Affaire du «frigo de Falco»: le maire de Toulon jugé pour «recel de détournement de fonds publics»

Sur cette photo prise le 7 mars 2022, le maire de Toulon, Hubert Falco, sort d’une réunion avec le président français sortant à son quartier général de campagne à Paris. Hubert Falco et Marc Giraud sont jugés pour détournement de fonds publics à Paris, le 11 avril 2023. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Sur cette photo prise le 7 mars 2022, le maire de Toulon, Hubert Falco, sort d’une réunion avec le président français sortant à son quartier général de campagne à Paris. Hubert Falco et Marc Giraud sont jugés pour détournement de fonds publics à Paris, le 11 avril 2023. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Short Url
Publié le Dimanche 09 avril 2023

Affaire du «frigo de Falco»: le maire de Toulon jugé pour «recel de détournement de fonds publics»

  • Maire de Toulon depuis 2001, M. Falco, 75 ans, ex-LR rallié au président Emmanuel Macron, a également dirigé le département du Var, de 1994 à 2002
  • Les repas du soir et du weekend de l'élu et son épouse étaient toujours préparés par le personnel, avec des ingrédients achetés sur le budget du conseil départemental, et un maître d'hôtel et un cuisinier étaient affectés à ces tâches

MARSEILLE : Pendant trois ans, le maire de Toulon, Hubert Falco, aurait vu ses repas payés par le conseil départemental du Var. Des accusations de «recel de détournement de fonds public» que l'élu entend démentir au procès dit «du frigo de Falco» prévu mardi à Marseille.

Maire de Toulon depuis 2001, M. Falco, 75 ans, ex-LR désormais rallié au président Emmanuel Macron, a également dirigé le département du Var, de 1994 à 2002.

Bien après son départ, l'élu toulonnais, seulement président honoraire de cette collectivité, aurait pourtant continué de venir manger à la caféteria, très régulièrement. Aux frais de l'institution.

Plus grave, selon Laurent Defraize, ex-responsable des cuisines du département, les repas du soir et du weekend de l'élu et son épouse étaient toujours préparés par le personnel, avec des ingrédients achetés sur le budget du conseil départemental.

Un maître d'hôtel et un cuisinier étaient affectés à ces tâches, occasionnant aussi le paiement d'heures supplémentaires par le conseil général. Ces repas et les aliments nécessaires à leur confection étaient stockés dans un frigidaire dédié au maire de Toulon. D'où «le frigo de Falco».

Entendu par les enquêteurs le 26 février 2020, ce témoin s'est suicidé moins d'un mois plus tard, le 11 mars 2020.

Si, devant les enquêteurs, plusieurs témoins à décharge l'avaient qualifié de «manipulateur» voire de «consommateur de cannabis et de cocaïne», l'accusant d'avoir en fait voulu dissimuler des «prestations privées», M. Defraize a vu ses affirmations corroborées par de nombreux autres salariés du département, dont au moins un ancien directeur général des services.

Poursuivis dans cette affaire, trois d'entre eux ont d'ailleurs déjà été condamnés, en mars 2022, dans le cadre d'une procédure de reconnaissance préalable de culpabilité, a souligné auprès de l'AFP Me Alain-David Pothet, avocat de l'association anticorruption Anticor, partie civile dans le procès d'Hubert Falco.

Au total, selon les enquêteurs, ces repas privés servis à M. Falco et son épouse sur les fonds publics du département se seraient montés à au moins 64.500 euros, sur une base de 1.500 euros par mois. Et ce sur la seule période visée par le dossier, entre avril 2015 et octobre 2018.

M. Falco est aussi accusé d'avoir fait laver son linge personnel aux frais du conseil départemental.

- «Fourberie judiciaire» -

Face aux parties civiles, Anticor et le syndicat départemental UNSA des territoriaux du Var, à l'origine de ce dossier par un signalement au titre de l'article 40 du code de procédure pénale, il n'y aura plus que deux prévenus mardi, devant le tribunal correctionnel de Marseille: Hubert Falco et Marc Giraud.

Président du conseil départemental du Var à l'époque des faits contestés, ce dernier a été contraint d'abandonner son fauteuil en 2022, après une condamnation pour détournement de fonds publics. Le même chef de mise en examen qui le conduit une nouvelle fois devant la justice.

