Pologne: dans un centre humanitaire, destins ukrainiens en sursis

Des réfugiés ukrainiens au centre d'aide humanitaire installé dans le hall d'exposition Global Expo à Varsovie le 15 juillet 2022 (Photo, AFP).
Des réfugiés ukrainiens au centre d'aide humanitaire installé dans le hall d'exposition Global Expo à Varsovie le 15 juillet 2022 (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 21 juillet 2022

Pologne: dans un centre humanitaire, destins ukrainiens en sursis

  • Géré par un prestataire privé, cet ancien grand site d'exposition a été reconverti en centre humanitaire au tout début de l’invasion de l'Ukraine par Moscou, en février
  • Pour de nombreux réfugiés, ce lieu représentait une solution temporaire, qui s'est prolongée en même temps que le conflit

VARSOVIE: A Global Expo, une ancienne halle commerciale au nord de Varsovie, entre un échangeur routier et une centrale à charbon, le petit Kyrill, assis sur un lit de camp, démonte une trottinette pour tuer le temps.

Géré par un prestataire privé, cet ancien grand site d'exposition a été reconverti en centre humanitaire au tout début de l’invasion de l'Ukraine par Moscou, en février. Depuis quatre mois, Kyrill y vit avec sa mère, Olena Polonitska, et sa tante Oksana.

Selon le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), sur les quelque 1,2 million d'Ukrainiens réfugiés en Pologne, 40% sont logés par des familles polonaises, et environ autant louent des logements. Mais ils sont encore des milliers à vivre dans des centres d'hébergement humanitaires à l'instar de Global Expo.

Pour de nombreux réfugiés, ce lieu représentait une solution temporaire, qui s'est prolongée en même temps que le conflit.

Pour beaucoup, il est hors de question de s’éloigner de l’Ukraine, où leurs proches sont restés. Faute de perspectives, ils y patientent en sursis.

“Tout ce que j’espère pour l’instant, c’est  rentrer chez moi (...) ou être relogée quelque part en Pologne”, explique Olena à l’AFP.

Selon le HCR, 79% des réfugiés ukrainiens installés en Pologne comptent y rester dans les mois à venir.

Les résidents du centre affirment recevoir régulièrement des offres d'hébergement à l'étranger, avec, parfois, des emplois à la clé.

A l'entrée, un drapeau japonais flotte au dessus d'un stand estampillé "recherche logement".

"Nous avons monté un partenariat avec le Japon, pour y faire venir et travailler 2.000 réfugiés", explique Maksym Demidov, bénévole à la tête d'un fond caritatif polono-ukrainien.

Maksym affirme avoir trouvé une cinquantaine de réfugiés prêts à sauter le pas. Mais les volontaires au départ sont minoritaires, toutes destinations confondues.

Offres plus rares 

Pour l'heure, beaucoup de résidents de Global Expo, attendent toujours une offre d’hébergement chez une famille polonaise.

Mais si les propositions ont abondé à l’aube du conflit, elles se font aujourd'hui plus rares, selon plusieurs bénévoles du centre interrogés par l'AFP.

"Il y a toujours des propositions de logement par les particuliers polonais, mais elles n'émanent plus des grandes villes", nuance Angelika, coordinatrice d'un programme de relogement.

"Or les Ukrainiens veulent rester dans les grandes villes. Ils pensent y trouver du travail plus facilement", ajoute-t-elle.

Mardi, le gouvernement polonais a annoncé un programme visant à inciter les réfugiés à rejoindre des zones peu urbanisées en manque de main-d'oeuvre.

Les foyers polonais qui accueillent des réfugiés obtiennent une indemnisation journalière de 40 zlotys (8,40 EUR) par personne hébergée, versés pour une durée de 120 jours (reconduite dans certains cas).

Ce délai devrait permettre aux réfugiés de s’autonomiser, trouver un emploi et un logement.

Mais beaucoup restent sans emploi. Le marché locatif est par ailleurs saturé dans plusieurs grandes villes polonaises.

"Des réfugiés rejoignent le centre après avoir habité chez des familles qui n’ont plus les moyens ou la volonté de les héberger", indique le bénévole Marcin Kulicki.

Ni l'Ukraine, ni la Pologne

Au milieu des longues allées de lits de camp, Daniel Lupanov et Angelina Yelenchuk jouent une partie de cartes émaillée de pauses cigarettes.

"Ici, nous nous sentons déconsidérés", soupire Angelina, qui venait de commencer des études de droit quand la guerre a éclaté.

Le centre-ville de Varsovie est à une demi-heure de tramway. Dans la journée, ces jeunes à peine sortis de l'adolescence vont s'y changer les idées et prendre quelques clichés désinvoltes qu’ils postent sur Instagram.

Au détour de taquineries teintées d'humour noir, ils évoquent leurs plans futurs.

"Je ne rentrerai pas en Ukraine. Je viens de Marioupol. Mon appartement a été rasé, plus rien ne m’y attend", lâche Daniel entre deux tours de cartes.

Ceux qui, comme lui, viennent des territoires désormais occupés par la Russie, envisagent leur avenir loin de l’Ukraine, et de la Pologne.

“Ça tombe bien, je suis jeune, j’avais envie de voyager", ironise amèrement le jeune homme, qui espère obtenir un visa pour le Canada.


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
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  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.