A Mayotte, les coupures d'eau et la sécheresse comme quotidien

Un homme est assis au bord de l'eau à côté d'un panneau indiquant «Mayotte est française et le restera pour toujours» à Mamoudzou, sur l'île de Mayotte, le 28 avril 2023 (Photo, AFP).
Un homme est assis au bord de l'eau à côté d'un panneau indiquant «Mayotte est française et le restera pour toujours» à Mamoudzou, sur l'île de Mayotte, le 28 avril 2023 (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 29 mai 2023

A Mayotte, les coupures d'eau et la sécheresse comme quotidien

  • Le niveau de remplissage des retenues collinaires - qui assurent 80% de l'approvisionnement de l'île avec les cours d'eau - est toujours exceptionnellement bas
  • A Mayotte, le problème de la gestion de l'eau est structurel, avec une offre inférieure à la demande

MAMOUDZOU, France: Il est 17 heures passées, seules quelques gouttes s'écoulent du robinet. "Ca veut dire qu'ils ont déjà coupé l'eau", soupire Rachdah Charifoudine. Comme pour elle, le quotidien des habitants de Mayotte est rythmé par les coupures nocturnes.

Elles tournent selon les quartiers, entre 17H00 et 07H00. "Jusqu'ici on avait deux tours d'eau par semaine, c'était déjà compliqué, avec une famille de cinq qui doit se laver, aller aux toilettes, faire la cuisine...", explique la mère de famille d'une trentaine d'années. "Et là depuis lundi (22 mai, ndlr) on est passé à trois coupures à Mamoudzou, les mardis, vendredis et dimanches".

A Mayotte, le problème de la gestion de l'eau est structurel, avec une offre inférieure à la demande.

"La capacité à produire de l'eau à Mayotte aujourd'hui est d'environ 39 000 m3 d'eau par jour alors que la demande se situe autour de 42 000 m3 par jour", explique Ibrahim Aboubacar, directeur général des services de la Mahoraise des Eaux, la société gestionnaire.

L'entreprise compte 43 000 abonnés, couvrant environ 200 000 personnes sur une île où vivaient 300 000 personnes au 1er janvier 2022. On estime cette population à environ 350 000 aujourd'hui.

"Les investissements n'ont pas suivi le rythme de croissance de la population (de l'ordre de 4% par an, selon l'Insee, NDLR). La demande s'accroît environ de 2000 m3 par an", précise M. Aboubacar.

S'ajoute à cela une sécheresse extrême à Mayotte: le ciel n'a jamais déversé aussi peu d'eau depuis 1997, alors que la saison des pluies s'est terminée le mois dernier.

«Pour le bébé, on ne gaspille pas»

Le niveau de remplissage des retenues collinaires - qui assurent 80% de l'approvisionnement de l'île avec les cours d'eau - est toujours exceptionnellement bas. La retenue de Dzoumogné, au nord, et celle de Combani, au centre, sont respectivement remplies à 29,7% et 47,1%, contre 98% en moyenne en 2022 à la même période. Le déficit pluviométrique touche également les nappes phréatiques, qui représentent 15% de la ressource.

Le réseau, dont la dégradation s'est accélérée depuis trois ans en raison des coupures, est responsable de 30% des pertes d'eau.

Face à cette combinaison de facteurs, les habitants pourraient subir une quatrième coupure nocturne hebdomadaire à partir de la mi-juin.

Dans sa salle de bain, Rachdah Charifoudine a deux seaux remplis d'eau qui trônent dans la douche. Et près du lavabo, des packs d'eau.

"Si on arrive à la maison après la coupure, on se lave avec les bouteilles qu'on a stockées. Ce n'est pas pratique mais pas on n'a pas le choix", commente résignée Mme Charifoudine.

A Mayotte, près de 30% de la population n’a pas accès à l’eau courante, généralement dans les bidonvilles. Certains habitants se rendent à des bornes-fontaines à carte, mises en place par l'Etat, pour remplir des jerricanes.

D'autres ont réussi à raccorder l'eau chez eux, comme à Majicavo-Koropa, en face de l'ancien bidonville de Talus 2, démoli dans l'opération "Wuambushu" qui vise à réduire l'habitat insalubre et à expulser les personnes en situation irrégulière.

"On gère comme on peut. On met de l'eau dans le jerricane pour économiser. Ce qu'on stocke, on le prend pour cuisiner, pour laver les assiettes", souligne Anna (prénom modifié), avec son bébé dans les bras.

Ils vivent à sept dans son habitation, alors elle se contente d'une seule douche quotidienne, le matin. "Pour le bébé on ne gaspille pas, pour lui c'est matin et soir", assure la mère de famille.

Bibi (prénom modifié) vit un peu plus bas. "Il y a des coupures tout le temps. Des fois on ne prévient pas, ça coupe direct, on n'arrive pas à stocker. Quand tu te lèves le matin, t'as besoin de prendre la douche, l'eau ne revient qu'à 07H00 et nous on se lève à 05H00 pour éviter les embouteillages", soupire-t-elle.


