Les jouets malgré tout, dans un Noël sous inflation

Des motocyclistes, déguisés en Père Noël, distribuent des cadeaux aux enfants du CHU Pellegrin de Bordeaux lors du "Noël des motards de Bordeaux", à Bordeaux, dans le sud-ouest de la France, le 10 décembre 2022. (AFP).
Des motocyclistes, déguisés en Père Noël, distribuent des cadeaux aux enfants du CHU Pellegrin de Bordeaux lors du "Noël des motards de Bordeaux", à Bordeaux, dans le sud-ouest de la France, le 10 décembre 2022. (AFP).
Short Url
Publié le Lundi 12 décembre 2022

Les jouets malgré tout, dans un Noël sous inflation

  • Lors de la semaine du Black Friday fin novembre, les ventes de jouets ont bondi de 31% par rapport à la semaine précédente
  • «En temps de crise, on a toujours privilégié les enfants, le Père Noël ne connaît pas la crise, il ne connaît pas l'inflation», estime Franck Mathais, porte-parole de JouéClub

PARIS : Ne pas priver les enfants, tout en recherchant les bonnes affaires: le pied du sapin devrait rester bien garni à Noël malgré l'inflation, les Français ne renonçant pas à la joie d'offrir des cadeaux.

"Les parents vont bien entendu acheter des cadeaux pour leurs enfants comme chaque année. Mais ils recherchent des promotions cette année encore plus que d'habitude", résume Frédérique Tutt, analyste monde pour NPD, cabinet qui fait référence pour le marché des jouets. "L'inflation va peser à la marge".

Lors de la semaine du Black Friday fin novembre, les ventes de jouets ont bondi de 31% par rapport à la semaine précédente, précise-t-elle à l'AFP.

"En temps de crise, on a toujours privilégié les enfants, le Père Noël ne connaît pas la crise, il ne connaît pas l'inflation", estime Franck Mathais, porte-parole de JouéClub.

Il affirme que le niveau de dépenses par client "est stable par rapport à l'an dernier, pour l'instant on n'a pas d'effet d'inflation". L'enseigne aux 290 magasins affirme avoir "limité la hausse des prix à 3,6%" contre 6,7% sur le marché: "pour un jouet de 30 euros ça fait 1,10 euro, ce n'est pas cela qui va changer la donne".

"Noël, c'est voir son enfant avec les yeux qui pétillent", renchérit Philippe Gueydon, directeur général de King Jouet (330 points de vente), qui table sur une "stabilité des ventes, mais en euros, et donc une baisse en quantité: il devrait y avoir un tout petit peu moins de jouets sous le sapin, les gens ne vont pas diviser par deux leurs achats mais sans doute arbitrer un peu différemment", selon lui.

Plus de sept Français sur dix envisagent de réduire leurs dépenses pour les fêtes de fin d'année "sur au moins un poste de dépenses par rapport à 2021. Même s'ils sont moins concernés, les cadeaux pour les enfants ne sont pas épargnés", selon une enquête du Crédoc (Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie) réalisée auprès de 3 000 personnes.

Un tiers des personnes interrogées envisagent de réduire leurs dépenses en cadeaux pour enfants par rapport à 2021, particulièrement dans les catégories des ouvriers et employés ainsi que chez les 30-59 ans.

Recycler 100 000 tonnes de jouets par an en France: le lourd défi du secteur

Comment recycler ou réemployer les 100 000 tonnes de jouets jetés chaque année en France? Le défi est d'ampleur pour le secteur qui commence tout juste à collecter poupées, figurines et jeux cassés ou délaissés, majoritairement composés de plastique.

"On part de loin, mais c'est une vraie opportunité pour initier un cercle vertueux, accélérer certaines pratiques existantes et arriver à mieux maîtriser la vie des jouets", juge Philippe Gueydon, président de la Fédération des Commerces spécialistes des jouets et des produits de l'enfant.

Tout comme les articles de sport et le bricolage, les jouets sont devenus en janvier dernier une filière à "Responsabilité élargie du producteur" (REP). Sur ce principe du "pollueur-payeur", fabricants, importateurs et distributeurs commenceront en janvier 2023 à payer une écoparticipation pour chaque jouet introduit en France: 23 millions d'euros devraient ainsi être récoltés l'an prochain.

