Kazakhstan: le président Tokaïev réélu sans concurrence après une année noire

Des membres d'une commission électorale locale vident une urne en comptant les votes dans un bureau de vote après l'élection présidentielle du Kazakhstan à Astana le 20 novembre 2022. (Photo de Vyacheslav OSELEDKO / AFP)
Des membres d'une commission électorale locale vident une urne en comptant les votes dans un bureau de vote après l'élection présidentielle du Kazakhstan à Astana le 20 novembre 2022. (Photo de Vyacheslav OSELEDKO / AFP)
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Publié le Lundi 21 novembre 2022

Kazakhstan: le président Tokaïev réélu sans concurrence après une année noire

  • Selon les résultats préliminaires publiés lundi par la Commission électorale, cet homme de 69 ans arrivé au pouvoir en 2019 a obtenu 81,31% des voix
  • Comme attendu, ses cinq opposants ont fait de la figuration, aucun d'entre eux ne dépassant les 3,42%

ALMATY: Le dirigeant du Kazakhstan, Kassym-Jomart Tokaïev, a été réélu lors d'une élection présidentielle sans concurrence, confirmant son statut de nouvel homme fort du plus grand pays d'Asie centrale, qui a traversé une année noire.

Selon les résultats préliminaires publiés lundi par la Commission électorale, cet homme de 69 ans arrivé au pouvoir en 2019 a obtenu 81,31% des voix et la participation s'est élevée à 69,44% lors du scrutin dimanche.

Comme attendu, ses cinq opposants ont fait de la figuration, aucun d'entre eux ne dépassant les 3,42%. Le vote "contre tous", nouveauté de ce scrutin, a séduit 5,8% des électeurs, arrivant en deuxième position.

Les observateurs internationaux de l'Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE) ont regretté lundi l'"absence de véritable concurrence" lors de la campagne, appelant le gouvernement à des "réformes".

Situé au carrefour d'importantes routes commerciales et riche en ressources naturelles, le Kazakhstan a plongé dans le chaos en janvier lorsque des manifestations contre la vie chère ont dégénéré en émeutes, avant d'être brutalement réprimées. Bilan: 238 morts.

Le pays reste traumatisé par cette crise et, signe que les tensions persistent, les autorités avaient annoncé quelques jours avant le scrutin avoir arrêté sept partisans d'un opposant en exil, accusés de fomenter un "coup d'Etat".

Poutine félicite Tokaïev pour sa réélection "convaincante"

Le président russe Vladimir Poutine a salué lundi la victoire de son homologue kazakh Kassym-Jomart Tokaïev, réélu la veille dans ce pays d'Asie centrale, allié traditionnel de Moscou mais qui a pris certaines distances depuis l'offensive en Ukraine.

"Vous avez reçu une preuve de confiance convaincante de vos compatriotes", a salué M. Poutine, cité dans un communiqué du Kremlin, assurant que le "partenariat stratégique" et l'alliance entre Astana et Moscou "progressaient avec un succès remarquable".

"Je vous souhaite, cher Kassym-Jomart Kemelevitch, plein de succès, une santé solide et la prospérité", a ajouté Vladimir Poutine.

Allié traditionnel de Moscou, le pouvoir kazakh a reçu l'aide en janvier d'un contingent militaire russe envoyé au Kazakhstan alors que la capitale économique, Almaty, était secouée par des émeutes meurtrières.

Malgré cette aide décisive, Kassym-Jomart Tokaïev a pris une certaine distance avec Moscou après l'offensive du Kremlin en Ukraine fin février.

En juin, M. Tokaïev a notamment publiquement critiqué son homologue russe lors d'un forum à Saint-Pétersbourg, où il s'est prononcé contre la reconnaissance des territoires séparatistes prorusses de l'Est de l'Ukraine.

Lors de ce forum, Vladimir Poutine avait lui à de nombreuses reprises écorché le patronyme du président kazakh en s'adressant à lui, signe, selon certains observateurs, d'une volonté de déstabiliser, voire de ridiculiser Kassym-Jomart Tokaïev.

«Nouvelle ère»

Dans la nuit dimanche à lundi, M. Tokaïev, qui avait obtenu près de 71% des voix en 2019, a appelé à l'"unité" pour réaliser le programme d'une réforme constitutionnelle en juin.

