Retour à la Réunion pour des anciens enfants déracinés de force par la France

L'une des 47 personnes ayant vécu dans la Creuse et nées sur l'île de la Réunion est accueillie par les habitants à son arrivée sur le sol de sa terre natale, à Saint-Denis-de-la-Réunion, le 7 avril 2023. (Photo Stephan / IMAZPRESS / AFP)
L'une des 47 personnes ayant vécu dans la Creuse et nées sur l'île de la Réunion est accueillie par les habitants à son arrivée sur le sol de sa terre natale, à Saint-Denis-de-la-Réunion, le 7 avril 2023. (Photo Stephan / IMAZPRESS / AFP)
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Publié le Samedi 08 avril 2023

Retour à la Réunion pour des anciens enfants déracinés de force par la France

  • Les parents étaient convaincus que leurs enfants partaient pour un avenir meilleur et qu'ils reviendraient régulièrement à La Réunion
  • Victimes de sévices et exploités dans leur famille d'accueil, le destin de certains enfants a souvent été douloureux

SAINT-DENIS DE LA RÉUNION, France : «Revoir mon île, c'est formidable»... Une cinquantaine de personnes, arrachées de force de la Réunion dans l'océan Indien pour repeupler le territoire métropolitain de la France, sont retournés, certains pour la première fois, vers l'île de leur enfance.

On les appelle les «Enfants de la Creuse», du nom d'un département rural du centre de la France: : 2.000 enfants réunionnais ont été retirés par les services sociaux à leurs parents et transférés de force, à 10.000 km de là, principalement dans la Creuse, entre 1962 et 1984, selon une opération du Bureau pour le développement des migrations dans les départements d'Outre-mer (Bumidom).

Les parents étaient convaincus que leurs enfants partaient pour un avenir meilleur et qu'ils reviendraient régulièrement à La Réunion. En réalité, la majorité d'entre eux ne sont jamais revenus sur l'île française et n'ont jamais pu revoir leurs parents.

«Revoir mon île c'est formidable», confie avec émotion Daisy Jamain, une sexagénaire, parmi les 47 personnes qui font ce voyage d'au moins deux semaines organisé par la Fédération des enfants déracinés des DROM (départements et régions d'Outre-mer).

Certains remettent un pied pour la première fois dans leur île natale. Ceux là ont du mal à répondre aux interviews. «Il y a encore beaucoup trop d'émotion», dit simplement l'un d'eux.

Daisy Jamain a été transférée par les services sociaux à l'âge de 9 ans, au milieu des années 1960. Orpheline, elle est partie avec deux de ses soeurs. Elles sont «arrivées là-bas (en Métropole, ndlr) dans le froid avec (leurs) petites robes d'été», se souvient Daisy avec émotion.

Séparée de ses deux sœurs dès son arrivée, elle ne retrouvera l'une d'elles que 56 ans plus tard. Elles ont depuis appris à se connaître et sont revenues ensemble sur l'île de l'Océan indien.

Daisy Jamain dit être épanouie et ne pas avoir de rancœur. Elle attend tout de même des excuses officielles de la part de l'État pour «avoir fait souffrir autant d'enfants innocents».

- Sévices et exploitation -

Victimes de sévices et exploités dans leur famille d'accueil, le destin de certains enfants a souvent été douloureux.

C'est le cas de Jacques Dalleau, 71 ans. Enlevé à son père en 1965, à 14 ans, il ne le reverra jamais. «J'ai travaillé comme un larbin», placé dans une ferme de la Creuse, témoigne-t-il, disant avoir été «exploité et maltraité».

Il a déjà eu l'occasion de revenir plusieurs fois à La Réunion. «La reconstruction reste difficile» dit-il, même s'il estime que «le pire est derrière [lui]».

Marlène Ouledy, 53 ans, fait aussi partie de ces enfants qui ont été maltraités par leur famille d'accueil.

Enlevée en 1971 à l'âge de 9 mois des bras de ses parents, elle estime qu'on «ne peut pas transplanter un enfant comme ça. On le fait avec une plante ou une fleur mais pas avec un être humain».

