Incidents du Stade de France: Un rapport indépendant fustige l'UEFA et les autorités

Dans cette photo prise le 28 mai 2022, les supporters de Liverpool se tiennent à l'extérieur, incapables d'entrer à temps, ce qui a retardé le match de la finale de l'UEFA Champions League entre Liverpool et le Real Madrid au Stade de France (Photo, AFP).
Dans cette photo prise le 28 mai 2022, les supporters de Liverpool se tiennent à l'extérieur, incapables d'entrer à temps, ce qui a retardé le match de la finale de l'UEFA Champions League entre Liverpool et le Real Madrid au Stade de France (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 14 février 2023

Incidents du Stade de France: Un rapport indépendant fustige l'UEFA et les autorités

  • L'instance européenne «porte la responsabilité première des échecs qui ont quasiment mené au désastre» en mai dernier au Stade de France, a conclu lundi un groupe d'experts
  • Le rapport épingle aussi la Préfecture de police et la Fédération française de football (FFF), à qui l'UEFA avait délégué certains aspects organisationnels

PARIS: L'UEFA et sa "responsabilité première" dans les dysfonctionnements, la police et ses "idées fausses" sur les supporters anglais... Le fiasco sécuritaire de la finale de Ligue des champions 2022 au Stade de France a accouché lundi d'un rapport au vitriol, au terme d'une enquête indépendante.

L'instance européenne, organisatrice de la finale de l'épreuve reine du vieux continent, "porte la responsabilité première des échecs qui ont quasiment mené au désastre" en mai dernier au Stade de France, a conclu lundi un groupe d'experts dans son rapport, au point que l'UEFA a réitéré ses excuses dans la foulée.

Attente interminable, supporters et familles aspergés de gaz lacrymogènes ou victimes de vols... Le dispositif de maintien de l'ordre lors de cette finale de la Ligue des champions avait donné lieu le 28 mai 2022 à des scènes de chaos à Saint-Denis, provoquant une vive polémique en France et en Angleterre.

Le rapport épingle aussi la Préfecture de police et la Fédération française de football (FFF), à qui l'UEFA avait délégué certains aspects organisationnels après le retrait de la tenue du match à Saint-Pétersbourg, en raison de l'invasion russe de l'Ukraine, et sa réattribution en urgence à la France.

"Même s'il était raisonnable de déléguer les questions de sécurité à d'autres, en premier lieu la FFF et de renvoyer à (...) la Préfecture de police pour les questions de maintien de l'ordre, il ne s'ensuit pas que l'UEFA soit absoute de sa responsabilité. L'UEFA jouait un rôle central dans l'organisation de l'événement et elle aurait dû surveiller, superviser et contribuer aux mesures de sécurité", font valoir les experts.

L'UEFA réitère ses excuses

"Les autres parties prenantes ont commis des manquements qui ont contribué (aux incidents) mais l'UEFA était aux commandes" lors de cette finale Liverpool-Real Madrid, insistent-ils, critiquant la coordination insuffisante entre toutes les parties prenantes.

La confédération européenne a aussitôt réitéré ses "excuses" aux supporters, promettant de prendre en compte les nombreuses recommandations formulées par les experts et d'introduire "les changements appropriés".

"Au nom de l'UEFA, je voudrais présenter très sincèrement nos excuses, une nouvelle fois, à tous ceux qui ont été impliqués dans les incidents", a déclaré son secrétaire général Theodore Theodoridis, cité dans un communiqué. "En particulier, je voudrais présenter nos excuses aux supporters de Liverpool pour ce qu'ils ont vécu", a-t-il ajouté.

La FFF, elle, est critiquée par les experts pour son "rôle clé" dans l'organisation de l'événement, en temps que fédération hôte. Le rapport fait état de "failles de communication" en lien avec la Préfecture de police sur la question des transports, rapidement à l'origine de goulets d'étranglement à l'arrivée des supporters.

