Birmanie: nouvelles peines de prison pour Aung San Suu Kyi et un journaliste japonais

L'ancienne dirigeante Aung San Suu Kyi participe au 10e sommet ASEAN-ONU à Bangkok, en marge du 35e sommet de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ASEAN), le 3 novembre 2019. (Photo, AFP)
L'ancienne dirigeante Aung San Suu Kyi participe au 10e sommet ASEAN-ONU à Bangkok, en marge du 35e sommet de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ASEAN), le 3 novembre 2019. (Photo, AFP)
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Publié le Mercredi 12 octobre 2022

Birmanie: nouvelles peines de prison pour Aung San Suu Kyi et un journaliste japonais

L'ancienne dirigeante Aung San Suu Kyi participe au 10e sommet ASEAN-ONU à Bangkok, en marge du 35e sommet de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ASEAN), le 3 novembre 2019. (Photo, AFP)
  • Aung San Suu Kyi a été reconnue coupable d'avoir accepté 550 000 dollars de pots-de-vin d'un homme d'affaires local, Maung Weik, dans un énième volet de son procès fleuve, dénoncé comme politique par la communauté internationale
  • Toru Kubota, 26 ans, arrêté fin juillet alors qu'il couvrait une manifestation contre la junte à Rangoun, a été condamné un peu plus tard à trois ans de prison pour avoir enfreint la loi sur l'immigration

RANGOUN: La junte birmane a condamné jeudi l'ancienne dirigeante Aung San Suu Kyi et le journaliste japonais Toru Kubota à des peines de prison supplémentaires dans deux affaires séparées. 

La prix Nobel de la paix 1991, âgée de 77 ans, a été condamnée à "deux peines de prison de trois ans" qui ont été confondues, a indiqué une source proche du dossier. 

Elle a été reconnue coupable d'avoir accepté 550 000 dollars de pots-de-vin d'un homme d'affaires local, Maung Weik, dans un énième volet de son procès fleuve, dénoncé comme politique par la communauté internationale. 

Aung San Suu Kyi "est en bonne santé. Ses avocats vont faire appel comme pour les autres affaires", a précisé cette source. 

Elle avait déjà été condamnée à 23 années d'emprisonnement pour différents motifs, dont la fraude électorale et la corruption. Elle est accusée dans cinq autres affaires de corruption. 

Toru Kubota, 26 ans, arrêté fin juillet alors qu'il couvrait une manifestation contre la junte à Rangoun, a été condamné un peu plus tard à trois ans de prison pour avoir enfreint la loi sur l'immigration, a indiqué une source diplomatique japonaise. 

Phil Robertson, le directeur adjoint de la division Asie de Human Rights Watch , a affirmé que Kubota était utilisé comme "un pion politique" par la junte. "En emprisonnant Kubota, la junte envoie un message menaçant aux médias étrangers : entrer (en Birmanie : ndlr) à vos risques et périls". 

« simulacre » 

Le vidéaste, apparu à son procès en bonne santé selon cette source, citant son avocat, avait déjà été condamné, la semaine dernière, à deux peines totalisant dix ans d'emprisonnement pour la diffusion d'informations préjudiciables à la sécurité du pays et pour avoir encouragé la dissidence contre l'armée au pouvoir. 

Ces peines avaient été confondues, ramenant à sept ans la durée prévue de son emprisonnement pour ces deux affaires, avait précisé un porte-parole de la junte. 

Ces deux condamnations aggravent le bilan de la junte birmane, sous le feu des critiques de la communauté internationale depuis que le pays a plongé dans un conflit civil à la suite du putsch militaire du 1er février 2021. 

Arrêtée au moment du coup d'Etat, qui a mis fin à une décennie de transition démocratique en Birmanie, Aung San Suu Kyi a été placée à l'isolement dans une prison de Naypyidaw fin juin, d'où son procès, démarré il y a plus d'un an, se poursuit à huis clos. 

De nombreuses voix dénoncent un acharnement judiciaire qui serait fondé sur des motifs politiques, avec pour but d'écarter définitivement la fille du héros de l'indépendance, grande gagnante des élections de 2015 et de 2020. 

Plusieurs de ses proches ont été condamnés à de lourdes peines. Un ancien député de son parti condamné à mort, Phyo Zeya Thaw, a été exécuté fin juillet. 

"Ces simulacres de procès contre elle et ses alliés ne peuvent pas être pris au sérieux, malgré le vernis judiciaire", a réagi un porte-parole d'Amnesty International. 