Elle dénonce les violences infligées par ses parents adoptifs: «j'étais élevée à coups de poing, ils me faisaient manger la tay («excrément» en créole réunionnais, ndlr) et il n'y avait aucune surveillance de la part des assistantes sociales», témoigne-t-elle.

A 25 ans, elle apprend que ses parents biologiques la recherchent.

C'est un courrier de la Direction départementales des affaires sanitaires et sociales (DDASS) qui lui permet de retrouver leur trace.

Marlène Ouledy revient à La Réunion en 1999. Elle y retrouve sa mère, ses frères et sœurs mais pas son père, décédé en 1983.

«Je demande réparation et que notre voix soit portée à l'Élysée (la présidence française). Il est grand temps. Bientôt l'un après l'autre nous allons disparaitre», lance-t-elle.

L'Assemblée nationale a adopté en 2014 une résolution proposée par Ericka Bareigts, députée socialiste de La Réunion, reconnaissant la «responsabilité morale» de l'État français dans ces exils forcés.

Les «enfants de la Creuse» demandent aussi «une réparation mémorielle».

«Il faudrait un lieu de mémoire dans la Creuse et que notre histoire soit étudiée dans les manuels scolaires», note Valérie Andanson porte-parole de la fédération des enfants déracinés des DROM.


Rassemblement à Paris en mémoire d'Aboubakar Cissé et contre l'islamophobie

"Le racisme tue, non à la haine contre les musulmans", a-t-on pu lire sur des pancartes tenues par des manifestants réunis à l'appel de SOS Racisme et de la militante associative Assa Traoré. (AFP)
"Le racisme tue, non à la haine contre les musulmans", a-t-on pu lire sur des pancartes tenues par des manifestants réunis à l'appel de SOS Racisme et de la militante associative Assa Traoré. (AFP)
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  • "Je n'ai pas l'impression que l'on (les musulmans) soit entendu et représenté dans les médias ou au gouvernement. Si cela avait été une victime d'une autre religion, d'un autre nom et d'une autre culture nous, nous aurions été au soutien. Il existe un deu
  • Un juge d'instruction du pôle criminel de Nîmes a été saisi et une information judiciaire ouverte pour meurtre avec préméditation et à raison de la race ou de la religion

PARIS: Au moins un millier de personnes se sont rassemblées à Paris pour rendre hommage à Aboubakar Cissé, un musulman tué la semaine dernière dans une mosquée du Gard, et dénoncer l'"islamophobie", a constaté une journaliste de l'AFP.

"Le racisme tue, non à la haine contre les musulmans", a-t-on pu lire sur des pancartes tenues par des manifestants réunis à l'appel de SOS Racisme et de la militante associative Assa Traoré.

"Je n'ai pas l'impression que l'on (les musulmans) soit entendu et représenté dans les médias ou au gouvernement. Si cela avait été une victime d'une autre religion, d'un autre nom et d'une autre culture nous, nous aurions été au soutien. Il existe un deux poids deux mesures", commente Yasmina, 52 ans, fonctionnaire, qui n'a pas souhaité donner son nom de famille.

"On arrive encore à dire que ce n'était pas un musulman qui était visé mais on ne va pas se mentir il n'y a que les musulmans en France qui fréquentent les mosquées. À un moment il faut poser les mots comme on le fait à juste titre contre l'antisémitisme, et appeler ça de l'islamophobie", a souligné Myriam, 30 ans, assistante dentaire, qui n'a pas souhaité non plus donner son nom.

Aboubakar Cissé, un jeune Malien, a été lardé de plusieurs dizaines de coups de couteau dans la mosquée de la petite commune gardoise de La Grand-Combe, où il était venu tôt comme chaque semaine pour faire le ménage, avant la prière du vendredi.

Son assassin, un Français d'origine bosnienne de 21 ans, s'est rendu à la police italienne.

Dans la vidéo qu'il avait lui-même réalisée juste après son meurtre, le suspect a insulté la religion de sa victime.

Un juge d'instruction du pôle criminel de Nîmes a été saisi et une information judiciaire ouverte pour meurtre avec préméditation et à raison de la race ou de la religion.

