Egypte: 100 jours de grève de la faim pour le détenu Alaa Abdel Fattah

Sur cette photo d'archive prise le 17 mai 2019, l'activiste et blogueur égyptien Alaa Abdel Fattah donne une interview chez lui au Caire. (AFP)
Sur cette photo d'archive prise le 17 mai 2019, l'activiste et blogueur égyptien Alaa Abdel Fattah donne une interview chez lui au Caire. (AFP)
Short Url
Publié le Dimanche 10 juillet 2022

Egypte: 100 jours de grève de la faim pour le détenu Alaa Abdel Fattah

  • Condamné fin 2021 à cinq ans de prison pour «fausses informations» mais détenu depuis septembre 2019, Alaa Abdel Fattah n'a pu, selon sa famille, dormir sur un matelas ou recevoir un livre que le mois dernier
  • Fin juin, la cheffe de la diplomatie britannique Liz Truss avait assuré «travailler dur» pour obtenir la libération de l'Egypto-Britannique

LE CAIRE: Le comité de soutien du détenu le plus célèbre d'Egypte, Alaa Abdel Fattah, qui passe dimanche le cap des 100 jours en grève de la faim, a appelé samedi les Etats-Unis à obtenir sa libération.

M. Abdel Fattah, figure centrale de la révolte populaire ayant renversé le président Hosni Moubarak en 2011 et désormais bête noire du régime du président Abdel Fattah al-Sissi, n'avale plus depuis 100 jours que "100 calories par jour, soient une cuillère de miel et un peu de lait dans du thé", selon ses proches.

Sa soeur Sanaa annonce qu'elle portera son cas à Washington lundi, alors que le président américain Joe Biden est attendu la semaine prochaine au Moyen-Orient.

Leur autre soeur, Mona, qui ne cesse d'alerter sur le sort des plus de 60.000 détenus politiques d'Egypte, elle, récolte depuis des mois des lettres de soutien de députés à Londres, Berlin ou Bruxelles.

Condamné fin 2021 à cinq ans de prison pour "fausses informations" mais détenu depuis septembre 2019, Alaa Abdel Fattah n'a pu, selon sa famille, dormir sur un matelas ou recevoir un livre que le mois dernier, quand il a été transféré dans une prison nouvellement construite.

"Il ne s'alimentera pas tant qu'il n'aura pas reçu de visite consulaire des autorités britanniques", après avoir obtenu en détention la nationalité britannique, peut-on lire dans le communiqué de son comité de soutien qui regroupe des membres de sa famille notamment.

Alaa Abdel Fattah, le détenu politique le plus célèbre d'Egypte

Icône de la "révolution" de 2011 en Egypte et en grève de la faim depuis 100 jours dimanche, Alaa Abdel Fattah détient un triste record: à 40 ans, il a été emprisonné sous tous les présidents ces deux dernières décennies.

Père d'un enfant de dix ans, Khaled --en hommage à Khaled Saïd, dont la mort sous les coups de la police en 2010 avait contribué au déclenchement de la révolte populaire--, il n'aura quasiment vu son fils qu'au travers d'un parloir.

Regard espiègle derrière ses lunettes, barbe mal taillée et cheveux bouclés difficilement domptés par du gel, Alaa Abdel Fattah, blogueur prodémocratie, a été pendant des années de toutes les révoltes en Egypte.

Cet ingénieur de formation a été une figure de proue du mouvement syndical Kefaya dans les années 2000, puis de la "révolution" de 2011 qui renversa Hosni Moubarak, des défilés monstres contre l'islamiste Mohamed Morsi deux ans plus tard et enfin des manifestations contre son tombeur, Abdel Fattah al-Sissi.

Avec l'arrivée au pouvoir de ce dernier en 2013, "le pouvoir militaire s'est emparé de l'Egypte et Alaa, connu depuis 2011 pour son engagement contre les procès militaires de civils, a incarné une opposition intolérable pour le régime", explique à l'AFP le militant égypto-palestinien Ramy Shaath, lui-même ancien détenu politique.

«Détruire tous les Egyptiens»

De nouveau détenu depuis septembre 2019, Alaa Abdel Fattah a été officiellement condamné fin 2021 à cinq ans de prison pour "fausses informations". Son premier séjour derrière les barreaux remonte à 2006 sous Moubarak.