"Ces failles n'auraient pas dû survenir. Et quand elles ont été détectées, la FFF aurait dû les rendre prioritaires", pointent les experts.

L'usage de gaz lacrymogènes critiqué

Le rapport indépendant fustige enfin la mauvaise réaction des forces de sécurité françaises, faisant valoir que l'usage par la police de gaz lacrymogènes et de sprays au poivre n'avait "pas sa place dans une fête du football".

Les experts de ce rapport, dirigé par l'ancien ministre portugais de l'Éducation, de la Jeunesse et des Sports, Tiago Brandao Rodrigues, se sont dits "éberlués" que le schéma de maintien de l'ordre du match ait pu être influencé par l'image de supporters de Liverpool assimilés à des hooligans, une "idée fausse inexplicable".

"L'approche sécuritaire (...) a été basée, de manière inappropriée, sur la supposition que les supporters de Liverpool puissent poser une menace significative à l'ordre public", notent-ils encore.

Contacté par l'AFP, le ministère de l'Intérieur n'a pas fait de commentaire.

Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin avait initialement incriminé les supporters britanniques aux nombreux billets falsifiés selon lui, avant que le préfet Didier Lallement n'admette s'être "peut-être trompé" sur leur nombre, reconnaissant un "échec".

Les experts indépendants mandatés par l'UEFA ont pour leur part conclu lundi qu'il n'y avait "aucune preuve d'un nombre anormalement large de supporters sans billets ou avec des billets invalides", fustigeant les chiffres des autorités, "faussement gonflés et exagérés", et suggérant que cette exagération ait pu avoir pour objet de "détourner la responsabilité des échecs opérationnels".

Un rapport gouvernemental, de son côté, avait également pointé des dysfonctionnements policiers et organisationnels, au terme de cet épisode qui a écorné l'image de la France à l'approche des Jeux olympiques de 2024 à Paris.


Metz: un forcené tué par balles, un policier touché à la main

Un homme "menaçant", détenteur de plusieurs armes à feu, a succombé à des blessures par balles lundi à Metz après un échange de coups de feu avec la police, tandis qu'un agent a été blessé, a annoncé le parquet. (AFP)
Un homme "menaçant", détenteur de plusieurs armes à feu, a succombé à des blessures par balles lundi à Metz après un échange de coups de feu avec la police, tandis qu'un agent a été blessé, a annoncé le parquet. (AFP)
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  • Alors que les forces de l'ordre interviennent, "l'homme est retranché chez lui et refuse de se rendre à la police", a poursuivi M. Grosdidier
  • Un peu avant 3H00, l'homme, installé au premier étage, "faisait feu depuis sa fenêtre sur la patrouille située dans la rue", a indiqué dans un communiqué le procureur de la République adjoint de Metz, Thomas Bernard

STRASBOURG: Un homme "menaçant", détenteur de plusieurs armes à feu, a succombé à des blessures par balles lundi à Metz après un échange de coups de feu avec la police, tandis qu'un agent a été blessé, a annoncé le parquet.

Les faits ont commencé dimanche soir dans une rue très passante de la vieille ville de Metz. "Vers 22h00, un individu menace depuis sa fenêtre, avec une arme à canon long, un passant", a rapporté le maire François Grosdidier sur sa page Facebook.

Alors que les forces de l'ordre interviennent, "l'homme est retranché chez lui et refuse de se rendre à la police", a poursuivi M. Grosdidier.

Un peu avant 3H00, l'homme, installé au premier étage, "faisait feu depuis sa fenêtre sur la patrouille située dans la rue", a indiqué dans un communiqué le procureur de la République adjoint de Metz, Thomas Bernard.

"Il sortait alors de son studio, tenant dans chaque main un revolver, et faisait feu sur les policiers présents dans le couloir", a-t-il ajouté. "Un policier était blessé à une main, tandis qu'un de ses collègues tirait à trois reprises, touchant l'individu à l'abdomen et au bras".

