Les‌ ‌fans‌ ‌de‌ ‌musique‌ ‌saoudiens‌ ‌partagés‌ ‌sur‌ ‌l’avenir‌ ‌du‌ ‌‌livestream‌ ‌

Le secteur de la musique à été fortement perturbé cette année à l’échelle mondiale, entraînant de multiples annulations de tournées, de concerts et d’événements. (Photo Arab News).
Le secteur de la musique à été fortement perturbé cette année à l’échelle mondiale, entraînant de multiples annulations de tournées, de concerts et d’événements. (Photo Arab News).
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Publié le Mercredi 22 juillet 2020

Les‌ ‌fans‌ ‌de‌ ‌musique‌ ‌saoudiens‌ ‌partagés‌ ‌sur‌ ‌l’avenir‌ ‌du‌ ‌‌livestream‌ ‌

  • « Les concerts livestream ne sont pas phénomène nouveau, particulièrement en Arabie saoudite»
  • « C’était mon rêve depuis plus de dix ans. J’ai finalement eu la chance d’assister à un des concerts de mon groupe préféré en direct – même si c’était à travers un écran »

RIYAD : Alors que la pandémie du coronavirus perturbe le quotidien et les modes de vie, nombreux sont ceux qui se sont tournés vers la musique pour surmonter cette période difficile, en attendant un retour à la normale.

Le secteur de la musique à été fortement perturbé cette année à l’échelle mondiale, entraînant de multiples annulations de tournées, de concerts et d’événements. Pour autant, il a su se réinventer et offrir au public des concerts en ligne et en direct, afin que les fans de musique continuent à écouter de la musique et se connecter avec les autres.

Du rap à l’opéra, du hip-hop au classique, de la musique arabe à la musique coréenne, de la musique anglaise à l’instrumental, aussi bien pour les spectacles intimistes que pour les superproductions telles que le concert du Global Citizen ou les MDL Beast Freqways, les musiciens ont utilisé le pouvoir du livestream pour fédérer les gens dans le Royaume.

Les concerts livestream ne sont cependant pas phénomène nouveau, particulièrement en Arabie saoudite. « Lorsque le Royaume a commencé à proposer des concerts, avant 2018, ceux-ci étaient diffusés à la télévision ou en ligne, par exemple sur YouTube. Nous regardions déjà nos artistes préférés depuis chez nous », explique Faisal Alsuwaidan, grand amateur de musique arabe.

Sarah Alsaif, une « très grande » fan de musique pop, a affirmé qu’avant la pandémie elle considérait qu’assister à des concerts était « une nécessité absolue », quitte à devoir voyager à l’étranger.

« Chaque année, au moins un de mes musiciens préférés se produisait à Dubaï. Je planifiais alors mon année entière autour de ce ou ces concerts. Et j’y consacrais un budget spécial. J’ai ainsi assisté aux concerts de Jason Derulo, de The 1975, des Backstreet Boys, et plein d’autres, que je n’aurais pas vus sinon », a-t-elle précisé.

Aujourd’hui, les voyages ne sont pas autorisés, les frontières internationales sont fermées. Les passionnés de musique arabe ou de musique étrangère restent donc chez eux. Et la perspective d’un retour des concerts live s’annonce encore bien lointaine.

Dans un tel contexte, le développement des concerts en ligne a eu pour avantage d’encourager les professionnels et les fans sur à s’interroger sur ce que doit être un concert.

Abdelrahman Alammar a confié à Arab News qu’il est peu probable que son groupe préféré, The Wonder Years, se produise jamais en Arabie saoudite : c’est un petit groupe américain, peu connu et au succès limité aux seuls États-Unis. Cependant, dès qu’il a appris qu’ils se produiraient en livestream, il a acheté un billet.

« C’était mon rêve depuis plus de dix ans. J’ai finalement eu la chance d’assister à un de leurs concerts, en direct – même si c’était à travers un écran », a-t-il déclaré. Il a pu pleinement profiter de cet événement, indépendamment des circonstances – en se connectant avec d’autres fans après le spectacle.