Il y est retourné sous le maréchal Mohammed Tantaoui --dirigeant de facto du pays entre 2011 et 2012-- sous Morsi et aujourd'hui encore sous Sissi.

C'est depuis sa cellule qu'il est devenu citoyen britannique... en pleine grève de la faim entamée le 2 avril.

Déjà en 2019, libre la journée mais obligé de dormir dans un commissariat, il dénonçait le sort des détenus politiques en Egypte, plus de 60 000 selon les ONG.

Le pouvoir "ne nous traite pas comme des êtres humains", affirmait-il alors à l'AFP, mais "comme des animaux politiques qui lui donnent du fil à retordre".

S'il n'a cessé d'être emprisonné, c'est parce qu'il est un symbole: "le régime veut le détruire pour détruire la volonté de tous les Egyptiens", assure Ramy Shaath.

Au-delà d'Alaa Abdel Fattah, c'est toute sa famille qui est une épine dans le pied des pouvoirs successifs.

Son père, l'avocat Ahmed Seif mort en 2014, a longtemps défendu les plus grands militants des droits humains du pays, jusqu'à son fils les dernières années de sa vie.

Sa mère, la mathématicienne Laila Soueif, est une figure de la gauche intellectuelle de tous les combats pour les droits des travailleurs.

«Me rendre invisible»

Sa soeur benjamine, la réalisatrice Sanaa Seif, accusée elle aussi d'avoir incité à des manifestations et diffusé de "fausses informations", est sortie en décembre de 18 mois de détention, tandis que sa cadette Mona Seif alerte chaque jour en ligne sur le sort de son frère et des autres détenus d'opinion d'Egypte.

En avril, elle assurait qu'Alaa était persécuté par un officier en particulier parce qu'en prison, il continuait de dénoncer les "crimes contre l'humanité" subis par ses codétenus. Il a depuis été transféré vers une prison plus moderne, où pour la première fois il a obtenu un matelas et des livres.

"Ils veulent que je sois opprimé au point de me rendre invisible", assurait M. Abdel Fattah en 2019 à l'AFP.

Car sa voix porte bien au-delà de l'Egypte: en octobre, une maison d'édition britannique avait publié son livre "You have not yet been defeated", (Tu n'as pas encore été vaincu), préfacé par l'autrice altermondialiste canadienne Naomi Klein.

En 2005 déjà, Reporters sans frontières (RSF) le récompensait pour son rôle "majeur dans le développement d'une blogosphère critique en arabe" et près de dix ans plus tard, il était nominé par le Parlement européen pour le prix Sakharov de défense de la liberté de pensée.

A Londres, Berlin ou Bruxelles, de nombreux députés appellent aujourd'hui à sa libération. Jusqu'ici en vain.

Fin juin, la cheffe de la diplomatie britannique Liz Truss avait assuré "travailler dur" pour obtenir la libération de l'Egypto-Britannique.

Le gouvernement britannique est en pleine crise depuis la démission jeudi de son Premier ministre Boris Johnson, et Mme Truss fait partie des noms évoqués pour le remplacer.

"Les autorités égyptiennes savent qu'Alaa est un symbole de résistance et de liberté (...) Sa détention injuste envoie un message clair aux autres militants et vient assombrir les préparations" de la conférence de l'ONU sur le climat COP27, prévue en novembre en Egypte, affirmait Amnesty International fin juin.

Human Rights Watch avait déjà estimé que la COP27 était une "récompense pour le pouvoir répressif" de M. Sissi.


Liban: l'Italie souhaite maintenir sa présence militaire après le départ de la force de l'ONU

L'Italie est le deuxième pays contributeur à la force de maintien de la paix de la FINUL dans le sud du Liban. (AFP/Archives)
L'Italie est le deuxième pays contributeur à la force de maintien de la paix de la FINUL dans le sud du Liban. (AFP/Archives)
Short Url
  • L’Italie confirme qu’elle maintiendra une présence militaire au Liban même après le retrait progressif de la Finul à partir du 31 décembre 2026
  • Rome met en avant le rôle clé des forces armées libanaises pour la stabilité du Liban et de la région, et appelle à des résultats concrets pour éviter toute exploitation de l’instabilité

ROME: L'Italie souhaite maintenir sa présence militaire au Liban, après le départ des Casques bleus de l'ONU qui commence le 31 décembre 2026, a indiqué lundi le ministère italien de la Défense.

