Au Liban, certains fouillent désormais les poubelles pour se nourrir

« Les gens jettent des restes de nourriture. Ils ne se rendent pas compte que nous crevons de faim". (Photo Patricia KHODER/Arab News en français).
« Les gens jettent des restes de nourriture. Ils ne se rendent pas compte que nous crevons de faim". (Photo Patricia KHODER/Arab News en français).
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Publié le Lundi 27 juillet 2020

Au Liban, certains fouillent désormais les poubelles pour se nourrir

  • « Il faut que la communauté internationale (…) réagisse de manière imminente. Le temps des analyses est révolu », affirme Bujar Hoxha, directeur du bureau de CARE International au Liban
  • « Nous ne nous occupons plus uniquement de personnes du troisième âge car c’est toute la classe moyenne qui a sombré dans la pauvreté » note Maya Ibrahimchah, fondatrice de l’association Beit el-Baraka.

BEYROUTH : Halim a 68 ans.  Tous les jours depuis deux mois, il passe quelques heures de son temps à chercher dans les poubelles de Beyrouth de la nourriture qu’il mange sur place ou qu’il ramène avec lui pour sa famille. Il cherche aussi de la ferraille qu’il revend au kilo. Les cheveux blancs, le visage rond et se déplaçant avec une canne en boitant légèrement, Halim, pudique, raconte des bribes de son histoire.  «Je suis originaire de la Békaa (plateau agricole dans le centre du pays) et j’habite avec ma famille à Sabra (un bidonville de Beyrouth abritant un camp palestinien). Toute ma vie, j’ai travaillé dans le bâtiment. Je suis carreleur, mais au cours des quatre années passées, le travail est devenu rare et j’avais de moins en moins d’argent. J’ai pu me débrouiller jusqu’au confinement pour cause de Coronavirus. Il y avait toujours quelqu’un qui m’aidait… Puis je n’ai plus eu de quoi manger et j’ai eu faim. Le frigo était vide désormais et il fallait se débrouiller, je me suis donc mis à faire les poubelles », confie-t-il. 

Au fil de la conversation, Halim confie qu’il doit s’occuper de ses trois petits-enfants car son fils aîné, leur père, est mort il y a quelques années dans un accident. 

« Parfois si j’ai de la chance je peux faire 3000 livres par jours (0,3 USD) ; le kilo de ferraille se vend à Sabra à 1000 livres », précise-t-il. 

Nous sommes dans une artère importante de Beyrouth. Pendant qu’il raconte son histoire, une voiture s’arrête, le chauffeur lui donne de l’argent sans un mot puis redémarre. De l’autre cote de la rue, un mendiant, le dos vouté, s’appuyant sur une canne, fait la manche à un feu rouge. Vieux et ridé, il porte un masque pour se protéger de la Covid-19 et d’épaisses lunettes de vue. Il s’approche de Halim. Il s’appelle Habib et fait beaucoup plus que ses 70 ans. Dans sa main, il porte son extrait d’Etat civil et celui de son épouse, deux ordonnances médicales et des boites de médicaments vides, qu’il montre aux automobilistes. Habib est originaire de Beyrouth, et souffre de plusieurs maladies chroniques et c’est en mendiant qu’il tente de financer ses médicaments. 

Solidarité spontanée

D’une épicerie fine voisine, un employé sort avec deux sandwiches élégamment rangés dans des sacs en papier cellophane fermés par un ruban en raphia. Il s’approche des deux hommes du troisième âge, et tend les sacs appétissants à Halim. « Il y a un sandwich au thon et un autre au fromage. Choisis lequel tu veux », dit-il.

Le visage du sexagénaire s’illumine. Il est tellement heureux qu’il en a presque les larmes aux yeux. Il sourit et murmure : « Du moment où c’est un vrai sandwich, je prendrai l’un des deux. Choisis pour moi ou laisse Habib choisir, il a l’air plus fatigué que moi ». Ces gestes de solidarité spontanée sont devenus courants dans un pays où tout le monde lutte désormais pour survivre.

Au Liban, la pandémie de la Covid-19 a amplifié la plus importante crise économique depuis 1990. Depuis octobre dernier le prix des denrées alimentaires ne cesse de grimper. En l’espace de quelques mois, la valeur de la livre libanaise a chuté de façon vertigineuse sur le marché parallèle des changes. De 1500 livres en octobre dernier, le dollar US est à 8000 livres aujourd’hui.