« Le livestream proposait une fenêtre de discussion que nous avons tous utilisée, pendant le concert, pour faire des commentaires, pour poser des questions, et pour échanger les uns avec les autres. Quand ils ont compris que c’était mon premier concert, ils m’ont tous envoyé des messages de bienvenue et m’ont invité sur leur serveur Discord (plate-forme de chat en ligne). Après le spectacle, nous nous sommes tous connectés, et nous avons échangé nos impressions pendant des heures. C’était comme si j’avais assisté à un vrai spectacle », a-t-il affirmé.

Rana Al-Salem, passionnée de musique house, a confié à Arab News que l’événement en livestream de douze heures de MDL Beast Freqways représentait tout ce qu’elle avait espéré pendant la période de confinement.

« Fin 2019, je n’étais pas allée au premier spectacle (Soundstorm). Je ne voulais pas me retrouver au milieu de la foule, et c’était très loin de l’endroit où j’habite. L’arrivée du livestream m’a permis de profiter de concerts depuis chez moi, en toute sécurité, seule et en pyjama ! », a-t-elle précisé.

Une question reste en suspens : une fois la pandémie terminée, les concerts en ligne deviendront-ils la nouvelle norme ?  Faisal Alsuwaidan ne le pense pas. Il se considère même chanceux d’avoir pu assister à quelques spectacles en Arabie saoudite. Pour lui, hors confinement, regarder des concerts sur écran n’aurait pas le même charme.

« Je suis impatient de pouvoir assister de nouveau à des concerts. L’énergie que les musiciens diffusent est incroyable ! Rien d’autre n’est comparable », ajoute-t-il.

« Je ne souhaite pas que les spectacles en ligne deviennent la nouvelle norme, mais j’espère qu’ils resteront une option pour ceux comme moi qui préfèrent assister aux spectacles depuis chez eux » a, quant à elle, expliqué Al-Salem. Je ne pense pas que je serai très à l’aise pour effectuer à nouveau des voyages après cette pandémie. Et, à moins qu’on trouve un traitement ou un vaccin, je ne pense pas que j’aurai envie de courir le moindre risque », a-t-elle ajouté.

Chez Alammar, le rêve d’assister au spectacle de son groupe préféré reste toujours vif, et il entend profiter de l’occasion, si elle se présente, d’aller les voir sur scène.

« Quand tout cela sera fini, j’assisterai à leur premier retour sur scène, quel que soit l’endroit. Cette pandémie me rappelle combien la vie est imprévisible, et à quel point nous devons nous battre pour ce que nous voulons », a-t-il affirmé.

Ce texte est la traduction d'un article paru sur ArabNews.com


« Palestine 36 », soutenu par l’Arabie saoudite, présenté en avant-première au TIFF 2025

Le film a été présenté en avant-première au Festival international du film de Toronto. (AFP)
Le film a été présenté en avant-première au Festival international du film de Toronto. (AFP)
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  • Le film Palestine 36 d’Annemarie Jacir, présenté au TIFF 2025, revient sur le soulèvement palestinien de 1936 contre le mandat britannique
  • Financé en partie par le Red Sea Film Fund d’Arabie saoudite, le film explore un moment décisif pour la région

DUBAÏ : Le film Palestine 36 de la réalisatrice Annemarie Jacir a été présenté cette semaine en avant-première au Festival international du film de Toronto (TIFF) 2025 lors d’une projection de gala.

Le film a été en partie financé par le Red Sea Film Fund, soutenu par l’Arabie saoudite.

Situé aux abords de Jérusalem, Palestine 36 raconte l’histoire du soulèvement arabe contre le mandat britannique.

Le synopsis officiel indique : « En 1936, alors que les villages de la Palestine mandataire se soulèvent contre la domination coloniale britannique, Yusuf erre entre son village rural et l’énergie bouillonnante de Jérusalem, aspirant à un avenir au-delà des troubles croissants.

Mais l’Histoire est implacable. Avec l’arrivée massive de réfugiés juifs fuyant l’antisémitisme en Europe, et la population palestinienne unie dans le plus vaste et le plus long soulèvement contre les 30 ans de domination britannique, toutes les parties glissent vers une collision inévitable — un moment décisif pour l’Empire britannique et pour l’avenir de toute la région. »

Le film réunit une distribution internationale : l’acteur oscarisé Jeremy Irons, la star de Game of Thrones Liam Cunningham, l’acteur tunisien Dhafer L’Abidine, ainsi que les talents palestiniens Hiam Abbass, Yasmine Al-Massri, Kamel El Basha et Saleh Bakri.

