Le pillage d'antiquités doit être puni comme un crime de guerre, réclame la Fondation Clooney

L'avocate anglo-libanaise Amal Clooney de la Fondation Clooney pour la justice assiste à la réunion des Nations Unies sur la "formule Arria", une réunion informelle des membres du Conseil de sécurité, le 27 avril 2022, à New York (AFP)
L'avocate anglo-libanaise Amal Clooney de la Fondation Clooney pour la justice assiste à la réunion des Nations Unies sur la "formule Arria", une réunion informelle des membres du Conseil de sécurité, le 27 avril 2022, à New York (AFP)
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Publié le Mercredi 08 juin 2022

Le pillage d'antiquités doit être puni comme un crime de guerre, réclame la Fondation Clooney

  • Le pillage est considéré comme un crime de guerre par les Conventions de Genève, le Statut de Rome ayant instauré la Cour pénale internationale et le Conseil de sécurité de l'ONU
  • Actuellement, la majorité des oeuvres retrouvées sont saisies et rendues aux pays où elles ont été pillées, mais les revendeurs ne sont poursuivis que pour des infractions, pas des crimes de guerre, selon l'ONG

WASHINGTON: Les revendeurs d'antiquités pillées dans les zones de conflits doivent être poursuivis pour complicité de crimes de guerre et financement du terrorisme, a réclamé mercredi la fondation Clooney pour la Justice, fondée par George et Amal Clooney.

"Le commerce illégal d'antiquités n'est pas un crime qui ne fait pas de victimes", a affirmé Anya Neistat, la directrice juridique de The Docket, un programme de cette fondation spécialisée dans la lutte contre les violations des droits humains, en présentant à Washington une enquête de deux ans sur le trafic des trésors culturels pillés en Irak, en Syrie, au Yémen et en Libye, puis revendus aux Etats-Unis et en Europe.

Ces trafics, contrôlés par les groupes armés comme l'organisation Etat islamique (EI) ou l'ex-branche syrienne d'Al-Qaïda, Hayat Tahrir al-Cham, permettent à ces derniers d'acheter des armes et de financer des actes de guerre ou des attentats, a indiqué Anya Neistat.

L'EI, qui a contrôlé de larges pans de territoire en Syrie et en Irak entre 2011 et 2016, avait ainsi créé un sous-ministère dédié aux antiquités, qui accordait des licences aux pilleurs de sites archéologiques et prélevait des taxes sur les ventes de pièces, a-t-elle expliqué.

Le pillage est considéré comme un crime de guerre par les Conventions de Genève, le Statut de Rome ayant instauré la Cour pénale internationale et le Conseil de sécurité de l'ONU, a souligné une avocate de la fondation, Manel Chibane.

Les pièces volées transitent par la Turquie, le Liban, l'Europe de l'Est ou la Thaïlande pour être écoulées par des marchands d'art ou lors de ventes privées, notamment en ligne.

Actuellement, la majorité des oeuvres retrouvées sont saisies et rendues aux pays où elles ont été pillées, mais les revendeurs ne sont poursuivis que pour des infractions, pas des crimes de guerre, selon l'ONG.

Face à des réseaux très organisés et un marché de l'art peu régulé, les poursuites pénales pour crime grave "sont un élément fondamental pour casser le cycle" du trafic "et faire en sorte que le marché d'arrivée soit démantelé pour créer une dissuasion suffisante qui stoppera les pillages", a affirmé Anya Neistat.

Ce rapport intervient peu après la mise en examen en France de Jean-Luc Martinez, l'ancien patron du Louvre, le plus grand musée du monde, pour un trafic présumé d'antiquités provenant du Proche et du Moyen-Orient.

Dans le cadre de cette enquête, cinq pièces égyptiennes, en possession du Metropolitan Museum de New York mais potentiellement issues d'un pillage, ont récemment été saisies par la justice américaine.


Le musée national Zayed explore l'histoire des Émirats arabes unis

Situé sur l'île de Saadiyat, le musée national Zayed explorera les premiers établissements humains datant de 300 000 ans, ainsi que la langue, les traditions, la flore et la faune de la région. (Fourni)
Situé sur l'île de Saadiyat, le musée national Zayed explorera les premiers établissements humains datant de 300 000 ans, ainsi que la langue, les traditions, la flore et la faune de la région. (Fourni)
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  • Situé sur l'île de Saadiyat, le musée national Zayed a d'illustres voisins, dont le Louvre Abu Dhabi, le Guggenheim Abu Dhabi, le musée d'histoire naturelle et le teamLab Phenomena

DUBAI : Alors que le musée national Zayed ("Zayed National Museum") s'apprête à ouvrir ses portes dans la capitale des Émirats arabes unis, Arab News s'est entretenu avec le directeur Peter Magee au sujet des objectifs du musée et de ce à quoi les visiteurs peuvent s'attendre.