Contrôle de capitaux officieux

Depuis quelques mois, les scènes de personnes cherchant de la nourriture dans les bennes d’ordures à Beyrouth, la capitale ou à Tripoli, la deuxième ville du Liban et la ville la plus pauvre de la Méditerranée, sont devenues familières. Les soupes populaires et la distribution de colis alimentaires sont montés en flèche.

Les Libanais n’ont jamais été aussi pauvres que depuis le début de cette crise ; mais il faut dire également qu’ils n’ont jamais été aussi solidaires. Face à un Etat complètement absent, quasiment en faillite, le pays reprend ses vieux réflexes acquis durant les longues années de guerre civile (1975-1990).

L’œuvre des associations civiles et les initiatives de ses habitants abondent dans toutes les régions. 

Maya Ibrahimchah, fondatrice de Beit el-Baraka, une association qui lors de sa création s’occupait des personnes du troisième âge, notamment des retraités - car au Liban, les retraites et les assurances vieillesse n’existent que pour une toute petite tranche de la population - souligne qu’à « la fin de 2019, l’ONG s’occupait de 328 familles. Aujourd’hui elle en compte 1012. Cela va sans les colis alimentaires que nous avons distribué dans plusieurs localités du Liban: 50 mille colis pour 182.000 familles ». 

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Beit el-Baraka, c’est surtout un supermarché où les personnes dans le besoin viennent faire leur shopping gratuitement.

« Nous ne nous occupons plus uniquement de personnes du troisième âge car c’est toute la classe moyenne qui a sombré dans la pauvreté. Nous comptons de jeunes couples parmi nos bénéficiaires qui viennent au supermarché. Tous sont diplômés et on ne peut même pas deviner, si on ne connait pas leur histoire, qu’ils ne peuvent même plus payer de quoi manger. Ce sont des personnes qui ont perdu leur emploi et qui avaient des crédits à la banque pour leurs voitures ou leurs maisons et qui à l’instar de la majorité des Libanais, n’ont pas d’économies. De toute façon, même s’ils ont des économies, leur argent est bloqué à la banque », explique-t-elle. 

Depuis octobre dernier, les banques libanaises en manque de liquidité exercent un contrôle de capitaux officieux et draconien sur leurs clients. En l’absence de loi, chaque établissement bancaire prend les décisions qui lui conviennent en matière de retrait de liquidité.

« Je rentre du marché… les mains vides » 

Linda fait partie des bénéficiaires de Beit el-Baraka. Elle habite Nabaa, un bidonville de Beyrouth.  De ses cheveux blonds, presque décolorés et ses yeux en amande maquillés, on devine que cette septuagénaire devait être, durant sa jeunesse, une très jolie femme. Trois de ses cinq enfants sont au chômage et son mari malade ne travaille plus depuis longtemps. Pour gagner de l’argent, Linda tournait dans les maisons de ce quartier pauvre pour lire dans le marc de café. Plus maintenant, car même les quelques milliers de livres que ses voisins dépensaient pour se faire lire l’avenir sont devenus trop précieux. « Je vais au marché parfois pour acheter légumes et fruits, mais tout est devenu tellement cher... Je rentre à la maison les mains vides parce que je n’ai pas assez pour payer de quoi préparer un plat chaud à la famille », dit-elle, les larmes coulant le long de ses joues. 

Selon les chiffres de la Banque mondiale, 50 % des Libanais vivent actuellement sous du seuil de pauvreté. Ce pourcentage devrait atteindre les 70 % en septembre.

« Ceux qui doivent payer un loyer meurent de faim »

« Ce qui se passe aujourd’hui au Liban, c’est bien plus qu’une crise socio-économique, c’est une véritable crise humanitaire ! Avoir accès à de la nourriture est désormais un défi pour plus de 50% de la population. On voit des gens fouiller dans les poubelles pour trouver de quoi manger. Des groupes se sont constitués sur Facebook où les gens échangent des vêtements contre des couches pour leurs bébés, d’autres échangent leurs meubles, les jouets de leurs enfants contre un peu d’argent pour pouvoir manger. La situation est vraiment catastrophique », alerte Bujar Hoxha, directeur de CARE International au Liban, une ONG présente aux quatre coins du monde.

