Climat: la petite île qui veut remodeler le FMI et la Banque mondiale

La directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Kristalina Georgieva, pose pour un portrait lors d'une interview à Meridian House à Washington, DC, le 6 avril 2023. (Photo, AFP)
La directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Kristalina Georgieva, pose pour un portrait lors d'une interview à Meridian House à Washington, DC, le 6 avril 2023. (Photo, AFP)
Short Url
Publié le Vendredi 07 avril 2023

Climat: la petite île qui veut remodeler le FMI et la Banque mondiale

  • Ce petit Etat des Caraïbes, exposé au passage des ouragans et menacé par la montée du niveau des océans causé par le dérèglement climatique, est devenu le principal avocat de la réforme des institutions économiques internationales
  • «Je sens que nous avons une opportunité», confie à l'AFP Avinash Persaud, qui mène la campagne de la Barbade avec «un employé et demi et un tableau Excel»

PARIS: Les appels à réformer l'architecture de la finance mondiale pour mieux répondre aux défis du dérèglement climatique se multiplient. Et l'une des voix les plus forte provient de la Barbade, petite île exposée aux menaces.

"Nous pensons avoir un plan", a avancé la Première ministre de la Barbade, Mia Mottley, devant les dirigeants du monde entier réunis pour la COP27 en Egypte en novembre.

Ce petit Etat des Caraïbes, exposé au passage des ouragans et menacé par la montée du niveau des océans causé par le dérèglement climatique, est devenu le principal avocat de la réforme des institutions économiques internationales.

Son plan, connu sous le nom d'initiative de Bridgetown - du nom de la capitale du pays - prévoit d'utiliser le FMI pour transformer "les milliards en milliers de milliards" d'investissements afin de réduire les émissions de CO2, avec également des taxes sur les entreprises fossiles destinées à amortir les chocs économiques liés au climat.

Le débat ne manquera pas de s'inviter aux réunions de printemps de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI) la semaine prochaine. Paris espère aussi faire avancer les réformes en accueillant un sommet pour un "nouveau pacte financier" le 23 juin.

Ces propositions sont toujours débattues mais gagnent du terrain parmi les nations les plus développées qui font la pluie et le beau temps au FMI et à la Banque mondiale.

Cette dernière est particulièrement sous pression pour faire plus en faveur du climat, un domaine dans lequel le président sortant David Malpass - nommé sur proposition de Donald Trump - a été critiqué pour son manque de volontarisme.

"Nouvelle guerre" 

"Je sens que nous avons une opportunité", confie à l'AFP Avinash Persaud, qui mène la campagne de la Barbade avec "un employé et demi et un tableau Excel".

Les institutions dites de Bretton Woods avaient été créées pour aider à reconstruire les pays dévastés par la Seconde guerre mondiale en encourageant le commerce et le développement.

"Si on combine toutes les crises auxquelles nous sommes confrontés aujourd'hui, on a l'impression de sortir d'une nouvelle guerre", remarque l'économiste camerounaise Vera Songwe.

La crise climatique est "la plus critique" et "influe sur chaque aspect du développement économique mondial", selon elle.

Les institutions multilatérales ne sont cependant pas restées les bras croisés. Le FMI a par exemple mis sur pieds un fonds pour encourager la résilience des pays à revenus faible et intermédiaire - et dont la Barbade a été le premier bénéficiaire.

Mais les critiques estiment que cela n'est pas suffisant. Un groupe d'experts indépendants mandaté par l'ONU et co-présidé par Vera Songwe estimait l'an dernier qu'il faudrait plus de 2.000 milliards de dollars par an pour répondre à la crise climatique.

"Argent sur la table" 

La Barbade propose d'utiliser les droits de tirage spéciaux (DTS) du FMI - un avoir de réserve - pour y adosser un nouveau fonds climatique, qui pourrait emprunter à bon compte et investir dans des projets de réduction des émissions de CO2.

Elle demande aussi aux banques multilatérales d'augmenter leurs prêts, avec de préférence une clause pour geler les remboursements pendant deux ans en cas d'événement climatique extrême.

Le plan suppose enfin une taxation - par exemple sur les transactions financières ou les bénéfices des entreprises fossiles - pour aider les pays à faire face aux dégâts climatiques.

Les ONG ont dans l'ensemble accueilli favorablement ces pistes même si elles souhaitent que la question de l'annulation des dettes soit mise sur la table - tout comme une reconnaissance de la responsabilité historique des pays riches pollueurs.

"Tant qu'il n'y aura pas l'argent sur la table, on n'arrivera pas à résoudre la crise climatique", juge Harjeet Singh du Climate Action Network (CAN).

Même si la Barbade est considérée comme relativement prospère par d'autres pays plus pauvres, Avinash Persaud espère pouvoir construire une large coalition de pays - pesant quelque 40% de la population mondiale - en faveur d'avancées dans la prise en compte des enjeux climatiques.