"Cette élection ouvre une nouvelle ère et toutes les principales institutions du pouvoir seront réformées", a-t-il promis.

Il a répété son attachement aux réformes économiques et à la "fin du monopole au pouvoir", comme l'a connu le Kazakhstan durant les trois décennies du règne autoritaire de son prédécesseur, Noursoultan Nazarbaïev, démissionnaire en 2019.

Le président-candidat avait fait campagne en portant son projet visant à créer un "Nouveau Kazakhstan" plus juste et moins inégalitaire. Mais les difficultés économiques persistent, tout comme les réflexes autoritaires.

M. Tokaïev, qui a fourbi ses premières armes en tant que diplomate soviétique, est devenu à l'indépendance un homme-clé du régime Nazarbaïev.

Alors qu'il était considéré comme l'homme de main de son prédécesseur, le président kazakh a officiellement entrepris de couper le cordon à la faveur des émeutes de janvier, se muant en dirigeant implacable en faisant tirer sur les émeutiers en janvier et en arrêtant des proches du clan Nazarbaïev.

Ce qui n'a pas empêché M. Nazarbaïev de saluer la réélection de son successeur, une "preuve incontestable de la foi inébranlable du peuple dans (ses) réformes".

Selon le Kremlin, M. Tokaïev a aussi reçu les félicitations de Vladimir Poutine pour sa victoire "convaincante", au moment où les relations traversent des turbulences, le Kazakhstan désapprouvant l'invasion de l'Ukraine par la Russie.

Selon la présidence kazakhe, M. Tokaïev a également été félicité par le dirigeant chinois Xi Jinping, qui s'est dit prêt à "ouvrir une nouvelle étape du partenariat stratégique" sino- kazakh, à l'heure où Pékin veut renforcer son influence en Asie centrale.

«Restriction des libertés»

Si l'issue de ce scrutin était cousue de fil blanc, un léger suspens planait quant au résultat de M. Tokaïev, pur produit de l'époque soviétique qui se veut l'homme du renouveau.

Mais ce "Nouveau Kazakhstan" que M. Tokaïev appelle de ses voeux, notamment via la fin d'un régime superprésidentiel, a du mal à se débarrasser de ses réflexes autoritaires.

A l'image de cette élection dans la droite ligne de l'époque Nazarbaïev, qui avait récolté 98% des voix en 2015, le paysage politique reste désert et l'opposition muselée par la pression des autorités.

Et les observateurs de l'OSCE ont pointé du doigt la "restriction des libertés fondamentales, limitant l'espace pour les voix critiques"

En dépit de ce score écrasant et de l'absence de concurrence, M. Tokaïev a estimé que cette campagne avait été "équitable et ouverte".

A l'inverse de l'appréciation de l'OSCE, pour qui les "conditions d'éligibilité excessivement restrictives limitent de façon déraisonnable le droit des citoyens à se présenter aux élections".

Et dimanche, l'AFP a vu plusieurs votants se prendre en photo devant des bureaux de vote, nombre d'électeurs invoquant l'"obligation" de montrer lundi la photo à leur employeur.


Trump impose des restrictions d'entrée à sept autres pays et aux Palestiniens

Des personnes arrivent à l'aéroport international John F. Kennedy de New York, le 9 juin 2025. (AFP)
Des personnes arrivent à l'aéroport international John F. Kennedy de New York, le 9 juin 2025. (AFP)
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  • Donald Trump élargit les interdictions d’entrée aux États-Unis à sept pays supplémentaires, dont la Syrie, et inclut les Palestiniens munis de documents de l’Autorité palestinienne
  • La Maison Blanche invoque la sécurité nationale, tout en prévoyant des exceptions limitées, dans le cadre d’un durcissement général de la politique migratoire

WASHINGTON: Donald Trump a étendu mardi les interdictions d'entrée aux Etats-Unis aux ressortissants de sept pays, dont la Syrie, ainsi qu'aux Palestiniens.

Le président américain a signé une proclamation "restreignant et limitant davantage l'entrée des ressortissants étrangers afin de protéger la sécurité des Etats-Unis", a indiqué la Maison Blanche.

Les nouveaux pays concernés par cette mesure sont le Burkina Faso, le Niger, le Mali, le Soudan du Sud et la Syrie, tandis que le Laos et la Sierra Leone passent de restrictions partielles à totales.

