Ukraine : Explosions dans un dépôt de munitions en Crimée, trois pays européens privés de pétrole russe

Des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux montraient une boule de feu se former après une forte déflagration, tandis que d'épaisses volutes de fumée noire s'élevaient dans le ciel et que des vacanciers quittaient dans la panique la plage située à proximité. (Photo, AP)
Des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux montraient une boule de feu se former après une forte déflagration, tandis que d'épaisses volutes de fumée noire s'élevaient dans le ciel et que des vacanciers quittaient dans la panique la plage située à proximité. (Photo, AP)
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Publié le Mercredi 10 août 2022

Ukraine : Explosions dans un dépôt de munitions en Crimée, trois pays européens privés de pétrole russe

  • « Plusieurs munitions destinées à l'aviation ont explosé dans un dépôt situé sur le territoire de l'aérodrome militaire de Saki»
  • Des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux montraient une boule de feu se former après une forte déflagration

KIEV: Des explosions ayant fait un mort et des blessés se sont produites mardi dans un dépôt de munitions sur le site d'un aérodrome militaire de la péninsule ukrainienne de Crimée, annexée par la Russie, qui a arrêté ses livraisons de pétrole via l'Ukraine.

L'armée russe a affirmé qu'aucun tir ni bombardement n'avait été à l'origine de ces déflagrations, d'abord signalées par les autorités de cette presqu'île unilatéralement rattachée à la Russie en 2014 et en première ligne dans l'offensive russe contre l'Ukraine déclenchée le 24 février.

"Plusieurs munitions destinées à l'aviation ont explosé dans un dépôt situé sur le territoire de l'aérodrome militaire de Saki, près de la localité de Novofiodorovka", a déclaré dans un communiqué l'armée russe.

Des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux montraient une boule de feu se former après une forte déflagration, tandis que d'épaisses volutes de fumée noire s'élevaient dans le ciel et que des vacanciers paniqués quittaient la plage située à proximité.

Le dirigeant de la Crimée, Sergueï Aksionov, a fait état d'une personne tuée dans ces explosions et son ministre de la Santé, Konstantin Skoroupski, de cinq blessés, parmi lesquels un enfant.

"Les touristes ne sont pas en danger. Nous vous demandons de garder votre calme", a dit un député russe élu dans cette péninsule, Alexeï Tcherniak.

Malgré le conflit, la Crimée est restée un important lieu de villégiature pour de nombreux Russes qui continuent de profiter de l'été sur ses rivages.

"La Crimée est ukrainienne et nous n'y renoncerons jamais. Nous n'oublierons pas que l'occupation de la Crimée fut le début de la guerre de la Russie contre l'Ukraine", a martelé mardi soir le président ukrainien Volodymyr Zelensky lors de son allocution quotidienne. "Le monde commence à comprendre qu'il a eu tort en 2014 en décidant de ne pas répondre de toutes ses forces aux premières actions agressives de la Russie".

Transit du pétrole russe par l'Ukraine coupé

Mardi, l'entreprise russe responsable du transport des hydrocarbures, Transneft, a annoncé que les livraisons de pétrole russe par le territoire ukrainien à destination de la Hongrie, de la Slovaquie et de la République tchèque, États membres de l'Union européenne dépourvus d'accès à la mer, ont été interrompues le 4 août.

Transneft a expliqué que le paiement portant sur le droit de transit par l'Ukraine pour le mois d'août, effectué le 22 juillet, avait été refusé le 28 juillet à cause de l'entrée en vigueur de certaines sanctions contre la Russie.

Il s'agit des approvisionnements via une branche de l'oléoduc Droujba traversant l'Ukraine et qui dessert les trois pays concernés.

Les livraisons à la Pologne et à l'Allemagne, à travers le Bélarus, "se poursuivent" en revanche "normalement", a assuré Transneft.

L'UE s'efforce depuis le début du conflit en Ukraine de réduire sa dépendance énergétique à l'égard de la Russie, qu'elle accuse d'utiliser ses livraisons d'hydrocarbures comme une "arme de guerre", et a opté en juin pour un embargo progressif sur le pétrole russe.

La Lettonie veut se joindre à la requête de Kiev contre la Russie devant la CEDH

La Lettonie a officiellement demandé lundi à la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) de se joindre à la procédure ukrainienne contre la Russie.

La CEDH avait annoncé fin juin avoir enregistré une requête interétatique formelle de la part de l'Ukraine contre la Russie, une procédure assez rare destinée à constater les violations des droits humains commises par Moscou depuis le début de l'invasion de l'Ukraine le 24 février.