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« Il faut que la communauté internationale, en concertation avec les décideurs politiques libanais, réagisse de manière imminente. Le temps des analyses est révolu, des gens voient leur vie basculer chaque jour, il faut agir maintenant », déclare-t-il.

A Tripoli, une ville dont les alentours ne sont pas aussi urbanisés que ceux de Beyrouth, des gens comptent sur la cueillette pour ramener de quoi manger à leur famille, mettant des herbes sauvages dans du pain afin de préparer des sandwichs à leurs enfants. Certains, vivant dans le bidonville de Hay el-Tanak, près de la mer, collectent des brindilles de bois afin de faire un feu et cuisiner, le prix de la bombonne de gaz étant devenu trop cher pour eux.

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« Parfois je reste une semaine sans bombonne de gaz à la maison, donc une semaine sans plat chaud. Et souvent je ne mange qu’une fois par jour histoire d’économiser », confie Maha, quinquagénaire qui vit à Tripoli avec sa fille et son fils autiste. Maha, qui est cuisinière, prépare parfois des plats sur commande qu’elle ne sert pas à sa famille. « Depuis six mois, mon fils a envie de feuilles de vigne farcies. J’en ai confectionné dix fois pour des clients sans jamais lui offrir un plat. Le plus important pour moi, est de payer le loyer pour ne pas me retrouver à la rue. Tout le reste est secondaire », dit-elle, notant qu’elle « n’a pas mangé de viande depuis le mois de Ramadan (mai dernier) ».  

Amar confie de son côté : « J’ai toujours été pauvre mais les choses ont vraiment empiré depuis trois ans pour atteindre leur paroxysme avec la Covid-19. Avec le confinement, mon mari ne travaillait plus et nous n’avions plus de quoi mangerMaintenant, nous ne mangeons plus de viande ni de poisson. Au lieu d’un kilo de riz, j’en achète un demi. Pour les pommes de terre, au lieu de trois kilos j’achète un kilo et demi. Mais j’ai de la chance. Je n’ai pas de loyer à payer. Ceux qui doivent payer un loyer meurent de faim ». 

« Jamais je n’aurais cru que j’en arriverais là »

Retour à Beyrouth. Dans un autre quartier chic, deux hommes font les poubelles, Ahmad 16 ans et son oncle Tarek 21 ans. Tous les deux sont réfugiés syriens et depuis qu’il a quitté la Syrie, il y a huit ans, Ahmed n’a plus jamais été à l’école. « Nous sommes tous les deux journaliers. Nous travaillions dans le bâtiment, mais depuis le confinement tout s’est arrêté. Cela fait quatre mois que nous faisons les poubelles, pour manger et pour rassembler de la ferraille », explique Tarek pendant qu’Ahmed plonge dans une benne à ordure. 

L’oncle et son neveu posent sur le trottoir un carton qu’ils ont retiré de la poubelle. Ils y mettent ce qu’ils viennent de trouver. Trois moitiés de citron, deux restes de boites de conserve, un sac de biscuit encore fermé et un sac de chips à moitié entamé.

poubelle

 Mordant dans un biscuit Tarek explique : « Les gens jettent des restes de nourriture. Ils ne se rendent pas compte que nous crevons de faim. Ne pensez pas que nous aimons fouiller les poubelles pour manger. Jamais je n’aurai imaginé qu’un jour j’en arriverai là ». Les Libanais non plus. 


La municipalité de Riyad confirme qu'une seule entreprise est responsable des récents cas d'intoxication alimentaire

La municipalité de Riyad a conclu vendredi qu'un seul établissement alimentaire avait été jugé responsable de la vague d'intoxications alimentaires causées par le clostridium botulinum le 25 avril 2024. (Shutterstock/File Photo)
La municipalité de Riyad a conclu vendredi qu'un seul établissement alimentaire avait été jugé responsable de la vague d'intoxications alimentaires causées par le clostridium botulinum le 25 avril 2024. (Shutterstock/File Photo)
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  • Les autorités ont déclaré que la chaîne de restauration rapide pourrait être condamnée à une amende en raison de l'épidémie qui a entraîné l'hospitalisation de dizaines de personnes
  • Le ministère saoudien de la Santé a déclaré que 75 personnes avaient été touchées par l'épidémie, dont une est décédée

RIYAD : La municipalité de Riyad a confirmé vendredi que les résultats d'une enquête préliminaire menée par les autorités sanitaires suggèrent qu'une seule entreprise est responsable de plusieurs cas d'intoxication alimentaire la semaine dernière, causés par la bactérie Clostridium botulinum, qui ont nécessité l'hospitalisation de dizaines de personnes.