"Grosso modo, on a 100 000 tonnes de déchets au rebut" chaque année. "La moitié se retrouve dans les ordures ménagères, environ 45% est collecté en déchetteries publiques et moins de 5% est réemployé", résume à l'AFP Dominique Mignon, présidente d'EcoMaison (ex-Eco-Mobilier), organisme qui a été agréé par l'Etat pour prendre en charge la collecte, le réemploi et le recyclage des jeux et jouets.

"Particularité" par rapport à d'autres produits, "entre 72% et 75% des jouets sont composés de plastique, avec plusieurs types de résine; 20% de papier-carton et 10% de bois. Mais tous ces matériaux se recyclent parfaitement dès lors qu'on les trie", met en avant Mme Mignon.

En 2023, la priorité sera donnée à la mise en place de 6 000 points de collecte sur le territoire - déchetteries, associations, écoles, magasins de jouets - et à une campagne de communication pour "dire aux Français d'arrêter de jeter leurs jouets à la poubelle et (plutôt) de les amener dans un point de collecte pour être réemployés s'ils ne sont pas abimés outre mesure - et sinon de les porter en déchetterie".

Un des objectifs majeurs de la filière est d'optimiser le réemploi (via le don ou la revente) des jouets, en le triplant d'ici 2027 grâce à l'implication d'associations partenaires.

Plus de plastique recyclé

S'ils ne sont pas récupérables, les jouets en plastique seront séparés par type de résine utilisée puis "micronisés" afin de pouvoir être réinjectés dans de nouveaux produits: "les fabricants de jouets sont très intéressés par le fait d'étudier dès 2023 ce plastique recyclé, dans les jeux de plein air notamment", souligne Dominique Mignon.

Les matières plastiques recyclées sont encore peu présentes dans les jouets, en raison de leur aspect terne et donc peu ludique, mais aussi pour leur solidité souvent moindre alors que les normes de sécurité sont particulièrement exigeantes concernant les produits destinés aux enfants.

La Fédération française des industries Jouet-Puériculture, qui représente les fabricants, estime cependant que leur utilisation est "amenée à se développer".

Son directeur général Christophe Drevet évoque des "premiers pas", citant en exemples "Lego qui a présenté en 2021 sa première brique en matière recyclée, et Playmobil qui a lancé sa gamme 'Wiltopia' faite à partir de matières recyclées. En plus, avec la raréfaction de la matière (plastique issu du pétrole NDLR), c'est à la fois un choix environnemental et un choix économique" d'avoir recours à des matières premières issues du recyclage, selon lui.

Globber, fabricant de trottinettes qui en vend près de 250 000 par an en France, intégrera l'an prochain du plastique recyclé dans l'essentiel de ses modèles et vise même le 100% recyclé d'ici 2025.

"La structure d'une trottinette enfant à 3 roues est soumise à beaucoup de sollicitations mécaniques et doit supporter jusqu'à 50 kg. Les premières générations de plastiques recyclés ne répondaient pas à ces critères; depuis cette année, nous avons des matériaux qui y répondent", explique Pascal Chaillou, directeur général de la marque.

Outre le plastique recyclé, certaines trottinettes Globber intégreront, à hauteur de 10%, de la paille de blé, soit "la tige qui reste une fois que les grains sont récoltés". "C'est un 'déchet' de l'agriculture, qui en plus est robuste", souligne-t-il.

«Des baskets sur Vinted»

Pour ses achats, Julie Métayer, 45 ans, mise beaucoup sur la seconde main et les promotions: "mon fils de 14 ans voulait absolument des baskets de marque, on a trouvé le modèle qu'il voulait à moitié prix sur Vinted. Celui qui a 12 ans adore la photo, je suis tombée sur une offre Black Friday pour un appareil photo à -15%. Et pour mon plus jeune fils ce sera sûrement un vaisseau Star Wars d'occasion".

Côté tendances, les grosses franchises - Pokemon, Star Wars, Pat'Patrouille, Harry Potter ou encore Barbie - continuent de tirer le marché et "n'ont jamais été aussi fortes" avec 24% du chiffre d'affaires, souligne NPD.

