En Hongrie, ultime appel du pape à «ouvrir les portes» aux migrants

Le pape François (au centre) salue à son arrivée pour célébrer une messe sur la place Kossuth Lajos lors de sa visite à Budapest le 30 avril 2023, dernier jour de son voyage de trois jours en Hongrie. (Photo de Vincenzo PINTO / AFP)
Le pape François (au centre) salue à son arrivée pour célébrer une messe sur la place Kossuth Lajos lors de sa visite à Budapest le 30 avril 2023, dernier jour de son voyage de trois jours en Hongrie. (Photo de Vincenzo PINTO / AFP)
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Publié le Dimanche 30 avril 2023

En Hongrie, ultime appel du pape à «ouvrir les portes» aux migrants

  • Lors d'un rendez-vous non annoncé dans son programme, François s'est entretenu samedi soir pendant une vingtaine de minutes avec le maire de Budapest, Gergely Karácsony
  • Le souverain pontife a également réitéré ses appels à la paix en Ukraine voisine

BUDAPEST: "Ouvrons les portes": le pape François a clôturé dimanche sa visite en Hongrie par un vibrant appel à l'accueil des migrants devant des dizaines de milliers de personnes, au terme d'un séjour dans l'ombre de la guerre en Ukraine voisine.

S'il a remercié les Hongrois pour leur accueil des Ukrainiens, François a multiplié les mises en garde contre le "repli" et les "fermetures", dans une critique indirecte de la politique d'exclusion du Premier ministre nationaliste Viktor Orban.

Lors d'une messe en plein air sous un grand soleil derrière le Parlement, au cœur de Budapest, le jésuite argentin, âgé de 86 ans, s'est élevé contre "les portes fermées à ceux qui sont étrangers, différents, migrants, pauvres".

"Il est triste et douloureux de voir des portes fermées: les portes fermées de notre égoïsme envers ceux qui marchent chaque jour à nos côtés (...) les portes fermées de notre indifférence à ceux qui sont dans la souffrance et la pauvreté", a-t-il déploré dans son homélie.

"S'il vous plaît, ouvrons les portes!", a lancé le pape, fervent défenseur des droits des réfugiés, devant des responsables politiques et religieux dont M. Orban.

Dimanche après-midi, le chef spirituel de l'Eglise catholique a prononcé un dernier discours devant des représentants du monde culturel et académique à l'université catholique, puis est reparti pour Rome peu après 18H00 (16H00 GMT).

Il donnera dans l'avion sa traditionnelle conférence de presse devant les journalistes l'accompagnant à bord.

«Monde de frères, non de murs»

Pour son 41e voyage international, François a mené un délicat exercice diplomatique dans ce pays d'Europe centrale qui a bâti des clôtures à ses frontières lors de la crise des migrants en 2015 et détenu des réfugiés dans des "zones de transit", au nom de la défense de la "civilisation chrétienne".

Le souverain pontife a également réitéré ses appels à la paix en Ukraine voisine, dénonçant la montée des nationalismes et exhortant à "retrouver l'âme européenne" face à "l'infantilisme belliqueux".

A la fin de la messe, il a de nouveau prié pour "le peuple ukrainien meurtri" et "le peuple russe", appelant à "un avenir plein de berceaux, non de tombes, un monde de frères, non de murs".

Deuxième pape à visiter la Hongrie après Jean Paul II, Jorge Bergoglio avait auparavant béni, depuis sa "papamobile", les quelque 50.000 fidèles --selon les autorités locales-- présents sur la place, non loin du Danube, dont des familles, des jeunes et des personnes en tenues traditionnelles.

Levente Kiss, un étudiant hongrois âgé de 21 ans, a salué "l'appel du pape à soutenir les migrants, en particulier ceux qui fuient la guerre en Ukraine", alors que la Hongrie a dérogé à sa politique habituelle et accueilli depuis le début du conflit de nombreux réfugiés.

