Pandémie et pétrole bon marché: les biocarburants calent pour la première fois en 20 ans

Colonnes de distillation de l'usine de production de biocarburant Tereos à Origny-Sainte Benoîte, le plus important site de production d'éthanol en France. (Alain Julien/AFP)
Colonnes de distillation de l'usine de production de biocarburant Tereos à Origny-Sainte Benoîte, le plus important site de production d'éthanol en France. (Alain Julien/AFP)
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Publié le Vendredi 27 novembre 2020

Pandémie et pétrole bon marché: les biocarburants calent pour la première fois en 20 ans

  • L'effondrement des cours du pétrole a eu un impact très négatif sur les biocarburants,ces derniers n'étant plus compétitifs face aux cours actuels de l'or noir
  • C'est vers le secteur aérien que devrait se tourner la filière, car cette industrie ne dispose pas d'autant de solutions alternatives que le transport routier

LONDRES : La demande pour les biocarburants recule pour la première fois en deux décennies cette année, dans la foulée de la pandémie et d'une chute brutale des prix du pétrole ces derniers mois, un choc inquiétant pour toute la filière.

"L'effondrement des cours du pétrole a eu un impact très négatif sur les biocarburants", observe Olivier Lemesle, directeur d’études au sein du cabinet Xerfi, ces derniers n'étant plus compétitifs face aux cours actuels de l'or noir.

Résultat, la production de biocarburants pour les transports en 2020 devrait accuser une baisse de 11,6% par rapport à la production de 2019, cependant qualifiée de record, selon le rapport annuel de l'Agence internationale de l'Energie (AIE) publié au début du mois de novembre, une première en vingt ans.

De toutes les sources d'énergie renouvelables, les biocarburants sont celles dont l'utilisation a le plus diminué en raison de la crise sanitaire, précise l'organisation.

Car biocarburant et carburant fossile n'ont pas joué à armes égales en 2020: tandis que le coût de l'équivalent d'un baril de biodiesel restait aux alentours de 70 dollars (chiffre donné par l'agro-industriel français Avril), le prix du pétrole brut plongeait lui dans les abîmes en début d'année, du fait d'une demande sabordée par les mesures drastiques de restrictions de déplacement des biens et des personnes mises en place pour limiter la propagation du Covid-19.

Aujourd'hui en convalescence, le baril de Brent n'a par exemple pas revu depuis le 6 mars la barre des 50 dollars alors qu'il évoluait au-dessus de celle-ci pendant toute l'année 2019 et les perspectives pour 2021 sont loin d'être radieuses.

Une place délicate

Ces substituts à l'essence et au diesel produits à partir de végétaux ne manquent pourtant pas d'atouts, notamment en faveur de l'environnement puisqu'ils assurent a minima une réduction des émissions de gaz à effet de serre d’au moins 50% par rapport à l'équivalent fossile.

"Les biocarburants ont leur place, ils font partie de la solution environnementale", insiste Jean-Phillipe Puig, directeur général du groupe Avril, dont près d'un tiers du chiffre d'affaires provient des biocarburants.

Mais, outre la compétition-prix inégale face au baril de brut, la filière reste suspendue à la volonté politique, qui décide par exemple - ou non - de lever le plafond d'utilisation des biocarburants à la pompe, puisqu'ils sont souvent mélangés aux carburants classiques (le SP95-E5 en contient par exemple jusqu'à 5%, le gazole B7 jusqu'à 7%).

De plus, la première génération de biocarburants réalisée à base de betterave à sucre, de blé ou de maïs exclut d'importantes quantités de denrées de base des circuits alimentaires de nombreux pays.

Enfin, le développement de la voiture électrique, et à plus long terme des moteurs à hydrogène, sont autant d'épées de Damoclès suspendues au-dessus de la demande des carburants en général.

Sortie par les airs

Pour Guy Maisonnier, expert de l'institut de recherche IFP Energies nouvelles (Ifpen), c'est vers le secteur aérien que devrait se tourner la filière car cette industrie "ne dispose pas d'autant de solutions alternatives" que le transport routier.