"Cela changera le monde pour ces 3,2 milliards de personnes", s'enthousiasme-t-il.


Monnaie numérique, IA et santé mentale au programme de l’Open Forum Riyadh

Des représentants gouvernementaux, des artistes, des leaders de la société civile, des entrepreneurs et des PDG de multinationales interviendront au cours des différentes tables rondes. (Photo, AFP)
Des représentants gouvernementaux, des artistes, des leaders de la société civile, des entrepreneurs et des PDG de multinationales interviendront au cours des différentes tables rondes. (Photo, AFP)
Short Url
  • Cet événement se déroulera parallèlement à la réunion spéciale du WEF sur la collaboration mondiale
  • «Dans le cadre de Vision 2030 de l’Arabie saoudite, Riyad est devenue une capitale mondiale pour le leadership éclairé, l’action et les solutions»

LONDRES: L'Open Forum Riyadh, une série de tables rondes publiques qui se tiendront dans la capitale saoudienne dimanche et lundi, «mettra l’accent sur les défis et les opportunités au niveau mondial», selon les organisateurs.

Cet événement, fruit d’une collaboration entre le Forum économique mondial (WEF) et le ministère saoudien de l’Économie et de la Planification, se déroulera parallèlement à la réunion spéciale du WEF sur la collaboration mondiale, la croissance et l’énergie pour le développement, qui aura lieu à Riyad les 28 et 29 avril.

«Dans le cadre de Vision 2030 de l’Arabie saoudite, Riyad est devenue une capitale mondiale pour le leadership éclairé, l’action et les solutions, favorisant l’échange de connaissances et d’idées innovantes», affirme dans un communiqué de presse Faisal F. Alibrahim, ministre saoudien de l’Économie et de la Planification. Ce dernier précise que l’organisation de l’Open Forum de cette année à Riyad «témoigne de l’influence et du rôle croissants de la ville sur la scène internationale».

Le forum est ouvert au public et «vise à faciliter le dialogue entre les leaders éclairés et le grand public sur une série de sujets, notamment les défis environnementaux, la santé mentale, les monnaies numériques, l’intelligence artificielle [IA], le rôle des arts dans la société, l’entrepreneuriat moderne et les villes intelligentes», indique un communiqué.

Au programme, des tables rondes qui portent sur l’impact des monnaies numériques au Moyen-Orient, sur le rôle de la culture dans la diplomatie publique, sur le développement urbain pour les villes intelligentes ainsi que sur les actions qui ont pour objectif d’améliorer le bien-être mental dans le monde.

L’Open Forum, qui a lieu chaque année, a été créé en 2003 dans le but de permettre à un public plus large de participer aux activités du WEF. Il a été organisé dans plusieurs pays, dont le Cambodge, l’Inde, la Jordanie et le Vietnam.

Des représentants gouvernementaux, des artistes, des leaders de la société civile, des entrepreneurs et des PDG de multinationales interviendront au cours des différentes tables rondes.

Parmi les intervenants de cette année figurent Yazid A. al-Humied, gouverneur adjoint et responsable des investissements dans la région Mena au Fonds public d’investissement saoudien (PIF), la princesse Rima bent Bandar al-Saoud, ambassadrice d’Arabie saoudite aux États-Unis, et la princesse Beatrice, fondatrice du Big Change Charitable Trust et membre de la famille royale britannique.

Michèle Mischler, responsable des affaires publiques suisses et de la durabilité au WEF, a fait savoir dans un communiqué de presse que la participation du public aux tables rondes de l’Open Forum «favorise la diversité des points de vue, enrichit le dialogue mondial et renforce les solutions collectives pour un avenir plus inclusif et durable».

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le FMI ouvre son premier bureau dans la région Mena à Riyad

Le bureau permettra une collaboration plus étroite entre le FMI et les institutions régionales. (Shutterstock)
Le bureau permettra une collaboration plus étroite entre le FMI et les institutions régionales. (Shutterstock)
Short Url
  • Ce nouveau bureau a pour but de renforcer le développement des capacités, la surveillance régionale et la communication
  • Il permettra une collaboration plus étroite entre le FMI et les institutions régionales, les gouvernements et les autres parties prenantes

RIYAD: Le Fonds monétaire international (FMI) a ouvert son premier bureau dans la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (Mena) à Riyad.

Le bureau a été inauguré lors de la Conférence régionale conjointe sur les politiques industrielles de diversification, organisée conjointement par le FMI et le ministère des Finances le 24 avril.

Selon l’agence de presse saoudienne (SPA), ce nouveau bureau a pour but de renforcer le développement des capacités, la surveillance régionale et la communication afin de favoriser la stabilité, la croissance et l’intégration régionale, promouvant ainsi les partenariats au Moyen-Orient et au-delà.

En outre, le bureau permettra une collaboration plus étroite entre le FMI et les institutions régionales, les gouvernements et les autres parties prenantes, indique la SPA. Cette dernière indique que le FMI a remercié l’Arabie saoudite de sa contribution financière visant à renforcer le développement des capacités dans ses États membres, y compris les pays fragiles.

