Reims: Émotion après le meurtre d'une infirmière, la sécurité des soignants en question

Des employés du CHU de Reims se rassemblent devant l'hôpital à Reims, le 23 mai 2023, pour rendre hommage à une infirmière décédée à la suite d'une attaque à l'arme blanche la veille. (Photo, AFP)
Des employés du CHU de Reims se rassemblent devant l'hôpital à Reims, le 23 mai 2023, pour rendre hommage à une infirmière décédée à la suite d'une attaque à l'arme blanche la veille. (Photo, AFP)
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Publié le Mercredi 24 mai 2023

Reims: Émotion après le meurtre d'une infirmière, la sécurité des soignants en question

  • Une minute de silence sera respectée mercredi dans tous les hôpitaux de France en hommage à la victime, Carène Mezino
  • L'agresseur présumé, un homme de 59 ans aux antécédents psychiatriques lourds, est soupçonné d'«assassinat», mais aussi de «tentative d'assassinat», une secrétaire médicale ayant elle aussi été blessée lors des faits

REIMS: Le décès d'une infirmière agressée au couteau lundi à l'hôpital de Reims a provoqué une profonde émotion chez les soignants et dans la classe politique, le ministre de la Santé François Braun promettant une réunion jeudi sur la "sécurité" dans le secteur de la santé.

Une minute de silence sera respectée mercredi dans tous les hôpitaux de France en hommage à la victime, Carène Mezino, 37 ans, attaquée au couteau lundi en début d'après-midi, et décédée dans la nuit de lundi à mardi.

L'agresseur présumé, un homme de 59 ans aux antécédents psychiatriques lourds, est soupçonné d'"assassinat", mais aussi de "tentative d'assassinat", une secrétaire médicale ayant elle aussi été blessée lors des faits.

L'homme avait déjà été entendu par la justice pour des "violences aggravées" dans une précédente affaire, a indiqué le parquet de Reims.

Selon une source proche du dossier, il s'agissait déjà d'une agression au couteau.

Le tribunal de Châlons avait rendu en juin 2022 une ordonnance demandant à la chambre de l'instruction de la Cour d'appel de statuer sur "une éventuelle irresponsabilité pénale en raison de l'abolition de son discernement", a détaillé le procureur Matthieu Bourrette mardi soir. La chambre devait également décider les "mesures de sûreté" à prendre après cette affaire.

Le président Emmanuel Macron a rendu hommage à l'infirmière sur Twitter, associant ce drame à la mort de trois policiers du Nord dimanche dans une collision et à celle d'un agent de la Direction interdépartementale des routes Atlantique (Dira) fauché par une voiture lundi en Charente-Maritime.

"À Villeneuve-d'Ascq, Reims, Sainte-Soulle, en quelques jours, plusieurs agents de l’État ont perdu la vie dans des conditions tragiques. Ils étaient engagés pour les autres", a-t-il écrit.

Yeux humides

L'agression s'est déroulée dans l'unité de médecine du travail de l'hôpital, située à coté du service de psychiatrie où était suivi le suspect, a affirmé à l'AFP Sandrine Calvy, responsable CGT-Santé dans la Marne.

Selon Valérie Rozalski, secrétaire générale CGT de l'établissement, l'attaque "a eu lieu dans les vestiaires". "A priori, elle avait taché sa blouse et elle allait se changer."

L'infirmière est morte en dépit de "nombreuses heures de prise en charge au bloc opératoire et en réanimation", a précisé le CHU dans un communiqué.

Yeux humides et sanglots étouffés, des centaines de ses collègues ont observé une minute de silence mardi en début d'après-midi dans la cour de l'hôpital.

La directrice générale de l'établissement, Laetitia Micaelli-Flender, a rendu hommage à une femme "qui a passé sa vie au service des autres".

Interpellé à trois reprises lors des questions à l'Assemblée nationale, le ministre de la Santé, François Braun, qui s'était rendu lundi soir au CHU de Reims, a promis de réunir jeudi matin syndicats et représentants des professionnels de santé pour "qu'on voie tout de suite s'il y a des solutions possibles pour améliorer cette sécurité".

Décès de l'infirmière de Reims: «  un des drames les plus intenses  » pour le pays, selon Véran

Le décès de l'infirmière au CHU de Reims est "un des drames les plus intenses qui puissent toucher notre nation", a réagi mardi le porte-parole du gouvernement Olivier Véran, à l'unisson de la classe politique.

"Ça fait partie des drames les plus intenses qui puissent toucher notre nation. On parle de quelqu'un qui dévoue sa vie à protéger, à sauver celle des autres et qui trouve la mort de manière violente", a déclaré le ministre sur France Inter.

"Je ne sais pas si on peut associer l'acte a priori d'un déséquilibré avec la montée de violence générale à laquelle font face tous les dépositaires d'une forme d'autorité de l'État", a-t-il souligné, tout en invitant à "nous interroger sur une forme de continuum entre la violence des réseaux sociaux, la violence verbale à laquelle la classe politique parfois s'adonne et ces actes de violence du quotidien qui peuvent toucher tout le monde".

