En Albanie, contre la pandémie de stress, des "miracles pour tous"

Dans la tentaculaire église Saint-Antoine, au sommet d’une montagne, en Albanie, athées, musulmans et chrétiens affluent tous pour chercher du réconfort face à la pandémie de coronavirus et à d'autres maux. (Gent Shkullaku / AFP)
Dans la tentaculaire église Saint-Antoine, au sommet d’une montagne, en Albanie, athées, musulmans et chrétiens affluent tous pour chercher du réconfort face à la pandémie de coronavirus et à d'autres maux. (Gent Shkullaku / AFP)
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Publié le Vendredi 04 décembre 2020

En Albanie, contre la pandémie de stress, des "miracles pour tous"

  • En Albanie, petit pays des Balkans, les frontières entre religions sont poreuses, le paganisme n'est jamais très loin, les superstitions et légendes foisonnent
  • L'Albanie et ses 2,8 millions d'habitants ont longtemps vécu sous une dictature communiste féroce qui avait érigé l'athéisme en dogme, interdisant toute pratique religieuse et toutes formes de croyances

LAÇ, Albanie : Malgré la pandémie, les pèlerins se pressent nombreux dans l'église Saint-Antoine, tout en haut d'une montagne albanaise. Croyants ou athées, musulmans ou chrétiens, ils cherchent tous du réconfort, peut-être même un miracle, pour soulager leur angoisse.

Dans ce petit pays des Balkans, les frontières entre religions sont poreuses, le paganisme n'est jamais très loin, les superstitions et légendes foisonnent. Tous les moyens sont bons pour tenter d'échapper au stress ambiant dans une nation pauvre où comme ailleurs les services de santé peinent face au virus.

En haut de la montagne qui surplombe la ville de Laç, dans le nord-ouest du pays, l'église Saint-Antoine, ainsi nommée car Antoine de Padoue aurait dormi dans une grotte à proximité, attire les pèlerins depuis des siècles.

Mais avec la pandémie qui déferle sur l'Albanie et le monde, les gens sont plus nombreux que jamais dans ce haut lieu du syncrétisme où Dieu est le "même" pour tous, comme l'explique Aferdita Onuzi, anthropologue à l'université de Tirana. "Tous croient au miracle qui pourrait changer leur vie".

Ils allument des bougies pour appuyer leurs vœux, déposent les vêtements d'enfants malades dans l'espoir d'une guérison, laissent des photos de proches pour leur porter bonheur.

Au-delà des douleurs corporelles, ils veulent guérir leur âme, souligne le prêtre des lieux Mirash Ivanaj.

"Les gens viennent dans ce lieu saint pour demander des solutions à leurs maux et se débarrasser de leur peur face à la pandémie", dit-il.

"Angoisses démesurées"

"On voit apparaître des angoisses très fortes, parfois démesurées, surtout quand elles réveillent des blessures anciennes, comme des maladies ou des désastres du passé". Mais même remis du Covid-19, certains viennent aussi "pour trouver la guérison spirituelle", poursuit le prêtre franciscain.

Beaucoup, comme Ada Zdrava, 20 ans, visitent pour la première fois ce lieu de pèlerinage qui peut accueillir des centaines de milliers de personnes. Elle souhaite "soulager ses angoisses" et favoriser "son bonheur et celui de sa famille".

L'Albanie et ses 2,8 millions d'habitants ont longtemps vécu sous une dictature communiste féroce qui avait érigé l'athéisme en dogme, interdisant toute pratique religieuse et toutes formes de croyances.

A la veille de la chute du régime en 1991, le pays a retrouvé ses traditions religieuses de tolérance. Une majorité musulmane vit aux côtés d'importantes minorités catholique et orthodoxe, les uns partagent les fêtes religieuses des autres quand les mariages mixtes sont fréquents.

Près de Tirana, dans le village de Valias, le "tekke" bektashi, lieu de culte de cette confrérie mystique du soufisme, attire des gens de toutes confessions. Ils viennent déposer un vêtement pour la nuit sur la tombe du derviche du "tekke" afin "qu'il éloigne la maladie et apporte le bien-être à celui qui le portera", raconte la maîtresse des lieux, Servete Mullai, 60 ans, qui distribue également de l'huile d'olive bénie.