Si la cour accepte la demande de Riga, la Lettonie se verra accorder le statut de tierce partie.

"C'est la première fois que la Lettonie exerce ses droits en vertu de l'article 36, paragraphe 2, de la Convention des droits de l'homme pour intervenir en tant que tierce partie dans une affaire judiciaire internationale en cours", a déclaré mardi le ministère letton des Affaires étrangères dans un communiqué. 

Est en particulier prévu un arrêt des importations de brut par bateau dans les six mois, cependant que les Russes ont fortement diminué leurs envois de gaz à l'Europe ces dernières semaines.

L'approvisionnement par l'oléoduc Droujba a en revanche été autorisé à se prolonger "provisoirement", sans date limite. Une concession obtenue par le Premier ministre hongrois Viktor Orban, qui cultive ses relations avec le président russe Vladimir Poutine et dont le pays dépend pour 65% de sa consommation de ce pétrole russe bon marché.

Parallèlement, les rotations régulières par la mer Noire pour ravitailler les marchés agricoles mondiaux, entamées la semaine dernière en vertu d'un accord signé le 22 juillet par les belligérants, se sont poursuivies, avec le départ mardi du port ukrainien de Tchornomorsk de deux navires chargés de 70.000 tonnes de céréales.

Des dollars pour le déminage

Selon l'état-major de l'armée ukrainienne, les Russes ont continué mardi de bombarder plusieurs localités de l'est de l'Ukraine, des environs de Tcherniguiv, dans le nord, de Kharkiv, dans le nord-est, ainsi que la ville de Mykolaïv, dans le sud.

Dans la région orientale de Donetsk, plus de 3.000 civils, dont 600 enfants, ont au total été évacués depuis que les autorités ont rendu fin juillet ces évacuations obligatoires, a annoncé Kiev.

Il n'y reste plus maintenant qu'"une population de 350.000 personnes, dont 50.000 enfants", approximativement 1,3 million étant désormais parties à la suite du déclenchement de la guerre.

La situation reste complexe à la centrale nucléaire ukrainienne de Zaporijjia, la plus grande d'Europe. Le site situé dans la partie méridionale de l'Ukraine a été la cible à la fin de la semaine dernière de frappes d'origine pour le moment indéterminée, les Russes et les Ukrainiens s'en renvoyant la responsabilité.

Macron et Johnson déterminés sur l'Ukraine

Le président français Emmanuel Macron et le Premier ministre britannique démissionnaire Boris Johnson se sont félicités, mardi lors d'un entretien téléphonique, de leur coopération ces dernières années et ont souligné l'importance de continuer à "soutenir l'Ukraine aussi longtemps que nécessaire".

"Ils se sont remerciés mutuellement pour leur amitié et leur camaraderie" et ont estimé que la coopération bilatérale avait "fait la différence sur nombre de sujets internationaux", a souligné un porte-parole de Downing Street.

Emmanuel Macron et Boris Johnson ont réaffirmé "leur détermination à soutenir l’Ukraine aussi longtemps que nécessaire, et à maintenir un haut niveau de coordination entre partenaires pour répondre aux besoins des Ukrainiens en matière militaire, humanitaire et économique", a souligné la présidence française.

Évoquant le blocage de céréales du fait du conflit en Ukraine, "ils ont réitéré leur soutien aux efforts européens pour permettre l'exportation de volumes par voies routière et fluviale", a-t-elle ajouté.

Actuellement, les militaires russes "mettent en œuvre le programme (du groupe russe) Rosatom visant à la faire basculer sur les réseaux électriques de Crimée", a dénoncé dans la soirée le patron de la compagnie ukrainienne Energoatom, Petro Kotine.

"La première condition pour cela est d'endommager les lignes électriques reliant la centrale au système énergétique ukrainien. Du 7 au 9 août, les Russes ont déjà endommagé trois lignes électriques. En ce moment, la centrale fonctionne avec une seule ligne de sortie d'électricité, ce qui est un mode de fonctionnement extrêmement dangereux", car si elle est coupée, "la centrale devra passer sur des générateurs diesel, et tout dépendra de leur fiabilité", a expliqué Petro Kotine.

La Russie a par ailleurs lancé mardi, du Kazakhstan, un satellite iranien d'observation qui, selon la presse américaine, pourrait être utilisé par Moscou pour soutenir son offensive en Ukraine, ce que réfute Téhéran.

