Macron en première ligne pour tenter de débloquer le dossier Corse

Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin (6eL) tient le 3e Comité stratégique avec des élus corses axé sur l'avenir institutionnel de la Corse, au ministère de l'Intérieur, place Beauvau, à Paris le 24 février 2023. (Photo, AFP)
Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin (6eL) tient le 3e Comité stratégique avec des élus corses axé sur l'avenir institutionnel de la Corse, au ministère de l'Intérieur, place Beauvau, à Paris le 24 février 2023. (Photo, AFP)
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Publié le Mercredi 30 août 2023

Macron en première ligne pour tenter de débloquer le dossier Corse

  • Les lignes rouges fixées par le président il y a un an restent inchangées: maintien de la Corse dans la République et refus de créer deux catégories de citoyens
  • Les nationalistes, à commencer par Gilles Simeoni, président autonomiste de l'exécutif corse, plaident pour un statut de résident corse et réclament que la langue corse soit inscrite dans la Constitution

PARIS: Emmanuel Macron a mis vendredi tout son poids dans la balance pour tenter de faire avancer les discussions sur l'avenir institutionnel de la Corse, en panne depuis six mois, en réitérant sa volonté d'inscrire d'éventuelles évolutions dans son projet de réforme constitutionnelle.

Lors de la reprise des discussions, à l'arrêt depuis six mois, le chef de l'Etat s'est invité au ministère de l'Intérieur, à deux pas de l'Elysée. Manière de signifier aux élus corses réunis place Beauvau autour de Gérald Darmanin qu'il est à leur écoute et considère ce dossier comme important. Une venue "historique", s'est félicité le ministre, estimant que "l'horizon n'a jamais été autant dégagé".

Sur le fond, rien de nouveau. La position d'Emmanuel Macron n'a pas bougé d'un iota depuis un an. Il a répété ce qu'il avait dit le 17 mars 2022 à savoir qu'il n'avait "pas de tabou", y compris sur l'autonomie, ni de "solution prédéterminée", comme l'a expliqué vendredi un de ses conseillers.

Il a redit également qu'il était prêt à inscrire d'éventuelles évolutions dans son projet de réforme constitutionnelle, avec cette précision de date: "après cet été".

A charge pour les élus et le ministère de l'Intérieur de lui présenter "une proposition" pouvant s'inscrire dans ce projet. Il est prévu, selon l'Elysée, qu'Emmanuel Macron rencontre de nouveau le ministre de l'Intérieur et les élus "avant l'été" pour "faire le point sur les propositions". "Avant le 14 juillet", c'est "tout à fait possible", a estimé M. Darmanin

"Modèles méditerranéens" 

En outre, les lignes rouges fixées par le président il y a un an restent inchangées: maintien de la Corse dans la République et refus de créer deux catégories de citoyens.

Or les nationalistes, à commencer par Gilles Simeoni, président autonomiste de l'exécutif corse, plaident pour un statut de résident corse et réclament que la langue corse soit inscrite dans la Constitution.

Si bien qu'il est difficile d'imaginer comment les uns et les autres parviendront à surmonter ces deux obstacles.

Depuis des lustres, les discussions entre les différents gouvernements de droite comme de gauche et les élus corses achoppent sur ces points.

Néanmoins, l'entourage d'Emmanuel Macron s'est montré optimiste, en insistant sur la "dimension très forte du symbole" de sa participation surprise à cette réunion. Et en assurant que ce qu'il a qualifié "d'annonce importante" du président avait été "très bien accueillie par les participants".

Reste que le projet de réforme constitutionnelle souhaité par le chef de l'Etat se heurte, quel que soit son contenu, au fait qu'il ne dispose pas actuellement d'une majorité des 3/5e (Assemblée nationale et Sénat réunis) pour réformer la Constitution.

Or, selon Gérald Darmanin, il y a "un risque" que les négociations aboutissent à "une réformette" s'il n'y a "pas de changement constitutionnel".

De façon très elliptique, Emmanuel Macron a évoqué un schéma institutionnel pour la Corse qui "pourrait s'inspirer beaucoup de modèles méditerranéens" en termes de décentralisation ou de différenciation. Ce qui exclut un statut d'autonomie à la manière de la Polynésie ou de la Nouvelle-Calédonie.

Le cycle de discussions initié par Gérald Darmanin avait été lancé en juillet 2022 après le meurtre en prison d'Yvan Colonna par un de ses codétenus.

Condamné à la réclusion à perpétuité, Yvan Colonna était un des membres du commando responsable de l'assassinat du préfet Claude Erignac en 1998 à Ajaccio.

Les discussions devaient s'étaler sur un an à raison d'une réunion à Paris toutes les six semaines.

Si une première réunion a bien eu lieu mi-septembre, les négociations avaient connu un coup d'arrêt après un nouveau refus de la justice d'octroyer une semi-liberté à Alain Ferrandi et Pierre Alessandri, les deux derniers membres du commando encore en prison, mais libérables depuis 2017.

