Pour la sortie du film « One Piece», les fans français prêts à remplir les salles obscures

Industrialisation à outrance, racisme, esclavage, intrigues géopolitiques... Au-delà des thématiques abordées et de ses personnages attachants, l'immense univers de "One Piece" est traversé de références culturelles et géographiques (Egypte antique, Venise, Japon médiéval...) qui lui donnent une dimension universelle. (Photo, AFP)
Industrialisation à outrance, racisme, esclavage, intrigues géopolitiques... Au-delà des thématiques abordées et de ses personnages attachants, l'immense univers de "One Piece" est traversé de références culturelles et géographiques (Egypte antique, Venise, Japon médiéval...) qui lui donnent une dimension universelle. (Photo, AFP)
Short Url
Publié le Mercredi 10 août 2022

Pour la sortie du film « One Piece», les fans français prêts à remplir les salles obscures

  • Distribué en France par Pathé, le film doit sortir à l'automne aux Etats-Unis. Il s'agit du 15e film original tiré de la série, qui fête ses 25 ans depuis fin juillet
  • Depuis la publication du tome 1 en 1997, la chasse pour le «  One Piece», trésor convoité par tous les pirates et en premier lieu Luffy, héros de la série, compte aujourd'hui plus de 100 tomes à son actif

PARIS : "Franchement, c'était un vrai plaisir": quelques jours après le Japon, "One Piece: Red", film dérivé du manga phénomène, sort mercredi en France, deuxième plus grand marché du manga et de l'animation japonaise, pour le grand plaisir de certains fans peu habitués à fréquenter les salles de cinéma.

Distribué en France par Pathé, le film doit sortir à l'automne aux Etats-Unis. Il s'agit du 15e film original tiré de la série, qui fête ses 25 ans depuis fin juillet.

"Le film est vachement +lourd+ (génial, ndlr). J'avais des a priori parce qu'on m'avait dit que c'était une sorte de comédie musicale, mais au final ça marche bien. C'est bien dosé, les musiques étaient vraiment +lourdes+. Franchement, c'était un vrai plaisir", confie à l'AFP Alexandre, 21 ans, étudiant parisien et lecteur assidu de "One Piece".

Dès la première séance du matin au cinéma Wepler, Place de Clichy à Paris, "One Piece: Red" attirait déjà une quinzaine de fans de tous âges, ados mais aussi parents avec leurs enfants, impatients.

L'ambiance studieuse et les quelques applaudissements tranchaient avec les avant-premières du week-end, qui avaient laissé place à des scènes de liesse, voire quelques débordements à base de jets de pop-corn à Marseille, selon des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux.

"J'avais peur de voir mon film gâché parce que j'ai vu une séance où c'était un peu le bazar. Je me suis dit: autant y aller dès le matin comme ça je suis sûr qu'il n'y aura pas de problèmes", raconte encore Alexandre, venu au cinéma avec son ami, avant son départ en vacances.

Manga «spécial»

Depuis la publication du tome 1 en 1997, la chasse pour le "One Piece", trésor convoité par tous les pirates et en premier lieu Luffy, héros de la série, compte aujourd'hui plus de 100 tomes à son actif et multiplie les records de ventes.

Avec 490 millions d'exemplaires écoulés, Eiichiro Oda (47 ans) s'est même vu décerner un "Guinness World Record" dans la catégorie "plus grand nombre d'exemplaires d'une même bande dessinée publiés par un seul auteur".

A l'occasion de la sortie du 100e tome en France l'an dernier, l'éditeur Glénat avait réalisé un tirage à 250 000 exemplaires, comme un prix Goncourt.

Comment expliquer un tel succès ?

"Ce qui rend ce manga si spécial, c'est avant tout le scénario", avait souligné à l'AFP Ryuji Kochi, président Europe, Moyen-Orient et Afrique de Toei Animation, l'entreprise japonaise qui produit la série animée depuis 1999, à l'occasion de la sortie de l'épisode 1 000 en novembre dernier.

Industrialisation à outrance, racisme, esclavage, intrigues géopolitiques... Au-delà des thématiques abordées et de ses personnages attachants, l'immense univers de "One Piece" est traversé de références culturelles et géographiques (Egypte antique, Venise, Japon médiéval...) qui lui donnent une dimension universelle.

Les adaptations cinématographiques des mangas connaissent aussi un grand succès depuis la réouverture des salles de cinéma l'an dernier. En plus d'attirer un public qui n'a pas l'habitude de fréquenter les salles obscures.

