Jean-Luc Godard, l'homme-cinéma

Jean-Luc Godard (Photo, AFP).
Jean-Luc Godard (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 13 septembre 2022

Jean-Luc Godard, l'homme-cinéma

  • Cinéaste parmi les plus étudiés dans le monde, il a été honoré par un César et un Oscar pour sa carrière, ainsi que par une Palme d'or spéciale à Cannes en 2018
  • Les films de l'homme aux lunettes en écaille tranchaient par leur montage inédit, nerveux, une utilisation très personnelle des citations littéraires, ou leur esprit provocateur

PARIS: Cigare à la bouche et esprit frondeur, Jean-Luc Godard a marqué des générations de cinéphiles avec ses films cultes comme "A bout de souffle" ou "Le mépris", ses innovations formelles qui en ont fait une figure de la Nouvelle Vague et ses provocations.

"Je ne veux parler que de cinéma. Pourquoi parler d'autre chose? Avec le cinéma, on parle de tout, on arrive à tout", disait avec son accent traînant le Franco-Suisse, qui "a fichu la pagaille dans le cinéma", selon François Truffaut, son complice, un temps, de la Nouvelle Vague.

"JLG", qui a tourné une cinquantaine de longs-métrages depuis le début des années 1960 - auxquels s'ajoutent des dizaines de formats courts ou vidéos, était une figure à la fois familière et énigmatique, à l'image de ses films.

Cinéaste parmi les plus étudiés dans le monde, il a été honoré par un César et un Oscar pour sa carrière, ainsi que par une Palme d'or spéciale à Cannes en 2018.

Les films de l'homme aux lunettes en écaille tranchaient par leur montage inédit, nerveux, une utilisation très personnelle des citations littéraires, ou leur esprit provocateur.

"JLG" a toujours divisé critiques et public: pour certains, c'est un génie, pour d'autres un cinéaste à l'oeuvre hermétique.

Il a su occuper comme personne le domaine de la théorie du cinéma, livrant ses préceptes: "Quand on va au cinéma, on lève la tête. Quand on regarde la télévision, on la baisse" ou "le cinéma n'est pas à l'abri du temps. Il est l'abri du temps".

Les femmes de Jean-Luc Godard: à la ville comme à l'écran

Jean-Luc Godard a fait le plus souvent de ses compagnes les héroïnes de ses films, les plus connues étant Anna Karina, égérie de la Nouvelle Vague, et Anne Wiazemsky.

"Je n'ai pas le sentiment de faire une différence entre la vie et la création", déclarait en 1966 le réalisateur franco-suisse. "Pour moi, diriger une actrice et parler avec sa femme, c'est pareil".

Ses tout premiers films, des court-métrages, Godard les tourne avec sa première compagne, Anne Colette. Ce sera "Tous les garçons s'appellent Patrick" (1957) et "Charlotte et son jules" (1958) avec Jean-Paul Belmondo, inspiré du "Bel Indifférent" de Jean Cocteau.

Les années Karina 

En 1959, il repère une jeune Danoise, Anna Karina, dans une publicité. Il lui propose un rôle dans "A bout de souffle" qu'il s'apprête à tourner, mais elle décline, refusant de se déshabiller pour les besoins du film.

Sorti en mars 1960, le long-métrage connaît un succès critique comme public (2,2 millions d'entrées).

Anna Karina accepte en revanche le rôle principal de son film suivant, "Le petit soldat", qui a pour toile de fond la guerre d'Algérie.

A partir de là, elle devient sa muse et tournera avec lui sept films au cours des années 60. Sept films emblématiques de la Nouvelle Vague: "Le Petit Soldat", "Une femme est une femme", "Vivre sa vie", "Bande à part", "Alphaville", "Pierrot le fou" et "Made in USA".

Ils se marient en Suisse le 3 mars 1961... et divorcent trois ans plus tard. "Ca n'a jamais marché", assène Godard lors de retrouvailles en 1987 avec Anna Karina à la télévision. Elle quitte le plateau en larmes. "Moi, je pleurerai chez moi, mais pas ici", dit le réalisateur.

Les années politiques 

En août 1965, il rencontre la toute jeune Anne Wiazemsky (19 ans), la petite fille de François Mauriac, sur le tournage d'"Au hasard Balthazar" de Robert Bresson. Le réalisateur est déjà auréolé de prestige et - elle le racontera dans son livre "Une année studieuse" - elle se demande ce qu'il lui trouve alors que les gazettes annoncent déjà ses fiançailles avec Marina Vlady, avec qui il termine "2 ou 3 choses que je sais d'elle".