En octobre et décembre, le ministre de l'Intérieur avait dû reporter à deux reprises un déplacement dans l'île, du fait d'un climat "pas favorable" en raison des vives tensions autour de la question des prisonniers.

Le 31 janvier, la justice a finalement prononcé une mesure de semi-liberté pour Pierre Alessandri et elle a fait de même jeudi pour Alain Ferrandi. Ouvrant ainsi la voie à une reprise des discussions.


Metz: un forcené tué par balles, un policier touché à la main

Un homme "menaçant", détenteur de plusieurs armes à feu, a succombé à des blessures par balles lundi à Metz après un échange de coups de feu avec la police, tandis qu'un agent a été blessé, a annoncé le parquet. (AFP)
Un homme "menaçant", détenteur de plusieurs armes à feu, a succombé à des blessures par balles lundi à Metz après un échange de coups de feu avec la police, tandis qu'un agent a été blessé, a annoncé le parquet. (AFP)
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  • Alors que les forces de l'ordre interviennent, "l'homme est retranché chez lui et refuse de se rendre à la police", a poursuivi M. Grosdidier
  • Un peu avant 3H00, l'homme, installé au premier étage, "faisait feu depuis sa fenêtre sur la patrouille située dans la rue", a indiqué dans un communiqué le procureur de la République adjoint de Metz, Thomas Bernard

STRASBOURG: Un homme "menaçant", détenteur de plusieurs armes à feu, a succombé à des blessures par balles lundi à Metz après un échange de coups de feu avec la police, tandis qu'un agent a été blessé, a annoncé le parquet.

Les faits ont commencé dimanche soir dans une rue très passante de la vieille ville de Metz. "Vers 22h00, un individu menace depuis sa fenêtre, avec une arme à canon long, un passant", a rapporté le maire François Grosdidier sur sa page Facebook.

Alors que les forces de l'ordre interviennent, "l'homme est retranché chez lui et refuse de se rendre à la police", a poursuivi M. Grosdidier.

Un peu avant 3H00, l'homme, installé au premier étage, "faisait feu depuis sa fenêtre sur la patrouille située dans la rue", a indiqué dans un communiqué le procureur de la République adjoint de Metz, Thomas Bernard.

"Il sortait alors de son studio, tenant dans chaque main un revolver, et faisait feu sur les policiers présents dans le couloir", a-t-il ajouté. "Un policier était blessé à une main, tandis qu'un de ses collègues tirait à trois reprises, touchant l'individu à l'abdomen et au bras".

L'homme de 56 ans a été hospitalisé mais est décédé lundi matin. "Son casier judiciaire porte trace de neuf condamnations", selon M. Bernard.

Le policier blessé a également été hospitalisé.

L'homme détenait "plusieurs armes, de poing et d'épaule, dans son appartement", selon le maire qui a salué l'intervention des forces de l'ordre.


Tourisme en France : entre recherche de soleil, contraintes budgétaires et destinations alternatives

Cette photo prise le 22 mars 2024 montre un bateau navette naviguant sur la Garonne alors que l'église Saint-Louis-des-Chartrons (à gauche) surplombe les quais de Bordeaux, dans le sud-ouest de la France. Bordeaux accueillera certains des tournois de football des Jeux olympiques de Paris 2024 l'été prochain. (AFP)
Cette photo prise le 22 mars 2024 montre un bateau navette naviguant sur la Garonne alors que l'église Saint-Louis-des-Chartrons (à gauche) surplombe les quais de Bordeaux, dans le sud-ouest de la France. Bordeaux accueillera certains des tournois de football des Jeux olympiques de Paris 2024 l'été prochain. (AFP)
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  • les Français semblent partager la même priorité : partir en vacances sans trop grever leur budget.
  • L’ensoleillement demeure un facteur clé dans les choix de destination. Les zones méditerranéennes continuent de séduire, au détriment des régions plus tempérées

RIYAD : Alors que l'été 2025 se profile, les Français semblent partager la même priorité : partir en vacances sans trop grever leur budget. Si 61 % d’entre eux envisagent de prendre quelques jours de congé, selon un sondage OpinionWay pour Liligo, leur comportement de consommation évolue. Pour la première fois en cinq ans, le budget moyen baisse de 74 euros par personne.

L’ensoleillement demeure un facteur clé dans les choix de destination. Les zones méditerranéennes continuent de séduire, au détriment des régions plus tempérées comme la Bretagne, la Normandie ou le nord de la France. Cette tendance s’explique notamment par deux étés précédents jugés peu cléments sur le plan météorologique, ce qui dissuade certains vacanciers de s'y rendre à nouveau.

Dans les établissements touristiques du Grand Ouest, les professionnels constatent un recul des séjours d'une semaine, compensé par une légère hausse des courts séjours (2 à 6 nuits). Les réservations de dernière minute restent fréquentes et très dépendantes des prévisions météorologiques du dimanche soir.

Confrontés à une inflation persistante et à des inquiétudes concernant leur pouvoir d’achat, les Français adaptent leurs comportements. Ils réduisent leurs dépenses dans les restaurants, les commerces ou les activités annexes, et sont plus prudents dans la planification de leurs séjours. Les formules « tout compris », jugées plus économiques et prévisibles, rencontrent un succès croissant.