Poursuivi de recel de détournement de fonds publics, M. Falco est «impatient de s'expliquer», a assuré à l'AFP son avocat, Me Thierry Fradet, dénonçant des «accusations grotesques, fondées sur la base d'une entente entre différents personnages».

Complot politique ? Vengeance personnelle ? «Nous réservons nos explications au tribunal», a précisé l'avocat du maire de Toulon, regrettant que dans ce dossier il n'y ait eu «aucune enquête contradictoire»: «Cela va donc nous obliger à refaire l'enquête à l'audience», a expliqué Me Fradet, en annonçant qu'il fera citer 21 témoins en défense jusqu'à vendredi.

Evoquant «une fourberie judiciaire», sur la base d'une simple citation directe du parquet, l'avocat de Marc Giraud affirme: «La moindre des choses serait que le tribunal renvoie au parquet pour une information judiciaire et qu'il y ait une vraie enquête, par un juge d'instruction».

«Des plateaux à deux euros à la cantine, on voit la gabegie», ironisait Me Jean-Claude Guidicelli auprès de l'AFP, à quelques jours de l'audience, affirmant, rapports de la chambre régionale des comptes à l'appui, que M. Giraud avait quitté le département avec un solde positif de 250 millions d'euros, contre un déficit de 50 millions à son arrivée en 2015.

Et pas question pour lui de s'exprimer sur ce supposé frigo:  «M. Giraud n'était pas gardien de nuit et n'allait pas dans les cuisines».


UE: une majorité de Français doute de l'influence réelle de Macron, selon un sondage

Le président français Emmanuel Macron arrive pour une conférence de presse à la fin du sommet du Conseil européen au siège de l'UE à Bruxelles, le 18 avril 2024. (Photo de Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron arrive pour une conférence de presse à la fin du sommet du Conseil européen au siège de l'UE à Bruxelles, le 18 avril 2024. (Photo de Ludovic MARIN / AFP)
Short Url
  • 66% des Français estiment qu'Emmanuel Macron ne doit pas «s'impliquer davantage dans la campagne» car «ce n'est pas son rôle en tant que président de la République»
  • Pour autant 61% des Français jugent qu'une «défaite nette» de la liste Renaissance serait un «échec personnel» pour le président

PARIS: Une majorité de Français (57%) doute de l'influence réelle d'Emmanuel Macron sur le fonctionnement et les décisions prises par l'Union européenne depuis 2017, selon un sondage Elabe publié jeudi pour BFMTV.

Alors qu'Emmanuel Macron va mettre en avant son bilan européen lors d'un discours jeudi matin à la Sorbonne, seuls 42% des Français estiment que le chef de l'État a eu "une influence réelle sur le fonctionnement et les décisions prises par l’Union européenne" depuis 2017.

L'électorat d’Emmanuel Macron porte un regard très positif sur son rôle (70%), alors que la majorité des électeurs de gauche (56%) et d'extrême droite (68%) sont plutôt négatifs.

A un mois et demi des européennes, 66% des Français estiment qu'Emmanuel Macron ne doit pas "s'impliquer davantage dans la campagne" car "ce n'est pas son rôle en tant que président de la République".

Pour autant 61% des Français jugent qu'une "défaite nette" de la liste Renaissance serait un "échec personnel" pour le président.

En cas de large défaite du camp présidentiel, une majorité (61%) souhaite qu'Emmanuel Macron "change significativement d'orientation politique", une opinion partagée par 43% des électeurs du président au premier tour de l'élection présidentielle en 2022.

Pour autant, seule une minorité de Français (46% contre 54%) réclame une dissolution de l’Assemblée nationale et l'organisation d'élections législatives anticipées. Encore moins (39% contre 61%) souhaitent un changement de Premier ministre.

Si 58% des sondés déclarent tenir compte avant tout d'enjeux de politique européenne dans leur décision de vote, 41% concèdent qu'ils feront leur choix avant tout sur des enjeux nationaux, surtout parmi les électeurs RN (61%).

Ce sondage a été réalisé par internet du 23 au 24 avril à partir d'un échantillon de 1.001 personnes, représentatif des résidents de France métropolitaine âgés de 18 ans et plus. Selon les résultats, la marge d'erreur est comprise entre +/- 1,4 point et +/-3,1 points.


