L'escape game, d'une passion geek à un business professionnalisé

Un décor Escape Game (fournie)
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Publié le Dimanche 13 novembre 2022

L'escape game, d'une passion geek à un business professionnalisé

  • L'escape game, ce jeu de rôle à base d'énigmes à résoudre en un temps limité, est devenu un business professionnalisé et franchisé, dans des salles truffées de technologies
  • Le directeur de la franchise Escape Hunt attribue cette tendance à la multiplication des structures et au développement d'autres types de loisirs en intérieur

PARIS : Autrefois aventure de geeks passionnés lancée de façon artisanale, l'escape game, ce jeu de rôle à base d'énigmes à résoudre en un temps limité, est devenu un business professionnalisé et franchisé, dans des salles truffées de technologies.

Parmi les mandragores en pot et les livres anciens, deux joueurs essayent depuis bientôt une heure de venir à bout d'une plante mutante qui menace d'envahir Paris. «Champignon, nain, carotte !», crie Florence Morin, 42 ans, espérant que ce code permettra à son équipe de sortir victorieuse de cette serre tropicale.

En réalité, aucun risque d'apocalypse planétaire: il s'agit d'un escape game, ou «jeu d'évasion», une aventure à huis-clos où les participants affrontent énigmes et manipulations à accomplir en une heure chrono.

Derrière l'écran de son moniteur, le «game master» (meneur de jeu), Redouane Touin, contrôle leur destin.

«Le logiciel nous informe de leur progression dans les différentes énigmes et nous propose si besoin d'ajouter du temps ou des indices», explique cet employé d'Escape Hunt, dans le 2e arrondissement de Paris.

- La fin des cadenas -

Là où quelques cadenas et codes dans une petite salle suffisaient encore en 2015, «il y a aujourd'hui davantage d'investissements dans les décors et les mécanismes, avec des jeux beaucoup plus automatisés contenant de l'électronique, des capteurs, des effets spéciaux, voire des acteurs», détaille Benoît Bouthinon, responsable du réseau France à Escape Hunt, qui réunit une dizaine d'établissements.

Les surfaces de jeux sont également plus importantes, afin d'accueillir des entreprises ou des familles.

Le directeur de la franchise Escape Hunt attribue cette tendance à la multiplication des structures et au développement d'autres types de loisirs en intérieur : «On est en concurrence avec des salles de réalité virtuelle, de lancer de hache, de karaoké...»

Les Français ont dépensé plus de 7,7 milliards d'euros dans des activités privées sportives et de loisirs en 2018, selon une étude de 2019 du cabinet Xerfi. Le même rapport prévoyait une croissance annuelle moyenne de 21% en 2021 sur le seul secteur des «escape rooms», après un +67% en 2018, année durant laquelle le phénomène a pris de l’ampleur en France.

La France comptait 14 enseignes d'escape game fin 2014, elles sont désormais 871 dont un quart de franchises et totalisent 2.523 salles, d'après le compte tenu par le site Escape-game.fr. Entre 2018, pic de la création de nouveaux établissements, et 2021, leur nombre a quasiment doublé, même s'il a désormais tendance à stagner, voire à diminuer légèrement en 2022.

«L'escape game a pour réputation de ne pas être le secteur le plus concurrentiel du marché, puisqu'il est impossible de rejouer deux fois la même salle: entre escape, on s'envoie très souvent les joueurs», souligne Rémi Prieur, du site Escape-game.fr.

Près de la moitié des salles sont installées en centre-ville, environ 39% dans des zones commerciales et le reste dans des zones rurales ou des sites touristiques, selon une étude du concepteur de jeu de piste et d'escape game Les Francs Limiers.

Certaines enseignes s'insèrent dans des complexes de loisirs regroupant plusieurs activités, comme Escape Lab, qui inclut des espaces de séminaires et de réception et huit escape game sur un immeuble entier à Paris.

- Franchisés ou indépendants -

Il en coûte en moyenne entre 20 et 30 euros par personne et par partie.