Outre une marche blanche à La Grand-Combe, un rassemblement en mémoire de la victime et contre l'islamophobie a déjà été organisé dimanche à Paris et une manifestation s'est déroulée mardi à Lyon.


Un 1er-Mai syndical qui se veut «festif et combatif», mais sans unité large

Pour les salaires, pour l'abrogation de la réforme des retraites, ou encore "contre la trumpisation du monde" : les organisations syndicales appellent à battre le pavé jeudi pour le 1er-Mai, mais la mobilisation se tient sans unité large. (AFP)
Pour les salaires, pour l'abrogation de la réforme des retraites, ou encore "contre la trumpisation du monde" : les organisations syndicales appellent à battre le pavé jeudi pour le 1er-Mai, mais la mobilisation se tient sans unité large. (AFP)
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  • A Paris, la manifestation doit partir à 14H00 de la place d'Italie vers la place de la Nation
  • Si - comme l'an dernier - l'intersyndicale ne sera pas unie pour l'occasion, le numéro un de FO Frédéric Souillot défilera aux côtés de ses homologues, dont la cheffe de file de la CGT Sophie Binet, dans le cortège parisien

PARIS: Pour les salaires, pour l'abrogation de la réforme des retraites, ou encore "contre la trumpisation du monde" : les organisations syndicales appellent à battre le pavé jeudi pour le 1er-Mai, mais la mobilisation se tient sans unité large.

Pour la journée internationale des travailleurs, la CGT a recensé quelque 260 rassemblements en France. La centrale de Montreuil a appelé avec la FSU, Solidaires et des organisations de jeunesse (Union étudiante, Unef, Fage, USL) à défiler "contre l'extrême droite, pour la paix, les libertés et la justice sociale".

Si - comme l'an dernier - l'intersyndicale ne sera pas unie pour l'occasion, le numéro un de FO Frédéric Souillot défilera aux côtés de ses homologues, dont la cheffe de file de la CGT Sophie Binet, dans le cortège parisien.

A Paris, la manifestation doit partir à 14H00 de la place d'Italie vers la place de la Nation.

D'autres cortèges s'élanceront dès le matin, comme Marseille et Lille à 10h30. Ce sera aussi le cas dès 10 heures à Bordeaux, Strasbourg ou Dunkerque, où des responsables de gauche, comme Marine Tondelier (Ecologistes), François Ruffin (ex-LFI) ou Boris Vallaud (PS) sont attendus pour protester contre le plan du sidérurgiste ArcelorMittal prévoyant la suppression d'environ 600 postes.

La numéro un de la CFDT Marylise Léon et son homologue de l'Unsa Laurent Escure se retrouvent, eux, dans la matinée dans le centre de Paris pour un rassemblement et une table ronde sur le travail.

Cent jours après l'arrivée de Donald Trump au pouvoir, la CGT, la FSU et Solidaires veulent aussi faire de cette journée un temps fort "contre la trumpisation du monde et l'internationale réactionnaire qui se développe partout", a expliqué à l'AFP Thomas Vacheron, cadre de la CGT.

Des syndicats internationaux (américain, belge, argentin, notamment) ont été conviés au défilé parisien. "Cette démarche unitaire et internationale est un petit pas" pour lutter contre des politiques qui menacent les travailleurs (hausse des droits de douane ou expulsions massives des travailleurs clandestins), selon Murielle Guilbert (Solidaires).

"Le sang et les larmes"

Cette année encore, de source policière, la présence de militants de l'ultra-gauche est jugée très probable à Paris, Nantes ou Lyon, entre autres.

De même source, dans la capitale où un peu plus de 2.000 membres des forces de l'ordre sont attendus, la décision du gouvernement de dissoudre le groupe antifasciste "La Jeune garde" et le collectif "Urgence Palestine" pourrait tendre le climat.

"On ne tolèrera rien", a averti mercredi le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau.

"Il faut relativiser" cette présence de "black blocs" face aux "centaines de milliers de manifestantes et de manifestants" attendues, a nuancé Sophie Binet mercredi, dénonçant des "stratégies malheureusement classiques (...) pour décrédibiliser la mobilisation sociale".

