Au Cambodge, les derniers dauphins de l'Irrawaddy luttent pour leur survie

Cette photo prise le 16 février 2023 montre un dauphin d'eau douce nageant dans le Mékong, dans la province cambodgienne de Kratie. (AFP).
Cette photo prise le 16 février 2023 montre un dauphin d'eau douce nageant dans le Mékong, dans la province cambodgienne de Kratie. (AFP).
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Publié le Mercredi 15 mars 2023

Au Cambodge, les derniers dauphins de l'Irrawaddy luttent pour leur survie

  • Un spectacle fascinant, mais de plus en plus rare, tant le mammifère, présent dans quelques endroits d'Asie du Sud-Est, dont le Cambodge, est sur le point de s'éteindre malgré les efforts pour le sauver
  • Le royaume a annoncé récemment des mesures sévères contre la pêche dans le Mékong pour tenter de réduire le nombre de dauphins piégés et tués par inadvertance dans les filets

KRATIE : Dans le puissant fleuve Mékong apparaissent soudain les têtes grises arrondies de quelques dauphins de l'Irrawaddy venus prendre leur respiration à la surface de l'eau trouble.

Un spectacle fascinant, mais de plus en plus rare, tant le mammifère, présent dans quelques endroits d'Asie du Sud-Est, dont le Cambodge, est sur le point de s'éteindre malgré les efforts pour le sauver.

Le royaume a annoncé récemment des mesures sévères contre la pêche dans le Mékong pour tenter de réduire le nombre de dauphins piégés et tués par inadvertance dans les filets.

Mais dans ce pays pauvre, comment faire respecter ces règles sur un fleuve large de plusieurs dizaines de mètres, parsemé d'îlots et bordé d'un sous-bois dense?

"Nous craignons de ne pas pouvoir les protéger", admet auprès de l'AFP Phon Pharong, habitant de la région de Kratié (est), lors d'une patrouille à la recherche de filets maillants illégaux.

Ces filets à mailles verticales laissés dans l'eau pendant de longues périodes, capturant les poissons à l'aveugle, sont la principale cause de mortalité des dauphins dans le Mékong, selon les défenseurs de l'environnement.

«En danger critique» d'extinction

Phon Pharong est l'un des 70 gardes qui surveillent un tronçon du Mékong long de 120 kilomètres entre Kratié et la frontière laotienne, au nord.

En sous-effectifs, ces veilleurs sont souvent réduits à jouer au chat et à la souris avec les pêcheurs, bien organisés, nombreux et équipés de meilleurs bateaux.

"Quand nous patrouillons de nuit, ils ne sortent pas. Au petit matin, nous rentrons, et ils ont la voie libre sur la rivière", explique Pharong, alors que beaucoup de gardes doivent enchaîner avec un boulot à terre.

Le salaire de base d'un garde, 65 dollars par mois, ne suffit pas pour vivre, même s'ils reçoivent 5 dollars par jour de patrouille en plus, du Fonds mondial pour la nature (WWF).

Les dauphins de l'Irrawaddy, des petits gabarits timides reconnaissables à leur front bombé et leur nez court, nageaient autrefois jusqu'au delta du Mékong, au Vietnam à plusieurs centaines de kilomètres au sud.

La pêche illégale et les déchets plastiques en ont tué beaucoup, et les dauphins ont vu leur habitat réduit par les barrages et le changement climatique, qui ont eu un impact majeur sur les niveaux d'eau du fleuve.

La population du Mékong est passée de 200 lors du premier recensement en 1997 à 89 en 2020.

Selon le WWF, l'espèce n'est plus présente que dans deux autres fleuves, l'Irrawaddy en Birmanie et le Mahakam, sur l'île indonésienne de Bornéo.

Les trois populations fluviales sont classées comme "en danger critique" d'extinction.

Il existe aussi des dauphins de l'Irrawaddy en plus grand nombre sur certaines côtes d'Asie du Sud et du Sud-Est, mais pas en eaux douces, et eux aussi sont en danger.

Zones spéciales

Onze dauphins du Mékong sont morts l'année dernière, mais la mort de trois jeunes individus, pris dans des filets maillants et des lignes de pêche en l'espace d'une semaine en décembre, a particulièrement alarmé les défenseurs de l'environnement.