Evénements climatiques extrêmes: la Croix-Rouge souhaite un sac d'urgence par Français

Cette photographie prise le 5 avril 2024 montre une enseigne de pharmacie affichant une température de 31 degrés Celsius à Bordeaux, dans le sud-ouest de la France. (AFP)
Cette photographie prise le 5 avril 2024 montre une enseigne de pharmacie affichant une température de 31 degrés Celsius à Bordeaux, dans le sud-ouest de la France. (AFP)
Short Url
  • Le dérèglement climatique fait déjà partie du quotidien des Français mais ils ne sont pas prêts y répondre, estime une étude de la Croix-Rouge
  • «75% (des Français) ne se sentent pas préparés face aux inondations, 73% face aux incendies de forêt, 59% face à la canicule», selon un sondage OpinionWay

PARIS: Un "sac d’urgence" pour chaque Français en cas d’évacuation face aux événements climatiques extrêmes: c’est l’une des préconisations de la Croix-Rouge française dans un rapport sur la résilience de la société française, qui fait état d'un manque de préparation.

Canicule, sécheresse, incendies de forêt, inondations: le dérèglement climatique fait déjà partie du quotidien des Français mais ils ne sont pas prêts y répondre, estime une étude de la Croix-Rouge, en collaboration avec le Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie (Crédoc), publiée jeudi.

"75% (des Français) ne se sentent pas préparés face aux inondations, 73% face aux incendies de forêt, 59% face à la canicule", selon un sondage OpinionWay pour la Croix-Rouge française.

"La préparation face aux crises est l'affaire de tous. Elle concerne bien entendu les pouvoirs publics, mais aussi les acteurs associatifs et privés, ainsi que les citoyens", déclare à l'AFP Philippe Da Costa, président de la Croix-Rouge française.

Pour affronter "l’inévitable", l’association a dix recommandations. Dont la constitution du "Catakit", un sac d'urgence par personne, prêt en cas d'évacuation et comprenant par exemple de la nourriture non périssable, de l'eau, une trousse de secours, des vêtements et une lampe torche, pour attendre l'arrivée de l'aide.

"Seuls 11% des Français disposent d’un sac d’urgence prêt, et moins de la moitié connaît les objets indispensables qu’il faut y glisser", détaille le sondage OpinionWay.

Autre recommandation: la formation aux gestes et aux comportements qui sauvent. "On estime aujourd’hui à seulement 40% le nombre de Français ayant récemment suivi une formation aux gestes qui sauvent, contre 95% Norvège ou 80% en Allemagne", note le rapport.

Or, rappelle la Croix-Rouge, "si les individus sont informés et formés, l’impact des événements climatiques extrêmes sur les populations sera moindre et les dégâts matériels réduits".

L'association suggère que chaque Français ait a minima connaissance des réflexes vitaux: "savoir identifier les alertes sonores, avoir les bons comportements en cas de catastrophes" en plus de la maîtrise des gestes qui sauvent.

"Les événements climatiques extrêmes se manifestent de manière plus fréquente, plus intense, plus longue, et plus étendue géographiquement, rappelle Philippe Da Costa. "Tous les territoires de l'Hexagone et d’Outre-mer sont concernés".

Pour la Croix-Rouge, "il n’y a pas de fatalité". "Se préparer pour savoir comment agir avant les crises et comment réagir pendant les crises" pourra limiter l'impact des évènements climatiques extrêmes sur les populations.


Macron de retour à la Sorbonne avec un grand discours sur l'Europe

Emmanuel Macron prendra la parole devant les ambassadeurs des 26 autres Etats-membres de l'UE, la délégation de la Commission européenne en France, des chefs d'entreprise, des étudiants et des chercheurs. (AFP).
Emmanuel Macron prendra la parole devant les ambassadeurs des 26 autres Etats-membres de l'UE, la délégation de la Commission européenne en France, des chefs d'entreprise, des étudiants et des chercheurs. (AFP).
Short Url
  • Même lieu, même format et sans doute même durée (au moins 90 minutes): sept ans après la "Sorbonne 1", le 26 septembre 2017, le président va de nouveau dérouler à 11H00 une série de mesures pour passer à "l'Europe puissance"
  • Avec quel objectif ? "Influer sur l'agenda" de la prochaine Commission européenne à l'issue des élections de juin, assure la présidence, qui réfute toute tactique électoraliste

PARIS: Emmanuel Macron revient jeudi à la Sorbonne avec un nouveau discours pour une Europe "plus souveraine et plus puissante", surtout perçu comme une entrée en campagne du chef de l'Etat alors que son camp patine à six semaines des européennes.