Abdoul Aziz Wane, chef de mission chevronné du FMI qui a une connaissance approfondie de l’institution et dispose d’un vaste réseau de décideurs et d’universitaires dans le monde entier, sera le premier directeur du bureau de Riyad.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L'UE impose des règles renforcées au champion chinois du prêt à porter Shein

Shein, spécialiste de la "fast-fashion", qui a son siège social à Singapour, vend ses vêtements exclusivement en ligne, auprès d'une clientèle jeune très présente sur les réseaux sociaux. (Photo, AFP)
Shein, spécialiste de la "fast-fashion", qui a son siège social à Singapour, vend ses vêtements exclusivement en ligne, auprès d'une clientèle jeune très présente sur les réseaux sociaux. (Photo, AFP)
Short Url
  • L'application fondée en Chine en 2012, emblème des dérives sociales et environnementales de la mode à petits prix, devient la 23ème plateforme, aux côtés de X, TikTok, Google ou Facebook, à se voir imposer les règles de l'UE les plus strictes
  • Shein revendique chaque mois 108 millions d'utilisateurs de son site dans l'Union européenne, soit nettement plus que le seuil de 45 millions à partir duquel les acteurs peuvent être soumis à la régulation renforcée

BRUXELLES: Bruxelles a ajouté vendredi le champion du prêt-à-porter bon marché Shein à la liste des très grandes plateformes en ligne soumises à des contrôles renforcés dans le cadre de la nouvelle législation sur les services numériques (DSA).

L'application fondée en Chine en 2012, emblème des dérives sociales et environnementales de la mode à petits prix, devient la 23ème plateforme, aux côtés de X, TikTok, Google ou Facebook, à se voir imposer les règles de l'UE les plus strictes pour "protéger les consommateurs contre les contenus illégaux", a annoncé la Commission européenne dans un communiqué.

Shein, spécialiste de la "fast-fashion", qui a son siège social à Singapour, vend ses vêtements exclusivement en ligne, auprès d'une clientèle jeune très présente sur les réseaux sociaux. Elle revendique chaque mois 108 millions d'utilisateurs de son site dans l'Union européenne, soit nettement plus que le seuil de 45 millions à partir duquel les acteurs peuvent être soumis à la régulation renforcée.

Ces entreprises doivent notamment analyser les risques liés à leurs services en matière de diffusion de contenus ou produits illégaux et mettre en place les moyens pour les atténuer. Cette analyse doit faire l'objet d'un rapport annuel remis à la Commission européenne qui assume désormais un rôle de gendarme du numérique dans l'UE.

"Des mesures devront être mises en œuvre pour protéger les consommateurs contre l'achat de produits dangereux ou illégaux, en mettant particulièrement l'accent sur la prévention de la vente et de la distribution de produits qui pourraient être nocifs pour les mineurs", a expliqué la Commission.

Les très grandes plateformes doivent aussi fournir au régulateur un accès à leurs algorithmes pour que le respect du règlement puisse être contrôlé. Elles doivent se soumettre une fois par an à un audit externe indépendant, à leurs propres frais.

Ces obligations s'appliqueront à Shein à partir de fin août.

Les contrevenants aux règles peuvent se voir infliger des amendes jusqu'à 6% de leur chiffre d'affaires annuel mondial, voire une interdiction d'opérer en Europe en cas de violations graves et répétées.

Réagissant à sa désignation comme très grande plateforme vendredi, Shein a affirmé sa volonté de se conformer aux règles européennes. "Nous partageons l'ambition de la Commission de faire en sorte que les consommateurs de l'UE puissent faire leurs achats en ligne en toute sérénité et nous nous engageons à jouer notre rôle", a déclaré Leonard Lin, responsable mondial des affaires publiques du groupe.

Les très grandes plateformes concernées par les contrôles européens renforcés incluent aussi le géant du commerce en ligne Amazon et son concurrent AliExpress, filiale du géant chinois Alibaba.

Une autre application chinoise de e-commerce, Temu, devrait s'ajouter prochainement à cette liste après avoir annoncé en avril qu'elle comptait environ 75 millions d'utilisateurs mensuels dans l'Union européenne.

Le DSA a montré son efficacité cette semaine en imposant à TikTok de suspendre dans l'UE la fonctionnalité de sa nouvelle application TikTok Lite qui récompense les utilisateurs pour le temps passé devant les écrans.

La Commission craignait des risques d'addiction, notamment pour les adolescents, et a ouvert une enquête. Elle soupçonne le réseau social, propriété du groupe chinois ByteDance, de ne pas avoir conduit l'analyse obligatoire des risques, en particulier pour la santé mentale des utilisateurs.

Toujours dans le cadre du DSA, Bruxelles a aussi ouvert en décembre une enquête visant le réseau social X pour des manquements présumés aux obligations de modération des contenus.