Elle a également confirmé que la chaîne pourrait être condamnée à une amende pour cette épidémie, révélée le 25 avril, et que toutes ses succursales et ses installations de transformation des aliments à Riyad et à Al-Kharj restaient fermées.

Le montant de l'amende sera fixé conformément à la législation en vigueur, sur la base d'une enquête complète et en tenant compte de la gravité des effets de l'incident sur les personnes malades, a ajouté la municipalité.

Elle n'a pas précisé combien de temps les succursales et autres installations de l'entreprise resteraient fermées, mais a indiqué que tous les produits alimentaires qu'elles contenaient seraient détruits et que le processus de nettoyage et de désinfection de tous les bâtiments, outils et machines serait supervisé par des fonctionnaires de la municipalité.

« Nous confirmons la sécurité des produits alimentaires pour les restaurants, les cuisines, les cafés et les traiteurs de la région de Riyad, car aucun cas n'a été enregistré en dehors de la source susmentionnée », a déclaré la municipalité.

La déclaration de vendredi n'a pas nommé la société impliquée, mais Arab News a rapporté la semaine dernière qu'un certain nombre de cas d'intoxication alimentaire semblaient liés à la chaîne de restauration rapide Hamburgini.

La municipalité de Riyad a déclaré que les équipes de surveillance sanitaire avaient pris des mesures rapides pour enquêter et surveiller la situation dès qu'elles ont commencé à recevoir des rapports sur les cas d'intoxication alimentaire.

Le 26 avril, Nawaf Al-Fozan, fondateur et PDG de Hamburgini, a partagé une vidéo sur la page Instagram de la chaîne qui confirme son implication dans l'épidémie.

Dans un communiqué distinct publié vendredi, le ministère saoudien de la Santé a également déclaré que tous les cas d'intoxication alimentaire étaient liés à la même source.

Le ministère de la Santé a déclaré que 75 personnes avaient été touchées par l'épidémie, et qu’un décès avait enregistré, et qu'aucun nouveau cas n'avait été signalé au cours des cinq derniers jours.

« Le nombre total de cas recensés s'élève à 75, dont 69 ressortissants saoudiens et 6 non saoudiens », a déclaré le porte-parole du ministère, le Dr Mohammed Al-Abd Al-Aly, dans un communiqué diffusé sur le réseau social X vendredi.

Le communiqué précise que 50 des cas ont été diagnostiqués comme étant causés par la bactérie Clostridium botulinum. Le ministère a expliqué que 43 patients avaient complètement récupéré et étaient sortis de l'hôpital, que 11 étaient actuellement en cours de traitement et que 20 cas étaient étroitement surveillés dans des unités de soins intensifs (USI).

« Le ministère continue de suivre de près les cas hospitalisés et de leur fournir les soins nécessaires, tout en leur souhaitant un prompt rétablissement », indique le communiqué. Il a souligné « l'importance de se fier aux sources officielles pour les instructions et les informations, et de ne pas répandre de rumeurs et de fausses informations ».

 

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com

 


Les événements de la Semaine de l'environnement mettent en lumière le rôle de leader de l'Arabie saoudite

Des experts et des défenseurs participent à une table ronde à l'occasion de la Semaine de l'environnement à Riyad. (Photo UNCCD)
Des experts et des défenseurs participent à une table ronde à l'occasion de la Semaine de l'environnement à Riyad. (Photo UNCCD)
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  • Riyad accueille une série de discussions sur les défis posés par la sécheresse, la désertification et la dégradation des sols
  • Les pratiques agricoles non durables, le surpâturage, la déforestation et l'érosion des sols contribuent à la désertification

RIYAD : La région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord est connue pour son climat chaud et sec et ses faibles ressources en eau. Les conditions climatiques difficiles sont un facteur contribuant au fléau permanent de la région que sont la sécheresse, la désertification et la dégradation des sols.