Albana Disha, 50 ans, est-elle venue sacrifier un coq pour soulager les peines de cœur de son fils, en vertu de traditions païennes qui considèrent les volailles comme des offrandes idéales de par leurs qualités gustatives.

Contre le mauvais oeil, les nounours

"Les Albanais sont superstitieux", résume Alfred Halilaj, anthropologue à l'Université de Durrës. Ils "croient au pouvoir du soleil, au pouvoir des pierres, de la mer, de la nature. Car dans son essence, notre culture provient du paganisme qui reste au fondement de l'identité et de la vie quotidienne, malgré la superposition des conversions religieuses".

Témoins de ces croyances, les ours en peluche rouge ou gris exposés aux quatre vents accrochés aux façades des maisons albanaises pour éloigner le mauvais oeil et servir de paratonnerre aux éventuelles jalousies du voisinage.

Dans la banlieue de Tirana, à Kamza, Ramazan Sefaj, 73 ans, retraité, ne survit que grâce aux revenus de ses enfants, qui travaillent dans le BTP à Londres, se désolant de ne "pas pouvoir partager le repas du soir avec eux".

Il a accroché des amulettes porte-bonheur à son pare-brise et mis un bulbe d'ail dans sa voiture pour parer au malheur et au virus.

"La peur nous fait croire plus en Dieu mais aussi nous s’accrocher à des petits objets contre la mauvaise chance et le mauvais œil", explique-t-il.

"L'atmosphère est d'autant plus lourde" que les gens sont bombardés d'informations anxiogènes ou alarmistes, et subissent le déferlement mondial des fake news virales, relève Lutfi Dervishi, expert en communication à l'Université de Tirana. Ils se ruent sur les "psychotropes", appliquent tous les conseils trouvés sur internet et trouvent "un peu de calme spirituel dans les croyances".

Mais celles-ci n'excluent pas la médecine classique, soulignent religieux et analystes. "Le virus n'épargne personne, il ne faut en aucun cas négliger le docteur", lance Servete Mullai, du "tekke" de Valias.

 


Le Forum d’Asilah distingué par le Prix du Sultan Qaboos pour la culture

Hatim Betioui, secrétaire général du Forum d’Asilah, reçoit le Prix et la Médaille du Sultan Qaboos pour la culture, les sciences, les arts et les lettres. (Photo: fournie)
Hatim Betioui, secrétaire général du Forum d’Asilah, reçoit le Prix et la Médaille du Sultan Qaboos pour la culture, les sciences, les arts et les lettres. (Photo: fournie)
Les lauréats du Prix du Sultan Qaboos avec le Dr Mohammed bin Saïd Al-Maamari, ministre omanais des Awqaf et des Affaires religieuses, et Habib bin Mohammed Al-Riyami, président du Centre supérieur du Sultan Qaboos pour la culture et les sciences. (Photo: fournie)
Les lauréats du Prix du Sultan Qaboos avec le Dr Mohammed bin Saïd Al-Maamari, ministre omanais des Awqaf et des Affaires religieuses, et Habib bin Mohammed Al-Riyami, président du Centre supérieur du Sultan Qaboos pour la culture et les sciences. (Photo: fournie)
Le prix est décerné en alternance : une année réservée aux Omanais, et l’année suivante ouverte à l’ensemble du monde arabe. (Photo: fournie)
Le prix est décerné en alternance : une année réservée aux Omanais, et l’année suivante ouverte à l’ensemble du monde arabe. (Photo: fournie)
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  • Hatim Betioui, secrétaire général du Forum d’Asilah, a été récompensé à Mascate par le Prix du Sultan Qaboos 2025 dans la catégorie des institutions culturelles privées
  • Cette distinction prestigieuse célèbre l’excellence culturelle arabe et souligne le rôle d’Oman dans la promotion de la pensée, des arts et des lettres

MASCATE: Lors d’une cérémonie organisée dans la capitale omanaise, Mascate, Hatim Betioui, secrétaire général du Forum d’Asilah, a reçu le Prix du Sultan Qaboos pour les institutions culturelles privées.

Hatim Betioui, secrétaire général de la Fondation du Forum d’Asilah, a été distingué mercredi soir à Mascate par le Prix des institutions culturelles privées (catégorie Culture), à l’occasion de la cérémonie de remise du Prix du Sultan Qaboos pour la culture, les arts et les lettres, dans sa douzième édition (2025). La cérémonie s’est tenue sous le patronage du Dr Mohammed bin Saïd Al-Maamari, ministre omanais des Awqaf et des Affaires religieuses, agissant par délégation de Sa Majesté le Sultan Haitham bin Tariq.