Les États-Unis vont en outre consacrer 89 millions de dollars pour aider l'Ukraine à détruire les mines antipersonnelles posées, selon eux, volontairement par les soldats russes dans des zones habitées du nord du pays avant de s'en retirer en mars.


L'écrivain israélien David Grossman qualifie de "génocide" la situation à Gaza

Des Palestiniens reçoivent de la soupe de lentilles dans un point de distribution de nourriture dans la ville de Gaza, le 1er août 2025. (AFP)
Des Palestiniens reçoivent de la soupe de lentilles dans un point de distribution de nourriture dans la ville de Gaza, le 1er août 2025. (AFP)
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  • Le célèbre écrivain israélien David Grossman a qualifié de "génocide" la manière dont son pays mène la guerre dans la bande de Gaza
  • Allant à contre-courant du gouvernement israélien, M. Grossman affirme rester "désespérément fidèle" à l'idée de deux Etats, la Palestine et Israël

ROME: Le célèbre écrivain israélien David Grossman a qualifié de "génocide" la manière dont son pays mène la guerre dans la bande de Gaza, affirmant en avoir "le cœur brisé", dans une interview publiée vendredi dans le quotidien italien La Repubblica.

"J'ai refusé pendant des années d'utiliser ce terme: "génocide". Mais maintenant je ne peux pas m'empêcher de l'utiliser, après ce que j'ai lu dans les journaux, après les images que j'ai vu et après avoir parlé avec des personnes qui y ont été", dit-il.

"Je veux parler comme une personne qui a fait tout ce qu'elle pouvait pour ne pas en arriver à qualifier Israël d'Etat génocidaire", assure-t-il.

"Et maintenant, avec une douleur immense et le cœur brisé, je dois constater ce c'est ce qui se passe devant mes yeux. "Génocide". C'est un mot avalanche: une fois que tu l'as prononcé, il ne fait que grossir, comme une avalanche. Et il apporte encore plus de destruction et de souffrance", ajoute M. Grossman dont les œuvres ont été traduites en de nombreuses langues, dont le français, l'anglais ou l'italien.

Interrogé sur ce qu'il pensait en lisant les chiffres sur les morts à Gaza, il a répondu: "je me sens mal".

"Mettre ensemble les mots +Israël+ et +famine+, le faire en partant de notre histoire, de notre supposée sensibilité aux souffrances de l'humanité, de la responsabilité morale que nous avons toujours dit avoir envers chaque être humain et non seulement envers les juifs... tout ça c'est dévastateur", poursuit M. Grossman.

Allant à contre-courant du gouvernement israélien, M. Grossman affirme rester "désespérément fidèle" à l'idée de deux Etats, la Palestine et Israël, "principalement parce que je ne vois pas d'alternative", saluant dans ce contexte la volonté du président français Emmanuel Macron de reconnaître en septembre l'Etat palestinien.

"Je pense que c'est une bonne idée et je ne comprends pas l'hystérie avec laquelle elle a été accueillie en Israël", dit-il.

"Il est clair qu'il faudra avoir des conditions précises: pas d'armes. Et la garantie d'élections transparentes dont sera exclu quiconque pense à utiliser la violence contre Israël", a conclu l'écrivain.


L'émissaire de Trump promet davantage d'aides humanitaires après une visite à Gaza

Des Palestiniens de Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza, se précipitent vers un avion effectuant un largage d'aide au-dessus du territoire palestinien assiégé par Israël, le 1er août 2025. (AFP)
Des Palestiniens de Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza, se précipitent vers un avion effectuant un largage d'aide au-dessus du territoire palestinien assiégé par Israël, le 1er août 2025. (AFP)
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  • L'émissaire américain Steve Witkoff a effectué vendredi une visite dans la bande de Gaza dévastée par la guerre, promettant d'y augmenter l'aide humanitaire
  • L'ONG Human Rights Watch (HRW) a fustigé le système de distribution d'aide mis en place par Israël et les Etats-Unis via la Fondation humanitaire à Gaza (GHF), devenu selon elle un "piège mortel" pour les Gazaouis

Gaza, Territoires palestiniens: L'émissaire américain Steve Witkoff a effectué vendredi une visite dans la bande de Gaza dévastée par la guerre, promettant d'y augmenter l'aide humanitaire, au moment où la pression s'accentue sur Israël face aux pertes humaines dans le territoire palestinien affamé.