Ces problèmes entraînent des déséquilibres dans les différents écosystèmes, qui nuisent particulièrement au secteur agricole et imposent des difficultés économiques aux populations locales. L'importance croissante de ce problème régional a incité l'Arabie saoudite à organiser des discussions régulières.

Cette semaine, la Semaine de l'environnement a été l'occasion de faire le point sur les défis à relever et les progrès accomplis jusqu'à présent. Les événements organisés pendant la Semaine de l'environnement ont mis en lumière le rôle de chef de file de l'Arabie saoudite en matière de préservation de l'environnement et de développement durable.

Des experts et des défenseurs participent à une table ronde à l'occasion de la Semaine de l'environnement à Riyad. (Photo UNCCD)
La désertification, processus par lequel des terres fertiles se transforment en déserts arides, est un défi important auquel sont confrontés les pays du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord. (Shutterstock)

Les écologistes ont eu l'occasion d'échanger sur une série de sujets, l'accent étant naturellement mis sur la sécheresse, la désertification et la dégradation des sols. A cette occasion, Arab News a interviewé Ibrahim Thiaw, secrétaire exécutif de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification à Riyad.

« Il est devenu extrêmement difficile pour l'humanité de faire face à la fréquence des défis », a-t-il déclaré. « L'Arabie saoudite joue évidemment un rôle très important. Il ne s'agit pas d'une petite économie, c'est pourquoi la demande de soutien de la part de l'Arabie saoudite augmente également ».

Ibrahim Thiaw, secrétaire exécutif de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification
Ibrahim Thiaw, secrétaire exécutif de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification (fourni)

Thiaw a évoqué certaines des conséquences de la dégradation des sols et de la sécheresse, telles que l'augmentation des migrations irrégulières. « On assistera probablement à une concurrence accrue pour les terres et l'eau, et donc à une augmentation des conflits », a-t-il déclaré.

La sécheresse, un problème majeur dans de nombreux pays du Moyen-Orient, a mis les ressources en eau sous pression, parallèlement à la hausse des températures. Les réserves d'eau de surface et d'eau souterraine diminuent en raison de la baisse des précipitations et de l'augmentation des taux d'évaporation.

Une photo montre le lit asséché de la rivière al-Kalal dans la ville de Badrah, près de la frontière iranienne, le 28 août 2023. La sécheresse en Irak reflète une baisse du niveau des cours d'eau en raison du manque de pluie et de la diminution des flux provenant des pays voisins en amont, l'Iran et la Turquie. (AFP)
Une photo montre le lit asséché de la rivière al-Kalal dans la ville de Badrah, près de la frontière iranienne, le 28 août 2023. La sécheresse en Irak reflète une baisse du niveau des cours d'eau en raison du manque de pluie et de la diminution des flux provenant des pays voisins en amont, l'Iran et la Turquie. (AFP)

En conséquence, les rivières et les lacs s'assèchent et les pénuries d'eau sont devenues un grave problème. De plus, pour de multiples raisons environnementales, dont la sécheresse, la région connaît de fréquentes tempêtes de sable.

« Il y a environ 50 pays qui sont des sources de tempêtes de poussière, mais il y a 150 pays qui sont touchés par ce phénomène. C'est donc devenu un problème mondial », a déclaré Thiaw, en parlant de l'impact des tempêtes de poussière d'un pays sur un autre.

« On peut citer un pays pour mettre en lumière les tempêtes de poussière, mais il s'agit d'un phénomène mondial auquel nous devons tous nous attaquer. Pour ce faire, il faut des traités mondiaux tels que la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification, qui compte actuellement 197 parties. Il s'agit donc d'une institution universelle qui organise un sommet, une réunion, tous les deux ans ».

« La prochaine réunion se tiendra ici à Riyad en décembre 2024, où les 197 pays se réuniront au niveau des chefs d'État, des ministres et des experts, des communautés et ONG ainsi que des organisations de la société civile, pour discuter justement de cela, à savoir des conséquences de la dégradation des terres et de la sécheresse sur la vie et les moyens de subsistance des communautés. »

En outre, les experts soulignent que la sécheresse et la désertification s'influencent mutuellement.