Pas d'expulsion « pour le moment » de Kubota 

"L'armée birmane empile fausse accusation sur fausse accusation sur Aung San Suu Kyi, dans le cadre d'une campagne plus large pour enfermer et réduire au silence tous les opposants", a poursuivi l'ONG de défense des droits humains. 

La junte se défend de ces accusations et promet même d'ouvrir des négociations avec Aung San Suu Kyi une fois son procès terminé. 

Depuis le coup d'Etat qui a fait plonger le pays dans un conflit sanglant, plus de 2 300 civils ont été tués par les forces de sécurité, selon le décompte d'une ONG locale. La junte, qui accuse ses adversaires, en compte plus de 3 900. 

Kubota est le cinquième journaliste étranger depuis le coup d'Etat militaire du 1er février 2021 à avoir été arrêté par la junte, après les Américains Danny Fenster et Nathan Maung, le Polonais Robert Bociaga et le Japonais Yuki Kitazumi, qui ont tous fini par être libérés et expulsés. 

Avant que le verdict ne soit annoncé, le porte-parole de la junte Zaw Min Tun a indiqué que Kubota "n'allait pas être expulsé pour le moment", sans donner de détails. 

Aung San Suu Kyi reste une figure populaire en Birmanie, même si son image internationale a été écornée par son incapacité à défendre la minorité musulmane des Rohingyas, victimes d'exactions de l'armée en 2016 et 2017 - un "génocide" selon Washington. 


Indonésie: 54 blessés dans une explosion d'origine inconnue près d'une école à Jakarta, selon la police

 Au moins 54 personnes ont été blessées vendredi à la suite d'une explosion près d'une école à Jakarta, la capitale indonésienne, a déclaré le chef de la police locale, Asep Edi Suheri, sans donner d'éléments sur l'origine du sinistre. (AFP)
Au moins 54 personnes ont été blessées vendredi à la suite d'une explosion près d'une école à Jakarta, la capitale indonésienne, a déclaré le chef de la police locale, Asep Edi Suheri, sans donner d'éléments sur l'origine du sinistre. (AFP)
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  • "Selon les premières données, quelque 54 personnes sont touchées. Certaines ont des blessures mineures, d'autres modérées et certaines ont déjà quitté l'hôpital", a déclaré M. Asep, cité sur la chaîne Kompas TV
  • L'explosion s'est produite "à proximité" d'un lycée, a-t-il précisé, ajoutant que la police avait bouclé le périmètre

JAKARTA: Au moins 54 personnes ont été blessées vendredi à la suite d'une explosion près d'une école à Jakarta, la capitale indonésienne, a déclaré le chef de la police locale, Asep Edi Suheri, sans donner d'éléments sur l'origine du sinistre.

"Selon les premières données, quelque 54 personnes sont touchées. Certaines ont des blessures mineures, d'autres modérées et certaines ont déjà quitté l'hôpital", a déclaré M. Asep, cité sur la chaîne Kompas TV.

L'explosion s'est produite "à proximité" d'un lycée, a-t-il précisé, ajoutant que la police avait bouclé le périmètre.

La police "procède aux constatations sur la scène de crime", a déclaré M. Asep, précisant qu'une équipe de déminage de la police de Jakarta était sur place afin de déterminer la cause de l'explosion.

Des postes de secours ont été établis dans deux hôpitaux pour aider les familles à retrouver les victimes blessées, a-t-il également indiqué.

Une enquête est en cours pour déterminer la cause de l'explosion, a ajouté M. Asep. "Nous sommes en train de mener les investigations car cet incident vient de se produire", a-t-il expliqué.


Au moins neuf morts dans l'accident d'un avion-cargo aux États-Unis

Au moins neuf personnes sont mortes dans l'accident d'un avion-cargo qui s'est écrasé mardi peu après son décollage de Louisville, dans le centre-est des Etats-Unis, a annoncé mercredi le gouverneur du Kentucky. (AFP)
Au moins neuf personnes sont mortes dans l'accident d'un avion-cargo qui s'est écrasé mardi peu après son décollage de Louisville, dans le centre-est des Etats-Unis, a annoncé mercredi le gouverneur du Kentucky. (AFP)
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  • "Kentucky, d'autres nouvelles déchirantes nous parviennent de Louisville. Le nombre de victimes s'élève désormais à au moins 9, et pourrait encore augmenter. En ce moment, ces familles ont besoin de prières, d'amour et de soutien"
  • L'accident a également fait au moins 11 blessés. Le gouverneur de l'Etat tiendra une conférence de presse à 11H30, heure locale (16H30 GMT)

WASHINGTON: Au moins neuf personnes sont mortes dans l'accident d'un avion-cargo qui s'est écrasé mardi peu après son décollage de Louisville, dans le centre-est des Etats-Unis, a annoncé mercredi le gouverneur du Kentucky.