Les biocarburants aéronautiques durables "constituent un levier stratégique pour la réduction à court et moyen terme des émissions nettes du secteur qui dispose de peu d’alternatives énergétiques", écrit d'ailleurs le ministère de la transition écologique français sur son site.

Mais les objectifs français, malgré une place de quatrième pays producteur mondial de biocarburants, restent timides, avec une "substitution à court terme du kérosène fossile par des biocarburants durables de 2% en 2025 et de 5% en 2030".

En 2019, les biocarburants ne représentaient que 0,01% des carburants consommés par le secteur aérien, alors que ce volet fait partie des mesures affichées par les compagnies dans leurs objectifs de long terme, rappelle l'AIE.

Les groupes pétroliers planchent aussi sur le sujet. Ainsi un consortium d'entreprises, qui comprend le géant pétrolier français Total, travaille sur la production de biokérosène à partir de résidus agricoles, un projet baptisé BioTfueL dont la production est attendue "à l’horizon 2025".

 


France: la pleine puissance du nouveau réacteur nucléaire EPR repoussée à la fin de l'automne

Cette photographie prise le 25 avril 2024 montre la centrale nucléaire de Flamanville, dans le nord-ouest de la France, alors que la centrale nucléaire Flamanville 3 est prête à démarrer. (AFP)
Cette photographie prise le 25 avril 2024 montre la centrale nucléaire de Flamanville, dans le nord-ouest de la France, alors que la centrale nucléaire Flamanville 3 est prête à démarrer. (AFP)
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  • EDF prévoit désormais que son nouveau réacteur EPR de Flamanville, en Normandie dans l'ouest du pays, atteindra sa pleine puissance "avant la fin de l'automne"
  • Le redémarrage du réacteur est désormais prévu au 1er octobre, décalant de fait le passage à 100% de puissance du réacteur

PARIS: Electricité de France (EDF) prévoit désormais que son nouveau réacteur EPR de Flamanville, en Normandie dans l'ouest du pays, atteindra sa pleine puissance "avant la fin de l'automne", alors que le groupe espérait jusqu'à présent pouvoir franchir cette étape d'ici la fin de l'été.

La prolongation d'un arrêt "pour réaliser une opération de contrôle et de maintenance préventive sur une soupape de protection du circuit primaire principal" conduit à modifier "la date d'atteinte de la pleine puissance, désormais prévue avant la fin de l'automne", a indiqué l'électricien public français sur son site internet vendredi.

Alors que le réacteur à eau pressurisée de nouvelle génération était à l'arrêt depuis le 19 juin pour des opérations d'essais de mise en service, classiques pour de nouvelles installations nucléaires, EDF a décidé le 2 juillet de le maintenir à l'arrêt pour intervenir sur des soupapes.

EDF avait en effet constaté pendant les essais que deux des trois soupapes placées au sommet du pressuriseur qui permet de maintenir l'eau du circuit primaire à une pression de 155 bars "n'étaient pas complètement conformes" aux attendus en termes d'"étanchéité".

En raison de ces "aléas", EDF a décidé vendredi de prolonger cet arrêt pour mener une opération de maintenance préventive sur la 3e soupape.

"Les expertises menées sur les deux premières soupapes conduisent EDF, dans une démarche pro-active de sûreté, à étendre les vérifications à la troisième soupape en profitant de la logistique déjà en place et mobilisant les compétences disponibles", a expliqué le groupe.

Le redémarrage du réacteur est désormais prévu au 1er octobre, décalant de fait le passage à 100% de puissance du réacteur.

"Il y a 1.500 critères de sûreté qui sont testés lors d'un premier démarrage" de réacteur, a expliqué à l'AFP une porte-parole d'EDF. Lors de ces phases d'essais et de contrôle, il est parfois nécessaire de "refaire des réglages", selon elle.