"C'est un signe inquiétant", a déclaré à l'AFP Seng Teak, directeur national du WWF pour le Cambodge, appelant le gouvernement à "mobiliser davantage de ressources" pour sauver les dauphins, dont 70% de la population est trop âgée pour se reproduire.

Depuis fin février, une nouvelle loi interdit toute pêche au sein de zones de protection spéciale dans le tronçon de 120 km en amont de Kratié.

Les contrevenants risquent jusqu'à un an de prison pour l'utilisation de filets maillants et jusqu'à cinq ans pour la pêche électrique dans les zones de conservation.

Dans l'une de ces zones, autour du village de Kampi, 24 gardes patrouillent désormais 24 heures sur 24 sur un petit tronçon de 22,4 km carrés.

Ceux qui "posent des filets dans les zones de conservation, nous les arrêterons. S'ils pratiquent la pêche électrique, il n'y a pas de pitié, ils seront traduits en justice", a déclaré Mok Ponlork, le responsable des gardes locaux.

Ces efforts semblent porter quelques fruits: il n'y a pas eu de décès ces dernières semaines et il y a même une lueur d'espoir.

"Des opérateurs de bateaux de tourisme nous ont appris qu'un bébé dauphin était né il y a quelques jours".


La star marocaine de la Coupe du monde Amallah apprécie la vie en Liga avec Valence

L'international marocain Selim Amallah profite de la vie au sein du de la Liga de Valence. (Photo, AN)
L'international marocain Selim Amallah profite de la vie au sein du de la Liga de Valence. (Photo, AN)
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  • Avant le départ de son club pour Barcelone, le milieu de terrain s’est entretenu avec Arab News au sujet de sa carrière en Espagne, des exploits de son pays à la Coupe du monde et des joueurs arabes en Europe
  • «Je suis très content de jouer en Espagne parce que c’est l’un des meilleurs championnats au monde»

VALENCE: Ces dernières années, Selim Amallah, star du Valence CF et du Maroc, a vécu des moments inoubliables, tant au niveau international qu’en club.

À l’été 2023, le footballeur de 27 ans a été prêté à l’équipe de la Liga par le club de deuxième division Real Valladolid, après avoir participé aux demi-finales de la Coupe du monde 2022 au Qatar avec la sélection marocaine.

Ce soir, le milieu de terrain né en Belgique fera partie de l’équipe de Valence, actuellement en huitième position dans le classement de La Liga. Le club est dirigé par la légende Ruben Baraja et il affrontera le FC Barcelone au stade olympique Lluis-Companys.

Selim est ravi de la tournure des événements.

«Je suis très content de jouer en Espagne parce que c’est l’un des meilleurs championnats au monde», déclare-t-il à Arab News, après une séance d’entraînement à la Ciudad Deportiva de Paterna, le complexe d’entraînement ultramoderne de Valence.

«C’est un championnat dans lequel je voulais jouer et j’y suis parvenu», précise-t-il. «Je m’attendais à avoir beaucoup plus de temps de jeu au départ», ajoute-t-il. «Je suis conscient de l'expérience d'apprentissage inestimable que cette saison m'a offerte. Franchement, je suis très heureux d'être ici.»

Si, historiquement, de nombreux joueurs d’Afrique du Nord ont brillé en Liga et dans d’autres championnats européens, très peu de joueurs du Moyen-Orient ou des pays du Golfe ont tenté de franchir le pas.

Selim Amallah estime que davantage de joueurs arabes devraient tenter leur chance, non seulement pour relever de nouveaux défis sportifs et découvrir de nouvelles cultures, mais aussi et surtout pour réussir en tant que professionnels sur le terrain.

«Bien sûr, entrer dans l'Histoire d'un championnat ou de son pays est quelque chose que l'on aspire à réaliser, et c’est aussi un de mes objectifs», poursuit-il.

À ce jour, le point culminant de la carrière de Selim Ramallah a sans aucun doute été l’incroyable parcours du Maroc vers les demi-finales de la Coupe du monde 2022 au Qatar. En cours de route, les Lions de l’Atlas ont battu l’Espagne et le Portugal, avant de s'incliner face à la France, championne du monde en titre.

«C’était incroyable», lance Selim. «Ce sont des souvenirs qui, je crois, resteront à jamais gravés dans nos mémoires. Aucun de nous ne s’attendait à arriver à ce niveau-là. Nous avons su montrer que les joueurs marocains et les clubs marocains peuvent aussi pratiquer le football au plus haut niveau. Nous sommes très fiers d’avoir représenté notre pays.»