«Un établissement va pouvoir générer entre 5.000 et 10.000 euros de chiffre d'affaires par salle par mois», explique Tarek Moutawakkil, qui gère deux salles franchisées Escape Hunt à Bordeaux. Ce chiffre peut grimper à 100.000 euros pour une salle parisienne, selon lui.

Mettre en place une nouvelle salle coûte entre 15.000 et 50.000 euros, détaille celui qui réalise ses propres décors ou fait appel à une entreprise spécialisée dans les décors de cinéma.

Jennifer Roy, qui a lancé Esc'Ape près d'Orléans en 2015, en a plutôt pour «15-20.000 euros» pour installer une salle. «Je fais tout moi-même», explique cette indépendante (comme encore trois enseignes sur quatre).

Une maison hantée, un saloon, un laboratoire de scientifique fou… Jennifer Roy chine ses meubles et s'en inspire pour inventer ses concepts.

«Je suis libre de créer ce que je veux quand je veux, c'est le principal», se réjouit-elle.


La fête de la musique sous le signe du dialogue culturel franco-saoudien

Du 20 au 26 juin 2025, la Fête de la Musique résonnera dans trois grandes villes d’Arabie saoudite : Riyad, Khobar et Djeddah. (Photo Fournie)
Du 20 au 26 juin 2025, la Fête de la Musique résonnera dans trois grandes villes d’Arabie saoudite : Riyad, Khobar et Djeddah. (Photo Fournie)
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  • Née en France en 1982, la Fête de la Musique s’est imposée comme un événement planétaire célébré dans plus de 120 pays.
  • L’édition 2025 proposera une programmation riche et éclectique, reflet de la vitalité des scènes française et saoudienne contemporaines.

RIYAD : Du 20 au 26 juin 2025, la Fête de la Musique résonnera dans trois grandes villes d’Arabie saoudite : Riyad, Khobar et Djeddah. À l’initiative de l’ambassade de France, en collaboration avec l’Alliance française, Saudi Music Hub, Unstable, Hayy Jameel et MDL Beast, une série d’événements musicaux viendra marquer ce rendez-vous culturel international devenu emblématique.

Née en France en 1982, la Fête de la Musique s’est imposée comme un événement planétaire célébré dans plus de 120 pays. Fidèle à son principe fondateur, elle vise à rendre la musique accessible à tous gratuitement. Elle reste, cette année encore, un puissant vecteur de dialogue culturel. En Arabie saoudite, cette célébration musicale prend une dimension particulière, s’inscrivant dans un contexte de renouveau artistique et d’ouverture culturelle, en pleine résonance avec les objectifs de Vision 2030.

L’édition 2025 proposera une programmation riche et éclectique, reflet de la vitalité des scènes française et saoudienne contemporaines. Des artistes français seront présents, comme Karimouche, figure singulière du spoken word et de la chanson engagée, ou DJ SÔNGE, productrice électro aux univers immersifs et afro-futuristes.

Ces artistes partageront la scène avec des talents saoudiens tels que Kosh, beatmaker fusionnant rythmes traditionnels et basses électroniques, ou Seera, jeune espoir de la scène folk locale. Plusieurs artistes émergents, sélectionnés avec soin en collaboration avec les partenaires saoudiens, viendront compléter cette mosaïque sonore.

Chacune des villes participantes offrira une atmosphère unique. Riyad ouvrira le bal le 20 juin avec une nuit musicale au Unstable, lieu hybride emblématique de la scène urbaine saoudienne. Le 21 juin, Khobar prendra le relais au Saudi Music Hub, un espace dédié à la formation musicale, pour une soirée plus intimiste. Enfin, Djeddah clôturera cette semaine de célébration les 25 et 26 juin, au cœur du centre culturel Hayy Jameel, avec deux concerts présentés par des artistes féminines marquantes.

Au-delà des concerts, ces rencontres musicales seront l'occasion de moments de partage, de découvertes et d'échanges, favorisant la création de liens entre artistes et publics des deux pays. En soutenant la circulation des talents et la coopération artistique, la France réaffirme son engagement en faveur de la diversité culturelle et du dialogue entre les sociétés.