Le réacteur de nouvelle génération a été raccordé au réseau électrique le 21 décembre 2024, avec douze ans de retard par rapport à la date prévue. Son coût a explosé par rapport au devis initial de 3,3 milliards d'euros: selon un rapport de la Cour des comptes française publié en,janvier, EDF l'estime aujourd'hui à 22,6 milliards d'euros aux conditions de 2023.


Engie confirme ses perspectives 2025 malgré un contexte "incertain et mouvant"

Cette photographie montre le parc éolien offshore de Yeu-Noirmoutier au large de l'Ile-d'Yeu, dans l'ouest de la France, le 23 juin 2025. (AFP)
Cette photographie montre le parc éolien offshore de Yeu-Noirmoutier au large de l'Ile-d'Yeu, dans l'ouest de la France, le 23 juin 2025. (AFP)
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  • Engie a confirmé vendredi ses perspectives pour 2025 malgré un contexte "incertain" et une baisse des prix qui a pesé sur ses résultats au premier semestre
  • L'énergéticien se dit confiant sur la suite et maintient ses prévisions pour 2025

PARIS: Engie a confirmé vendredi ses perspectives pour 2025 malgré un contexte "incertain" et une baisse des prix qui a pesé sur ses résultats au premier semestre, et se dit désormais plus confiant pour ses projets renouvelables aux Etats-Unis après une période d'incertitude.

Son résultat net récurrent a reculé de 19% à 3,1 milliards d’euros au cours des six premiers mois de l'année. Le résultat opérationnel (Ebit) hors nucléaire est ressorti à 5,1 milliards d'euros, en baisse de 9,4% en raison d'une base de comparaison élevée par rapport au premier semestre 2024 et "dans un contexte de baisse des prix".

Mais l'énergéticien se dit confiant sur la suite et maintient ses prévisions pour 2025.

"Nous abordons les prochains mois avec confiance et nous confirmons notre +guidance+ annuelle", a commenté Catherine MacGregor, sa directrice générale, citée dans le communiqué de résultats.

Elle a néanmoins insisté sur le contexte économique et géopolitique "assez incertain et mouvant", lors d'une conférence téléphonique.

A la Bourse de Paris, Engie cédait 2,45% à 10H53 (8H53 GMT) à 19,15 euros vendredi, après avoir lâché 5% à l'ouverture.

Interrogée sur les Etats-Unis, Catherine MacGregor s'est montrée plus confiante après une période d'incertitude qui a suivi l'entrée en fonction du gouvernement Trump.

"Avec la promulgation du +Big beautifull bill+ (la loi budgétaire de Donald Trump, ndlr) et une première clarification du cadre réglementaire et fiscal qui était attendue, nous nous apprêtons à lancer trois projets pour plus de 1,1 GW de capacité totale, éolien, solaire et batteries qui vont conforter notre croissance jusqu'en 2028", a-t-elle déclaré.

Engie a pour l'heure "juste en dessous de 9 GW en opération aux États-Unis", a-t-elle rappelé.

"Il y avait beaucoup, beaucoup d'incertitudes sur le traitement qui serait donné à ces projets", a-t-elle souligné, mais avec cette nouvelle loi, "on a beaucoup plus de clarté".

"Le marché aux États-Unis reste évidemment très, très porteur", a-t-elle poursuivi. "Les projections de demande d'électricité sont absolument massives et aujourd'hui, il n'y a pas de scénarios (...) sans une grande partie de projets renouvelables", notamment en raison du fort développement des centres de données dans le pays.

Le groupe table sur un résultat net récurrent - qui exclut des coûts de restructuration et la variation de la valeur de ses contrats de couverture - "entre 4,4 et 5,0 milliards d'euros" en 2025.

Engie vise par ailleurs un Ebit hors nucléaire "dans une fourchette indicative de 8,0 à 9,0 milliards d'euros" en 2025.

"Comme prévu, l'Ebit hors nucléaire va atteindre son point bas cette année et le second semestre 2025 sera en hausse par rapport à 2024", a indiqué Catherine MacGregor.