"Kentucky, d'autres nouvelles déchirantes nous parviennent de Louisville. Le nombre de victimes s'élève désormais à au moins 9, et pourrait encore augmenter. En ce moment, ces familles ont besoin de prières, d'amour et de soutien", a écrit sur X le gouverneur de l'Etat, Andy Beshear.

L'accident a également fait au moins 11 blessés. Le gouverneur de l'Etat tiendra une conférence de presse à 11H30, heure locale (16H30 GMT).

Le vol UPS 2976, qui devait rejoindre Hawaï, "s'est écrasé vers 17H15 heure locale" (22H15 GMT) mardi, selon le régulateur américain de l'aviation, la FAA. L'appareil était un McDonnell Douglas MD-11.

L'avion avait "trois membres d'équipage à son bord", a déclaré dans un communiqué le transporteur UPS, dont le siège de la division aérienne est installé à Louisville.

L'appareil aurait percuté "de manière assez directe" une installation de recyclage de pétrole, a précisé le gouverneur.

Une vidéo amateur partagée par la chaîne locale WLKY montre le moteur gauche de l'avion en feu tandis que l'appareil rase le sol en tentant de décoller de la piste, avant visiblement d'exploser plus loin, provoquant un large panache de fumée noire.

L'appareil a terminé sa course à près de 5 km de l'aéroport, selon la police.

Des images aériennes de télévisions locales montraient aussi, peu après le crash, un large brasier s'étalant sur plusieurs centaines de mètres de long dans une zone de hangars et de parkings, avec les gyrophares des équipes de secours à proximité.

Les vols, annulés mardi soir, ont été rétablis à l'aéroport international Mohamed-Ali de Louisville, a annoncé mercredi matin sur X le maire de la ville, Craig Greenberg.

UPS a annoncé mercredi via un communiqué suspendre toutes les opérations de tri des colis sur place, pour la deuxième journée consécutive.

Louisville sert de principal hub aérien américain pour UPS, selon une fiche d'information de l'entreprise.

Paralysie budgétaire 

Les enquêteurs de l'Agence américaine de sécurité des transports (NTSB) doivent arriver mercredi sur place.

L'accident de mardi intervient au moment où les conséquences de la paralysie budgétaire, due à un désaccord entre républicains et démocrates au Congrès, se font particulièrement ressentir dans le domaine du transport aérien.

Depuis plusieurs semaines, des pénuries de contrôleurs aériens - qui travaillent depuis le 1er octobre sans être payés - entraînent retards et annulations de vols à travers le pays.

Si la paralysie budgétaire se prolonge au-delà de cette semaine, l'espace aérien américain pourrait même être partiellement fermé, a mis en garde mardi le ministre des Transports, Sean Duffy.

UPS Airlines, la division aérienne du groupe américain de messagerie et de livraison de colis, opérait début septembre une flotte d'environ 500 avions de transport de marchandises, dont 27 MD-11, l'appareil impliqué dans l'accident de mardi.

Le dernier accident aérien majeur aux Etats-Unis s'est produit le 29 janvier dernier à proximité de l'aéroport Ronald-Reagan de Washington, quand un hélicoptère militaire est entré en collision avec un avion de ligne sur le point d'atterrir, tuant 67 personnes au total.


Mamdani élu maire de New York, soirée de revers pour Trump

Le socialiste Zohran Mamdani a remporté mardi la mairie de New York au terme d'une soirée d'élections locales dans lesquelles Donald Trump a essuyé plusieurs revers, un message de défiance à un an des élections de mi-mandat. (AFP)
Le socialiste Zohran Mamdani a remporté mardi la mairie de New York au terme d'une soirée d'élections locales dans lesquelles Donald Trump a essuyé plusieurs revers, un message de défiance à un an des élections de mi-mandat. (AFP)
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  • L'élu local de 34 ans, opposant résolu au président américain, a largement devancé son principal adversaire, l'ancien gouverneur de l'Etat, le centriste Andrew Cuomo, selon les projections de plusieurs médias
  • Zohran Mamdani deviendra le 1er janvier le premier maire musulman de la plus grande ville des Etats-Unis

NEW YORK: Le socialiste Zohran Mamdani a remporté mardi la mairie de New York au terme d'une soirée d'élections locales dans lesquelles Donald Trump a essuyé plusieurs revers, un message de défiance à un an des élections de mi-mandat.