En amont de cette visite de l'émissaire du président Donald Trump, l'ONG Human Rights Watch (HRW) a fustigé le système de distribution d'aide mis en place par Israël et les Etats-Unis via la Fondation humanitaire à Gaza (GHF), devenu selon elle un "piège mortel" pour les Gazaouis.

Après près de 22 mois d'une guerre dévastatrice déclenchée par une attaque sanglante du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, la bande de Gaza assiégée par Israël est menacée d'une "famine généralisée" selon l'ONU et est totalement dépendante de l'aide humanitaire.

Entretemps, les bombardements et tirs israéliens ont continué dans le territoire palestinien, où la Défense civile a fait état de 22 Palestiniens tués, dont huit qui attendaient de l'aide.

"Qu'ont fait nos fils et nos filles? Qu'ont fait les enfants pour mériter cette famine? Ayez pitié de nous!", se lamente la sexagénaire Yasmine al-Farra à l'hôpital Nasser de Khan Younès (sud), où elle pleure son fils tué.

Steve Witkoff et l'ambassadeur américain en Israël, Mike Huckabee, ont visité dans la matinée un centre de la GHF "afin de connaître la vérité sur les sites d'aide", a indiqué M. Huckabee.

- "Nourrir les gens" -

M. Witkoff a ensuite précisé sur X que leur visite, de "plus de cinq heures", avait pour but "de fournir à @POTUS (le président Trump) une compréhension claire de la situation humanitaire et d'élaborer un plan visant à livrer de la nourriture et une aide médicale aux habitants de Gaza".

Selon le site américain Axios, M. Trump a déclaré travailler sur un plan à Gaza "pour nourrir les gens".

La GHF a lancé ses opérations fin mai, après près de trois mois de total blocus humanitaire imposé par Israël, écartant le système d'aide mis en place par l'ONU.

Depuis, 1.373 Palestiniens qui attendaient de l'aide ont été tués à Gaza, dont 859 près des sites de la GHF, une organisation au financement opaque, "la plupart" par l'armée israélienne, a affirmé l'ONU.

Dans un rapport, HRW a dénoncé un système humanitaire "militarisé" qui a provoqué selon l'ONG des "bains de sang". Elle a qualifié de "crimes de guerre" les "meurtres de Palestiniens en quête de nourriture, par les forces israéliennes".

L'armée israélienne, sollicitée par l'AFP, a dit examiner les rapports faisant état de victimes civiles près des zones de distribution d'aides.

Depuis une semaine, des avions de plusieurs pays ont largué des vivres à Gaza. Les autorités israéliennes ont annoncé que plus de 200 camions d'aide avaient été distribués jeudi par les organisations internationales.

Les agences internationales jugent ces aides insuffisantes et selon l'ONU 6.000 camions attendent le feu vert israélien pour entrer à Gaza.

- Vidéo d'un otage -

M. Witkoff, qui s'était rendu à Gaza en janvier, a rencontré jeudi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, sous pression à la fois en Israël pour tenir ses engagements à détruire le Hamas et libérer les Israéliens kidnappés le 7-Octobre, et à l'étranger pour faire taire les armes à Gaza.

L'attaque du 7-Octobre a entraîné côté israélien la mort de 1.219 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 49 sont toujours otages à Gaza, dont 27 ont été déclarées mortes par l'armée.

L'offensive de représailles lancée par Israël à Gaza, a fait au moins 60.249 morts, en majorité des civils, d'après les données du ministère de la Santé à Gaza, jugées fiables par l'ONU.

Vendredi, le Hamas a diffusé une vidéo d'un otage israélien, identifié par les médias israéliens comme Evyatar David, 24 ans. L'otage y apparaît amaigri et visiblement affaibli, détenu dans un tunnel.

L'AFP n'a pas pu déterminer l'authenticité de la vidéo, ni la date de son enregistrement.

Dans un rapport d'enquête publié vendredi, la chaîne publique britannique BBC a affirmé avoir recueilli des témoignages de membres du personnel médical, de groupes de défense des droits humains et de témoins sur plus de 160 enfants touchés par balle pendant la guerre à Gaza. Elle a ajouté que 95 avaient été touchés à la tête ou à la poitrine et que, selon des témoins, 57 d'entre eux auraient été visés par l'armée israélienne.

Interrogée à ce sujet, l'armée israélienne a déclaré que "toute atteinte intentionnelle aux civils, et en particulier aux enfants, est strictement interdite" par l'armée israélienne et le droit international.