"Le drame du CHU de Reims touche la Nation toute entière", a réagi sur Twitter la présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet.

Exprimant son "émotion" après ce "terrifiant meurtre", le patron de LR Éric Ciotti a de son côté demandé sur RMC-BFMTV "un grand plan psychiatrie" face à un secteur selon lui "complètement délaissé dans notre société" et qui a souffert d'un "effondrement cruel des moyens, des lits affectés".

«Troubles sévères»

"Mais un hôpital est par définition une structure qui est ouverte, qui accueille des personnes malades. Il est très difficile de le protéger à 200%", avait-il prévenu un peu plus tôt.

Un rapport sur la sécurité des professionnels de santé doit être remis au gouvernement le 1er juin, a indiqué mardi soir sur France Info la ministre déléguée, Agnès Firmin Le Bodo. Il apportera "des réponses à cet enjeu", a-t-elle souligné.

Le mis en cause, rapidement interpellé, "semble souffrir de troubles sévères et fait l'objet depuis plusieurs années d'une mesure de curatelle renforcée", avait indiqué le procureur de Reims lundi. Il aurait "agi sans mobile apparent".

Cette agression "nous bouleverse tous", a réagi mardi le président de la FHF, Arnaud Robinet, maire de Reims, au salon Santexpo. "S'attaquer à des sentinelles du soin, à l'hôpital comme en ville, c'est s'en prendre à une certaine idée de ce qui fait notre humanité."

Le patron de LR Éric Ciotti a lui demandé sur RMC-BFMTV "un grand plan psychiatrie" après ce "terrifiant meurtre".

Si les incivilités sont fréquentes dans les hôpitaux, les agressions graves sur des personnels soignants dans les établissements de santé restent relativement rares, les plus dramatiques ayant lieu dans des établissements psychiatriques.


La défiance à l'égard de Macron et de Bayrou au plus haut, selon un sondage Paris, France

Le Premier ministre français François Bayrou et le président français Emmanuel Macron assistent à une réunion avec les élus de Nouvelle-Calédonie et les représentants de l'État au palais de l'Élysée, à Paris, le 12 juillet 2025. (AFP)
Le Premier ministre français François Bayrou et le président français Emmanuel Macron assistent à une réunion avec les élus de Nouvelle-Calédonie et les représentants de l'État au palais de l'Élysée, à Paris, le 12 juillet 2025. (AFP)
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  • La défiance à l'égard du président Emmanuel Macron s'est accrue en juillet pour atteindre le niveau le plus élevé de son second quinquennat
  • Le Premier ministre François Bayrou a établi un nouveau record d'impopularité, selon un sondage Elabe pour Les Echos publié jeudi

PARIS: La défiance à l'égard du président Emmanuel Macron s'est accrue en juillet pour atteindre le niveau le plus élevé de son second quinquennat, tandis que le Premier ministre François Bayrou a établi un nouveau record d'impopularité, selon un sondage Elabe pour Les Echos publié jeudi.

Près des trois quarts des Français interrogés (73%) affirment ne pas faire confiance au chef de l'Etat et la moitié (49%) va jusqu'à "ne pas lui faire du tout confiance", le niveau le plus élevé atteint de son second mandat, qu'il n'a dépassé qu'une seule fois depuis son arrivée à l'Elysée en 2017 au plus fort de la crise des gilets jaunes en décembre 2018.

Selon le sondage, seuls 21% des Français font confiance à Emmanuel Macron, soit un point de moins qu'en juin et 6 de perdus par rapport à mars.

Pour François Bayrou, qui a présenté à la mi-juillet les mesures d'économie prévues par le gouvernement dans son projet de budget pour l'année prochaine, la chute se poursuit avec seulement 12% des Français qui disent lui faire confiance, soit un nouveau record d'impopularité (-2 points).

La défiance à l'égard du chef du gouvernement a progressé, avec 80% des Français (+5 points en un mois) qui disent ne pas lui faire confiance et 56% qui affirment ne pas lui faire "du tout" confiance, soit un bond de 9 points depuis juin.

Au classement des personnalités, le RN Jordan Bardella conserve la première place avec 39% des Français (+3 points) qui ont une image positive de lui, devant l'ancien Premier ministre Edouard Philippe (37%) et Marine Le Pen (35%).

A gauche, le mieux classé est l'ancien président François Hollande qui s'installe en huitième position grâce à un bond de 6 points en un mois.

Sondage réalisé par internet les 29 et 30 juillet auprès d'un échantillon de 1.000 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas. Marge d'erreur entre 1,4 et 3,1 points.