La désertification, processus par lequel des terres fertiles se transforment en déserts arides, est un autre défi important auquel sont confrontés les pays du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord. Les pratiques agricoles non durables, le surpâturage, la déforestation et l'érosion des sols sont autant de facteurs qui contribuent au problème.

Par conséquent, les terres arables disparaissent et la production alimentaire diminue, ce qui aggrave le problème de l'insécurité alimentaire. Selon Thaiaw, la désertification entraîne également le déplacement de communautés, les populations étant forcées de migrer à la recherche de zones plus hospitalières.

À l'occasion de la Semaine de l'environnement à Riyad, Elizabeth Mrema, directrice exécutive adjointe du Programme des Nations unies pour l'environnement, a donné son point de vue sur la crise de la désertification à Arab News.

Elizabeth Mrema, directrice exécutive adjointe du Programme des Nations unies pour l'environnement. (Fourni)
Elizabeth Mrema, directrice exécutive adjointe du Programme des Nations unies pour l'environnement. (Fourni)

« En ce qui concerne l'Arabie saoudite, le pays a clairement perçu l'impact de la désertification et en a fait une priorité pour cette année. Je dis « cette année » parce que, lors de l'Assemblée des Nations unies pour l'environnement qui s'est tenue fin février, l'Arabie saoudite a pris la tête d'une initiative visant à lutter contre la dégradation. Cette initiative a été adoptée, et ce au niveau mondial », a expliqué Mrema.

« En outre, le mois prochain, le 5 juin, ce pays accueillera la Journée mondiale de l'environnement.

Cette journée est célébrée chaque année. Elle est mondiale car elle a été adoptée par l'Assemblée générale des Nations unies. Cette année, c'est l'Arabie saoudite qui l'accueille ».

« Cette année, l'Arabie saoudite accueillera la conférence des Nations unies sur la lutte contre la désertification. Elle se déroulera ici sur le thème « Notre terre, notre avenir », qui met à nouveau l'accent sur la terre.

En outre, la combinaison de la sécheresse et de la désertification dans une même région entraîne une dégradation des terres, ce qui aggrave encore la crise environnementale au Moyen-Orient. L'érosion des sols, la salinisation et l'épuisement des nutriments du sol sont quelques-uns des résultats de la dégradation des sols.

Alors que la productivité agricole diminue dans le monde entier, les agriculteurs sont confrontés à des défis majeurs pour assurer leur subsistance, sans compter que les problèmes environnementaux augmentent la vulnérabilité des écosystèmes, ce qui entraîne également une perte de biodiversité et un déséquilibre des écosystèmes.

« L'Arabie saoudite montre au monde qu'il s'agit d'un problème mondial.  Les initiatives prises par le gouvernement ces dernières années témoignent de son engagement à traiter ces questions », a souligné Mme Mrema.

La Journée de l'initiative verte saoudienne reflète la vision de l'Arabie saoudite et sa volonté de promouvoir une culture de la durabilité (SPA).
La Journée de l'initiative verte saoudienne reflète la vision de l'Arabie saoudite et sa volonté de promouvoir une culture de la durabilité (SPA).

« Je me penche sur la Vision 2030 saoudienne, sur les stratégies environnementales de 2018, sur l'Initiative verte saoudienne. Je me réfère à l'Initiative verte pour le Moyen-Orient, qui s'engage à atteindre un niveau régional pour planter 50 milliards d'arbres, dont 10 que l'Arabie saoudite s'est engagée à planter dans ce pays. Il ne s'agit pas de s'engager verbalement, mais de mettre en place une institution pour s'assurer que cela se produise ».

Pour relever les trois défis de la sécheresse, de la désertification et de la dégradation des sols au Moyen-Orient, il faut adopter une approche à multiples facettes. Thiaw et Mrema sont d'avis que les gouvernements, les organisations internationales et les communautés locales doivent collaborer pour mettre en œuvre des stratégies de gestion durable de l'eau, promouvoir des technologies d'irrigation efficaces et investir dans les sources d'énergie renouvelables.