"Même si parfois son opinion ne correspond pas à celle de différentes organisations ou du gouvernement, il est important qu'au-delà des mots politiques, nous accomplissions notre mission chrétienne", a estimé le jeune homme interrogé par l'AFP.

Rencontre avec un opposant 

Viktor Orban, pour qui cette visite deux ans à peine après une escale éclair à Budapest apparaît comme un succès diplomatique, a préféré retenir le message de "paix" du pape, dans un message posté sur Facebook. Lui-même ne cesse de fustiger la "guerre indirecte" menée par l'Europe contre la Russie et réclame un cessez-le-feu.

Lors d'un rendez-vous non annoncé dans son programme, François s'est entretenu samedi soir pendant une vingtaine de minutes avec le maire de Budapest, Gergely Karácsony, farouche opposant au Premier ministre.

Il a également eu une rencontre - "cordiale" selon le Vatican - avec le métropolite Hilarion, ex-responsable des relations extérieures de l'Eglise orthodoxe russe qui était aussi présent à la messe dimanche.

Réticent envers l'invasion de l'Ukraine, ce dernier a été évincé par le patriarche Kirill, proche soutien du président russe Vladimir Poutine, alors que le conflit a gelé les relations entre l'Eglise de Moscou et le Saint-Siège.

Malgré des douleurs au genou persistantes l'obligeant à se déplacer en fauteuil roulant, François est apparu en assez bonne forme, un mois après son hospitalisation.


L'Ukraine va annoncer des mesures pour faire rentrer ses hommes de l'étranger

Des habitants locaux se tiennent devant une affiche de recrutement de la troisième brigade d'assaut ukrainienne alors qu'ils se réfugient dans une station de métro souterraine lors d'une alerte de raid aérien à Kiev le 23 avril 2024 (Photo, AFP).
Des habitants locaux se tiennent devant une affiche de recrutement de la troisième brigade d'assaut ukrainienne alors qu'ils se réfugient dans une station de métro souterraine lors d'une alerte de raid aérien à Kiev le 23 avril 2024 (Photo, AFP).
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  • Selon des estimations de médias, des dizaines de milliers d'hommes ont fui le pays illégalement pour éviter d'aller au front
  • Des centaines de milliers d'Ukrainiens vivaient en outre à l'étranger avant l'invasion

KIEV: Le chef de la diplomatie ukrainienne a indiqué mardi des "mesures" imminentes visant à faire rentrer en Ukraine les hommes en l'âge de combattre se trouvant à l'étranger.

L'Ukraine, qui combat depuis deux ans l'invasion russe, a cruellement besoin de soldats, d'autant que Kiev s'attend à ce que la Russie lance une nouvelle offensive dans les semaines ou mois à venir.

"Le fait de séjourner à l'étranger ne dispense pas un citoyen de ses devoirs envers sa patrie", a déclaré Dmytro Kouleba sur X, annonçant avoir ordonné des "mesures pour rétablir l'équité entre les hommes en âge d'être mobilisés en Ukraine et ceux à l'étranger".

Il n'a pas précisé la nature de ces mesures se bornant à dire que le ministère allait "prochainement fournir des éclaircissements" sur de nouvelles procédures à suivre pour "accéder aux services consulaires".

L'Ukraine interdit aux hommes en âge de combattre de voyager à l'étranger à quelques exceptions près.

Déserteurs 

Mais, selon des estimations de médias, des dizaines de milliers d'hommes ont fui le pays illégalement pour éviter d'aller au front.

Des centaines de milliers d'Ukrainiens vivaient en outre à l'étranger avant l'invasion.

La déclaration du ministre intervient alors qu'un influent site d'information ukrainien ZN.UA a publié lundi soir ce qu'il affirme être une lettre officielle signée par un adjoint de M. Kouleba et préconisant aux consulats ukrainiens de suspendre à partir de mardi tout service consulaire pour les hommes âgés de 18 à 60 ans.