Les Palestiniens disposant de documents de voyage émis par l'Autorité palestinienne sont également visés.

L'administration Trump avait déjà imposé des restrictions totales visant les ressortissants de douze pays et des dizaines d'autres pays se sont vus imposer des restrictions partielles.

S'agissant de la Syrie, la mesure intervient quelques jours après une attaque meurtrière contre des soldats américains dans le centre de ce pays.

L'administration Trump dit avoir identifié des pays où les vérifications sont "tellement insuffisantes qu'elles justifiaient une suspension totale ou partielle de l'admission des ressortissants de ces pays".

La proclamation prévoit cependant des exceptions pour les résidents permanents légaux, les titulaires de visas existants, certaines catégories de visas comme les athlètes et les diplomates, et les personnes dont "l'entrée sert les intérêts nationaux des Etats-Unis".

Depuis son retour au pouvoir en janvier, Donald Trump mène une vaste campagne contre l'immigration illégale et a considérablement durci les conditions d'entrée aux Etats-Unis et l'octroi de visas, arguant de la protection de la sécurité nationale.

Ces mesures visent ainsi à interdire l'entrée sur le territoire américain aux étrangers qui "ont l'intention de menacer" les Américains, selon la Maison Blanche.

De même, pour les étrangers qui "pourraient nuire à la culture, au gouvernement, aux institutions ou aux principes fondateurs" des Etats-Unis.

Le président américain s'en est récemment pris avec virulence aux Somaliens, disant qu'il "ne voulait pas d'eux chez nous".

En juin, il avait annoncé des interdictions d'entrée sur le territoire américain aux ressortissants de douze pays, principalement en Afrique et au Moyen-Orient (Afghanistan, Birmanie, Tchad, Congo-Brazzaville, Guinée équatoriale, Erythrée, Haïti, Iran, Libye, Somalie, Soudan, Yémen).

En revanche, le Turkménistan, pays qui figure parmi les plus reclus au monde, se voit accorder un satisfécit, la Maison Blanche évoquant mardi des "progrès significatifs" dans cet Etat d'Asie centrale.

Du coup, les ressortissants de ce pays pourront à nouveau obtenir des visas américains, mais uniquement en tant que non-immigrants.

Lors de son premier mandat (2017-2021), Donald Trump s'en était pris de façon similaire à certains pays, ciblant principalement des pays musulmans.


Australie: la communauté juive, bouleversée et en colère, enterre «le Rabbin de Bondi»

Dans un pays considéré depuis longtemps comme un refuge, et qui abrite environ 2.500 survivants de la Shoah, le massacre de dimanche a instillé le doute quant à la politique de Canberra contre l'antisémitisme. (AFP)
Dans un pays considéré depuis longtemps comme un refuge, et qui abrite environ 2.500 survivants de la Shoah, le massacre de dimanche a instillé le doute quant à la politique de Canberra contre l'antisémitisme. (AFP)
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  • Celui qui était connu sous le nom de "Rabbin de Bondi" a été abattu dimanche sur la plage du même nom, lors de l'attentat le plus meurtrier en Australie depuis des décennies
  • Les proches et les membres de la communauté ont laissé échapper des sanglots quand le corbillard transportant le corps de M. Schlanger, 41 ans, est arrivé et que son cercueil, recouvert d'un velours noir orné de l'étoile de David, a été déposé

SYDNEY: Dans une synagogue bondée, emplie de cris et de larmes, la communauté juive de Sydney traumatisée a rendu hommage mercredi au rabbin Eli Schlanger, première victime de l'attentat antisémite de la plage de Bondi a être mise en terre.

Celui qui était connu sous le nom de "Rabbin de Bondi" a été abattu dimanche sur la plage du même nom, lors de l'attentat le plus meurtrier en Australie depuis des décennies.

Les proches et les membres de la communauté ont laissé échapper des sanglots quand le corbillard transportant le corps de M. Schlanger, 41 ans, est arrivé et que son cercueil, recouvert d'un velours noir orné de l'étoile de David, a été déposé.

David Deitz, homme d'affaires de 69 ans, qui connaissait M. Schlanger "depuis très, très longtemps", explique à l'AFP que le rabbin a eu "une influence positive sur beaucoup de gens".

"C'est un choc pour l'Australie de voir un tel événement se produire ici. Ce n'est pas dans la nature des Australiens", poursuit-il.