L'année suivante, elle lui déclare sa flamme et l'introduit dans le milieu étudiant lorsqu'elle s'inscrit à l'université de Nanterre.

Ce sera la toile de fond de "La Chinoise" (1967), où Anne fait partie d'un groupe de jeunes bourgeois jouant à la révolution maoïste. Dans la foulée, Godard tourne "Week-end" et, pour la seconde fois de sa vie, le 21 juillet 1967, épouse à la ville son héroïne à l'écran.

Cette fois aussi, le mariage ne dure guère et le couple se sépare en octobre 1970.

«La femme dans ma vie»

Le 9 juin 1971, pendant la préparation de "Tout va bien", Godard est victime d'un grave accident de moto qui lui vaut de rester plusieurs mois à l'hôpital. C'est à ce moment qu'il se lie avec la scénariste Anne-Marie Miéville. A sa sortie de l'hôpital, en novembre 1971, il s'installe avec elle et lui propose de travailler comme photographe de plateau sur la reprise du tournage de "Tout va bien".

A partir de 1973, tous deux vivent à Grenoble et réalisent plusieurs documentaires-fictions, entre vidéo et télévision.

En 1976, ils s'installent à Rolle, en Suisse, tout près de Nyon où Godard a passé son enfance. Ce sera le début d'une longue collaboration.

D'Anne-Marie Miéville, Godard dira: "Il y a eu les femmes dans mes films et la femme dans ma vie".

A plus de 60 ans, en mai 1995, il reconnaissait: "Les femmes, les actrices, je ne les ai pas bien traitées. J'ai respecté leur beauté aléatoire mais je n'ai pas fait très attention à ce qu'elles pouvaient dire ou faire... Tous les peintres ont eu des modèles mais, moi, c'étaient des copies".

«Star de sa génération»

"On a perdu la mesure de ce qu'il a représenté dans l'imaginaire du monde occidental dans les années 60 et 70. C'était la star de sa génération", soulignait l'ex-directeur des Cahiers du cinéma Jean-Michel Frodon.

Né à Paris le 3 décembre 1930 d'un père médecin et d'une mère issue d'une riche famille protestante, il grandit en Suisse dans un milieu raffiné.

Il aime le sport, obtient difficilement le bac à Lausanne. Ses parents divorcent, sa mère meurt en 1954. Années pénibles, vie de bohème. Jean-Luc, kleptomane, est banni de sa famille.

Inscrit à la Sorbonne pour étudier l'ethnologie, il préfère fréquenter les cinés-clubs. Aux Cahiers du cinéma, où il signe dans les années 1950, il côtoie des jeunes gens créatifs et turbulents: François Truffaut, Éric Rohmer ou Claude Chabrol, tous opposés au "cinéma de papa".

Son premier long-métrage, "A bout de souffle" (1960), avec Belmondo, devient le manifeste esthétique de la Nouvelle Vague et sera son plus grand succès public.

Un an plus tard, il épouse Anna Karina, une jeune actrice danoise qui jouera dans sept de ses films dont "Le Petit Soldat" - sur un déserteur pendant la Guerre d'Algérie, un temps interdit - , "Une femme est une femme" et "Pierrot le fou" en 1965, avec Jean-Paul Belmondo, l'un de ses chefs d'oeuvre.

En 1963, c'est le succès public du "Le mépris", dans lequel Brigitte Bardot, nue sur un lit, demande à Michel Piccoli: "Et mes fesses, tu les aimes, mes fesses ?...".

Anna, Anne et Anne-Marie

Deux ans plus tard, il rencontre Anne Wiazemsky. Débutent alors les "années Mao", période plus radicale de sa vie, dominée par "La Chinoise" (1967), joué par Anne qu'il épouse.

Godard participe activement à Mai 68. Avec un coup d'éclat, la descente à Cannes qui entraînera l'annulation du festival, aux côtés de Truffaut, Claude Lelouch, Claude Berri, Jean-Pierre Léaud...

"Je vous parle solidarité avec les étudiants et les ouvriers et vous me parlez travelling et gros plan ! Vous êtes des cons !", lance-t-il.

Il tourne ensuite des œuvres didactiques et gauchistes, prenant des positions pro-palestiniennes qui font polémique. Anne ne comprend plus son cinéma. Ils se séparent en 1970.

En 1971, il est victime d'un grave accident de moto. C'est à ce moment qu'il se lie avec la scénariste Anne-Marie Miéville. D'elle, il dira: "il y a eu les femmes dans mes films et la femme dans ma vie".

Au milieu des années 70, l'homme à la "mélancolie constante" qui a fait plusieurs tentatives de suicide, selon son biographe Antoine de Baecque, s'installe à Grenoble, où il se passionne pour la vidéo.