Selon des médias ukrainiens, plusieurs consulats ukrainiens ont cessé d'accepter ces dossiers.

La compagnie d'Etat Dokument qui facilite la délivrance de documents ukrainiens a annoncé mardi sur son site qu'elle "suspendait" les procédures à l'étranger pour des "raisons techniques".

L'Ukraine, dont l'armée est en difficulté face aux troupes russes, a adopté une loi sur la mobilisation visant à durcir les punitions pour les récalcitrants.

Elle a aussi baissé l'âge de mobilisation de 27 à 25 ans.


Début des discussions entre Washington et Niamey sur le retrait des troupes américaines du Niger

Les manifestants réagissent alors qu'un homme brandit une pancarte exigeant que les soldats de l'armée américaine quittent le Niger sans négociation lors d'une manifestation à Niamey, le 13 avril 2024. (AFP)
Les manifestants réagissent alors qu'un homme brandit une pancarte exigeant que les soldats de l'armée américaine quittent le Niger sans négociation lors d'une manifestation à Niamey, le 13 avril 2024. (AFP)
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  • Le gouvernement du Niger, issu d'un coup d'Etat en juillet dernier, avait dénoncé en mars l'accord de coopération militaire en vigueur avec les Etats-Unis
  • Washington a accepté de retirer du pays ses plus de 1 000 soldats et annoncé envoyer une délégation à Niamey pour s'accorder sur les détails de ce retrait

WASHINGTON: Washington a entamé les discussions avec Niamey sur le retrait du Niger des troupes américaines qui y étaient déployées dans le cadre de la lutte antidjihadiste au Sahel, a déclaré lundi le Pentagone.

Le gouvernement du Niger, issu d'un coup d'Etat en juillet dernier, avait dénoncé en mars l'accord de coopération militaire en vigueur avec les Etats-Unis, estimant que la présence américaine était désormais "illégale".

Washington a finalement accepté la semaine dernière de retirer du pays ses plus de 1 000 soldats et annoncé envoyer une délégation à Niamey pour s'accorder sur les détails de ce retrait.

"Nous pouvons confirmer le début des discussions entre les Etats-Unis et le Niger sur le retrait ordonné des forces américaines du pays", a déclaré le porte-parole du Pentagone Pat Ryder.

Une "petite délégation du Pentagone et du commandement militaire américain pour l'Afrique" participe aux discussions, a-t-il précisé.

Les Etats-Unis vont "continuer à explorer les options possibles afin d'assurer que nous soyons toujours en mesure de faire face aux potentielles menaces terroristes", a-t-il encore dit.

A Niamey, le ministre nigérien des Affaires étrangères, Bakari Yaou Sangaré, a indiqué dans un communiqué avoir eu lundi "des discussions" avec l’ambassadrice des États-Unis à Niamey, Kathleen Fitzgibbon, portant "sur la question du départ des troupes militaires américaines du Niger".

L’entretien s’est déroulé en présence de Maria Barron, directrice de l'Agence américaine pour le développement international (USAID) à Niamey, qui a assuré que l'agence allait "poursuivre sa coopération bilatérale" avec le Niger, annonçant "un nouvel accord devant remplacer celui en cours qui expire en septembre 2024", selon le communiqué.

Au Niger, les Etats-Unis disposent notamment d'une base de drone importante près d'Agadez, construite pour environ 100 millions de dollars.

Après le coup d'Etat qui a renversé le président élu Mohamed Bazoum fin juillet, le nouveau régime militaire a rapidement exigé le départ des soldats de l'ancienne puissance coloniale française et s'est rapproché de la Russie, comme le Mali et le Burkina Faso voisins, également dirigés par des régimes militaires et confrontés à la violence de groupes jihadistes.