Accord EU-USA: Bayrou juge que la France a été "un peu seule"

Le Premier ministre français, François Bayrou, s'adresse à la presse après une visite au siège de Tracfin, le service de lutte contre le blanchiment d'argent du ministère des Finances, à Montreuil, près de Paris, le 31 juillet 2025. (AFP)
Le Premier ministre français, François Bayrou, s'adresse à la presse après une visite au siège de Tracfin, le service de lutte contre le blanchiment d'argent du ministère des Finances, à Montreuil, près de Paris, le 31 juillet 2025. (AFP)
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  • Le Premier ministre, François Bayrou, a jugé jeudi que la France avait été "un peu seule" dans la bataille commerciale face aux Etats-unis
  • Le chef du gouvernement, qui avait vivement critiqué lundi l'accord commercial conclu entre l'Union européenne et les Etats-Unis, déplorant une "soumission" de l'Europe, a estimé que ce n'était "pas la fin de l'histoire"

PARIS: Le Premier ministre, François Bayrou, a jugé jeudi que la France avait été "un peu seule" dans la bataille commerciale face aux Etats-unis, en marge d'un déplacement dans les locaux de Tracfin, organisme de lutte contre la criminalité financière, à Montreuil (93).

Le chef du gouvernement, qui avait vivement critiqué lundi l'accord commercial conclu entre l'Union européenne et les Etats-Unis, déplorant une "soumission" de l'Europe, a estimé que ce n'était "pas la fin de l'histoire", et qu'il fallait "un processus encore pas totalement élucidé de ratification" de cet accord.

"Il y a à vérifier quelle est la portée exacte de ces accords, et les Etats auront d'une manière ou d'une autre leur mot à dire", a-t-il ajouté.

"Je sais que toutes les autorités françaises, et en particulier le président de la République (Emmanuel Macron), ont été ceux qui se sont battus le plus contre des concessions qu'on considérait comme excessives", a-t-il affirmé avant de s'interroger: "Est-ce que nous avons été un peu seuls? Oui".

"Est-ce qu'on a le sentiment qu'à l'intérieur de l'Union européenne, des forces politiques et économiques étaient plutôt sur une ligne de trouver des accommodements? Oui", a-t-il ajouté, en estimant que de son point de vue, "la voie pour l'Europe est une voie d'affirmation et de résistance quand il faut et de fierté le plus souvent possible".

La classe politique française a été unanime à dénoncer l'accord conclu entre le président américain, Donald Trump, et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, qui prévoit notamment une hausse de 15% des droits de douane sur les exportations européennes.

Le président Emmanuel Macron a déploré mercredi en Conseil des ministres que l'Union européenne n'ait pas été assez "crainte" dans ses négociations commerciales avec les Etats-Unis, affirmant que la France continuerait de faire montre "d'exigence et de fermeté" dans la suite des discussions.


Lille: enquête ouverte après les propos sur internet d'une étudiante gazaouie

L'Institut d'études politiques (IEP) de Sciences Po à Lille. (AFP)
L'Institut d'études politiques (IEP) de Sciences Po à Lille. (AFP)
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  • Le parquet de Lille a annoncé jeudi avoir ouvert une enquête pour apologie du terrorisme et apologie de crime contre l'humanité concernant les publications sur les réseaux sociaux d'une étudiante gazaouie

LILLE: Le parquet de Lille a annoncé jeudi avoir ouvert une enquête pour apologie du terrorisme et apologie de crime contre l'humanité concernant les publications sur les réseaux sociaux d'une étudiante gazaouie, dont Sciences Po Lille a annulé l'inscription mercredi.

"Une enquête a été ouverte pour apologie du terrorisme, apologie de crime contre l'humanité avec utilisation d'un service de communication au public en ligne", a écrit la procureure de la République de Lille, Carole Etienne, à l'AFP.

Des captures d'écran circulant sur les réseaux sociaux montrent qu'un compte, attribué à cette étudiante par des internautes et fermé depuis, a repartagé des messages appelant à tuer des juifs.

Elle a été désinscrite de l'Institut d'études politiques de Lille, où elle devait étudier à partir de septembre, en raison du contenu de certaines de ses publications qui "entre en contradiction frontale avec les valeurs portées par Sciences Po Lille", a indiqué l'établissement mercredi.

"Pourquoi on est passé à travers? Il y a quand même une question, il faut y répondre", a reconnu jeudi sur RMC François-Noël Buffet, ministre auprès du ministre de l'Intérieur.

"Il y aura des poursuites qui seront engagées et sur la base de ces éléments-là, elle est susceptible d'être renvoyée dans son pays, bien évidemment", a-t-il ajouté.

"Administrativement, semble-t-il, je suis très prudent, il n'y avait pas de difficulté particulière, sauf que sur les réseaux sociaux, voilà, on s'en est rendu compte", a-t-il ajouté, précisant que "les services des titres de séjour relèvent du ministère des Affaires étrangères".

Sollicité par l'AFP, Sciences Po Lille a expliqué avoir "accueilli cette étudiante sur proposition du consulat général de France à Jérusalem".

L'incident a fait largement réagir dans la classe politique, jusqu'au gouvernement.

"Une étudiante gazaouie tenant des propos antisémites n'a rien à faire en France", a réagi sur X le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot. Il a indiqué avoir "demandé à ce qu'une enquête interne soit diligentée pour que cela ne puisse en aucun cas se reproduire".

Le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a souligné sur le même réseau social avoir "demandé de faire fermer ce compte haineux", et a martelé que "les propagandistes du Hamas n'ont rien à faire dans notre pays".