La première a réuni de nombreuses personnalités, dont les acteurs britanniques Billy Howle et Robert Aramayo, l’acteur palestinien Karim Daoud Anaya, le producteur de cinéma palestino-jordanien Ossama Bawardi, ainsi que Jacir, Bakri, Al-Massri et Abbass.

Jacir, à qui l’on doit Salt of the Sea, When I Saw You, Wajib et des épisodes de la série Ramy, a entamé le travail sur ce projet avant la pandémie mondiale.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Riyad accueille sa toute première représentation de l’opéra « Carmen »

La Commission royale pour la ville de Riyad (RCRC) a fait venir le célèbre opéra "Carmen" pour la première fois en Arabie saoudite. (Fourni)
La Commission royale pour la ville de Riyad (RCRC) a fait venir le célèbre opéra "Carmen" pour la première fois en Arabie saoudite. (Fourni)
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  • L’événement s’inscrit dans le cadre de l’Année culturelle sino-saoudienne, célébrant le 35e anniversaire des relations diplomatiques entre les deux pays.

RIYAD : La Commission royale pour la ville de Riyad (RCRC), en collaboration avec la China National Opera House (CNOH), a présenté jeudi soir l’opéra mondialement connu de Georges Bizet, « Carmen », au Centre culturel Roi Fahd de Riyad. Il s'agit de la toute première représentation de ce chef-d'œuvre en Arabie saoudite.

Cet événement s’inscrit dans le cadre de l’Année culturelle sino-saoudienne, qui célèbre le 35e anniversaire des relations diplomatiques entre l’Arabie saoudite et la Chine. Plus de 2 500 invités et dignitaires étaient présents pour la soirée d’ouverture.

Le public a salué cette représentation historique. Thomas Dang, résident à Riyad, a décrit la soirée comme remarquable :

« C’était extraordinaire — une troupe chinoise jouant une œuvre d’un compositeur français sur une histoire espagnole, ici en Arabie saoudite. Ce mélange culturel était incroyable. »

Mise en scène par l’équipe du CNOH, la production a donné vie à l’histoire intemporelle de passion, de jalousie et de destin de Bizet, à travers des costumes vibrants et une distribution internationale.

Créée à Paris en 1875, « Carmen » est l’un des opéras les plus célèbres de l’histoire. Son début en Arabie saoudite marque une étape importante dans le développement culturel du Royaume, illustrant son ouverture croissante aux arts mondiaux.

Huixian, une résidente chinoise de Riyad, a partagé son enthousiasme :

« C’était ma première fois à l’opéra en Arabie saoudite, et aussi la première fois que je voyais ‘Carmen’ en chinois. La performance était très bonne, même si le chant aurait pu être plus puissant. Une soirée mémorable. »

« Carmen » se poursuivra au Centre culturel Roi Fahd jusqu’au 6 septembre 2025, offrant aux spectateurs une opportunité rare d’assister à l’un des opéras les plus emblématiques sur une scène saoudienne.

Selon la RCRC, cette première historique reflète l’engagement continu de la Commission à enrichir l’offre culturelle de Riyad, à travers des événements de classe mondiale, en cohérence avec la Vision 2030 du Royaume.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Villa Hegra, où le patrimoine devient moteur d’innovation et de diplomatie culturelle

De gauche à droite, Ingrid Périsset, Hervé Lemoine et Fériel Fodil. (Photo Arlette Khouri)
De gauche à droite, Ingrid Périsset, Hervé Lemoine et Fériel Fodil. (Photo Arlette Khouri)
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  • La Villa Hegra n’est pas seulement un lieu d’exposition ou de résidence : elle s’affirme comme un outil de diplomatie culturelle
  • En réunissant artistes, chercheurs et institutions, elle favorise la circulation des idées et des pratiques entre la France, l’Arabie saoudite et au-delà

PARIS: Dans le cadre de la dixième édition de « Think Culture », un rendez-vous incontournable qui interroge les liens entre culture, innovation et société, une table ronde posait une question centrale : comment préserver l’identité d’un site patrimonial exceptionnel tout en l’inscrivant dans le présent et l’avenir ?

Pour y répondre, les organisateurs ont choisi un exemple emblématique : la Villa Hegra, première institution franco-saoudienne dédiée à la coopération culturelle, implantée au cœur du site d’AlUla, au nord-est de l’Arabie saoudite.