Lors de cette édition, le prix a également été attribué, aux côtés de la Fondation du Forum d’Asilah, à l’artiste égyptien Essam Mohammed Sayed Darwish dans le domaine de la sculpture (catégorie Arts), ainsi qu’à Hikmat Al-Sabbagh, connue sous le nom de Yumna Al-Eid, dans le domaine de l’autobiographie (catégorie Lettres).

Au cours de la cérémonie, Habib bin Mohammed Al-Riyami, président du Centre supérieur du Sultan Qaboos pour la culture et les sciences, a prononcé un discours dans lequel il a souligné le rôle et l’importance de ce prix, affirmant que cette célébration constitue une reconnaissance du mérite des lauréats, appelés à devenir des modèles d’engagement et de générosité intellectuelle.

Al-Riyami a également indiqué que l’extension géographique atteinte par le prix, ainsi que l’élargissement constant de la participation des créateurs arabes à chaque édition, résultent de la réputation dont il jouit et de la vision ambitieuse qui sous-tend son avenir. Il a mis en avant le soin apporté à la sélection des commissions de présélection et des jurys finaux, composés de personnalités académiques, artistiques et littéraires de haut niveau, spécialisées dans les domaines concernés, selon des critères rigoureux garantissant le choix de lauréats et d’œuvres prestigieux.

La cérémonie a également été marquée par la projection d’un film retraçant le parcours du prix lors de sa douzième édition, ainsi que par une prestation artistique du Centre omanais de musique.

En clôture de la cérémonie, le ministre des Awqaf et des Affaires religieuses a annoncé les domaines retenus pour la treizième édition du prix, qui sera exclusivement réservée aux candidats omanais. Elle portera sur : la culture (études sur la famille et l’enfance au Sultanat d’Oman), les arts (calligraphie arabe) et les lettres (nouvelle).

Il convient de rappeler que ce prix vise à rendre hommage aux intellectuels, artistes et écrivains pour leurs contributions au renouvellement de la pensée et à l’élévation de la sensibilité humaine, tout en mettant en valeur la contribution omanaise — passée, présente et future — à l’enrichissement de la civilisation humaine.

Le prix est décerné en alternance : une année réservée aux Omanais, et l’année suivante ouverte à l’ensemble du monde arabe. Chaque lauréat de l’édition arabe reçoit la Médaille du Sultan Qaboos pour la culture, les sciences, les arts et les lettres, assortie d’une dotation de 100 000 rials omanais. Pour l’édition omanaise, chaque lauréat reçoit la Médaille du mérite, accompagnée d’une dotation de 50 000 rials omanais.

Le prix a été institué par le décret royal n° 18/2011 du 27 février 2011, afin de reconnaître la production intellectuelle et cognitive et d’affirmer le rôle historique du Sultanat d’Oman dans l’ancrage de la conscience culturelle, considérée comme un pilier fondamental du progrès civilisationnel.


Art Basel Qatar dévoile les détails de sa première édition prévue en 2026

M7 à Doha, où se déroulera une partie de l'événement. (Fourni)
M7 à Doha, où se déroulera une partie de l'événement. (Fourni)
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  • Art Basel Qatar lancera sa première édition en février 2026 à Doha, avec 87 galeries, 84 artistes et neuf commandes monumentales dans l’espace public
  • L’événement mettra fortement l’accent sur la région MENASA, autour du thème « Becoming », explorant transformation, identité et enjeux contemporains

DUBAÏ : Art Basel Qatar a révélé les premiers détails de sa toute première édition, qui se tiendra en février 2026, offrant un aperçu du secteur Galleries et de son programme Special Projects, déployé dans le quartier de Msheireb Downtown Doha.

Aux côtés des présentations de 87 galeries exposant les œuvres de 84 artistes, Art Basel Qatar proposera neuf commandes monumentales et in situ investissant les espaces publics et les lieux culturels de Msheireb. Conçus par le directeur artistique Wael Shawky, en collaboration avec le directeur artistique en chef d’Art Basel Vincenzo de Bellis, ces projets répondent au thème central de la foire : « Becoming » (« Devenir »).