Sans oublier que les jouets ne sont pas réservés aux enfants: "28% des achats, ce sont les adultes qui les font pour eux-mêmes, pendant toute l'année, contre 20% l'an dernier", indique Franck Mathais pour JouéClub.

Si pendant la pandémie les ventes avaient accéléré en ligne, les magasins ont depuis retrouvé de la vigueur et représentent plus de 70% des achats de jouets. L'offre émanant de marques françaises est elle estimée entre 15% et 20% selon les enseignes, un chiffre à diviser par deux lorsqu'on s'en tient plus strictement au Made in France ou au fabriqué français.

Une donnée reste cependant inconnue: "On n'a jamais eu de Coupe du monde de football en hiver, donc quel va être son impact" parmi les jouets au pied du sapin, via les cartes Panini ou les produits à l'effigie des Bleus? s'interroge Frédérique Tutt (NPD).

Le Mondial au Qatar se terminant le 18 décembre, "on sait que si l'équipe de France va loin on va en vendre beaucoup, mais sinon des produits vont se retrouver à -50% en rayon juste avant Noël...", indique-t-elle.

Les petites voitures, incontournables sur le marché du jouet

Ludiques, immortelles, pas chères, les petites voitures restent incontournables pour de nombreux enfants, même si elles sont de plus en plus sophistiquées et s'adressent aussi aux plus grands.

Chez Nil et Sun, 3 et 5 ans, à Paris, il y a des véhicules jusque dans la salle de bains, où l'on peut nettoyer les roues avec sa brosse à dent. Leur préféré était la voiture de police, vite remplacée par le camion-poubelle, le bus, le TGV et enfin la dépanneuse, explique la mère des deux garçons, Yulia Amosova.

"Comme beaucoup d'autres jouets, les petites voitures répliquent ce que les adultes aiment et utilisent", analyse Doris Bergen, professeure de psychologie à l'université de Miami. Et "elles peuvent procurer le même plaisir que conduire une voiture. Elles donnent l'impression aux enfants d'être puissants et de faire des choses importantes".

Nil et Sun valident l'analyse: "Leur jeu préféré c'est... les embouteillages, et klaxonner le plus fort possible", explique leur mère. "On a commencé par en acheter, puis il y a eu les cadeaux et les voitures des cousins, celles du papa, et un camion Tut Tut Bolides ramassé dans la rue. On a arrêté, on n'a plus de place".

Petit cadeau

"Le véhicule de tous les jours, c'est celui qui tient dans la poche", explique Franck Mathais, porte-parole de la chaîne de magasins JouéClub. "Ce sont des achats d’impulsion: on fait une visite au magasin, le bonhomme ou la petite fille réclame quelque chose, et on est plus enclins à faire ce petit cadeau (de quelques euros) sans discuter".

Mais à l'approche de Noël, dans les magasins de la coopérative française, ce sont surtout les garages extravagants qui trônent.

Les voitures radiocommandées constituent aussi "un très beau cadeau, avec des cascades, des capacités plus ou moins évoluées en fonction de la tranche d'âge", explique M. Mathais.

Les voitures sont un "pilier du marché des jouets" (5,7% du marché français en 2021), plus déconnectées des modes que les figurines par exemple, explique Frédérique Tutt, analyste pour le cabinet NPD.

Le marché des véhicules représentait 3,7 milliards d’euros en 2021 dans les 12 grands pays suivis par le cabinet (hors Asie). A côté des Mercedes et des Porsche, les voitures inspirées des films "Cars" de Pixar ou des jeux "Mario Kart" de Nintendo poussent aussi les ventes.

Les «kidultes»

Chez l'Américain Mattel, N°1 mondial avec les marques Matchbox (réalistes) et Hot Wheels (typées course), la catégorie des véhicules a enregistré un chiffre d'affaires record de plus de 1,2 milliard de dollars de ventes en 2021 (en hausse de 13% sur un an).

"Nous suivons constamment les tendances automobiles pour avoir des designs innovants, mais aussi pour rester fidèles à la culture automobile d'aujourd'hui", souligne Roberto Stanichi, vice-président de Hot Wheels, qui propose des Tesla dans ses collections.