L'homme de 56 ans a été hospitalisé mais est décédé lundi matin. "Son casier judiciaire porte trace de neuf condamnations", selon M. Bernard.

Le policier blessé a également été hospitalisé.

L'homme détenait "plusieurs armes, de poing et d'épaule, dans son appartement", selon le maire qui a salué l'intervention des forces de l'ordre.


Tourisme en France : entre recherche de soleil, contraintes budgétaires et destinations alternatives

Cette photo prise le 22 mars 2024 montre un bateau navette naviguant sur la Garonne alors que l'église Saint-Louis-des-Chartrons (à gauche) surplombe les quais de Bordeaux, dans le sud-ouest de la France. Bordeaux accueillera certains des tournois de football des Jeux olympiques de Paris 2024 l'été prochain. (AFP)
Cette photo prise le 22 mars 2024 montre un bateau navette naviguant sur la Garonne alors que l'église Saint-Louis-des-Chartrons (à gauche) surplombe les quais de Bordeaux, dans le sud-ouest de la France. Bordeaux accueillera certains des tournois de football des Jeux olympiques de Paris 2024 l'été prochain. (AFP)
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  • les Français semblent partager la même priorité : partir en vacances sans trop grever leur budget.
  • L’ensoleillement demeure un facteur clé dans les choix de destination. Les zones méditerranéennes continuent de séduire, au détriment des régions plus tempérées

RIYAD : Alors que l'été 2025 se profile, les Français semblent partager la même priorité : partir en vacances sans trop grever leur budget. Si 61 % d’entre eux envisagent de prendre quelques jours de congé, selon un sondage OpinionWay pour Liligo, leur comportement de consommation évolue. Pour la première fois en cinq ans, le budget moyen baisse de 74 euros par personne.

L’ensoleillement demeure un facteur clé dans les choix de destination. Les zones méditerranéennes continuent de séduire, au détriment des régions plus tempérées comme la Bretagne, la Normandie ou le nord de la France. Cette tendance s’explique notamment par deux étés précédents jugés peu cléments sur le plan météorologique, ce qui dissuade certains vacanciers de s'y rendre à nouveau.

Dans les établissements touristiques du Grand Ouest, les professionnels constatent un recul des séjours d'une semaine, compensé par une légère hausse des courts séjours (2 à 6 nuits). Les réservations de dernière minute restent fréquentes et très dépendantes des prévisions météorologiques du dimanche soir.

Confrontés à une inflation persistante et à des inquiétudes concernant leur pouvoir d’achat, les Français adaptent leurs comportements. Ils réduisent leurs dépenses dans les restaurants, les commerces ou les activités annexes, et sont plus prudents dans la planification de leurs séjours. Les formules « tout compris », jugées plus économiques et prévisibles, rencontrent un succès croissant.

Selon le cabinet Pro tourisme, les prix des hébergements touristiques ont grimpé de 27 % en quatre ans. Dans ce contexte, les territoires proposant des tarifs plus accessibles, comme l’intérieur des terres ou les destinations proches des grandes agglomérations comme l’Eure, la Vienne, l’Ain ou l’Oise, enregistrent une forte progression des recherches, parfois jusqu’à +150 %.

Si les littoraux restent prisés, un rééquilibrage s’opère en faveur des zones rurales et périurbaines. Ces destinations sont non seulement plus abordables, puisque les locations y sont en moyenne 20 à 30 % moins chères que sur la côte, mais elles offrent également un cadre de vie plus agréable.

Ces destinations répondent à une demande croissante de nature, de tranquillité et d’authenticité. La France rurale, longtemps en retrait, bénéficie désormais d’une attractivité renouvelée. Un phénomène accentué par l’essor du télétravail, le besoin de déconnexion et la quête d’expériences plus simples. L’arrière-pays n’est plus perçu comme une alternative de repli, mais comme un véritable choix de qualité.