Macron et von der Leyen inciteront lundi les chercheurs étrangers à choisir l'Europe

Le président français Emmanuel Macron accueille la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen à son arrivée au sommet de la « coalition des volontaires » au palais de l'Élysée, à Paris, le 27 mars 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron accueille la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen à son arrivée au sommet de la « coalition des volontaires » au palais de l'Élysée, à Paris, le 27 mars 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • Le président français clôturera cette conférence dans la prestigieuse université de la Sorbonne, « dédiée à la science, à l'attractivité de l'Union européenne, mais aussi plus largement à l'innovation, à la recherche et aux libertés académiques »
  • « Ici, en France, la recherche est une priorité, l’innovation est une culture et la science est un horizon sans limite », avait-il assuré.

PARIS : À Paris, le président Emmanuel Macron et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen participeront lundi à une conférence pour vanter les mérites de l'Europe auprès des chercheurs étrangers, notamment américains, confrontés à « un certain nombre de menaces », a annoncé l'Élysée mercredi.

Le président français clôturera cette conférence dans la prestigieuse université de la Sorbonne, « dédiée à la science, à l'attractivité de l'Union européenne, mais aussi plus largement à l'innovation, à la recherche et aux libertés académiques », ont affirmé ses services à la presse.

Le message de cette rencontre sera « très clair » : « Choose Science, Choose Europe ».

Selon son entourage, il s'agit de dire, « dans un moment où les libertés académiques connaissent un certain nombre de reculs ou de menaces, que l'Europe est un continent attractif et que l'innovation, l'attractivité, la science et la recherche sont des éléments essentiels pour la croissance européenne ».

Le chef de l'État aura à cette occasion un entretien avec la présidente de la Commission européenne, qui participera à la conférence. 

Le 18 avril, Emmanuel Macron avait donné rendez-vous le 5 mai aux chercheurs « du monde entier ». Sur le réseau X, il les avait invités à « choisir la France et l'Europe », dans une tentative d'attirer les chercheurs américains menacés par la politique de Donald Trump.

« Ici, en France, la recherche est une priorité, l’innovation est une culture et la science est un horizon sans limite », avait-il assuré.

Parallèlement, le gouvernement a lancé une plateforme baptisée « Choose France for Science », présentée comme « une première étape pour préparer l'accueil des chercheurs internationaux ».

Depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier, chercheurs et universités sont dans le collimateur de son gouvernement et redoutent pour leur avenir, entre libertés académiques et de recherche menacées et financements réduits.

De plus en plus de chercheurs ou d'aspirants chercheurs réfléchissent donc à quitter le pays, considéré jusqu'ici comme le paradis de la recherche dans nombre de domaines.

En France, dès début mars, le ministre chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Philippe Baptiste, a demandé aux universités de réfléchir à des moyens de les accueillir. 


« La France ne se définit ni par une race, ni par une religion », affirme Macron

Le président français Emmanuel Macron regarde avant d'accueillir le Premier ministre belge pour un déjeuner de travail au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron regarde avant d'accueillir le Premier ministre belge pour un déjeuner de travail au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • « La France est une patrie de volonté et de bravoure qui ne se définit ni par le sang, ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée », a déclaré le président de la République.
  • Près de 150 nationalités se côtoient au sein de la Légion étrangère, où les légionnaires sont commandés par des officiers français.

AUBAGNE, FRANCE : lors d'une cérémonie militaire commémorant la bataille de Camerone, à Aubagne, où est basé le commandement de la Légion étrangère, Emmanuel Macron a affirmé  mercredi que « la France ne se définit ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée ».

« La France est une patrie de volonté et de bravoure qui ne se définit ni par le sang, ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée », a déclaré le président de la République devant plusieurs dizaines de légionnaires réunis pour commémorer la bataille de Camerone, qui s'est déroulée le 30 avril 1863 au Mexique.

« La France se définit par une volonté chaque jour recommencée d'accomplir de grandes choses avec une poignée de notre terre dans la main. Un rêve d'universel, un idéal, cette solidarité, cette fidélité à la patrie », a poursuivi M. Macron, qui s'est déplacé à Aubagne (Bouches-du-Rhône) pour commémorer cet événement fondateur de la Légion étrangère, célébré chaque année par tous les régiments. 

M. Macron a prononcé ce discours après avoir reçu mardi des représentants d'institutions musulmanes qui ont dénoncé le « climat islamophobe ambiant » et demandé au président de la République des « actes concrets » pour protéger les musulmans, après le meurtre d'un fidèle dans une mosquée du Gard.

À Aubagne, le président a passé en revue les troupes de la Légion étrangère, la force combattante de l'armée de terre qui compte plus de 9 500 hommes.