Hot Wheels a annoncé début décembre une extension de sa plus grande usine, en Malaisie, qui produit déjà neuf millions de voitures par semaine et devrait bientôt compter 4.300 salariés.

"Il y a une accélération post-Covid", confirme Mathieu Humbert, chef de produit chez Majorette (propriété du géant allemand du jouet Simba Dickie).

Les voitures, fabriquées en Thaïlande, sont composées d'un alliage de métaux appelé "zamak", recouvert de peinture puis de décorations. Les normes veulent qu'elles soient assez solides pour être sévèrement maltraitées.

Les clients pourraient-ils préférer des matériaux plus durables? Il y a déjà une offre de jouets en bois, souligne Frédérique Tutt: les fabricants vont plutôt faire des efforts sur la fabrication du plastique, comme Lego, qui veut développer des biomatériaux pour le remplacer d'ici 2030, et dont l'offre de véhicules a aussi explosé.

Par ailleurs, "le marché a vraiment évolué vers un marché +kidulte+", note la directrice marketing de Majorette, Eve Wasserman. "Les jeunes adultes jusqu’à 35 ans, n’ont pas du tout honte d’acheter des jouets", penchant du côté des collectionneurs.

Dans ses deux livraisons annuelles, la marque propose de plus en plus de véhicules directement pensés pour les grands, comme un combo Volkswagen Golf I et Kombi, ou une Citroën 2CV.

Hot Wheels, de son côté, a lancé des NFT, des jetons numériques représentant ses voitures: les plus rares sont déjà proposés à la revente à plus d'un million de dollars.


Ultime vote sur le budget de la Sécurité sociale à l'Assemblée

Le Premier ministre français Sébastien Lecornu (au centre) s'exprime lors d'une déclaration gouvernementale sur la stratégie de défense nationale à l'Assemblée nationale, à Paris, le 10 décembre 2025. (AFP)
Le Premier ministre français Sébastien Lecornu (au centre) s'exprime lors d'une déclaration gouvernementale sur la stratégie de défense nationale à l'Assemblée nationale, à Paris, le 10 décembre 2025. (AFP)
Short Url
  • L’Assemblée devrait adopter définitivement le budget de la Sécurité sociale 2026, fruit de compromis, malgré une majorité introuvable et sans 49.3
  • Le budget de l’État reste très incertain : déficit visé à 5% du PIB, fortes divergences sur les recettes, CMP à haut risque

PARIS: Sauf surprise, l'Assemblée nationale devrait définitivement adopter mardi le budget de la Sécurité sociale pour 2026, un succès arraché à force de concessions par Sébastien Lecornu, qui risque toutefois de ne pas réussir le même pari pour le budget de l'Etat, à l'issue bien plus incertaine.

Alors qu'approche la date butoir du 31 décembre, l'heure est aux dernières tractations pour les parlementaires, au terme de longues semaines de débats. Tous les yeux sont désormais braqués sur le projet de loi de finances (PLF), avec des négociations décisives jusqu'au week-end.

Il y a une semaine pourtant, beaucoup doutaient d'une possible adoption du premier des deux textes budgétaires, la loi de financement de la Sécurité sociale, qui doit notamment acter la suspension de la réforme des retraites.

Pour le PS, qui a érigé cette mesure en condition de sa non-censure, l'étape doit marquer le succès de sa stratégie de négociation avec l'exécutif, à rebours du reste de la gauche. Et pour le Premier ministre, elle couronnerait au moins temporairement sa méthode du compromis.

Après un dernier passage express au Sénat vendredi, le texte revient mardi dans l'hémicycle, où les députés devront renouveler le scrutin serré de la semaine dernière (247 voix contre 234), à haut risque en l'absence de majorité et de 49.3.

Les socialistes, quoique dans l'opposition, avaient consenti à massivement voter pour. Hésitant jusqu'au dernier moment à voter contre, les Ecologistes s'étaient en majorité abstenus. Et malgré les consignes d'abstention de leur parti, 18 députés LR et 9 Horizons l'avaient soutenu.

Au gouvernement, une issue semblable est attendue mardi, même s'il "faut veiller à ce qu'il n'y ait pas de démobilisation" dans l'hémicycle, concède un ministre.