En 2023, les huit principaux syndicats (CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, Unsa, Solidaires, FSU) avaient défilé ensemble contre la réforme des retraites, du jamais vu depuis près de 15 ans, avec une très forte mobilisation à la clé (entre 800.000, selon les autorités et 2,3 millions, selon la CGT).

L'an dernier, les chiffres étaient revenus dans des fourchettes plus ordinaires: entre 121.000 personnes, selon les autorités, et 210.000, selon la CGT; et jeudi, la mobilisation devrait attirer sensiblement le même nombre de manifestants (100.000 à 150.000 de source policière).

Ce rendez-vous traditionnel se tient au moment où les syndicats craignent que le gouvernement apporte son soutien à des propositions de loi visant à autoriser certaines professions à faire travailler les salariés le 1er-Mai - seul jour férié et chômé en France -, une journée acquise "dans le sang et dans les larmes des ouvriers", rappelle Sophie Binet.

Le syndicat des "Gilets jaunes" a par ailleurs appelé ses sympathisants à mener une opération secrète sur différents points de rassemblement. "On va montrer aux partenaires du pouvoir ce qu’est un VRAI syndicat", ont-ils écrit dans un appel posté sur le réseau social X.


Macron et von der Leyen inciteront lundi les chercheurs étrangers à choisir l'Europe

Le président français Emmanuel Macron accueille la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen à son arrivée au sommet de la « coalition des volontaires » au palais de l'Élysée, à Paris, le 27 mars 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron accueille la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen à son arrivée au sommet de la « coalition des volontaires » au palais de l'Élysée, à Paris, le 27 mars 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • Le président français clôturera cette conférence dans la prestigieuse université de la Sorbonne, « dédiée à la science, à l'attractivité de l'Union européenne, mais aussi plus largement à l'innovation, à la recherche et aux libertés académiques »
  • « Ici, en France, la recherche est une priorité, l’innovation est une culture et la science est un horizon sans limite », avait-il assuré.

PARIS : À Paris, le président Emmanuel Macron et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen participeront lundi à une conférence pour vanter les mérites de l'Europe auprès des chercheurs étrangers, notamment américains, confrontés à « un certain nombre de menaces », a annoncé l'Élysée mercredi.

Le président français clôturera cette conférence dans la prestigieuse université de la Sorbonne, « dédiée à la science, à l'attractivité de l'Union européenne, mais aussi plus largement à l'innovation, à la recherche et aux libertés académiques », ont affirmé ses services à la presse.

Le message de cette rencontre sera « très clair » : « Choose Science, Choose Europe ».

Selon son entourage, il s'agit de dire, « dans un moment où les libertés académiques connaissent un certain nombre de reculs ou de menaces, que l'Europe est un continent attractif et que l'innovation, l'attractivité, la science et la recherche sont des éléments essentiels pour la croissance européenne ».

Le chef de l'État aura à cette occasion un entretien avec la présidente de la Commission européenne, qui participera à la conférence. 

Le 18 avril, Emmanuel Macron avait donné rendez-vous le 5 mai aux chercheurs « du monde entier ». Sur le réseau X, il les avait invités à « choisir la France et l'Europe », dans une tentative d'attirer les chercheurs américains menacés par la politique de Donald Trump.

« Ici, en France, la recherche est une priorité, l’innovation est une culture et la science est un horizon sans limite », avait-il assuré.

Parallèlement, le gouvernement a lancé une plateforme baptisée « Choose France for Science », présentée comme « une première étape pour préparer l'accueil des chercheurs internationaux ».

Depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier, chercheurs et universités sont dans le collimateur de son gouvernement et redoutent pour leur avenir, entre libertés académiques et de recherche menacées et financements réduits.

De plus en plus de chercheurs ou d'aspirants chercheurs réfléchissent donc à quitter le pays, considéré jusqu'ici comme le paradis de la recherche dans nombre de domaines.

En France, dès début mars, le ministre chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Philippe Baptiste, a demandé aux universités de réfléchir à des moyens de les accueillir.