La date d'ouverture n'a pas encore été annoncée, mais le centre se concentrera sur l'histoire des Émirats arabes unis et plus particulièrement sur le cheikh Zayed bin Sultan Al Nahyan. Il explorera les premiers établissements humains datant de 300 000 ans, ainsi que la langue, les traditions, la flore et la faune de la région.

"L'histoire du musée est guidée par les valeurs durables du père fondateur des Émirats arabes unis, le cheikh Zayed bin Sultan Al-Nahyan", a expliqué M. Magee. "Nous examinons ces valeurs et la manière dont elles l'ont guidé, mais aussi la manière dont elles reflètent les valeurs sociales qui existent dans les Émirats arabes unis, tant dans le passé que dans le présent - et dans l'avenir.

"C'est un musée national centré sur les Émirats arabes unis, mais il s'intéresse bien sûr aux liens régionaux qui existaient avec d'autres pays du golfe Persique, de l'océan Indien et même d'autres régions.

L'une des pièces maîtresses est la reconstitution grandeur nature d'un bateau Magan de l'âge du bronze, construit avec des roseaux et des cordes en fibre de palmier. Magee et son équipe ont navigué à bord de ce bateau pendant deux jours sur les eaux du golfe Persique.

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Situé sur l'île de Saadiyat, le musée national Zayed a d'illustres voisins, dont le Louvre Abu Dhabi, le Guggenheim Abu Dhabi, le musée d'histoire naturelle et le teamLab Phenomena. (Fourni)

Situé sur l'île de Saadiyat, le musée national Zayed a pour voisins illustres le Louvre Abu Dhabi, le Guggenheim Abu Dhabi, le musée d'histoire naturelle et le teamLab Phenomena.

"J'aime à penser que chacun de ces musées et institutions est sa propre étoile et qu'en les combinant, ils forment une constellation qui peut être lue de manière cohérente aussi bien ensemble qu'individuellement", a déclaré M. Magee.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le pavillon saoudien de l'Expo 2025 met en valeur la culture et les artistes du pays

(SPA)
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  • Depuis leur ouverture en avril, les studios ont accueilli plus de 115 événements

OSAKA : Le pavillon du Royaume à l'Expo 2025 présente des œuvres d'art contemporaines d'Arabie saoudite adaptées au public japonais, dans le but de promouvoir les liens culturels entre les deux pays.

Les œuvres d'art sont exposées dans deux studios culturels qui servent également à accueillir des ateliers et des expositions.

Depuis leur ouverture en avril, les studios ont accueilli plus de 115 événements, dont des expositions et des spectacles, a récemment rapporté l'agence de presse saoudienne.

Les événements organisés dans les espaces culturels présentent des artistes saoudiens qui mettent en valeur le patrimoine du Royaume.

Le pavillon de l'Arabie saoudite à l'Expo 2025 est le deuxième plus grand après celui du Japon. Il a enregistré plus d'un million de visites.

L'Expo 2025 d'Osaka a débuté en avril et se terminera en octobre.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.jp


Les derniers services de Bernard Pacaud, «dernier des Mohicans» de la gastronomie française

"C'est un cuisinier, il reste dans sa cuisine", résume Jérôme Banctel, chef triplement étoilé du Gabriel, qui a travaillé dix ans auprès de lui.  Sa cuisine est à son image: sans fioriture mais extrêmement exigeante, fruit d'une rigueur constante et quotidienne. (AFP)
"C'est un cuisinier, il reste dans sa cuisine", résume Jérôme Banctel, chef triplement étoilé du Gabriel, qui a travaillé dix ans auprès de lui. Sa cuisine est à son image: sans fioriture mais extrêmement exigeante, fruit d'une rigueur constante et quotidienne. (AFP)
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  • Ce départ, c'est une "décision extrêmement difficile", confie sa fille Alexia Pacaud, cheffe pâtissière de l'établissement. "C'est quelque chose qu'il a construit pendant toute sa vie. C'était beaucoup d'angoisse"
  • "Il était malade à l'idée de partir. Mais, maintenant que Shintaro est là, ça va mieux. Il est serein", poursuit son épouse Danièle Pacaud, qui gère la salle

PARIS: C'est une page de l'histoire de la gastronomie qui se tourne: après plus de 40 ans aux commandes de L'Ambroisie, le plus ancien restaurant trois étoiles de Paris, le chef Bernard Pacaud s'apprête à raccrocher son tablier.