Le phénomène "Demon Slayer", qui avait battu tous les records de recettes au Japon, avait par exemple engrangé plus de 300 000 entrées en France la première semaine après sa sortie en mai 2021.

"Payer 10,50 euros pour aller au cinéma, c'est trop", confie Clément, étudiant parisien de 21 ans à la sortie du Wepler. "Mais pour des films comme +One Piece+, je fais exception".


Le Haïtien Louis-Philippe Dalembert prix Goncourt de la poésie

L'écrivain français Louis-Philippe Dalembert (Photo, AFP).
L'écrivain français Louis-Philippe Dalembert (Photo, AFP).
Short Url
  • Né dans un quartier populaire de Port-au-Prince en 1962, enfant et adolescent passionné de livres, Louis-Philippe Dalembert est diplômé en journalisme et docteur en littérature comparée en France
  • L'Académie Goncourt a décerné trois autres prix mardi.

 

PARIS: L'écrivain haïtien Louis-Philippe Dalembert a reçu mardi le prix Goncourt de la poésie pour l'ensemble de son oeuvre, a annoncé le jury dans un communiqué.

L'auteur de "Milwaukee Blues", roman qui faisait partie des quatre finalistes du prix Goncourt 2021, est l'auteur d'une dizaine de recueils de poèmes.

Le dernier en date, édité également cette année-là, s'appelle "Ces îles de plein sel et autres poèmes" (éditions Point).

Né dans un quartier populaire de Port-au-Prince en 1962, enfant et adolescent passionné de livres, Louis-Philippe Dalembert est diplômé en journalisme et docteur en littérature comparée en France. Il a reçu le Prix de la langue française en 2019, remis par un jury qui mêle membres de l'Académie française et de l'Académie Goncourt.

L'Académie Goncourt a décerné trois autres prix mardi.

Le Goncourt du premier roman est allé à Eve Guerra pour "Rapatriement", paru en janvier aux éditions Grasset. Le récit des difficultés du rapatriement en France du corps du père de la narratrice, tué dans un accident de travail au Cameroun, est l'occasion d'une réflexion sur son histoire familiale.

Le Goncourt de la nouvelle a consacré un recueil de Véronique Ovaldé, "À nos vies imparfaites", publié en avril aux éditions Flammarion.

Enfin, pour le Goncourt de la biographie, le choix du jury s'est porté sur celle de Madame de Sévigné, célèbre épistolière du XVIIe siècle, par Geneviève Haroche-Bouzinac, professeure à l'université d'Orléans.

L'Académie Goncourt a changé lundi soir de président, en élisant à ce poste Philippe Claudel, qui succède à Didier Decoin.

Les prix Goncourt, dits de printemps, sont attribués par le même jury que le célèbre prix Goncourt, plus prestigieuse des récompenses littéraires françaises décernée fin octobre ou début novembre.


Sur internet, des appels au boycott des stars restées silencieuses sur la guerre à Gaza

La chanteuse américaine Lizzo arrive pour le Met Gala 2024 au Metropolitan Museum of Art le 6 mai 2024 à New York (Photo, AFP).
La chanteuse américaine Lizzo arrive pour le Met Gala 2024 au Metropolitan Museum of Art le 6 mai 2024 à New York (Photo, AFP).
Short Url
  • «Ils savent qu'ils auraient dû en parler depuis longtemps, mais maintenant que nous avons initié ce mouvement, ils commencent à briser le silence»
  • Selon le site spécialisé Social Blade, Kim Kardashian a perdu plus de 814.000 abonnés sur Instagram en un mois

WASHINGTON: Sur les réseaux sociaux, les appels à bloquer les comptes de célébrités influentes s'intensifient, un mouvement qui vise à sanctionner les stars restées silencieuses sur la guerre à Gaza.

Les chanteuses américaines Beyoncé et Taylor Swift ou encore la star de téléréalité et femme d'affaires Kim Kardashian figurent parmi les cibles de cette mobilisation propalestinienne. Et la vague de réprobation prend de l'ampleur depuis la récente tenue en grande pompe du gala du Met, grand messe annuelle de la mode à New York à laquelle a participé le gratin du showbiz.

Sur TikTok, le hashtag "blockout2024" cumulait lundi plus de 30.000 publications. Des vidéos égrénant les noms des invités du gala et les autres personnalités à "bloquer" recensaient des milliers de "likes".

"Quand ils bombardaient Rafah où il y a des milliers d'enfants, on entendait davantage parler de la tenue de Zendaya que de ce qui se passait" dans cette ville de la bande de Gaza, dénonce une internaute du nom de Shompa. "En les bloquant, vous les frappez au portefeuille".