Trois voix se sont relayées pour éclairer les enjeux de ce projet : Ingrid Périsset, directrice de la recherche archéologique et du patrimoine pour l’Agence française de développement d’AlUla (AFALULA) ; Fériel Fodil, directrice générale de la Villa Hegra ; et Hervé Lemoine, président de l’Établissement public des manufactures nationales et du Mobilier national.

En introduction, Ingrid Périsset a rappelé les racines profondes de la coopération franco-saoudienne dans le domaine archéologique, soulignant que, depuis près d’un quart de siècle, des chercheurs français travaillent sur le site d’Hegra, « petite sœur de Pétra », joyau nabatéen classé au patrimoine mondial de l’UNESCO. Cette présence pionnière, amorcée au début des années 2000, a contribué à révéler la richesse exceptionnelle d’AlUla et à établir un climat de confiance entre les deux pays.

Pour l’archéologue, il n’existe pas de rupture entre passé et présent : « L’histoire de l’art est un continuum, une transmission permanente. Les artistes contemporains se retrouvent souvent bouleversés en découvrant des objets millénaires, comme s’ils partageaient une même mémoire créative avec ceux qui les ont façonnés. »

Cette vision inscrit la Villa Hegra dans une logique de dialogue entre héritage et création, où la préservation patrimoniale nourrit l’innovation culturelle.

Prenant la parole, Fériel Fodil a présenté la genèse et les spécificités de la Villa Hegra. Créée à la suite d’un accord intergouvernemental signé en 2021 et renforcée par un décret royal en 2024, lors de la visite du président Emmanuel Macron en Arabie saoudite, l’institution s’affirme comme un pilier de la diplomatie culturelle.

Sa singularité tient à sa gouvernance bicéphale, à la fois française et saoudienne, qui se traduit par une double direction curatoriale, des équipes mixtes et une programmation ouverte aux artistes francophones et arabophones. « C’est la première villa véritablement binationale du réseau français, souligne-t-elle. Elle incarne une volonté de coopération équilibrée et réciproque. »

La Villa Hegra rejoint ainsi les grandes villas françaises à l’étranger – de la Villa Médicis à Rome à la Casa de Velázquez à Madrid, en passant par la Villa Kujoyama à Kyoto et la Villa Albertine aux États-Unis. Mais, contrairement à ses sœurs, elle s’implante dans un territoire encore en devenir culturel, avec l’ambition d’être ancrée localement tout en restant ouverte sur le monde.

Pour Hervé Lemoine, l’intérêt de la Villa Hegra tient aussi à sa capacité à accueillir les métiers d’art et du design, trop souvent relégués au second plan derrière les arts visuels ou les arts vivants. Ces savoir-faire, estime-t-il, constituent pourtant un patrimoine matériel essentiel.

Le partenariat entre la Villa Hegra et les Manufactures nationales vise à valoriser cette dimension. Dès les premiers échanges, des pièces de mobilier français ont été installées sur place, non pas uniquement pour leur confort ou leur esthétique, mais pour témoigner de la richesse des traditions artisanales. « C’est une autre manière de créer des ponts, explique-t-il. En montrant le travail du bois ou des arts décoratifs, nous favorisons un échange culturel fondé sur la main, le geste et la matière. »

Ce dialogue se concrétise également par des résidences croisées : une jeune artiste saoudienne rejoindra bientôt les ateliers français pour découvrir la diversité des métiers représentés. Il s’agit là d’une transmission tangible des savoir-faire, vecteur d’innovation et de coopération durable.

La Villa Hegra n’est pas seulement un lieu d’exposition ou de résidence : elle s’affirme comme un outil de diplomatie culturelle. En réunissant artistes, chercheurs et institutions, elle favorise la circulation des idées et des pratiques entre la France, l’Arabie saoudite et au-delà.

Son inscription officielle dans le réseau des villas françaises, prévue à Paris en octobre prochain, ouvrira la voie à de nouveaux échanges artistiques entre les différents sites — qu’il s’agisse de l’Opéra de Paris invité à AlUla ou de collaborations entre designers, musiciens et écrivains.

À travers cette initiative, la France et l’Arabie saoudite affirment une ambition commune : relier le passé au présent et faire du dialogue interculturel un moteur de rayonnement international.