L'expérience au Qatar a été marquée par le soutien massif que les sélections des pays arabes ont reçu, les membres des différentes communautés s’unissant pour soutenir les équipes de la région.

«C’était une fierté parce qu’il n’y avait pas nécessairement que le peuple marocain qui était derrière nous. Tous les peuples musulmans étaient avec nous», souligne Selim Amallah. «Nous étions heureux de montrer que les musulmans sont bien présents dans le football et que nous pouvions non seulement rendre fiers les Marocains, mais aussi tout le monde arabe et le monde africain, à travers notre détermination sur le terrain.»

Après l’euphorie du Qatar 2022, le Maroc a reçu une autre bonne nouvelle en étant désigné comme coorganisateur de la Coupe du monde 2030, aux côtés de l’Espagne et du Portugal.

Selim Amallah affirme que lui et ses coéquipiers cherchent à étoffer leur palmarès avant ce grand rendez-vous mondial du football.

«Je pense que nous avons envie de prouver, de montrer que le Maroc sera encore là», indique-t-il. «Nous avons une très belle équipe, nous avons de grands joueurs, mais je pense que désormais ça sera un peu plus difficile parce que nous serons attendus. Nous ferons tout notre possible pour représenter notre pays.»

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Ryan Reynolds, ambassadeur de l’île de Yas à Abu Dhabi

La star hollywoodienne Ryan Reynolds est le nouveau directeur en chef de l’île de Yas. C’était donc lui, le mystérieux parachutiste qui apparaissait dans une récente campagne pour le site d’Abu Dhabi. (Photo fournie)
La star hollywoodienne Ryan Reynolds est le nouveau directeur en chef de l’île de Yas. C’était donc lui, le mystérieux parachutiste qui apparaissait dans une récente campagne pour le site d’Abu Dhabi. (Photo fournie)
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  • La vedette de Deadpool succède à l’acteur américain Jason Momoa et, avant ce dernier, au comédien américain Kevin Hart
  • Dans la nouvelle vidéo promotionnelle, on voit Reynolds sauter en parachute au milieu des voitures lancées à grande vitesse sur le circuit de Yas Marina

DUBAÏ: La star hollywoodienne Ryan Reynolds est le nouveau directeur en chef de l’île de Yas. C’était donc lui, le mystérieux parachutiste qui apparaissait dans une récente campagne pour le site d’Abu Dhabi.

La vedette de Deadpool succède à l’acteur américain Jason Momoa et, avant ce dernier, au comédien américain Kevin Hart.

Dans la nouvelle vidéo promotionnelle, on voit Reynolds sauter en parachute au milieu des voitures lancées à grande vitesse sur le circuit de Yas Marina, manquant ainsi son point d’atterrissage prévu au W Abu Dhabi.

«J’ai été acteur, producteur, propriétaire d’un club de football gallois et j’en passe. Alors je…», commence Reynolds, mais le reste de son discours est noyé par le rugissement des voitures de F1 qui font le tour du circuit.

La bande-annonce montre également l’acteur en train de savourer le panorama sonore et visuel de l’île de Yas alors qu’il dévale les toboggans aquatiques de Yas Waterworld Abu Dhabi, explore Gotham City et dévale les montagnes russes de Warner Bros World™ Abu Dhabi.

«Avec la nomination de Ryan Reynolds au poste de directeur en chef de l’île de Yas à Abu Dhabi, nous perpétuons la tradition d’excellence établie par Kevin Hart et Jason Momoa. M. Reynolds apporte un mélange unique de charisme, d’énergie et d’enthousiasme à ce rôle, ce qui promet de porter l’expérience de l’île de Yas vers de nouveaux sommets. Nous sommes ravis de nous lancer dans cette aventure euphorique avec lui, invitant les fans du monde entier à participer à cet héritage», confie Liam Findlay, directeur général de Miral Destinations.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Avec ses tapisseries interactives exposées à Paris, Chloé Bensahel fait chanter les plantes

L'artiste franco-américaine Chloé Bensahel pose lors d'une séance photo, dans le cadre de son exposition au Musée du Palais de Tokyo à Paris le 24 avril 2024 (Photo, AFP).
L'artiste franco-américaine Chloé Bensahel pose lors d'une séance photo, dans le cadre de son exposition au Musée du Palais de Tokyo à Paris le 24 avril 2024 (Photo, AFP).
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  • En les caressant du plat de sa main, le visiteur se fait magicien
  • Au contact du corps humain et comme irriguées par un réseau sanguin ou neuronal, les tapisseries s'illuminent tandis que des chants byzantins résonnent

PARIS: Ses tapisseries s'éclairent et chantent lorsqu'on les touche: exposée à Paris, l'artiste franco-américaine Chloé Bensahel tisse des oeuvres hybrides, faisant appel aux plantes comme aux nouvelles technologies.