Washington cible l'Autorité palestinienne, en plein débat sur la reconnaissance d'un Etat de Palestine

Le président de l'Autorité palestinienne Mahmud Abbas. (File/AFP)
Le président de l'Autorité palestinienne Mahmud Abbas. (File/AFP)
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  • Les Etats-Unis ont annoncé jeudi des sanctions contre des responsables de l'Autorité palestinienne et de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), en pleine offensive en faveur d'un Etat de Palestine

WASHINGTON: Les Etats-Unis ont annoncé jeudi des sanctions contre des responsables de l'Autorité palestinienne et de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), en pleine offensive en faveur d'un Etat de Palestine.

L'annonce des sanctions américaines survient en effet au moment où de nombreux Etats, dont la France et le Canada, ont promis de reconnaître un Etat de Palestine en marge de l'Assemblée générale de l'ONU en septembre, provoquant la colère d'Israël et des Etats-Unis qui parlent d'une "récompense" faite au Hamas dans la bande de Gaza.

La France et l'Arabie saoudite ont co-présidé lundi et mardi à l'ONU une conférence internationale, plaidant ainsi pour la solution à deux Etats, israélien et palestinien, seul chemin pour parvenir à la paix au Proche-Orient.

Washington, qui rejette toute reconnaissance unilatérale d'un Etat palestinien, a décrit la conférence comme étant une "insulte" faite aux victimes de l'attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023.

Dans un communiqué jeudi, le département d'Etat américain a fait part de sanctions contre des responsables de l'Autorité palestinienne et de l'OLP, sans les identifier, accusés notamment d'"internationaliser le conflit avec Israël".

Washington reproche aux deux institutions de "soutenir des actions au sein d'organisations internationales qui sapent et contredisent les engagements antérieurs" notamment à travers la Cour internationale de justice (CIJ) et la Cour pénale internationale (CPI).

Washington avait sanctionné en juin quatre magistrates de la CPI, estimant que leurs procédures visant l'exécutif israélien étaient "illégitimes" et "politisées".

Washington, principal allié d'Israël, accuse aussi l'OLP et l'Autorité palestinienne de "continuer à soutenir le terrorisme, y compris par l'incitation et la glorification de la violence" dans les livres scolaires, une accusation de longue date.

Les sanctions consistent en un refus de visa pour des membres des deux institutions.

- "Distorsion morale" -

"Il est dans l'intérêt de notre sécurité nationale d'imposer des sanctions et de tenir l'OLP et l'Autorité palestinienne responsables du non-respect de leurs engagements et de la remise en cause des perspectives de paix", a indiqué le département d'Etat.

Le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar, s'est aussitôt félicité de cette décision, jugeant que "l'Autorité palestinienne doit payer le prix de sa politique actuelle consistant à verser des indemnités aux terroristes et à leurs familles pour les attentats commis et pour l'incitation à la haine contre Israël dans les écoles, les manuels scolaires, les mosquées et les médias palestiniens".

Il a également relevé, sur X, que cette mesure "met en évidence la distorsion morale de certains pays qui se sont empressés de reconnaître un Etat palestinien virtuel tout en fermant les yeux sur le soutien de l'Autorité palestinienne au terrorisme et à l'incitation à la haine".

L'Autorité palestinienne, dont le président est Mahmoud Abbas, administre la Cisjordanie occupée, tandis que l'OLP, créée en 1964, est le mouvement fondateur représentant les Palestiniens, longtemps dirigée par leur leader historique Yasser Arafat.

L'OLP rassemble la majorité des mouvements politiques palestiniens mais pas le mouvement islamiste Hamas, qui s'est emparé du pouvoir à Gaza en 2007.

Des pays arabes et occidentaux voudraient voir l'Autorité palestinienne, très affaiblie, jouer un rôle dans la gouvernance de la bande de Gaza après la guerre qui y fait rage depuis octobre 2023.

Depuis son retour au pouvoir en janvier, le président Donald Trump, qui a accueilli le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu par trois fois à la Maison Blanche, plus qu'aucun autre dirigeant étranger, a apporté un soutien inconditionnel à Israël, tout en oeuvrant sans succès pour un cessez-le-feu à Gaza.

Mais il s'est montré peu disert sur l'Autorité palestinienne, décriée pour le manque de réformes et la corruption.

Parmi ses premiers décrets, le président Trump avait levé des sanctions imposées sous son prédécesseur Joe Biden visant des colons israéliens extrémistes en Cisjordanie, en proie à une recrudescence des violences.