En 1977, le couple pose ses valises en Suisse, à Rolle.

Après s'être consacré un temps à la vidéo, il revient dans les années 1980 à la fiction avec "Sauve qui peut (la vie)", avec Isabelle Huppert et Jacques Dutronc, "Passion", "Prénom Carmen", Lion d'or 1983 à la Mostra de Venise, ou "Détective" avec Johnny Hallyday et Nathalie Baye.

Il revient par à-coups dans l'actualité comme avec sa monumentale "Histoire(s) du cinéma", réalisée de 1988 à 1998, livre et films de collages et de citations.

Entré dans une nouvelle phase expérimentale, il présente à Cannes, sans jamais venir, "Film socialisme" en 2010, puis "Adieu au langage" en 2014, oeuvre inclassable en 3D récompensée par le Prix du jury, et en 2018 "Le livre d'image", consacré en grande partie au monde arabe, où se succèdent images et citations en voix off. Une Palme d'Or "spéciale" lui est décernée pour ce film.


Cate Blanchett sera à l’honneur au Festival du film d’El Gouna

Cate Blanchett sera l'invitée d'honneur de cette année et recevra le prix Champion de l'humanité. (Getty Images)
Cate Blanchett sera l'invitée d'honneur de cette année et recevra le prix Champion de l'humanité. (Getty Images)
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  • L’actrice australienne sera l’invitée d’honneur du festival égyptien et recevra le Champion of Humanity Award pour son engagement humanitaire auprès des réfugiés en tant qu’ambassadrice du HCR
  • Reconnue pour ses rôles marquants au cinéma et son implication sur scène, Blanchett est aussi saluée pour son action sur le terrain dans des camps de réfugiés, incarnant la vision du festival : le cinéma au service de l’humanité

DUBAÏ : L’actrice et productrice australienne Cate Blanchett sera mise à l’honneur lors de la 8e édition du Festival du film d’El Gouna, en Égypte, qui se tiendra du 16 au 24 octobre.

Elle sera l’invitée d’honneur de cette édition et recevra le Champion of Humanity Award (Prix de la Championne de l’Humanité).

« De ses rôles emblématiques dans Elizabeth, Blue Jasmine et TÁR, à ses collaborations remarquables avec les plus grands réalisateurs, Cate Blanchett a laissé une empreinte indélébile sur le cinéma mondial », a publié le festival sur Instagram.

« Au-delà de son art, elle continue de défendre des causes humanitaires urgentes en tant qu’ambassadrice de bonne volonté mondiale pour le HCR, reflétant ainsi la vision du festival : le cinéma au service de l’humanité », ajoute le communiqué. « Pour saluer son engagement en faveur des réfugiés et des personnes déplacées de force, Cate Blanchett recevra le Champion of Humanity Award du Festival du film d’El Gouna. »

Cate Blanchett est également connue pour son travail sur scène, ayant été co-directrice artistique de la Sydney Theatre Company. Elle est aussi cofondatrice de Dirty Films, une société de production à l’origine de nombreux films et séries récompensés.

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Depuis 2016, elle occupe le rôle d’ambassadrice de bonne volonté pour le HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés. À ce titre, elle utilise sa notoriété pour sensibiliser à la cause des réfugiés et encourager le soutien international. Elle a visité des camps de réfugiés et des communautés hôtes dans des pays comme la Jordanie, le Liban, le Bangladesh, le Soudan du Sud, le Niger et le Brésil.

En 2018, elle a reçu le Crystal Award lors du Forum économique mondial en reconnaissance de son engagement humanitaire.

Amr Mansi, fondateur et directeur exécutif du Festival d’El Gouna, a déclaré : « C’est un immense honneur d’accueillir une artiste du calibre de Cate Blanchett. Son talent exceptionnel fascine le public depuis des décennies, et son engagement humanitaire à travers le HCR est véritablement inspirant.