Près de 150 nationalités se côtoient au sein de la Légion étrangère, où les légionnaires sont commandés par des officiers français.

L'hymne national a été joué et deux avions Rafale ont survolé la cérémonie à laquelle ont assisté les élus locaux et plusieurs centaines de spectateurs.

La cérémonie de Camerone, qui est une fête de la Légion, commémore une bataille survenue à Camerone, dans l'État de Veracruz, dans l'est du Mexique, au cours de laquelle 62 légionnaires français ont résisté à 2 000 soldats mexicains lors de l'expédition française au Mexique. 

Le président Macron a décrit la bataille menée par une « poignée de légionnaires assiégés par 2 000 ennemis » qui ont « tenu une position pendant 11 heures », saluant une « histoire de courage insensé ».

Chargés de protéger le passage d'un convoi de ravitaillement pour les troupes françaises assiégeant la ville de Puebla, les légionnaires retranchés dans une hacienda du village de Camaron de Tejeda avaient fait le serment de se battre jusqu'à la mort.

Après une journée d'affrontement, les derniers encore en état de combattre refusèrent de se rendre et chargèrent les Mexicains à la baïonnette. 


Panneaux solaires, spatial, pharmacie : neuf projets d'usines reçoivent des subventions France 2030

Un employé de TotalEnergies devant des panneaux solaires et des éoliennes du parc éolien de La Perrière à Sainte-Suzanne sur l'île de la Réunion, le 22 janvier 2025. (Photo Richard BOUHET / AFP)
Un employé de TotalEnergies devant des panneaux solaires et des éoliennes du parc éolien de La Perrière à Sainte-Suzanne sur l'île de la Réunion, le 22 janvier 2025. (Photo Richard BOUHET / AFP)
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  • Neuf nouveaux projets d'usines au total vont recevoir des subventions à hauteur de 49 millions d'euros, a annoncé le gouvernement mercredi.
  • Ces aides publiques, issues du programme d'investissement France 2030, ont été accordées en réponse au septième appel d'offres lancé dans le cadre du dispositif « Premières usines ».

PARIS : La giga-usine Holosolis de cellules photovoltaïques en Moselle, ainsi qu'un site de chimie verte en Martinique : 9 nouveaux projets d'usines au total vont recevoir des subventions à hauteur de 49 millions d'euros, a annoncé le gouvernement mercredi.

Ces aides publiques, issues du programme d'investissement France 2030, ont été accordées en réponse au septième appel d'offres lancé dans le cadre du dispositif « Premières usines », destiné à soutenir les projets d'ouverture d'usines des start-up et PME industrielles innovantes, indique un communiqué.

À l'exception d'un projet de ferme aquacole écoresponsable « Mangrove » en Bretagne et d'un projet de chimie verte SHB Biotech en Martinique pour la production d'ingrédients naturels à partir de co-produits agricoles, les projets retenus s'inscrivent géographiquement dans la moitié est de la France. 

L'usine de la société française Holosolis, annoncée en grande pompe lors du sommet Choose France de 2023 pour produire des cellules et modules photovoltaïques à Hambach en Moselle, figure sur la liste. Le montant de l'aide n'a pas été divulgué.

Holosolis, dont l'actionnaire principal est InnoEnergy (institut européen d'innovation et de technologie), est un consortium européen de partenaires engagés dans la transition énergétique et la réindustrialisation. Il réunit la société d'investissement immobilier Idec, l'industriel breton Armor Group, le spécialiste français de l'agrivoltaïsme TSE et le groupe allemand Heraeus. Son usine, un investissement de 851 millions d'euros susceptible de générer 1 700 emplois, a obtenu un permis de construire en janvier.

Autre projet soutenu : celui du groupe Bordet en Bourgogne Franche-Comté qui se lance dans la production de carbone végétal pour remplacer les matières fossiles dans l'industrie chimique ou la cimenterie, grâce à un procédé de pyrolyse. 

Un autre projet de chimie est soutenu : Separative (SEP30), une société auvergnate bardée de brevets qui propose des solutions innovantes pour réduire la consommation d'énergie et l'empreinte carbone de l'industrie pharmaceutique.

Dans le secteur de la santé, InBrain Pharma, également aidée, est basée dans les Hauts-de-France et développe une technologie de perfusion cérébrale (Percepar) permettant l'administration ciblée de médicaments pour corriger les troubles des maladies neurologiques. En Île-de-France, Vertikale propose une solution qui miniaturise les bioprocédés et simplifie la production de médicaments biologiques.

Dans le secteur spatial, France 2030 a accordé une subvention à la société Latitude, basée dans le Grand Est, qui développe un micro-lanceur (Zephyr).

Enfin, dans l'agroalimentaire, l'entreprise de biotechnologie Mycophyto, située à Grasse, qui développe des solutions biologiques (biostimulants, bio-intrants) pour tous types de cultures, reçoit également une subvention.