Une forte présence sécuritaire a été mobilisée lors des obsèques, avec des policiers alignés dans la rue fermée au public.

Dans un pays considéré depuis longtemps comme un refuge, et qui abrite environ 2.500 survivants de la Shoah, le massacre de dimanche a instillé le doute quant à la politique de Canberra contre l'antisémitisme.

En 2021, le nombre de juifs australiens était estimé à 117.000.

"Ils auraient pu nous écouter" 

Jillian Segal, la responsable de la lutte contre l'antisémitisme en Australie, a fustigé cette semaine des préjugés antijuifs "qui s’insinuent dans la société depuis de nombreuses années et contre lesquels nous ne nous sommes pas suffisamment élevés".

Mme Segal a été la première nommée à ce poste après une série d'attaques antisémites à Melbourne et à Sydney, au début de la guerre d'Israël dans la bande de Gaza.

Au cours des 12 mois suivant l’attaque du Hamas en Israel du 7 octobre 2023 qui a déclenché cette guerre, les incidents de nature antisémite en Australie ont augmenté de 316%, dépassant les 2.000, dit-elle.

"Nous devrions pouvoir être qui nous sommes sans avoir peur", a déclaré Brett Ackerman, un analyste de données âgé de 37 ans.

La colère gagne certains membres de la communauté qui estiment que leur cri d'alarme face à la montée de l'antisémitisme depuis le 7-Octobre n'a pas été pris en compte.

"Ils auraient pu nous écouter" se désole M. Ackerman. Pour lui, l'attaque n'était "pas une surprise".

A côté de lui, le rabbin Yossi Friedman acquiesce. "Le message était clair depuis un peu plus de deux ans", soutient-il. "Est-ce que nous nous sentons en sécurité? Pour être honnête, pas vraiment."

"Nous pensions être en sécurité. Nos grands-parents et arrière-grands-parents étaient des survivants de la Shoah, et beaucoup d’entre eux sont venus ici pour échapper à la haine et au sang versé, aux pogroms, à la persécution (...) et c'est ce qu'on retrouve ici", observe-t-il.

"Problème de société"

Le Premier ministre Anthony Albanese a dénoncé l'attaque de Bondi comme un acte terroriste antisémite de "pure méchanceté" perpétré par des hommes inspirés par l’idéologie jihadiste du groupe État islamique.

Mais il a rejeté les critiques selon lesquelles son gouvernement n'avait pas réagi suffisamment à l'appel de Mme Segal.

Le Premier ministre a souligné que son gouvernement avait pénalisé les discours de haine et interdit le salut nazi et les symboles haineux, entre autres.

Depuis la fusillade, M. Albanese mène une initiative conjointe entre le gouvernement central et les Etats d'Australie en faveur d’un contrôle plus strict des armes à feu. L'assaillant le plus âgé possédait six armes dûment enregistrées.

Mais pour l'écrivain Danny Gingef, 66 ans, "la réforme des armes à feu est une diversion totale par rapport au vrai problème, qui est la haine, il faut identifier la haine là où elle commence".

Au départ du cercueil, les spectateurs ont entonné des chants en hébreu. Submergés par l’émotion, certains se sont effondrés dans les bras de leurs proches, à peine capables de tenir debout.

"Je sens que ces dernières années, les Juifs ont été en état d’alerte maximale", dit M. Gingef. Il se sent triste et en colère, et fait référence aux "marches de la haine" où il a vu des manifestants porter des drapeaux du Hezbollah.

Pour lui, il n’y a pas "beaucoup plus que nous puissions faire" sans le soutien des autorités et d’autres groupes.

"L’antisémitisme n’est pas un problème que les Juifs doivent résoudre, c’est un problème de société".

lec-oho/mjw/lgo/alh/pt

 


La BBC va "se défendre" face à la plainte en diffamation à 10 milliards de dollars de Trump

Des personnes empruntent l'entrée des bureaux de la chaîne britannique BBC à Londres en fin d'après-midi, le 11 novembre 2025. (AFP)
Des personnes empruntent l'entrée des bureaux de la chaîne britannique BBC à Londres en fin d'après-midi, le 11 novembre 2025. (AFP)
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  • Donald Trump poursuit la BBC pour diffamation et pratiques trompeuses, réclamant jusqu’à 10 milliards $ après un montage contesté de son discours du 6 janvier 2021
  • L’affaire secoue l’audiovisuel public britannique : démissions à la tête de la BBC, lettre d’excuses envoyée à Trump, et réexamen annoncé de la charte royale

LONDRES: La BBC a assuré mardi qu'elle allait "se défendre" contre la plainte en diffamation du président américain Donald Trump, qui réclame 10 milliards de dollars au groupe audiovisuel public britannique pour un montage vidéo contesté de l'un de ses discours.