L'élu local de 34 ans, opposant résolu au président américain, a largement devancé son principal adversaire, l'ancien gouverneur de l'Etat, le centriste Andrew Cuomo, selon les projections de plusieurs médias.

Zohran Mamdani deviendra le 1er janvier le premier maire musulman de la plus grande ville des Etats-Unis.

Sa victoire a été accueillie par des cris de joie et parfois les larmes de ses partisans réunis dans une grande salle rococo des années 1920 du centre de Brooklyn.

"En cette période d'obscurité politique, New York sera la lumière", leur a lancé le jeune élu, ajoutant que la ville pouvait "montrer à une nation trahie par Donald Trump comment le vaincre".

L'ancien président démocrate Bill Clinton, dont M. Cuomo a fait partie de l'administration, a souhaité au vainqueur de "transformer l'élan de (sa) campagne" pour construire "un New York meilleur, plus juste et plus abordable".

"L'avenir s'annonce un peu meilleur", a commenté pour sa part Barack Obama, évoquant les différentes victoires démocrates de la soirée.

Participation record 

Donald Trump, qui a fait de Zohran Mamdani l'une de ses nouvelles bêtes noires, a lui aussi rapidement réagi. Dans un message publié sur son réseau Truth Social, il a cité des "sondeurs" anonymes affirmant que les défaites républicaines étaient dues à la paralysie budgétaire -- le  "shutdown" -- et au fait que son propre nom ne figurait pas sur les bulletins de vote.

Plus tôt dans la journée, il avait appelé les électeurs juifs à faire barrage au candidat, militant de la cause palestinienne. En réponse, Zohran Mamdani s'est de nouveau engagé, dans son discours de victoire, à "bâtir une mairie qui (...) ne faiblira pas dans la lutte contre le fléau de l'antisémitisme".

Vainqueur surprise de la primaire démocrate en juin, l'élu du Queens à l'Assemblée de l'Etat de New York n'a jamais, depuis lors, quitté la tête des sondages, même après le retrait de la course du maire sortant Eric Adams, qui a également appelé à le battre en ralliant Andrew Cuomo.

Signe de l'engouement pour le scrutin, avant la fermeture des bureaux de vote à 21H00, plus de deux millions d'électeurs s'étaient rendus aux urnes, la plus importante participation depuis près de 60 ans.

Né en Ouganda dans une famille d'intellectuels d'origine indienne, arrivé aux Etats-Unis à sept ans et naturalisé en 2018, Zohran Mamdani a fait de la lutte contre la vie chère le coeur de sa campagne.

Si Donald Trump l'a qualifié de "communiste", ses propositions -- encadrement des loyers, bus et crèches gratuits -- relèvent plutôt de la social-démocratie.

Autres victoires démocrates 

Très populaire auprès des jeunes, le futur maire a également ramené à lui de nombreuses personnes qui s'étaient éloignées de la politique, "des électeurs frustrés par le status quo, en quête de nouvelles personnalités", selon le politologue Costas Panagopoulos.

"Si Zohran Mamdani devient maire, Trump n'en fera qu'une bouchée", a prédit Andrew Cuomo avant le verdict mardi, insistant, comme il l'a fait durant toute la campagne, sur l'inexpérience de son adversaire.

Plusieurs fois, le président républicain a promis de mettre des bâtons dans les roues du jeune candidat démocrate s'il était élu, en s'opposant au besoin au versement de certaines subventions fédérales à la ville.

Voisin de New York, l'Etat du New Jersey a choisi la démocrate Mikie Sherrill contre l'homme d'affaires républicain Jack Ciattarelli. L'Etat a longtemps été considéré comme un bastion démocrate. Mais à la dernière présidentielle, Donald Trump y avait considérablement réduit l'écart.

Plus au sud sur la côte est, la Virginie a élu la première femme à sa tête, la démocrate Abigail Spanberger, battant la républicaine Winsome Earle-Sears.

Enfin, les Californiens ont approuvé un texte visant à redécouper leur carte électorale en faveur des démocrates, qui cherchent à compenser ce qu'ont fait au Texas les républicains sous la pression de Donald Trump.