Ce partenariat avec le HCR et la Fondation Sawiris, ainsi que sa venue, illustrent parfaitement la mission essentielle de notre festival : utiliser la force du cinéma pour promouvoir un changement positif et soutenir l’humanité. »

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Quatre chanteuses pour une diva: Céline Dion au coeur d'un nouveau spectacle hommage

Céline Dion se bat depuis 2022 contre le syndrome de la personne raide, une maladie neurologique incurable.  Après quatre ans sans se produire en public, elle était réapparue à la tour Eiffel lors de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de Paris 2024, pour interpréter en mondovision l'intemporel "Hymne à l'amour" d'Édith Piaf. (AFP)
Céline Dion se bat depuis 2022 contre le syndrome de la personne raide, une maladie neurologique incurable. Après quatre ans sans se produire en public, elle était réapparue à la tour Eiffel lors de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de Paris 2024, pour interpréter en mondovision l'intemporel "Hymne à l'amour" d'Édith Piaf. (AFP)
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  • Pour interpréter les plus grands tubes de Céline Dion, dont les fans espèrent le retour, quatre chanteuses se partagent l'affiche de "Génération Céline", spectacle hommage piloté par Erick Benzi, fidèle arrangeur de la star québécoise
  • Pour "Génération Céline", qui démarre vendredi à Beauvais (Oise) avant Paris ce week-end puis une tournée en 2026, il a écouté les maquettes de plus de 200 chanteuses avant de retenir une vingtaine de candidates pour les castings

PARIS: Pour interpréter les plus grands tubes de Céline Dion, dont les fans espèrent le retour, quatre chanteuses se partagent l'affiche de "Génération Céline", spectacle hommage piloté par Erick Benzi, fidèle arrangeur de la star québécoise.

"Il y a une vraie attente de se retrouver tous ensemble, de chanter, de danser sur les chansons qu'on connaît. Et je pense que Céline, elle incarne ça", s'enthousiasme Erick Benzi, aux manettes de ce "tribute", ou spectacle hommage, un format qui rencontre un vif succès en France comme à l'étranger.

Pour "Génération Céline", qui démarre vendredi à Beauvais (Oise) avant Paris ce week-end puis une tournée en 2026, il a écouté les maquettes de plus de 200 chanteuses avant de retenir une vingtaine de candidates pour les castings.

"D'abord, est-ce qu'on est capable de chanter +All by myself+ ? Il y a des chansons comme ça qui sont des espèces de couperets", lance Benzi, en référence au standard d'Eric Carmen repris par Céline Dion en 1996.

Quatre chanteuses ont été sélectionnées pour interpréter des tubes en français et en anglais, tels que "On ne change pas", "I'm alive" ou "My heart will go on", le thème du "Titanic" de James Cameron. Catherine Pearson - chanteuse québecoise qui officie déjà dans le spectacle "Passion Céline" au Canada -, Magali Ponsada, Chiara Nova et Virginie Rohart unissent leurs voix, aux ressemblances troublantes avec celle de leur idole.

Plutôt que de faire incarner la star par une seule artiste, il a préféré opter pour "le fun d'une soirée" où "on raconte sa vie musicale" comme "un groupe de fans", explique le directeur de ce show produit par Richard Walter, l'un des spécialistes des "tributes" (Queen, Pink Floyd).

"Populaire" 

"Je connais bien Céline, parce que j'ai fait quatre albums avec elle, donc je sais un peu comment raconter cette histoire-là sans la trahir, sans mettre quoi que ce soit en péril", assure Erick Benzi, qui a notamment œuvré sur son album culte "D'Eux", avec Jean-Jacques Goldman.

Mais "il faut être bien conscient qu'on ne peut pas remplacer Céline: ce n'est pas qu'une des cinq meilleures chanteuses du monde - déjà ça, c'est difficile à trouver - mais c'est aussi une icône de mode, un conte de fées", s'exalte celui qui fut aussi proche de son mari et mentor René Angélil, décédé en 2016.

Céline Dion se bat depuis 2022 contre le syndrome de la personne raide, une maladie neurologique incurable.

Après quatre ans sans se produire en public, elle était réapparue à la tour Eiffel lors de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de Paris 2024, pour interpréter en mondovision l'intemporel "Hymne à l'amour" d'Édith Piaf.

L'amour du public tient en partie à sa musique, "à la fois très exigeante au niveau vocal et en même temps très populaire", relève Erick Benzi.

"Tribute to Céline Dion", "Entre-D'eux", "Destin": les spectacles-hommages à la star sont légion, portés par un répertoire qui reste une valeur sûre et la demande d'un public jamais rassasié.

D'autant que son éventuel retour, en concert ou à travers un nouvel album studio, alimente les rumeurs mais reste hypothétique à ce stade.

Les fans se consolent avec l'anniversaire de l'album "D'eux", sorti il y a 30 ans avec des chansons ("Pour que tu m'aimes encore", "Je sais pas") écrites par Goldman et devenues cultes. Il est encore le disque francophone le plus vendu au monde, à environ 10 millions d'exemplaires.

"Quand je serai plus là", déclarait la chanteuse de 57 ans dans un documentaire diffusé fin août sur M6, "je pense sincèrement qu'il sera encore joué et qu'il sera encore chanté".