Les syndicats FO et CGT ont appelé à des rassemblements devant l'Assemblée, critiquant notamment la limitation de la durée des arrêts maladie, ou une taxe sur les mutuelles dont ils craignent la répercussion sur les cotisations.

Le texte prévoit par ailleurs la création d'un nouveau congé de naissance, ou d'un "réseau France santé" voulu par M. Lecornu pour l'accès aux soins.

Le gouvernement a vu sa copie profondément remaniée par les députés, qui ont supprimé le gel des pensions de retraite et minima sociaux, et contraint l'exécutif à renoncer à doubler les franchises médicales.

Le déficit anticipé pour la Sécurité sociale est de 19,4 milliards d'euros en 2026 (contre 23 milliards en 2025). Mais au prix de transferts de 4,5 milliards d'euros des caisses de l'Etat vers celles de la Sécu.

- Négociations députés-sénateurs -

Des transferts qui contribuent à compliquer l'équation pour le budget de l'Etat, où ils doivent être compensés.

La copie du budget de l'Etat adoptée lundi au Sénat, qui a peiné à trouver des économies significatives dans les dépenses, porterait le déficit à 5,3% du PIB. Or le gouvernement a placé l'objectif à 5%.

Une commission mixte paritaire (CMP) réunissant sept députés et sept sénateurs doit tenter de trouver un accord vendredi et possiblement samedi, une opération périlleuse au vu des divergences entre les deux chambres.

L'Assemblée avait massivement rejeté le texte en première lecture.

Les négociations avant et pendant la CMP porteront notamment sur la question des recettes, alors que les socialistes réclament des mesures de justice fiscale, quand la droite se montre intransigeante dans son refus de nouveaux prélèvements.

"Il ne pourra pas y avoir d'accord sur un budget qui augmenterait considérablement les impôts et ne réduirait pas significativement la dette", insiste le chef des Républicains Bruno Retailleau.

Même si l'ancien socle commun, majoritaire au sein de la CMP, trouve un accord, il faudra encore qu'il puisse être adopté la semaine prochaine à l'Assemblée.

Et ce alors que les socialistes promettent cette fois de s'abstenir au mieux, et les Écologistes de voter contre.

Autres possibilités: utiliser le 49.3 en s'assurant d'une non-censure dans la foulée -- comme le plaident l'ancienne Première ministre Élisabeth Borne ou l'ex-président François Hollande -- ou se résoudre à une loi spéciale, avec une reprise des négociations en janvier.

Une dernière option loin de remporter l'enthousiasme général.

"Il faut que ça s'arrête cette séquence budgétaire", estime un cadre socialiste. "On connaît toutes les données du problème. Si le compromis est possible, alors il faut qu'il ait lieu maintenant."


Le musée du Louvre resté fermé lundi en raison d'une grève

Le LNR, ou Louvre Nouvelle Renaissanc, et une rénovation à grande échelle annoncée par le président français Emmanuel Macron.  Les organisations syndicales ont ensuite été reçues au ministère de la Culture. (AFP)
Le LNR, ou Louvre Nouvelle Renaissanc, et une rénovation à grande échelle annoncée par le président français Emmanuel Macron. Les organisations syndicales ont ensuite été reçues au ministère de la Culture. (AFP)
Short Url
  • Les personnels du musée le plus visité au monde, réunis en assemblée générale, avaient voté "à l'unanimité" une grève reconductible pour dénoncer les conditions de travail et d'accueil du public
  • Plusieurs dizaines d'agents ont ensuite déployé devant la pyramide une banderole indiquant "Le Louvre en lutte pour des conditions de travail décentes, hausse des salaires, + d'effectifs contre la vétusté du palais et le projet LNR"

PARIS: Le musée du Louvre à Paris est resté fermé lundi en raison d'une "grève reconductible" de ses agents, une nouvelle épreuve pour une institution dans la tourmente depuis le spectaculaire cambriolage du 19 octobre et la mise à nu de ses dysfonctionnements.

A 9H00 (8H00 GMT), les portes du musée sont restées closes devant une file de visiteurs, puis la direction a annoncé la fermeture pour "toute la journée".

"Je suis vraiment déçu, le Louvre était la raison principale de notre venue à Paris, parce que nous voulions voir Mona Lisa", le célèbre tableau de La Joconde de Léonard de Vinci, a déclaré à l'AFP Minsoo Kim, 37, Coréen, en lune de miel.

