy.

Dans les Côtes d'Armor, à Lannion/Paimpol, le premier secrétaire fédéral du PS, Vincent Le Meaux, se présente face à la candidate Nupes. 

Dans la Loire, claquage de porte: dans la 1ère circonscription, Pierrick Courbon, chef de file de l’opposition municipale de gauche à Saint-Etienne, a quitté le PS pour être candidat face à Laetitia Copin (EELV). Pour corser le match, le sortant Régis Juanico (Générations) est suppléant de M. Courbon.

Il n'y a pas qu'au PS que ça grince. Pourtant investi, le numéro un du PCF Fabien Roussel est défié dans la 20e du Nord par Eric Renaud, appuyé par les insoumis locaux.

Autre contexte en Charente: le sortant Jérôme Lambert (apparenté PS), contesté par EELV et LFI notamment pour son vote contre le mariage pour tous, a été évincé mais persiste.

Ailleurs, les dissidences sont limitées. Si LR n'a pas trouvé d'accord avec ses partenaires UDI et Nouveau centre dans une trentaine de circonscriptions, les doubles candidatures sont restreintes (3e circonscription du Loiret, celle de Quimper...).

Enfin à Nice, le conseiller municipal RN Philippe Vardon, à qui le parti de Marine Le Pen a refusé l'investiture, se présente... avec le soutien de Reconquête!. 


Macron de retour sur le terrain mardi avec un débat sur les jeunes et l'internet

Le président Emmanuel Macron à l'Élysée à Paris, le 30 octobre 2025, en marge du Forum de Paris sur la paix. (AFP)
Le président Emmanuel Macron à l'Élysée à Paris, le 30 octobre 2025, en marge du Forum de Paris sur la paix. (AFP)
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  • Emmanuel Macron participe aux Assises de l’économie de la mer à La Rochelle pour évoquer les défis du secteur maritime face à la Chine et aux États-Unis
  • Le président échangera ensuite avec des élèves à Rochefort sur les effets des écrans et des réseaux sociaux, thème qu’il souhaite placer au cœur de la fin de son quinquennat, dans une réflexion sur la santé mentale et la démocratie numérique

PARIS: Emmanuel Macron est de retour mardi sur le terrain: il se rend aux Assises de l'économie de la mer à La Rochelle (Charente-Maritime), avant de débattre avec des jeunes de l'impact des réseaux sociaux sur leur vie quotidienne.

Les Assises de la mer, qui fêtent leur 20e anniversaire, réunissent chaque année plus de 1.500 professionnels  (marine marchande, chantiers navals, pêcheurs, scientifiques etc..) sur tous les grands enjeux du secteur.

Emmanuel Macron doit y prendre la parole vers midi à l'issue de deux tables rondes sur "l'Europe du maritime dans l'étau Chine et Etats-Unis" et les "menaces et opportunités économiques pour les transports et services maritimes", selon le programme des Assises.

Le chef de l'Etat intervient régulièrement sur ces enjeux, de la décarbonation du transport maritime à la lutte contre la flotte fantôme de pétroliers mise en place par la Russie pour contourner les sanctions induites par la guerre en Ukraine.

Il clôturera aussi une année 2025 placée sous le signe des océans en France après la Conférence des Nations unies sur l'océan (Unoc) accueillie en juin à Nice.

Emmanuel Macron aura ensuite un échange avec des collégiens et lycéens de Rochefort (Charente-Maritime) sur l'impact des réseaux sociaux et des temps d'écran sur la santé mentale des jeunes et leur vie quotidienne, a précisé l'Elysée.

Le président entend faire des effets néfastes des écrans et des réseaux sociaux son nouveau cheval de bataille dans la dernière ligne droite du quinquennat avant les municipales de 2026 et la présidentielle de 2027.

Lors d'une réunion à l'Elysée avec 200 experts et acteurs de terrain, le 28 octobre, il a lancé un appel collectif à la réflexion afin de renforcer les "modèles démocratiques et républicains".

Parmi les sujets phare, les algorithmes créés par les plateformes pour capter l'attention des usagers et l'orienter à des fins idéologiques ou publicitaires. Et la désinformation et les ingérences étrangères via des trolls et bots.

Il visitera également la maison de l'écrivain voyageur Pierre Loti (1850-1923), qui a rouvert en juin à Rochefort après plus de cinq ans de travaux financés par le loto du Patrimoine.

Son dernier déplacement de terrain remonte au 19 septembre dans le Loir-et-Cher. Il s'était alors rendu à l'abbaye de Pontlevoy et avait effectué une visite surprise dans un bar-tabac de Montrichard.