La Fête de la Musique 2025 est ainsi bien plus qu’un simple rendez-vous festif : elle est le symbole vivant d’une amitié en construction, portée par des sons, des voix et des émotions partagées.


La bibliothèque Jadal est une oasis culturelle dans la province orientale de l'Arabie saoudite

Ali Al-Herz (photo) a transformé sa maison en une bibliothèque contenant plus de 37 000 livres. (Photo Fournie)
Ali Al-Herz (photo) a transformé sa maison en une bibliothèque contenant plus de 37 000 livres. (Photo Fournie)
Ali Al-Herz (photo) a transformé sa maison en une bibliothèque contenant plus de 37 000 livres. (Photo Fournie)
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  • Ali Al-Herz a transformé sa maison en une bibliothèque contenant plus de 37 000 livres, offrant aux visiteurs un espace où la mémoire, la philosophie et la culture prennent vie.
  • adal n'est pas seulement une bibliothèque, c'est bien plus que cela. C'est un musée à explorer, un espace philosophique propice à la réflexion et un rempart contre l'oubli des histoires culturelles importantes.

DHAHRAN : Dans le village tranquille d'Umm Al-Hamam, situé dans la province orientale de l'Arabie saoudite, une passion de longue date pour les livres s'est transformée en un havre culturel.

Ali Al-Herz, bibliophile et archiviste littéraire, a transformé sa maison en une bibliothèque d'exception nommée Jadal, un véritable trésor contenant plus de 37 000 livres, plus de 100 000 journaux et magazines, ainsi que des antiquités, dont certaines datent de plus d'un siècle.

Mais Jadal n'est pas seulement une bibliothèque, c'est bien plus que cela. C'est un musée à explorer, un espace philosophique propice à la réflexion et un rempart contre l'oubli des histoires culturelles importantes.

Al-Herz a déclaré à Arab News : « Depuis ma naissance, j'ai été entouré des livres de ma mère. J'ai grandi immergé dans cette passion, à tel point qu'elle m'a complètement envahi ; je suis devenu un rat de bibliothèque. »

L'étincelle qui a tout déclenché a été la rencontre d'Al-Herz avec l'épopée Sirat Antar à l'âge de 13 ans. « À partir de cette épopée, et à travers elle, j'ai commencé à explorer d'autres mondes », a-t-il déclaré. 

C'est cette curiosité et cette fascination qui ont finalement conduit Al-Herz à créer l'une des initiatives les plus originales du royaume d'Arabie saoudite.

Le nom « Jadal » signifie « débat » ou « discussion » en arabe, reflétant l'esprit curieux de la bibliothèque. Pour Al-Herz, l'objectif n'est pas seulement de préserver les textes, mais aussi l'idée de questionner et d'explorer les idées.

Al-Herz a déclaré : « J'ai choisi ce nom pour la bibliothèque, car il est profondément ancré dans l'histoire philosophique de la Grèce antique, ainsi que dans notre propre tradition culturelle arabo-islamique, en particulier dans notre héritage religieux. »

L'atmosphère philosophique imprègne les trois salles principales, nommées d'après Socrate, Platon et Aristote, qui accueillent les visiteurs dans un univers dédié à la lecture et à la réflexion. 

Des manuscrits rares, des textes anciens, des journaux et des antiquités ont été soigneusement archivés. Chaque pièce est un murmure du passé qui s'adresse à l'avenir. 

Al-Herz explique : « Même mon intérêt récent pour l'achat de livres s'est principalement orienté vers les éditions rares et les imprimés anciens, afin de créer une harmonie entre patrimoine et modernité. »

Mais Jadal ne se laisse pas envahir par la nostalgie, car Al-Herz organise toutes les deux semaines une réunion littéraire. Cet événement fait revivre une tradition qui était autrefois importante dans la vie intellectuelle des Arabes.