"C'est normal qu'ils fassent grève s'ils ont besoin de meilleures conditions de travail. Bien sûr, en tant que touriste, ce n'est pas génial d'être ici et que le musée soit fermé, mais nous avons réussi à reporter notre visite, donc ça n'est pas un problème", a estimé de son côté Patricia, une touriste brésilienne qui n'a pas souhaité donner son nom.

Un peu plus tôt, les personnels du musée le plus visité au monde, réunis en assemblée générale, avaient voté "à l'unanimité" une grève reconductible pour dénoncer les conditions de travail et d'accueil du public.

Plusieurs dizaines d'agents ont ensuite déployé devant la pyramide une banderole indiquant "Le Louvre en lutte pour des conditions de travail décentes, hausse des salaires, + d'effectifs contre la vétusté du palais et le projet LNR".

Le LNR, ou Louvre Nouvelle Renaissanc, et une rénovation à grande échelle annoncée par le président français Emmanuel Macron.

Les organisations syndicales ont ensuite été reçues au ministère de la Culture.

"Nous avons eu quelques avancées en matière de rémunération, mais cela reste insuffisant et nous attendons une proposition écrite du ministère - certainement mardi - pour nous prononcer", a déclaré à l'AFP Alexis Fritche, du syndicat CFDT-Culture, à l'issue de deux heures de réunion.

Selon lui, "pas d'avancée" non plus sur les emplois: "On nous annonce 28 postes pour la surveillance, mais ils proviennent de redéploiements".

A l'issue de l'AG, le délégué du syndicat CGT Christian Galani avait rappelé que la filière accueil et surveillance avait "perdu 200 équivalents temps plein en l'espace de 15 ans, alors que la fréquentation a augmenté de moitié".

Une prochaine AG est prévue mercredi à 9H00 locales, le mardi étant le jour de fermeture hebdomadaire du Louvre.

Conflit social et réorganisation 

"On est en colère", "nous ne sommes pas d'accord avec la manière dont Le Louvre a été géré", a dit devant la presse Elise Muller, agente de surveillance du syndicat Sud Culture.

Valérie Baud, représentante CFDT, s'était félicitée d'un mouvement "interprofessionnel", regroupant métiers de la "conservation, agents d'accueil et de surveillance, professions support, juristes, graphistes".

En parallèle de ce conflit social, le musée doit faire face à une réorganisation à marche forcée et continuer de répondre aux interrogations sur les failles qui ont permis à un commando de s'emparer de huit joyaux de la Couronne, toujours introuvables.

Fragilisée, la présidente du Louvre, Laurence des Cars, devra travailler en tandem avec Philippe Jost, le haut fonctionnaire chargé du chantier de reconstruction de Notre-Dame, à qui la ministre française de la Culture Rachida Dati a confié vendredi la mission de "réorganiser en profondeur le musée".

Audition de la présidente mercredi 

"Des mesures indispensables sont à prendre, bien au-delà de la sûreté et de la sécurité", a déclaré Mme Dati.

"Toute réflexion sur l'avenir du Louvre ne saurait se limiter à une approche technico-organisationnelle", avait réagi la CFDT.

Le ministère de la Culture a précisé que la mission de M. Jost serait menée en janvier et février et que ses recommandations étaient attendues "fin février".

Des sénateurs vont par ailleurs poursuivre leur quête de réponses sur les dysfonctionnements du musée.

Mardi, ils doivent entendre pour la première fois l'ancien président du Louvre Jean-Luc Martinez, destinataire pendant son double mandat (2013-2021) de deux audits alarmants peu suivis d'effets.

Mercredi, ce sera Mme des Cars, à la tête du musée depuis fin 2021, pour comprendre notamment comment ces deux audits n'ont été découverts par l'actuelle direction qu'après le casse du 19 octobre.