Selon le cabinet Pro tourisme, les prix des hébergements touristiques ont grimpé de 27 % en quatre ans. Dans ce contexte, les territoires proposant des tarifs plus accessibles, comme l’intérieur des terres ou les destinations proches des grandes agglomérations comme l’Eure, la Vienne, l’Ain ou l’Oise, enregistrent une forte progression des recherches, parfois jusqu’à +150 %.

Si les littoraux restent prisés, un rééquilibrage s’opère en faveur des zones rurales et périurbaines. Ces destinations sont non seulement plus abordables, puisque les locations y sont en moyenne 20 à 30 % moins chères que sur la côte, mais elles offrent également un cadre de vie plus agréable.

Ces destinations répondent à une demande croissante de nature, de tranquillité et d’authenticité. La France rurale, longtemps en retrait, bénéficie désormais d’une attractivité renouvelée. Un phénomène accentué par l’essor du télétravail, le besoin de déconnexion et la quête d’expériences plus simples. L’arrière-pays n’est plus perçu comme une alternative de repli, mais comme un véritable choix de qualité.

Sur le plan international, la France reste solidement installée comme première destination mondiale avec 100 millions de touristes étrangers en 2024, devant l’Espagne. Les métropoles touristiques qui accueillent une clientèle étrangère à fort pouvoir d’achat, comme Paris, Cannes, Nice ou les régions viticoles, affichent des perspectives encourageantes.

Les analystes estiment que les Jeux Olympiques 2024 ont amplifié la visibilité de la France sur la scène mondiale, générant un regain d’intérêt pour la capitale et ses alentours. À Paris, la fréquentation touristique devrait rester élevée en 2025 grâce à l’effet post-événementiel.

Entre contraintes économiques, recherche d’ensoleillement et désir de proximité, le tourisme en France est en pleine mutation. Les professionnels s’adaptent à une clientèle plus exigeante, plus mobile et surtout plus attentive à l’équilibre entre plaisir et dépenses. Le paysage touristique français, longtemps polarisé entre le littoral et la montagne, s’enrichit désormais d’une diversité de choix stratégiques, économiques et culturels.


Dix passeurs présumés jugés pour un naufrage meurtrier dans la Manche

Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
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  • Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés
  • La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche

LILLE: Dix hommes, dont huit Afghans, sont jugés à partir de lundi à Lille pour leur rôle présumé de passeurs dans le naufrage d'une embarcation clandestine qui avait fait quatre morts et quatre disparus dans la Manche en décembre 2022.

Parti entre 1H00 et 1H30 du matin dans la nuit du 13 au 14 décembre 2022, le canot, qui transportait en majorité des migrants afghans, avait fait naufrage à quelques kilomètres des côtes anglaises.

Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés.

La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche.

Selon les éléments de l'enquête, alors que les migrants gonflaient le bateau avant le départ, plusieurs ont entendu une détonation, synonyme selon eux de crevaison. Les passeurs leur ont dit de ne pas s'en faire et qu'il s'agissait du seul bateau disponible pour eux.

D'après les témoignages des rescapés, il n'y avait pas assez de gilets de sauvetage pour tout le monde et aucune des personnes décédées n'en portait un. La température était glaciale et la mer très agitée.

Après une ou deux heures de traversée, un boudin a commencé à se dégonfler et l'eau à entrer dans l'embarcation, jusqu'à atteindre les genoux des passagers. Paniqués, ils se sont mis debout pour tenter de faire signe à un bateau. Mais le fond du canot, peu solide, a ployé sous leur poids et celui de l'eau, et tous se sont retrouvés à l'eau.

Neuf des prévenus sont jugés, jusqu'à vendredi, pour homicide involontaire par violation d'une obligation de sécurité, deux d'entre eux le sont pour blanchiment, tous pour aide au séjour irrégulier. Huit sont afghans, un syrien, un irakien.

Certains des prévenus sont soupçonnés d'avoir recruté des passeurs et assuré la logistique auprès des passagers, d'autres d'avoir géré l'organisation sur le camp de migrants de Loon-Plage (Nord), où vivaient les migrants avant leur tentative de traversée, toujours selon les éléments de l'enquête. D'autres encore sont jugés pour s'être occupés du transport des migrants vers la plage et de la mise à l'eau du canot, et deux pour avoir collecté une partie des paiements.

Le mineur sénégalais qui pilotait le canot est, lui, inculpé dans le cadre d'une procédure au Royaume-Uni.

Apparu en 2018, le phénomène des traversées de la Manche en petites embarcations est à l'origine de nombreux naufrages, le plus meurtrier ayant coûté la vie à 27 personnes en novembre 2021.

Depuis le début de l'année, au moins 15 migrants sont morts dans la Manche, bras de mer parmi les plus fréquentés du monde et où les conditions météorologiques sont souvent difficiles, selon un décompte de l'AFP à partir de chiffres officiels. En 2024, 78 étaient morts ainsi, un record.