Saisie par l’ampleur de l’effondrement et par la déchéance du pays, la force de création des artistes libanais s’inscrit aujourd’hui comme une marque de résistance des imaginaires. Leurs discours portent tout à la fois les drames qui continuent d’être vécus et les possibles perspectives d’avenir.
Le Liban, pays de légendes et de mythes, fait de multiples paradoxes entre richesse et pauvreté, douceur et cruauté, vérités et absurdités, est cette figure abîmée qui incarnerait un bord du monde. Un pays dans l’entre-deux, dont le présent trace les limites avant la chute ou l’ascension. Un pays que l’on habite en état de seuil, au cœur de la violence de ce qui est.
Face aux traumatismes intergénérationnels, aux présents d’incertitudes, à la corruption viscérale, aux pénuries, on continue pourtant à vivre, à s’adapter, on s’autorise aussi le droit de rêver. Ce n’est pas de la résilience, c’est un don du sens, un partage, une dynamique de liens, une circulation des pensées et des idées. Alors on donne sens aux vertiges non pas comme une angoisse mais comme une aspiration, un point de départ vers d’autres possibilités d’être et d’habiter.
Cette exposition réunit 16 photographes et vidéastes libanais, son parcours invite selon trois séquences à une interrogation sur les limites et les possibles de la représentation, de la narration et de la sublimation. Il propose une lecture sensible qui tente de saisir les enjeux de la création dans un contexte d’effondrement. Comment les traumatismes et catastrophes affectent-ils les corps et les esprits ?