L'Ukraine s'attend à une détérioration sur le front vers la mi-mai

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo, AFP).
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo, AFP).
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  • L'armée ukrainienne traverse une période délicate, confronté à une pénurie de nouvelles recrues et de munitions en raison de retards importants de livraisons d'aide occidentale, notamment américaine
  • La Russie, qui est à l'initiative depuis l'automne 2023, a revendiqué lundi la conquête d'un village de l'Est ukrainien situé non loin de Vougledar

KIEV: La situation sur le front ukrainien va empirer autour de la mi-mai et début juin, qui sera une "période difficile", a prévenu lundi le chef du renseignement militaire ukrainien Kyrylo Boudanov, sur fond de craintes d'une nouvelle offensive russe.

La Russie, qui est à l'initiative depuis l'automne 2023, a revendiqué lundi la conquête d'un village de l'Est ukrainien situé non loin de Vougledar, localité à la jonction des fronts Est et Sud, dont elle cherche à s'emparer depuis deux ans.

"N'allons pas trop dans les détails, mais il y aura une période difficile, à la mi-mai et début juin", a prévenu M. Boudanov, interrogé sur l'état du front, dans une interview au service ukrainien de la BBC.

L'armée russe "mène une opération complexe", a-t-il dit.

"Nous pensons qu'une situation plutôt difficile nous attend dans un futur proche. Mais il faut comprendre que ce ne sera pas catastrophique", a estimé Kyrylo Boudanov.

"Armageddon ne se produira pas, contrairement à ce que beaucoup disent en ce moment. Mais il y aura des problèmes à partir de la mi-mai", a-t-il ajouté.

L'armée ukrainienne traverse une période délicate, confronté à une pénurie de nouvelles recrues et de munitions en raison de retards importants de livraisons d'aide occidentale, notamment américaine.

En face, les troupes russes, bien plus nombreuses et mieux armées, ne cessent de pousser à l'Est et revendiquent régulièrement la prise de petits villages dans le Donbass.

En février, Moscou s'est emparé d'Avdiïvka, une ville forteresse, et vise désormais la cité  stratégique de Tchassiv Iar.

Cette cité, perchée sur une hauteur, s'étend à moins de 30 kilomètres au sud-est de Kramatorsk, la principale ville de la région sous contrôle ukrainien, qui est un important nœud ferroviaire et logistique pour l'armée ukrainienne.

Offensive estivale? 

Lundi, le ministère russe de la Défense a affirmé avoir "libéré" Novomykhaïlivka, à une trentaine de kilomètres de Donetsk.

Ce village est proche de Vougledar, une cité minière à la jonction des fronts Sud et Est. Début 2023, l'Ukraine était parvenue à y repousser un assaut de l'armée russe, infligeant des pertes humaines importantes.

Kiev craint désormais une offensive estivale russe encore plus puissante.

Fin mars, le commandant des forces terrestres ukrainiennes Oleksandre Pavliouk avait jugé "possible" un tel scénario, impliquant un groupe de 100.000 soldats russes.

Le commandant en chef des forces ukrainiennes, Oleksandre Syrsky, a déjà admis mi-avril que la situation sur le front Est s'était "considérablement détériorée" récemment.

Il a affirmé voir une "intensification significative" de l'offensive russe depuis mars, aboutissant à des "succès tactiques".

La grande contre-offensive ukrainienne de l'été 2023 s'était heurtée à de puissantes lignes de défense russes qui ont épuisé les ressources de l'armée ukrainienne, sans permettre de libérer les régions occupées par la Russie.

L'Ukraine fait désormais face aux hésitations de ses alliés occidentaux, même si une aide militaire américaine de 61 milliards, longtemps bloquée, a finalement été votée par la Chambre des représentants des Etats-Unis samedi. Le texte doit encore être adopté par le Sénat puis promulgué par le président Joe Biden.

Kiev espère désormais que l'aide des Etats-Unis pourra atteindre le front très rapidement. Le Kremlin a, lui, jugé que qu'elle ne changerait "rien"