Les députés s'apprêtent à baisser le rideau sur la partie «recettes» du budget de l'Etat

Les députés bouclent lundi huit jours de débats sur la partie "recettes" du budget de l'Etat, sans espoir de voter sur ce premier volet mardi comme initialement prévu. Mais à l'heure où chacun dresse un premier bilan, il semble peu probable que le texte puisse trouver une majorité dans l'hémicycle. (AFP)
Les députés bouclent lundi huit jours de débats sur la partie "recettes" du budget de l'Etat, sans espoir de voter sur ce premier volet mardi comme initialement prévu. Mais à l'heure où chacun dresse un premier bilan, il semble peu probable que le texte puisse trouver une majorité dans l'hémicycle. (AFP)
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  • Au menu lundi, la poursuite des discussions sur la justice fiscale, avec notamment des amendements sur la taxation des plus-values immobilières, ou les droits de succession
  • La ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin devrait dresser un bilan des mesures adoptées jusqu'à présent

PARIS: Les députés bouclent lundi huit jours de débats sur la partie "recettes" du budget de l'Etat, sans espoir de voter sur ce premier volet mardi comme initialement prévu. Mais à l'heure où chacun dresse un premier bilan, il semble peu probable que le texte puisse trouver une majorité dans l'hémicycle.

Au menu lundi, la poursuite des discussions sur la justice fiscale, avec notamment des amendements sur la taxation des plus-values immobilières, ou les droits de succession.

La ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin devrait dresser un bilan des mesures adoptées jusqu'à présent.

Les députés s'empareront mardi en séance du budget de la Sécurité sociale, rejeté en commission vendredi.

Celui-ci doit faire l'objet d'un vote solennel le 12 novembre, après lequel pourront reprendre les discussions sur le projet de loi de finances, jusqu'au plus tard le 23 novembre à minuit - les délais constitutionnels obligeant alors le gouvernement à transmettre le texte au Sénat. Le gouvernement tablait ces jours-ci sur un vote le 18 novembre pour la partie "recettes" du budget de l'Etat.

Mais d'ores et déjà le rapporteur général du Budget, Philippe Juvin (LR), anticipe son rejet: "Je ne vois pas très bien comment cette partie 1 pourrait être votée, parce qu'en fait elle ne va satisfaire personne", a-t-il dit sur LCI dimanche.

En cas de rejet de cette première partie, le projet de budget partirait au Sénat dans sa version initiale.

"Ecœurement" 

L'adoption du texte nécessiterait l'abstention des socialistes et des écologistes (et le vote positif de la coalition gouvernementale). Or rien ne la laisse présager à ce stade.

Le chef des députés PS, Boris Vallaud, a ainsi fait part dans une interview à La Tribune Dimanche de son "écœurement", après le rejet vendredi de la taxe Zucman sur le patrimoine des ultra-riches, et alors que la gauche peine de manière générale à "mettre de la justice dans ce budget".

"Si on devait nous soumettre le budget aujourd'hui, nous voterions évidemment contre, en sachant tout ce que cela implique, à savoir la chute du gouvernement", a ajouté celui dont le groupe avait décidé de laisser sa chance à Sébastien Lecornu en ne le censurant pas.

Les écologistes se montrent eux aussi sévères, vis-à-vis du gouvernement mais aussi des socialistes, dont ils semblent critiquer une quête du compromis à tout prix: "Je ne comprends plus ce que fait le PS", a déclaré la patronne des députés écolos Cyrielle Chatelain sur franceinfo vendredi soir.

Mais le texte ne fait pas seulement des mécontents à gauche. Le gouvernement a lui aussi marqué ses réticences face à des votes souvent contraires à ses avis, qui ont abouti à alourdir la pression fiscale.

"Je pense qu'il faut qu'on arrête de créer des impôts (...) Aujourd'hui, si je compte les mesures sur l'impôt des multinationales, sur les rachats d'actions, sur la taxe sur les super-dividendes et l'ensemble des amendements qui ont été votés, le taux de prélèvements obligatoires atteindrait au moins (...) 45,1% du PIB, c'est plus qu'en 2013 où il était à 44,8%", a fustigé Amélie de Montchalin vendredi soir.

"Sorcellerie fiscale" 

Le ministre de l'Economie Roland Lescure a lui mis en garde contre la "sorcellerie fiscale" et le vote de mesures "totalement inopérantes". Particulièrement dans son viseur, une "taxe Zucman" sur les multinationales censées rapporter 26 milliards d'euros, selon son initiateur Eric Coquerel, le président LFI de la commission des Finances.

Montré du doigt par la droite pour son soutien à la mesure, le Rassemblement national a assumé son vote: le président du RN Jordan Bardella a défendu sur X un "mécanisme de lutte contre la fraude fiscale des grandes multinationales étrangères".

Sur France Inter dimanche, le vice-président du RN Sébastien Chenu a cependant fustigé un budget "de bric et de broc", qui crée "beaucoup d'impôts" sans s'attaquer "aux dépenses toxiques".

Vendredi, reconnaissant les limites de la discussion budgétaire pour parvenir à une copie d'ensemble cohérente, le Premier ministre a demandé "à l'ensemble des ministres concernés" de réunir les représentants des groupes pour "essayer de se mettre d'accord sur les grands principes de l'atterrissage d'un texte pour la Sécurité sociale et pour le projet de loi de finances".