Selon le site spécialisé Social Blade, Kim Kardashian a perdu plus de 814.000 abonnés sur Instagram en un mois, Selena Gomez plus d'un million, l'acteur Dwayne Johnson dit "The Rock" plus de 397.000 et Beyoncé environ 700.000.

"Ils savent qu'ils auraient dû en parler depuis longtemps, mais maintenant que nous avons initié ce mouvement, ils commencent à briser le silence. C'est en train de marcher, continuez à bloquer!", se réjouit sur TikTok une influenceuse nommée Muna.

«Très délicat»

La chanteuse Lizzo a publié  une vidéo dans laquelle elle invite sa communauté à collecter des fonds pour aider un médecin à Gaza à mettre sa famille à l'abri, pour le Soudan ou le Congo.

Sous sa publication, un "merci" de l'une de ses abonnées, puis une pluie de commentaires négatifs: "Je vais continuer de la bloquer", "c'est de la connerie (...) elle fait juste ça car elle est sur la liste", etc.

Depuis le conflit à Gaza déclenché par l'attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre, des militants propalestiniens et pro-israéliens exhortent les célébrités à prendre position sur les réseaux sociaux.

Pour David Jackson, chercheur en sciences politiques spécialiste de la mobilisation des jeunes, ces appels s'expliquent en partie par l'implication traditionnelle des stars aux Etats-Unis dans la sphère politique et le fait que les réseaux sociaux donnent aux internautes l'impression de connaître personnellement leurs idoles.

"Ne pas prendre position sur une question importante, ou prendre une position impopulaire, peut conduire à une plus grande désapprobation du public" envers une star, dit l'expert à l'AFP.

Or "ce conflit est très, très délicat à gérer pour une célébrité", souligne Natasha Lindstaedt, professeure à l'université d'Essex qui a étudié le militantisme des stars. "Et même des déclarations qui semblent pouvoir être acceptées universellement peuvent contrarier les gens", poursuit-elle.

L'actrice américaine Susan Sarandon a ainsi été remerciée par son agence UTA après avoir pris la parole lors d'un rassemblement propalestinien en novembre. L'humoriste Jerry Seinfeld s'est retrouvé récemment sous le feu des critiques pour s'être rapproché d'Israël.

Marie-Antoinette 

Ce récent mouvement de boycott est parti d'une vidéo, depuis supprimée, dans laquelle la créatrice de contenus Haley Kalil se filmait avec en fond sonore un passage du film Marie-Antoinette de Sofia Coppola. On y voit la reine de France lancer "let them eat cake!" ("qu'ils mangent de la brioche!").

Cette phrase célèbre, qui symbolise la condescendance des puissants envers les plus pauvres, a enflammé les réseaux sociaux alors que la population palestinienne de la bande de Gaza ravagée est menacée par la famine.

"Il est temps de bloquer toutes les célébrités, les influenceurs et les riches qui n'utilisent pas leurs ressources pour aider ceux qui en ont cruellement besoin", lance l'influenceuse Rae, dite "Lady from the outside", appelant à mettre en place une "guillotine numérique" contre ces personnalités.

L'indignation des internautes a été attisée par la démesure du gala du Met la semaine dernière, où selon le New York Times, un couvert coûtait 75.000 dollars, une table entière 350.000 dollars.

Sur les réseaux, les comparaisons ont ainsi fleuri entre l'événement new-yorkais et le film dystopique "Hunger Games". Celui-ci dépeint une élite qui participe à de somptueux banquets et organise des jeux cruels pendant qu'une partie de la population meurt de faim.

Difficile pour autant d'évaluer l'impact financier du mouvement sur les célébrités, "à moins qu'elles ne soient complètement boycottées", estime Mme Lindstaedt. "Mais dans le cas de Taylor Swift ou de Beyoncé il n'y a aucune chance que cela arrive".


Meryl Streep, l'exception hollywoodienne

L'actrice américaine Meryl Streep (Photo, AFP).
L'actrice américaine Meryl Streep (Photo, AFP).
Short Url
  • D'une beauté atypique, cette blonde au front haut et au nez légèrement dévié ne correspond pas aux canons hollywoodiens
  • En cinquante ans de carrière, «The Queen Meryl» a récolté presque toutes les distinctions, dont un record de 21 nominations aux Oscars

PARIS: Actrice à la longévité exceptionnelle, Meryl Streep, qui recevra mardi soir une Palme d'or d'honneur au 77e Festival de Cannes, a défié les règles hollywoodiennes en incarnant des femmes intenses au fil d'une impressionnante filmographie.