"Même après" le départ de la force de maintien de la paix dans le sud du Liban (Finul) de l'ONU, l'Italie continuera à jouer son rôle soutenant avec conviction la présence internationale" dans ce pays, selon les propos du ministre de la Défense Guido Crosetto sur X.

Interrogé par l'AFP pour savoir si cela signifiait une "présence militaire" italienne, un porte-parole du ministère a confirmé que oui.

M. Crosetto a également souligné "le rôle fondamental" des forces armées libanaises "pour garantir la stabilité non seulement au Liban mais dans toute la région".

Le ministre a en outre assuré que Rome œuvrait à ce que les discussions en cours dans la région se traduisent par "des résultats concrets et que personne ne puisse tirer des avantages d'une situation d'instabilité dans le sud du Liban".

L'Italie est, avec 1.099 militaires, le deuxième contributeur de la Finul, derrière l'Indonésie (1.232) et cinq généraux italiens ont été parmi les chefs des Casques bleus au cours des 20 dernières années.


Un mort dans des frappes israéliennes au Liban (ministère)

Une photographie montre l'épave d'un véhicule visé par une frappe aérienne israélienne sur la route reliant le village frontalier d'Odeisseh, dans le sud du Liban, à Markaba, le 16 décembre 2025. (AFP)
Une photographie montre l'épave d'un véhicule visé par une frappe aérienne israélienne sur la route reliant le village frontalier d'Odeisseh, dans le sud du Liban, à Markaba, le 16 décembre 2025. (AFP)
Short Url
  • Des frappes israéliennes dans le sud du Liban ont fait un mort et un blessé, Israël affirmant viser des membres du Hezbollah malgré le cessez-le-feu de novembre 2024
  • Sous pression internationale, le Liban s’est engagé à désarmer le Hezbollah au sud du Litani, mais Israël accuse le mouvement de se réarmer, une accusation relayée par le sénateur américain Lindsey Graham

BEYROUTH: Des frappes israéliennes dans le sud du Liban ont fait un mort et un blessé dimanche, a annoncé le ministère libanais de la Santé, tandis que l'armée israélienne a déclaré avoir visé des membres du Hezbollah.

Israël continue à mener régulièrement des frappes au Liban et affirme viser le mouvement islamiste soutenu par l'Iran, malgré un cessez-le-feu qui a mis fin le 27 novembre 2024 à plus d'un an d'hostilités, en marge de la guerre dans la bande de Gaza.

Israël maintient également des troupes dans cinq positions frontalières du sud du Liban qu'il estime stratégiques.

Selon le ministère libanais de la Santé, deux frappes israéliennes ont touché dimanche un véhicule et une moto dans la ville de Yater, à environ cinq kilomètres de la frontière avec Israël, tuant une personne et en blessant une autre.

L'armée israélienne a déclaré avoir "frappé un terroriste du Hezbollah dans la zone de Yater" et ajouté peu après avoir "frappé un autre terroriste du Hezbollah" dans la même zone.

Dimanche également, l'armée libanaise a annoncé que des soldats avaient découvert et démantelé "un dispositif d'espionnage israélien" à Yaroun, une autre localité proche de la frontière.

Sous forte pression américaine et par crainte d'une intensification des frappes israéliennes, le Liban s'est engagé, comme prévu par l'accord de cessez-le-feu, à désarmer le Hezbollah et à démanteler d'ici la fin de l'année toutes ses structures militaires entre la frontière israélienne et le fleuve Litani, à une trentaine de kilomètres plus au nord.

Israël a mis en doute l'efficacité de l'armée libanaise et accusé le Hezbollah de se réarmer, tandis que le mouvement chiite a rejeté les appels à abandonner ses armes.

