Dans le Midwest, une année «catastrophique» pour les récoltes après des mois sans pluie

Autour du Golfe du Mexique, de nombreuses régions comptent actuellement environ 100 jours par an à cette température, mais devraient en dénombrer plus de 120 en 2053. (Photo, AFP)
Autour du Golfe du Mexique, de nombreuses régions comptent actuellement environ 100 jours par an à cette température, mais devraient en dénombrer plus de 120 en 2053. (Photo, AFP)
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Publié le Dimanche 23 octobre 2022

Dans le Midwest, une année «catastrophique» pour les récoltes après des mois sans pluie

  • Si l'Ouest américain est en situation de stress hydrique depuis plusieurs années, il faut remonter à 2012 pour trouver trace d'un épisode similaire dans le Midwest
  • La sécheresse a affecté les trois cultures majeures aux Etats-Unis, à savoir blé, maïs et soja, pour lesquels le ministère de l'Agriculture (USDA) a dû récemment revoir en baisse sensible ses prévisions de rendement

NEW YORK : Rendements en chute libre, champs volontairement non moissonnés, la sécheresse qui prive le Midwest américain de pluie depuis des mois coûte cher aux fermiers, dans une région agricole essentielle pour le pays.

Sur les 1.600 hectares environ de la ferme Tucker, à Venango (Nebraska), «on n'a pu en moissonner que 200 à peu près» cette année, explique Rachel Tucker. Du blé, essentiellement, «mais une bonne partie du reste a grillé au soleil».

La sécheresse a aussi attiré les sauterelles, qui menaçaient de s'en prendre aux fleurs que cultivent aussi les Tucker. L'agricultrice a acheté des mantes religieuses pour s'en débarrasser, avec succès.

Si l'Ouest américain est en situation de stress hydrique depuis plusieurs années, il faut remonter à 2012 pour trouver trace d'un épisode similaire dans le Midwest.

«C'est pire» qu'il y a dix ans, assure Rachel Tucker. Son mari, dont le grand-père cultivait déjà ces terres, dit que cela n'a pas été «si mauvais depuis les années 30».

Même son de cloche un peu plus au sud, à Scott City, dans l'ouest du Kansas.

«Je parlais à des fermiers plus âgés ce matin. Des septuagénaires, des octogénaires. Et ils disaient qu'ils n'avaient jamais rien vu de pareil. Donc c'est assez catastrophique», résume Marc Ramsey, dont la famille plante et récolte ici depuis près de 100 ans.

Le paysan n'a pas vu de précipitations significatives depuis la dernière semaine de juillet. «Cinq centimètres de pluie», dit-il, «c'est tout ce que nous avons eu cette année».

«C'est ce qui est peut-être un peu différent des années 2010, 2011 et 2012», estime Rex Buchanan, de la Commission géologique du Kansas. «Il semble que quand la pluie s'arrête, elle s'arrête complètement».

- «Garder le moral» -

La sécheresse a affecté les trois cultures majeures aux Etats-Unis, à savoir blé, maïs et soja, pour lesquels le ministère de l'Agriculture (USDA) a dû récemment revoir en baisse sensible ses prévisions de rendement, en moyenne nationale.

Dans le Midwest, outre Kansas et Nebraska, le Dakota du Sud a aussi été particulièrement touché.

Ces trois Etats assurent, en temps ordinaire, un tiers de la production américaine de blé d'hiver et un quart du maïs, dont la récolte bat son plein actuellement.

Environ 30% des terres de Marc Ramsey sont irriguées. Ces parcelles ont fait mieux que le reste, comme le seul champ des Tucker qui en bénéficie. Mais certaines n'ont donné que 5 tonnes de maïs à l'hectare, alors qu'elles en produisent habituellement plus du double.

Depuis que le Kansas s'est mis à la culture massive du maïs, dans les années 1960 et 1970, «il y a eu une réduction assez spectaculaire (de l'aquifère) dans l'ouest» de l'Etat, situe Rex Buchanan.

Dans certaines zones, «ils ont vraiment du mal. Ils ont vu des puits s'assécher. Il a fallu revenir à l'agriculture sèche», soit sans irrigation.

Les droits de pompage sont strictement limités et, selon le géologue, par endroits, des fermiers se sont entendus sur une utilisation plus raisonnée des eaux souterraines, quitte à tirer 10% ou 20% de moins que permis.

Marc Ramsey, comme les Tucker, est couvert par une assurance récolte qui indemnise les pertes exceptionnelles.

Mais le fermier prévient néanmoins qu'un épisode comme celui de 2022 tend à augmenter les primes, qui étaient déjà en phase ascendante du fait de la hausse des cours des matières premières. L'indemnisation «couvre les coûts de production, donc on sera là l'an prochain, pour essayer de nouveau», dit-il.

Mais la terre n'a pas pu se recharger en eau, comme elle le fait habituellement avec les pluies d'automne.

Dès lors, l'humidité des sols «va être un sujet de préoccupation cet hiver et au printemps», donc pour la prochaine récolte, «si les conditions ne changent pas», annonce Brian Fuchs, climatologue au Centre national de gestion de la sécheresse, rattaché à l'université Nebraska-Lincoln.

Le sujet du réchauffement de la planète, considéré comme très politique et polémique aux Etats-Unis, est souvent évité.

«Les gens ont conscience du changement climatique, c'est clair», affirme malgré tout Rex Buchanan.

«Les années comme celle-ci, on s'inquiète pour le taux de suicide» chez les exploitants agricoles, confie Rachel Tucker. «J'espère que tout le monde va garder le moral et l'espoir pour l'an prochain».


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
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  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.