Sur le plan international, la France reste solidement installée comme première destination mondiale avec 100 millions de touristes étrangers en 2024, devant l’Espagne. Les métropoles touristiques qui accueillent une clientèle étrangère à fort pouvoir d’achat, comme Paris, Cannes, Nice ou les régions viticoles, affichent des perspectives encourageantes.

Les analystes estiment que les Jeux Olympiques 2024 ont amplifié la visibilité de la France sur la scène mondiale, générant un regain d’intérêt pour la capitale et ses alentours. À Paris, la fréquentation touristique devrait rester élevée en 2025 grâce à l’effet post-événementiel.

Entre contraintes économiques, recherche d’ensoleillement et désir de proximité, le tourisme en France est en pleine mutation. Les professionnels s’adaptent à une clientèle plus exigeante, plus mobile et surtout plus attentive à l’équilibre entre plaisir et dépenses. Le paysage touristique français, longtemps polarisé entre le littoral et la montagne, s’enrichit désormais d’une diversité de choix stratégiques, économiques et culturels.


Dix passeurs présumés jugés pour un naufrage meurtrier dans la Manche

Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
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  • Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés
  • La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche

LILLE: Dix hommes, dont huit Afghans, sont jugés à partir de lundi à Lille pour leur rôle présumé de passeurs dans le naufrage d'une embarcation clandestine qui avait fait quatre morts et quatre disparus dans la Manche en décembre 2022.

Parti entre 1H00 et 1H30 du matin dans la nuit du 13 au 14 décembre 2022, le canot, qui transportait en majorité des migrants afghans, avait fait naufrage à quelques kilomètres des côtes anglaises.

Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés.

La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche.

Selon les éléments de l'enquête, alors que les migrants gonflaient le bateau avant le départ, plusieurs ont entendu une détonation, synonyme selon eux de crevaison. Les passeurs leur ont dit de ne pas s'en faire et qu'il s'agissait du seul bateau disponible pour eux.

D'après les témoignages des rescapés, il n'y avait pas assez de gilets de sauvetage pour tout le monde et aucune des personnes décédées n'en portait un. La température était glaciale et la mer très agitée.

Après une ou deux heures de traversée, un boudin a commencé à se dégonfler et l'eau à entrer dans l'embarcation, jusqu'à atteindre les genoux des passagers. Paniqués, ils se sont mis debout pour tenter de faire signe à un bateau. Mais le fond du canot, peu solide, a ployé sous leur poids et celui de l'eau, et tous se sont retrouvés à l'eau.

Neuf des prévenus sont jugés, jusqu'à vendredi, pour homicide involontaire par violation d'une obligation de sécurité, deux d'entre eux le sont pour blanchiment, tous pour aide au séjour irrégulier. Huit sont afghans, un syrien, un irakien.

Certains des prévenus sont soupçonnés d'avoir recruté des passeurs et assuré la logistique auprès des passagers, d'autres d'avoir géré l'organisation sur le camp de migrants de Loon-Plage (Nord), où vivaient les migrants avant leur tentative de traversée, toujours selon les éléments de l'enquête. D'autres encore sont jugés pour s'être occupés du transport des migrants vers la plage et de la mise à l'eau du canot, et deux pour avoir collecté une partie des paiements.

Le mineur sénégalais qui pilotait le canot est, lui, inculpé dans le cadre d'une procédure au Royaume-Uni.

Apparu en 2018, le phénomène des traversées de la Manche en petites embarcations est à l'origine de nombreux naufrages, le plus meurtrier ayant coûté la vie à 27 personnes en novembre 2021.

Depuis le début de l'année, au moins 15 migrants sont morts dans la Manche, bras de mer parmi les plus fréquentés du monde et où les conditions météorologiques sont souvent difficiles, selon un décompte de l'AFP à partir de chiffres officiels. En 2024, 78 étaient morts ainsi, un record.