En visite en Israël dimanche, le sénateur américain Lindsey Graham a lui aussi accusé le mouvement de se réarmer. "Mon impression est que le Hezbollah essaie de fabriquer davantage d'armes (...) Ce n'est pas un résultat acceptable", a-t-il déclaré dans une vidéo diffusée par le bureau du Premier ministre Benjamin Netanyahu.

Plus de 340 personnes ont été tuées par des tirs israéliens au Liban depuis le cessez-le-feu, selon un bilan de l'AFP basé sur les chiffres du ministère libanais de la Santé.


Un sénateur américain réclame une action militaire contre le Hamas et le Hezbollah s'ils ne désarment pas

Le sénateur Lindsey Graham entre dans la salle du Sénat à Washington, DC, le 11 décembre 2025. (AFP)
Le sénateur Lindsey Graham entre dans la salle du Sénat à Washington, DC, le 11 décembre 2025. (AFP)
Short Url
  • Le sénateur américain Lindsey Graham appelle au désarmement du Hamas et du Hezbollah, menaçant d’une action militaire s’ils refusent, et conditionne toute paix durable à cette étape
  • Malgré des cessez-le-feu fragiles à Gaza (octobre) et avec le Hezbollah (novembre 2024), les tensions persistent, Israël poursuivant des frappes et les médiateurs poussant vers une phase 2 du plan de paix

Jérusalem: L'influent sénateur américain Lindsey Graham a réclamé dimanche une action militaire contre le Hamas palestinien et le Hezbollah libanais si ces deux mouvements ne démantelaient pas leur arsenal.

Après deux années d'une guerre dévastatrice dans la bande de Gaza, un fragile cessez-le-feu entre Israël et le Hamas est observé depuis octobre dans le territoire palestinien, bien que les deux parties s'accusent mutuellement de le violer.

Une trêve avec le Hezbollah est également entrée en vigueur en novembre 2024, après deux mois d'une guerre ouverte. Mais Israël continue de mener des frappes en territoire libanais, disant cibler le mouvement islamiste.

Concernant ses deux ennemis, alliés de l'Iran, Israël fait du démantèlement de leur arsenal militaire l'une des principales conditions à toute paix durable.

"Il est impératif d'élaborer rapidement un plan, d'impartir un délai au Hamas pour atteindre l'objectif du désarmement", a affirmé le sénateur républicain lors d'une conférence de presse à Tel-Aviv.

Dans le cas contraire, "j'encouragerais le président (Donald) Trump à laisser Israël achever le Hamas", a-t-il dit.

"C'est une guerre longue et brutale, mais il n'y aura pas de succès où que ce soit dans la région, tant que le Hamas n'aura pas été écarté du futur de Gaza et tant qu'il n'aura pas été désarmé", a estimé M. Graham.

Depuis le cessez-le-feu entré en vigueur le 10 octobre à Gaza, les médiateurs appellent à accentuer les efforts pour passer à la prochaine phase d'un plan de paix américain.

Celle-ci prévoit le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne de tout le territoire, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale.

"La phase deux ne pourra pas réussir tant que le Hamas n'aura pas été désarmé", a martelé M. Graham.

- "Grand ami d'Israël" -

Tout en se disant "optimiste" sur la situation au Liban où le gouvernement s'est engagé à désarmer le Hezbollah, M. Graham a brandi la menace d'une "campagne militaire" contre le mouvement.

"Si le Hezbollah refuse d'abandonner son artillerie lourde, à terme nous devrions engager des opérations militaires", a-t-il estimé, allant jusqu'à évoquer, en coopération avec le Liban, une participation des Etats-Unis aux côtés d'Israël.

Plus tôt dimanche, le sénateur a été reçu par le Premier ministre Benjamin Netanyahu, qui a salué en lui "un grand ami d'Israël, un grand ami personnel".

Samedi, les Etats-Unis et les garants du cessez-le-feu --Egypte, Qatar et Turquie-- ont appelé Israël et le Hamas à "respecter leurs obligations" et à "faire preuve de retenue" à Gaza.

Le Hamas appelle de son côté à stopper les "violations" israéliennes du cessez-le-feu.

Vendredi, six personnes, dont deux enfants, ont péri dans un bombardement israélien sur une école servant d'abri à des déplacés, d'après la Défense civile à Gaza, un organisme de secours dépendant du Hamas.