Couvrant la sculpture, l’installation, la performance, le film et l’architecture, ces projets interrogent les notions de transformation — matérielle, sociale et politique — en abordant le changement environnemental, la migration, la mémoire et l’identité. Parmi les artistes participants figurent Abraham Cruzvillegas, Bruce Nauman, Hassan Khan, Khalil Rabah, Nalini Malani, Nour Jaouda, Rayyane Tabet, Sumayya Vally, ainsi que Sweat Variant (Okwui Okpokwasili et Peter Born). Parmi les temps forts annoncés : l’installation vidéo immersive en 3D de Bruce Nauman à M7, la projection monumentale en plein air de Nalini Malani sur la façade de M7, et le majlis évolutif imaginé par Sumayya Vally, conçu comme un espace vivant de rencontre et de dialogue.

Le secteur Galleries réunira des exposants issus de 31 pays et territoires, dont 16 galeries participant pour la première fois à Art Basel. Plus de la moitié des artistes présentés sont originaires de la région MENASA, confirmant l’ancrage régional de la foire. Les présentations iront de figures majeures telles que Etel Adnan, Hassan Sharif et MARWAN à des voix contemporaines comme Ali Cherri, Ahmed Mater, Sophia Al-Maria et Shirin Neshat.

Des galeries de l’ensemble de la région seront représentées, y compris celles disposant d’antennes dans les États du Golfe, notamment au Qatar, aux Émirats arabes unis et en Arabie saoudite.

Le Moyen-Orient élargi et l’Asie seront également présents, avec des galeries venues du Liban, de Turquie, d’Égypte, du Maroc, de Tunisie et d’Inde.

Art Basel Qatar se tiendra du 5 au 7 février 2026, à M7, dans le Doha Design District et dans plusieurs autres lieux de Msheireb Downtown Doha.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Une nouvelle initiative cinématographique à AlUla vise à stimuler le talent créatif saoudien

Le programme propose des cours de formation et des ateliers couvrant toutes les étapes de la production cinématographique, de l'écriture du scénario et de la réalisation à la cinématographie, au montage et à la post-production. (SPA)
Le programme propose des cours de formation et des ateliers couvrant toutes les étapes de la production cinématographique, de l'écriture du scénario et de la réalisation à la cinématographie, au montage et à la post-production. (SPA)
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  • Les efforts visent à soutenir les jeunes talents et à contribuer à la croissance du secteur cinématographique du Royaume
  • Villa Hegra organise également des programmes éducatifs et interactifs pour les enfants afin de développer leurs talents et leurs capacités créatives

ALULA : Villa Hegra, en collaboration avec Film AlUla, a lancé un programme spécialisé dans la réalisation de films pour développer les compétences cinématographiques et soutenir les talents créatifs, a rapporté lundi l'Agence de presse saoudienne.

Cette initiative reflète l'engagement de Villa Hegra à renforcer l'activité culturelle et cinématographique tout en favorisant un environnement inspirant pour les créateurs de contenu et les cinéphiles.

Le programme propose des cours de formation et des ateliers couvrant toutes les étapes de la production cinématographique, de l'écriture du scénario et de la réalisation à la cinématographie, au montage et à la post-production.

Ces efforts visent à soutenir les jeunes talents et à contribuer à la croissance du secteur cinématographique du Royaume, a ajouté la SPA.

Villa Hegra organise également des programmes éducatifs et interactifs pour les enfants afin de développer leurs talents et leurs capacités créatives.

Ces programmes comprennent des ateliers qui simplifient les concepts scientifiques et les intègrent aux pratiques artistiques modernes, créant ainsi un environnement d'apprentissage qui encourage la découverte et l'innovation.

Ils ont suscité une forte participation des élèves dans tout le gouvernorat en raison de leur approche pratique et interactive, qui renforce la réflexion et la créativité des enfants.

Les initiatives sont mises en œuvre en collaboration avec des institutions françaises et saoudiennes, reflétant ainsi la diversité culturelle et les partenariats internationaux tout en améliorant la qualité du contenu éducatif pour les jeunes générations.

Villa Hegra est la première fondation culturelle franco-saoudienne basée à AlUla. Lancée en octobre, elle soutient la scène culturelle de la région en proposant des plateformes éducatives qui développent les compétences des enfants et des jeunes saoudiens, tout en renforçant la présence d'AlUla sur la scène culturelle internationale.