Considéré comme l'un des derniers maîtres de la cuisine française classique, le chef de 77 ans va céder sa place à Shintaro Awa, 39 ans, formé notamment aux côtés du chef trois étoiles Éric Frechon au restaurant Épicure du Bristol Paris.

Ce départ, c'est une "décision extrêmement difficile", confie sa fille Alexia Pacaud, cheffe pâtissière de l'établissement. "C'est quelque chose qu'il a construit pendant toute sa vie. C'était beaucoup d'angoisse".

"Il était malade à l'idée de partir. Mais, maintenant que Shintaro est là, ça va mieux. Il est serein", poursuit son épouse Danièle Pacaud, qui gère la salle.

La transition, qui doit durer tout l'été, voire plus si besoin, se passe "très bien", confirme à l'AFP Bernard Pacaud.

Le chef, que ses pairs surnomment "le dernier des Mohicans", est connu pour sa discrétion. Pas question de participer à l'émission culinaire "Top Chef" ou de s'épancher dans les médias pour celui qui se décrit comme un "taiseux".

"C'est un cuisinier, il reste dans sa cuisine", résume Jérôme Banctel, chef triplement étoilé du Gabriel, qui a travaillé dix ans auprès de lui.

Sa cuisine est à son image: sans fioriture mais extrêmement exigeante, fruit d'une rigueur constante et quotidienne.

Feuillantine de langoustines au curry, bar au caviar, sans oublier sa fameuse tarte au chocolat... "Une cuisine jamais à la mode mais jamais démodée et toujours respectée", souligne Jérôme Banctel.

Se reconstruire par le travail 

Cette exigence ne doit rien au hasard. Né en Bretagne, dans l'ouest de la France, d'un père inconnu et d'une mère célibataire après la guerre, Bernard Pacaud est d'abord élevé par ses grands-parents.

À 6 ans, il quitte sa région natale pour Lyon (centre-est) afin de rejoindre sa mère remariée à un homme violent. Placé en foyer avec ses demi-frères, il trouve un refuge à 12 ans auprès d'Eugénie Brazier, dite la "Mère Brazier", première femme triplement étoilée qui le prend sous son aile.

C'est elle qui lui transmet sa maxime de vie: "Lorsqu'on a tout perdu, c'est par le travail qu'on se reconstruit".

Venu à Paris après son service militaire, Bernard Pacaud officie d'abord à La Méditerranée puis à La Coquille, avant d'intégrer Le Vivarois, le restaurant trois étoiles de Claude Peyrot, où il rencontre sa femme Danièle.

Ensemble, ils ouvrent en 1981 L'Ambroisie, quai de Tournelle. "On avait dit: on fait un restaurant pour copains. Bernard disait: +Les étoiles, ça va, j'ai donné+", se souvient son épouse.

L'histoire leur donne tort: dix mois plus tard, ils obtiennent une première étoile et, l'année suivante, une deuxième. En 1986, ils s'installent place des Vosges et décrochent un troisième macaron en 1988, qui ne leur sera jamais retiré — un record de longévité à Paris.

Invités de marque 

L'Ambroisie s'est imposé au fil des décennies comme une institution. En 1997, le président Jacques Chirac y invite son homologue américain Bill Clinton. En 2015, François Hollande choisit l'adresse pour recevoir Barack et Michelle Obama.

Pas de quoi impressionner Shintaro Awa. "Je n'ai vraiment aucune pression d'avoir deux ou trois étoiles. Moi, je fais le nécessaire pour faire de la gastronomie", assure le chef originaire du Japon.

De son côté, Bernard Pacaud va devoir apprendre à lever le pied, lui qui est présent à chaque service, midi et soir, affirme sa femme.

Rien n'est moins sûr toutefois. "Je le récupère avec moi dans mon projet" de salon de thé, affirme sa fille Alexia.

"Le but ce n'est pas de l'avoir avec moi en cuisine", assure-t-elle, mais de lui laisser l'opportunité de le faire s'il le souhaite. "Qu'il continue à pouvoir faire ce qu'il aime, sans la pression des étoiles."