Au Palais de Tokyo, où cette trentenaire expose pour la première fois en solo jusqu'au 30 juin, trois grandes tapisseries aux motifs géométriques et aux couleurs naturelles, tissées en fils de laine, coton, soie et fibres végétales, sont disposées en cercle dans un espace compartimenté par des voilages noirs.

En les caressant du plat de sa main, le visiteur se fait magicien: au contact du corps humain et comme irriguées par un réseau sanguin ou neuronal, les tapisseries s'illuminent tandis que des chants byzantins résonnent.

"Elles font partie d’un groupe d’œuvres que je produis en continu qui s’appellent les +Transplants+, des tapisseries faites à base de plantes invasives comme l’ortie ou le mûrier qui sont des espèces ramenées de voyages coloniaux du 19ème siècle", explique à l'AFP l'artiste, diplômée de la Parsons School of Design de New York et qui a aussi fait ses classes auprès de Sheila Hicks.

Sheila Hicks, «mentor»

Cette figure mondiale de la tapisserie moderne a été son "mentor", dit la jeune femme. Elle lui a notamment permis de "rencontrer des tisserands japonais" et d'apprendre les techniques de tissage au Japon, approfondies par des résidences en Australie, à San Francisco et Paris.

Qu'il s'agisse de soie du XIXème siècle tissée en basse-lisse (technique traditionnelle de tissage à l'horizontal, ndlr), d'une chemise ou de chaussettes brodées au fil d'or, l'artiste performeuse, adepte de la danse et des textes sacrés, donne vie à ses supports en les mélangeant "à du fil conducteur".

"Ce qui m’intéressait, c’était de créer des textes performatifs qu’on incarne. Les plantes ont des histoires qu’elles racontent mais les corps aussi et l’idée de faire une tapisserie interactive est vraiment venue de l’envie de faire un texte qui se raconte par le corps et d’insérer le corps dans l’expérience de l’œuvre", explique-t-elle.

A base de cuivre, le fil conducteur est inclus "dans la tapisserie reliée à un système informatique qui envoie une fréquence en permanence interférant avec le corps humain, conducteur lui aussi et qui déclenche le dispositif sonore", détaille-t-elle.

C'est en 2019 qu'elle a rencontré des ingénieurs de Google et découvert ce système, en résidence à la manufacture des Gobelins à Paris.

Invisible 

Côté son, elle travaille avec des compositeurs - la chorale La Tempête et la compositrice américaine Caroline Shaw - après avoir au départ "installé des électrodes sur des plantes pour capter leurs fréquences et les traduire en fréquences sonores" avec des instruments de musique.

Elle explique: "j’ai voulu remonter dans l’histoire des plantes qui sont sur notre territoire pour imaginer ce qu’elles avaient à raconter".

Se servant du monde botanique comme allégorie du monde humain, l'artiste, aux racines nord-africaine, française et américaine, raconte "des histoires de migration, d'hybridation culturelle et de résilience".

"L’idée de la tapisserie interactive, c’est souvent de matérialiser quelque chose qui est invisible: c’est en touchant qu’on découvre un message secret ou codé. Les plantes, c'est pareil, elles parlent entre elles un langage que nous ne percevons pas car dans cette ère de +l’anthropocène+ on pense qu’on est maître du monde naturel", s'amuse cette "hypersensible" dont le "rapport au texte (est) clairement influencé par (son) judaïsme", de son propre aveu.

Pensionnaire de la villa Albertine, des résidences d'artistes pour promouvoir la langue française au Etats-Unis, et en résidence actuellement au MIT de Boston, elle poursuit ses recherches afin d'imaginer "un textile qui bouge et change de forme" grâce "à des muscles artificiels qui lui permettent de se rétracter et de se détendre", dit-elle.