La plainte, déposée lundi devant un tribunal fédéral à Miami par le président américain et consultée par l'AFP, demande "des dommages et intérêts d'un montant minimum de 5 milliards de dollars" pour chacun des deux chefs d'accusation: diffamation et violation d'une loi de Floride sur les pratiques commerciales trompeuses et déloyales.

"Ils ont littéralement mis des mots dans ma bouche", s'est plaint le milliardaire de 79 ans, lundi devant la presse.

"Nous allons nous défendre dans cette affaire", a répondu un porte-parole de la BBC mardi matin, sans faire davantage de commentaire sur la procédure.

Le groupe audiovisuel britannique, dont l'audience et la réputation dépassent les frontières du Royaume-Uni, est dans la tourmente depuis des révélations sur son magazine phare d'information "Panorama".

Ce dernier a diffusé, juste avant la présidentielle américaine de 2024, des extraits distincts d'un discours de Donald Trump du 6 janvier 2021, montés de telle façon que le républicain semble appeler explicitement ses partisans à attaquer le Capitole à Washington.

Des centaines de ses partisans, chauffés à blanc par ses accusations sans fondement de fraude électorale, avaient pris d'assaut ce jour-là le sanctuaire de la démocratie américaine, pour tenter d'y empêcher la certification de la victoire de son adversaire démocrate Joe Biden.

"La BBC, autrefois respectée et aujourd'hui discréditée, a diffamé le président Trump en modifiant intentionnellement, malicieusement et de manière trompeuse son discours dans le but flagrant d'interférer dans l'élection présidentielle de 2024", a dénoncé lundi un porte-parole des avocats du républicain contacté par l'AFP.

"La BBC a depuis longtemps l'habitude de tromper son public dans sa couverture du président Trump, au service de son programme politique de gauche", a-t-il ajouté.

- Lettre d'excuses -

Au Royaume-Uni, la controverse a relancé le brûlant débat sur le fonctionnement de l'audiovisuel public et son impartialité, alors que le groupe a déjà été bousculé ces dernières années par plusieurs polémiques et scandales.

L'affaire a poussé à la démission son directeur général Tim Davie et la patronne de BBC News Deborah Turness.

Le président de la BBC Samir Shah a pour sa part envoyé une lettre d'excuses à Donald Trump et la BBC a indiqué "regretter sincèrement la façon dont les images ont été montées" mais contesté "fermement qu'il y ait une base légale pour une plainte en diffamation".

Le groupe audiovisuel a "été très clair sur le fait qu'il n'y a pas matière à répondre à l'accusation de M. Trump en ce qui concerne la diffamation. Je pense qu'il est juste que la BBC reste ferme sur ce point", a soutenu mardi matin le secrétaire d'Etat britannique à la Santé Stephen Kinnock, sur Sky News.

Le gouvernement a également annoncé mardi le début du réexamen de la charte royale de la BBC, un processus qui a lieu tous les dix ans, pour éventuellement faire évoluer sa gouvernance, son financement ou ses obligations envers le public britannique.

La plainte de Donald Trump estime que, malgré ses excuses, la BBC "n'a manifesté ni véritables remords pour ses agissements ni entrepris de réformes institutionnelles significatives afin d'empêcher de futurs abus journalistiques".

Le président américain a lancé ou menacé de lancer des plaintes contre plusieurs groupes de médias aux Etats-Unis, dont certains ont dû verser d'importantes sommes pour mettre fin aux poursuites.

Depuis son retour au pouvoir, il a fait entrer à la Maison Blanche de nombreux créateurs de contenus et influenceurs qui lui sont favorables, tout en multipliant les insultes contre des journalistes issus de médias traditionnels.

L'un de ces nouveaux venus invités par le gouvernement Trump est la chaîne conservatrice britannique GB News, proche du chef du parti anti-immigration Reform UK, Nigel Farage.