Le bénéfice net en données publiées s'établit à 2,9 milliards d'euros au premier semestre, en hausse de 50%, en raison d'un impact moindre de la variation de la valeur de ses contrats de couverture.

Le chiffre d'affaires a atteint 38,1 milliards d'euros au premier semestre, en croissance de 1,4%.

Engie disposait d'une capacité totale renouvelables et de stockage de 52,7 gigawatts (GW) à fin juin 2025, en hausse de 1,9 GW par rapport à fin 2024. A cela s'ajoutent 95 projets en cours de construction qui représentent une capacité totale de près de 8 GW.

Le groupe dispose d'un portefeuille de projets renouvelables et de batteries en croissance qui atteint 118 GW à fin juin 2025, soit 3 GW de plus qu'à fin décembre 2024.


ArcelorMittal: les taxes douanières américaines érodent la rentabilité au premier semestre

La cokerie d'ArcelorMittal Bremen sur le site de Bottrop est photographiée depuis la plate-forme d'observation Tetraeder à Bottrop, dans l'ouest de l'Allemagne, le 21 juillet 2025. (AFP)
La cokerie d'ArcelorMittal Bremen sur le site de Bottrop est photographiée depuis la plate-forme d'observation Tetraeder à Bottrop, dans l'ouest de l'Allemagne, le 21 juillet 2025. (AFP)
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  • ArcelorMittal a vu sa rentabilité érodée au premier semestre par les taxes douanières de Donald Trump sur les importations d'acier depuis le Canada ou le Mexiqu
  • ArcelorMittal espère la mise en place effective de mesures de soutien à l'acier en Europe d'ici à la fin de l'année

PARIS: ArcelorMittal, qui a vu sa rentabilité érodée au premier semestre par les taxes douanières de Donald Trump sur les importations d'acier depuis le Canada ou le Mexique, espère la mise en place effective de mesures de soutien à l'acier en Europe d'ici à la fin de l'année.

Malgré un résultat net en hausse de 39% au premier semestre 2025, à 2,6 milliards de dollars, le bénéfice avant intérêt, impôt, dépréciation et amortissement (Ebitda) du deuxième fabricant d'acier mondial a reculé de 10%, à 3,4 milliards de dollars, notamment après l'application de droits de douane de 50% sur l'acier importé aux Etats-Unis depuis le Canada et le Mexique à partir du 4 juin, a expliqué le groupe dans un communiqué jeudi.

Le chiffre d'affaires a aussi pâti du recul de 7,5% des prix moyens de l'acier dans le monde: les ventes se sont amoindries de 5,5%, à 30,72 milliards de dollars au premier semestre.

Jeudi à la Bourse de Paris, après ces annonces, le titre ArcelorMittal a terminé la séance en recul de 2,58%, à 27,52 euros.

Le directeur général du groupe, Aditya Mittal, s'est félicité de la reprise à 100% du site de Calvert aux Etats-Unis, qui devient un site d'acier bas carbone grâce à la construction d'un nouveau four à arc électrique.

En Europe, les tendances à l'accroissement des dépenses publiques sur la défense et les infrastructures "sont un encouragement pour l'industrie de l'acier", a jugé M. Mittal.

Néanmoins, alors que le plan d'action annoncé en mars par la Commission européenne a lancé des "signaux clairs" pour défendre la production européenne d'acier, "nous attendons toujours la concrétisation des mesures de sauvegarde (ou quotas sur les importations d'acier en Europe, NDLR) du mécanisme d'ajustement carbone aux frontières et sur les prix de l'énergie", a-t-il souligné.

A condition que ces mesures soient mises en place, le groupe prévoit d'investir 1,2 milliard d'euros pour un four à arc électrique sur son site français de Dunkerque (Nord), a-t-il rappelé.

Au total, ArcelorMittal en exploite 29 dans le monde, pour une capacité de production de 21,5 millions de tonnes d'acier recyclé par an, qui augmentera à 23,4 millions de tonnes en 2026 après la mise en service des deux sites espagnols de Gijon et Sestao.