En cinquante ans de carrière, "The Queen Meryl" a récolté presque toutes les distinctions, dont un record de 21 nominations aux Oscars et 3 statuettes dorées.

Elle a collaboré avec Michael Cimino, Sydney Pollack, Clint Eastwood, Steven Spielberg, Steven Soderbergh ...

"J'ai tout ce dont je pouvais rêver", reconnaissait-elle en 2011 après son 3e Oscar. "Laissons-en un peu aux autres ! Franchement, je comprends qu'on en ait assez de Streep. Même moi, ça me choque!"

Qualifiée de meilleure actrice au monde - titre que cette femme discrète rejetait catégoriquement -, elle s'est longtemps présentée comme une mère de quatre enfants, mariée au même homme pendant 45 ans et qui, accessoirement faisait du cinéma.

"Elle est la personne la plus dépourvue de mystère que je connaisse. Elle est très simplement une jeune Américaine, charmante, saine, attirante, intelligente", affirmait Alan J.Pakula en 1982. "Mais dès qu'elle joue, elle est la femme la plus mystérieuse qui soit".

D'une beauté atypique, cette blonde au front haut et au nez légèrement dévié ne correspond pas aux canons hollywoodiens. A ses débuts en 1976, le producteur Dino de Laurentiis la juge même "trop laide" pour le remake de "King Kong".

Récits de femmes 

Née le 22 juin 1949 dans le New Jersey, Mary Louise Streep grandit dans une famille heureuse de la classe moyenne et découvre les joies de la scène au lycée.

Dotée d'une excellente mémoire et d'un don pour les accents, elle suit le master de théâtre de Yale.

A Broadway, elle jongle entre les rôles et se fait repérer par Hollywood. C'est Robert de Niro dans "Taxi Driver" qui l'a convainc de tenter le cinéma : "Je me suis dit que j'aimerais être une actrice de sa trempe quand je serai grande !".

"Consternée" par ses débuts à l'écran dans "Julia" (1977), elle s'entête et décroche sa première nomination aux Oscars dès son deuxième film dans "Voyage au bout de l'enfer" (1978), où elle contrebalance le récit masculin sur la guerre du Vietnam.

Elle contraste avec d'autres actrices en incarnant des femmes ordinaires, voire antipathiques, qui racontent une autre histoire du XXe siècle.

Dans "Kramer contre Kramer" - son premier Oscar (1979) - elle joue une mère qui quitte sa famille avant d'exiger la garde de son fils. Elle témoigne ainsi de la vie de millions d'Occidentales, déchirées entre leur foyer et leur besoin d'indépendance.

Aussi à l'aise dans le mélo - "La maîtresse du lieutenant français" (1981) - elle est inoubliable en rescapée de la Shoah dans "Le Choix de Sophie" (2e Oscar) et en Karen Blixen dans "Out of Africa" (1985).

La comédie contre l'obsolescence

A la quarantaine, voyant les propositions diminuer, elle ose la comédie "La mort vous va si bien" (1992). Trois ans plus tard, Clint Eastwood lui offre un de ses plus beaux rôles dans "Sur la route de Madison".

Même coup de maître en 2006 avec la comédie "Le Diable s'habille en Prada" qui lui permet, aux portes de la soixantaine, d'insuffler un élan extraordinaire à sa carrière. Totalement décomplexée, elle renoue avec la comédie musicale "Mamma Mia!" (2008) et décroche son troisième Oscar pour "La Dame de Fer".

"Loin de disparaître dans la traditionnelle obsolescence post-cinquantaine, elle a défié les conventions hollywoodiennes et atteint de nouveaux sommets", a écrit son biographe Michael Schulman. "Aucune actrice née avant 1960 n’obtient un rôle à Hollywood sans qu’il ait d'abord été refusé par Meryl".

Doyenne de l'élite progressiste hollywoodienne, ardente opposante de Trump, "Sainte Meryl" est poussée de son piédestal lorsqu'éclate #MeToo en 2017. "VOTRE SILENCE est LE problème", lui assène Rose McGowan, l'une des premières actrices à dénoncer Harvey Weinstein. Meryl Streep assure tout ignorer du comportement du producteur qu'elle qualifiait de "Dieu".

L'actrice a reversé ses cachets de "La Dame de Fer" à son projet de musée national de l'Histoire des femmes et levé 15 millions de dollars avec George Clooney pour soutenir la grève des acteurs et scénaristes en 2023.