En outre, les efforts de reboisement et la protection des habitats naturels peuvent contribuer à réduire la désertification et la dégradation des sols.

La sensibilisation à l'importance des pratiques d'utilisation durable des terres et le soutien aux communautés touchées constituent une étape importante vers des solutions à long terme pour la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord et pour le monde entier.

En résumé, les pays du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord souffrent des effets de l'intensification de la sécheresse, de la désertification et de la dégradation des sols. Une action urgente est nécessaire pour inverser cette tendance et assurer la durabilité environnementale de la région.

En adoptant des méthodes durables, en investissant dans la gestion de l'eau et en promouvant des actions de conservation, les populations de la région seront en mesure de réduire la gravité de ces défis et de s'assurer un avenir plus stable.

 

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com

 


Gaza: des groupes armés ont dérobé 66 millions d'euros à la Banque de Palestine, selon Le Monde

Des employés palestiniens font la queue devant un distributeur de billets à l'extérieur de la Banque de Palestine alors qu'ils attendent de retirer leur salaire, dans la ville de Gaza, le 9 avril 2018. (Photo de Mahmud Hams / AFP)
Des employés palestiniens font la queue devant un distributeur de billets à l'extérieur de la Banque de Palestine alors qu'ils attendent de retirer leur salaire, dans la ville de Gaza, le 9 avril 2018. (Photo de Mahmud Hams / AFP)
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  • Le 16 avril, des employés «ont constaté qu'un trou avait été foré dans le plafond de la salle des coffres», explique le journal, précisant que «les malfaiteurs ont mis la main sur des cassettes de distributeurs de billets
  • Le Monde décrit en outre les difficultés, en raison de la guerre, pour la Banque de Palestine de mettre à l'abri ses liquidités et pour les Gazaouis de se procurer de l'argent liquide

PARIS : Des groupes armés palestiniens, dont l'un se revendiquant du groupe islamiste Hamas, ont dérobé le mois dernier un total de 66 millions d'euros dans les coffres de plusieurs agences bancaires de Gaza, rapporte samedi Le Monde.

Le quotidien français a eu accès à un document transmis par la Banque de Palestine «à certains partenaires internationaux» qui décrit des casses spectaculaires dont celui survenu dans sa principale agence dans la ville de Gaza.

Le 16 avril, des employés «ont constaté qu'un trou avait été foré dans le plafond de la salle des coffres», explique le journal, précisant que «les malfaiteurs ont mis la main sur des cassettes de distributeurs de billets, contenant l'équivalent de 2,8 millions d'euros en shekels israéliens».

Le Monde poursuit: «Dès le lendemain matin, le 17 avril, +des groupes armés+ munis d'explosifs se sont de nouveau rendus dans le bâtiment» pour faire sauter le caisson de ciment coulé la veille pour protéger l'argent et ont ouvert trois coffres, «emportant l'équivalent de 29 millions d'euros en différentes devises».

Le 18 avril, c'est la seconde agence, la plus importante du centre-ville, qui a été assaillie par un «commando» d'hommes se réclamant «des plus hautes autorités à Gaza», une formule qui désigne le Hamas, rappelle le journal, et est reparti «avec l'équivalent de 33,6 millions d’euros en shekels israéliens».

Par ailleurs, l'armée israélienne a de son côté saisi dans l'enclave «une importante somme d'argent appartenant à l'institution», selon les informations du Monde. Le quotidien cite aussi des médias israéliens, qui «avaient rapporté en février que le montant confisqué se chiffrait à plusieurs dizaines de millions de dollars et que l'opération visait à éviter que le Hamas ne mette la main sur cette somme».

Le Monde décrit en outre les difficultés, en raison de la guerre, pour la Banque de Palestine de mettre à l'abri ses liquidités et pour les Gazaouis de se procurer de l'argent liquide.

«Seuls deux distributeurs de billets fonctionnent encore, à Rafah et à Deir Al-Balah (Sud), lorsqu'ils sont alimentés en électricité», souligne le journal.

Enfin, «selon des témoignages de Gazaouis, corroborés par des enregistrements de caméras de surveillance, des hommes armés et masqués rançonnent les clients devant les distributeurs, exigeant un pourcentage de leurs retraits», explique le journal.