 


La mère du journaliste français Christophe Gleizes a adressé une demande de grâce au président algérien

Le journaliste de 36 ans a par ailleurs formé un pourvoi en cassation contre sa condamnation pour obtenir un nouveau procès, ont fait savoir ses avocats dimanche. (AFP)
Le journaliste de 36 ans a par ailleurs formé un pourvoi en cassation contre sa condamnation pour obtenir un nouveau procès, ont fait savoir ses avocats dimanche. (AFP)
Short Url
  • Dans un communiqué publié lundi, l'association Reporters sans frontières (RSF), qui coordonne le comité de soutien de Christophe Gleizes, appuie cette demande de grâce "afin de mettre fin à une grave injustice"
  • La mère du journaliste sportif français Christophe Gleizes, condamné début décembre en Algérie à sept ans de prison ferme en appel, a transmis une demande de grâce au président algérien Abdelmadjid Tebboune, selon une lettre consultée lundi par l'AFP

PARIS: La mère du journaliste sportif français Christophe Gleizes, condamné début décembre en Algérie à sept ans de prison ferme en appel, a transmis une demande de grâce au président algérien Abdelmadjid Tebboune, selon une lettre consultée lundi par l'AFP.

"Je vous demande respectueusement de bien vouloir envisager de gracier Christophe, afin qu'il puisse retrouver sa liberté et sa famille", écrit Sylvie Godard dans cette missive du 10 décembre, assurant faire appel à la "haute bienveillance" du président algérien.

Le journaliste de 36 ans a par ailleurs formé un pourvoi en cassation contre sa condamnation pour obtenir un nouveau procès, ont fait savoir ses avocats dimanche.

Collaborateur des magazines français So Foot et Society, Christophe Gleizes a été arrêté le 28 mai 2024 en Algérie où il s'était rendu pour un reportage sur le club de football le plus titré du pays, la Jeunesse Sportive de Kabylie (JSK), basé à Tizi-Ouzou, à 100 kilomètres à l'est d'Alger.

Le 3 décembre 2025, la Cour d'appel de Tizi-Ouzou a confirmé sa condamnation à sept ans de prison pour "apologie du terrorisme". La justice algérienne lui reproche des contacts avec des personnes liées au mouvement séparatiste MAK (Mouvement pour l'autodétermination de la Kabylie), classé terroriste en Algérie.

"La confirmation de la condamnation à sept années de prison ferme a été pour Christophe, comme pour moi et ma famille, un choc immense", indique Mme Godard dans sa lettre au chef de l'État algérien, qu'elle dit écrire "avec gravité et une profonde émotion".

"Cette sentence nous est incompréhensible au regard des faits et du parcours de mon fils", développe-t-elle. "Nulle part dans aucun de ses écrits vous ne trouverez trace d'un quelconque propos hostile à l'Algérie et à son peuple."

Deux jours après la décision en appel, le président français Emmanuel Macron avait jugé "excessif" et "injuste" le jugement prononcé contre Christophe Gleizes, se disant déterminé à trouver "une issue favorable".

"Grave injustice" 

Dans un communiqué publié lundi, l'association Reporters sans frontières (RSF), qui coordonne le comité de soutien de Christophe Gleizes, appuie cette demande de grâce "afin de mettre fin à une grave injustice".

"Nous appelons désormais les autorités algériennes à prendre rapidement la seule décision possible dans ce dossier : libérer Christophe et lui permettre de retrouver les siens le plus rapidement possible", détaille Thibaut Bruttin, directeur général de l'association, cité dans le communiqué.

M. Gleizes est actuellement le seul journaliste français en détention à l'étranger.

Sa condamnation en première instance en juin 2025 avait été prononcée au pic d'une grave crise diplomatique entre la France et l'Algérie, marquée notamment par le retrait des deux ambassadeurs et des expulsions réciproques de diplomates.

Mais les relations bilatérales avaient semblé en voie d'apaisement après l'octroi d'une grâce et la libération par Alger de l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, le 12 novembre

Selon son avocat français Emmanuel Daoud, Christophe Gleizes a, parallèlement au recours en grâce et au pourvoi en cassation, la possibilité d'adresser une demande de mise en liberté à la Cour Suprême, qui peut s'accompagner "d'une demande d'aménagement de sa peine".

"Il est aussi très important, psychologiquement, pour Christophe, de contester toute culpabilité car, comme il l'a dit à la Cour, il n'a fait que son métier et n'a, en aucune façon, enfreint la déontologie journalistique", assure l'avocat, cité dans le communiqué publié lundi.