Même lieu, même format et sans doute même durée (au moins 90 minutes): sept ans après la "Sorbonne 1", le 26 septembre 2017, le président va de nouveau dérouler à 11H00 une série de mesures pour passer à "l'Europe puissance".

"On est dans un moment où se conjuguent beaucoup de crises (..) L'intuition, la volonté du président, c'est de se dire que, dans ces moments-là, il est possible de faire avancer des propositions et de faire des pas importants", résume un conseiller présidentiel.

Avec quel objectif ? "Influer sur l'agenda" de la prochaine Commission européenne à l'issue des élections de juin, assure la présidence, qui réfute toute tactique électoraliste.

"C'est un moment institutionnel d'un chef d'État, qui n’engage pas simplement la parole de sa sensibilité politique, mais la parole d'un pays", a-t-on insisté.

Pour ses adversaires, Emmanuel Macron passe surtout à l'offensive à un moment où son camp, emmené par l'eurodéputée Valérie Hayer, peine à se frayer un chemin dans la campagne.

« Discours électoral »

La liste RN menée par Jordan Bardella reste largement en tête des intentions de vote, avec douze à quinze points d'avance sur Valérie Hayer, selon les enquêtes.

"C’est un discours électoral", martèle l’eurodéputé sortant RN Thierry Mariani. "Il utilise encore son rôle de président pour faire campagne", renchérit la tête de liste LFI, Manon Aubry.

Le communiste Léon Deffontaines a demandé jeudi matin sur franceinfo que le discours du président soit "décompté dans le temps de parole de Valérie Hayer".

En écho au chef de l'Etat, Jordan Bardella tiendra dans l'après-midi une conférence de presse pour présenter son programme et tenter ainsi d'imposer un duel au sommet.

Raphaël Glucksmann a grillé la politesse à Emmanuel Macron dès mercredi soir avec un discours fleuve sur l'Europe où il lui a cogné largement dessus.

Du coup, beaucoup de soutiens du chef de l'Etat comptent sur la Sorbonne pour mobiliser les électeurs. Même s'ils reconnaissent que la prise de parole présidentielle peut aussi galvaniser ses opposants, en raison de sa forte impopularité.

« Légitimité »

Emmanuel Macron prendra la parole devant les ambassadeurs des 26 autres Etats-membres de l'UE, la délégation de la Commission européenne en France, des chefs d'entreprise, des étudiants et des chercheurs.

Il a aussi invité les eurodéputés français mais son discours tombera en pleine session plénière du Parlement européen, la dernière avant les européennes (du 6 au 9 juin), où une série de textes importants doivent être adoptés. "Désolée, j'ai voté", a ironisé, parmi d'autres, l'eurodéputée socialiste Nora Mebarak.

Un quinquennat et demi plus tard, Emmanuel Macron estime avoir imprimé sa marque sur des sujets clés de l'Union européenne comme la souveraineté, la défense ou l'emprunt européen commun, un tabou pour l'Allemagne brisé lors de la pandémie de Covid - même si la France peine à dupliquer l'expérience.

Il va dresser jeudi un bilan des avancées depuis la Sorbonne 1 et esquisser des propositions face aux nouveaux défis européens, de la guerre en Ukraine à la rivalité sino-américaine.

"C'est une interpellation du pays" alors que "jamais depuis 75 ans l'Europe et nos pays n'ont été dans une situation de risque de déstabilisation aussi grande", a plaidé son allié MoDem François Bayrou sur BFMTV.

Le chef de l'Etat estime avoir conservé toute sa "légitimité", celle des "réformes", pour parler d'Europe même si la France compte parmi les mauvais élèves du continent en matière de finances publiques.

Une légitimité qui sera mesurée à l'aune des réactions européennes. Et au retour des Français qui estiment à 57% que le président n'a pas eu "d'influence réelle" sur l'UE depuis 2017, selon un sondage Elabe publié jeudi.

Dès vendredi, le président prendra aussi la température lors d'un échange avec des étudiants à Strasbourg, où il signera un nouveau contrat triennal pour conforter la stature européenne de la capitale alsacienne.