C'est un environnement où écrivains, universitaires et penseurs se réunissent autour d'un café arabe pour échanger des idées dans une atmosphère animée. 

À une époque où les gens recherchent des informations instantanées en ligne, Al-Herz continue d'utiliser des méthodes traditionnelles. « Il y a une lutte permanente entre deux générations », observe-t-il. « La victoire reviendra finalement à cette dernière génération, une fois que ma génération aura disparu. Les bibliothèques papier seront alors transformées en musées. »

Il a peut-être raison, mais pour l'instant, au cœur de la campagne de Qatif, la bibliothèque Jadal continue d'exister, et c'est un lieu où l'encre, la mémoire, le débat et le patrimoine continuent de façonner l'âme culturelle du Royaume. 

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com 


Amin Maalouf apporte un soutien inattendu aux langues régionales

Cette photographie montre la façade de l'Institut de France avant la présentation de la 9e édition du Dictionnaire de l'Académie française, qui est le dictionnaire officiel de la langue française, à Paris, le 14 novembre 2024. (Photo de Ludovic MARIN / POOL / AFP)
Cette photographie montre la façade de l'Institut de France avant la présentation de la 9e édition du Dictionnaire de l'Académie française, qui est le dictionnaire officiel de la langue française, à Paris, le 14 novembre 2024. (Photo de Ludovic MARIN / POOL / AFP)
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  • Ce dernier a écrit au Premier ministre François Bayrou et à la ministre de l'Éducation nationale, Elisabeth Borne, pour leur proposer un corpus d'œuvres en langues régionales destiné aux professeurs,
  • Le Collectif pour les littératures en langues régionales a constitué, avec l'aide de spécialistes, un recueil intitulé Florilangues, comprenant 32 textes en langue originale.

PARIS : Une initiative d'un collectif visant à enseigner le patrimoine littéraire dans les langues régionales de France a reçu lundi  un soutien inattendu : celui du secrétaire perpétuel de l'Académie française, Amin Maalouf.

M. Maalouf, écrivain franco-libanais, a été élu en 2023 à la tête d'une institution dont la mission est de veiller au rayonnement et à l'intégrité de la langue française.

Toutefois, il soutient la démarche du Collectif pour les littératures en langues régionales, qui suggère un enseignement de ce type au collège ou au lycée, a indiqué ce collectif à l'AFP.

Ce dernier a écrit au Premier ministre François Bayrou et à la ministre de l'Éducation nationale, Elisabeth Borne, pour leur proposer un corpus d'œuvres en langues régionales destiné aux professeurs, afin de sensibiliser à la « richesse de la production littéraire » dans d'autres langues que le français. 

« M. Maalouf, comme nous, est convaincu qu'il est nécessaire que les élèves français découvrent ces trésors culturels », écrit ce collectif à M. Bayrou, qui parle lui-même le béarnais.

Le Collectif pour les littératures en langues régionales a constitué, avec l'aide de spécialistes, un recueil intitulé Florilangues, comprenant 32 textes en langue originale (de l'alsacien au tahitien, en passant par le basque ou le corse), traduits en français.

On y trouve entre autres un poème en provençal de Frédéric Mistral (prix Nobel de littérature en 1904) intitulé Mirèio, une chronique en breton de Pierre-Jakez Hélias intitulée Bugale ar Republik, un court récit en créole martiniquais de Raphaël Confiant intitulé Bitako-a, ainsi qu'une chanson en picard d'Alexandre Desrousseaux intitulée Canchon dormoire (plus connue sous le nom de P'tit Quinquin).

« Il ne s'agit pas de donner des cours de langues régionales, mais de présenter des œuvres issues des littératures en langues régionales, que ce soit en français ou en version bilingue », précise le collectif.

Idéalement, selon lui, les élèves aborderaient des langues issues d'autres régions que la leur. « Pourquoi seuls les élèves antillais apprendraient-ils qu'il existe une littérature en créole ? », demande ce collectif, qui présente son initiative à la presse lors d'une visioconférence lundi après-midi.