 


Diriyah: écrin d’histoire, une exposition qui transporte les parisiens au cœur de l’Arabie Saoudite

D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle. Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale. (Photo Arlette Khouri)
D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle. Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale. (Photo Arlette Khouri)
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  • D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle
  • Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale

PARIS: À peine franchi le seuil du Grand Palais Immersif à Paris, le visiteur de l’exposition « Diriyah : un écrin d’histoire » quitte le tumulte parisien pour se retrouver transporté au cœur de l’Arabie saoudite.
Le parcours débute par un long couloir aux murs sobres, délicatement éclairés, recouverts de tapis tissés artisanalement et ponctués de chants d’oiseaux.
À son terme, une porte massive en bois brut, sculptée selon la tradition ancestrale de Diriyah : l’immersion commence, dans une atmosphère d’apaisement et de sérénité.

D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle. Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale.
Plus loin, un salon inspiré des habitations traditionnelles accueille les visiteurs. Assis au son apaisant du oud, ils dégustent café et figues, un goûter authentique qui évoque l’hospitalité saoudienne.

L’exposition déroule ensuite une série d’images monumentales retraçant la vie quotidienne d’autrefois : cavalerie, danses, vannerie et artisanats. Mais le point d’orgue du parcours est une immersion totale d’environ quatre minutes dans les rues de Diriyah.
Le spectateur se retrouve au milieu des habitants, partagé entre marchés animés, activités agricoles et scènes de fête : une expérience surprenante, qui donne l’impression de voyager sans quitter Paris.

Diriyah ne se limite pas à son passé. Située aux portes de Riyad, elle est aujourd’hui au cœur de la Vision 2030 de l’Arabie saoudite, un vaste plan de développement qui fait du patrimoine et de la culture des leviers de rayonnement international.

Cette exposition n’est pas seulement une prouesse visuelle : elle incarne l’esprit d’une cité majeure de l’histoire saoudienne. Diriyah, berceau de l’État saoudien, est en effet le lieu où la dynastie Al Saoud a vu le jour au XVIIIᵉ siècle, au sein du site d’At-Turaif.
Inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO, At-Turaif est un ensemble exceptionnel de palais et de demeures en briques de terre crue, restaurés avec soin et visités aujourd’hui par des millions de personnes. Il permet de revivre les origines politiques et culturelles du Royaume.

Mais Diriyah ne se limite pas à son passé. Située aux portes de Riyad, elle est aujourd’hui au cœur de la Vision 2030 de l’Arabie saoudite, un vaste plan de développement qui fait du patrimoine et de la culture des leviers de rayonnement international.
Diriyah s’étend sur 11,7 km² et se compose de quartiers mêlant espaces résidentiels, commerciaux et culturels. Le projet de développement prévoit plus de 30 hôtels, des parcs, des zones de loisirs, ainsi que la création de 178 000 emplois.

Depuis son ouverture au public en 2022, Diriyah a déjà attiré plus de trois millions de visiteurs.

Parmi ses joyaux contemporains, les terrasses de Bujairi séduisent par leurs restaurants raffinés et leurs boutiques, tandis que le wadi Hanifa, une vallée verdoyante transformée en oasis moderne, invite à la promenade entre arbres nouvellement plantés, pistes cyclables et sentiers équestres.
Ce mélange de patrimoine et de modernité fait de Diriyah une destination unique, alliant mémoire historique, innovation et respect de l’environnement.

« Nous voulons que les visiteurs s’imprègnent pleinement de la vie de Diriyah, qu’ils ressentent son passé, son présent et son avenir », explique Saeed Abdulrahman Metwali, directeur général de la stratégie d’orientation touristique et du design.
Selon lui, l’expérience immersive proposée à Paris est une manière de donner un avant-goût de la richesse culturelle et humaine que Diriyah réserve à ses visiteurs : « À travers ces images, on découvre les habitants, les marchés, les maisons et l’âme de la cité. L’idée est d’offrir une perception vivante et authentique, qui incite à venir découvrir Diriyah sur place. »

Les chiffres confirment d’ailleurs cet engouement : depuis son ouverture au public en 2022, Diriyah a déjà attiré plus de trois millions de visiteurs.
L’objectif est ambitieux : en accueillir 50 millions d’ici 2030, grâce à une offre hôtelière et culturelle sans cesse enrichie.

L’exposition parisienne, de courte durée (du 12 au 14 septembre), illustre la volonté de Diriyah de s’ouvrir à l’international et témoigne de sa stratégie visant à se positionner comme un lieu mondial du tourisme culturel, où se conjuguent tradition et modernité.