 


France: les députés rejettent l'emblématique taxe Zucman, au grand dam de la gauche

Des députés du Rassemblement national applaudissent lors de l'examen des textes par la "niche parlementaire" du groupe d'extrême droite Rassemblement national, à l'Assemblée nationale, la chambre basse du parlement français, à Paris, le 30 octobre 2025. (AFP)
Des députés du Rassemblement national applaudissent lors de l'examen des textes par la "niche parlementaire" du groupe d'extrême droite Rassemblement national, à l'Assemblée nationale, la chambre basse du parlement français, à Paris, le 30 octobre 2025. (AFP)
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  • L’Assemblée nationale a refusé la proposition de taxe de 2 % sur les patrimoines supérieurs à 100 millions d’euros (228 voix contre 172), symbole des tensions entre gauche et droite sur la justice fiscale
  • Le Premier ministre Sébastien Lecornu tente d’éviter une censure et de sauver le budget 2026 en multipliant les concessions à la gauche

PARIS: Les députés français ont rejeté vendredi l'emblématique taxe Zucman sur la taxation des ultra-riches, au grand dam de la gauche, à laquelle le Premier ministre Sébastien Lecornu a tenté de donner des gages pour parvenir à faire voter un budget.

Les parlementaires sont engagés dans de difficiles débats pour arriver à un compromis sur ce sujet qui relève du casse-tête dans un paysage politique très fragmenté, sans majorité nette à l'Assemblée nationale depuis la dissolution décidée en juin 2024 par Emmanuel Macron.

Défendue par la gauche, la taxe Zucman, qui visait à instaurer un impôt minimum de 2% sur les patrimoines de plus de 100 millions d'euros, a été rejetée par 228 députés contre 172.

Cette proposition, qui cristallisait les débats budgétaires, s'inspire des travaux du discret économiste Gabriel Zucman, chantre de la justice fiscale pour la gauche et adversaire des entreprises pour la droite et les libéraux, jusqu'au patron de LVMH, qui le qualifie de "pseudo universitaire".

Les députés ont également rejeté une version de compromis de cette taxe, proposée par les socialistes.

"Vous faites, par votre intransigeance, je le crains, le mauvais chemin", a dénoncé le socialiste Boris Vallaud. Le chef des députés PS a appelé dans la foulée à voter le rétablissement de l'Impôt de solidarité sur la fortune (ISF) supprimé en 2017.

De son côté, la droite s'est réjouie: "On est contre les augmentations d'impôts qui vont tuer de l'emploi et tuer de l'activité économique", a réagi le chef des députés Les Républicains (LR), Laurent Wauquiez.

Le Premier ministre Lecornu a réfuté l'existence d'un "impôt miracle pour rétablir la justice fiscale", et demandé à ses ministres de réunir les représentants de groupes politiques pour tenter de trouver une voie d'atterrissage et s'accorder sur un budget pour 2026.

Minoritaire, le quatrième gouvernement en moins d'un an et demi, le sixième depuis la réélection de M. Macron en mai 2022, a promis de laisser le dernier mot au Parlement. Mais la recherche d'un compromis reste très difficile entre un camp présidentiel fracturé, une gauche traversée de tensions et une extrême droite favorable à une union des droites.

- Le PS maintient la pression -

La pression est forte entre des délais très courts et l'inquiétude croissante sur la situation des finances publiques de la deuxième économie de l'UE dont la dette atteint 115% du PIB.

Tout en insistant sur la nécessité de réaliser d'importantes économies, le Premier ministre doit donc accepter des concessions, au risque de ne pas parvenir à doter l'Etat français d'un budget dans les temps ou de tomber comme ses prédécesseurs.

Pour convaincre les socialistes de ne pas le renverser, Sébastien Lecornu a déjà accepté de suspendre la réforme des retraites adoptée au forceps en 2023, une mesure approuvée vendredi en commission parlementaire.

Face à la colère froide de la gauche après les votes de vendredi, il s'est dit prêt en outre à renoncer au gel des pensions de retraite et des minimas sociaux, des mesures parmi les plus contestées de cette séquence budgétaire et dont la suppression était dans le même temps votée en commission des Affaires sociales.

Le gouvernement comptait faire jusqu'à 3,6 milliards d'économies sur ces sujets, et pourrait compenser cela, au moins en partie, par une hausse de la Contribution sociale généralisée (CSG) sur le patrimoine.

Pour Sébastien Lecornu, il s'agit d'échapper à une censure du PS, qui maintient son étreinte et l'appelle à "encore rechercher le compromis" sous peine de devoir "repartir aux élections". A ce stade, "il n'y a pas de possibilité de voter ce budget", a lancé le patron des socialistes, Olivier Faure.

Si le Parlement ne se prononce pas dans les délais, le gouvernement peut exécuter le budget par ordonnance. Une loi spéciale peut aussi être votée permettant à l'Etat de continuer à percevoir les impôts existants l'an prochain, tandis que ses dépenses seraient gelées, en attendant le vote d'un réel budget.