En Ukraine, les mafieux priés de choisir leur camp

Un homme de 59 ans, utilisant Kirim comme pseudonyme, parle à un journaliste de l'AFP dans un café de la ville portuaire d'Odessa, dans le sud de l'Ukraine, le 24 mai 2023, dans le contexte de l'invasion russe de l'Ukraine.
Un homme de 59 ans, utilisant Kirim comme pseudonyme, parle à un journaliste de l'AFP dans un café de la ville portuaire d'Odessa, dans le sud de l'Ukraine, le 24 mai 2023, dans le contexte de l'invasion russe de l'Ukraine.
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Publié le Vendredi 02 juin 2023

En Ukraine, les mafieux priés de choisir leur camp

  • Formé sur les ruines de l'Union soviétique, le trafic transfrontalier de drogue, d'armes et d'êtres humains entre la Russie et l'Ukraine a été chamboulé par l'invasion russe lancée en 2022
  • Le crime organisé des deux pays, qui partagent des liens historiques, linguistiques et culturels, a prospéré dans les tumultueuses années 1990, profitant d'une corruption très répandue

ODESSA: Kirim tire sur sa cigarette en expliquant qu'il a décidé de rompre tout lien avec les criminels russes. La guerre a poussé ce contrebandier ukrainien à mettre fin à son implication dans l'un des réseaux mafieux les plus puissants au monde.

Formé sur les ruines de l'Union soviétique, ce trafic transfrontalier de drogue, d'armes et d'êtres humains entre la Russie et l'Ukraine a été chamboulé par l'invasion russe lancée en 2022.

"La grande majorité des criminels ukrainiens ont pris le parti de l'Ukraine, mais il y a aussi ceux qui continuent à collaborer avec la Russie", explique Kirim, 59 ans, dans un café de la ville portuaire d'Odessa, dans le sud du pays.

En attaquant l'Ukraine, les troupes russes ont coupé une route de contrebande qui s'étendait sur des centaines de kilomètres depuis la Russie en direction de l'Europe.

Le crime organisé des deux pays, qui partagent des liens historiques, linguistiques et culturels, a prospéré dans les tumultueuses années 1990, profitant d'une corruption très répandue.

"Il s'agissait de l'un des écosystèmes criminels les plus soudés d'Europe. Ils ne faisaient qu'un", souligne auprès de l'AFP Tuesday Reitano, directeur adjoint de l'ONG Global Initiative Against Transnational Organized Crime.

La guerre a cependant dressé des barrières physiques au trafic, entre combats sur le front et postes de contrôle. Sans compter les énormes souffrances causées par l'invasion.

Gangsters «patriotes»

Un sentiment de "nous contre eux" s'est ainsi développé chez les mafieux ukrainiens, de sorte que "même les criminels se sentent patriotes", explique M. Reitano.

Kirim se présente ainsi comme un patriote et assure avoir mis fin à la totalité de ses contacts de contrebande avec les Russes, tout en assurant que des criminels ont financé l'effort de guerre ukrainien et des oeuvres de charité.

Certains auraient, selon lui, également participé aux combats sur le front.

Selon M. Reitano, il se peut que les criminels utilisent l'état de guerre pour tenter de se refaire une image ou d'obtenir l'indulgence des autorités en échange de leur soutien.

Un autre membre de la pègre d'Odessa, qui s'exprime sous le pseudonyme d'Alexandre, a aussi assuré être un patriote refusant de travailler avec les Russes.

Ce recouvreur de dette âgé de 40 ans souligne toutefois que le code de conduite des gangsters interdit toute coopération avec l'Etat ukrainien, qu'il a décrit comme fondamentalement corrompu.

"Je ne veux pas me battre pour eux, mais je me battrai pour ma ville", proclame-t-il en sirotant sa deuxième bière de fin de matinée.

Les deux gangsters racontent que les services de sécurité ukrainiens ont donné l'ordre à la mafia de cesser ses activités lorsque Moscou a envahi le pays, et qu'ils voulaient toute information sur les Russes.

Les services de sécurité ukrainiens ont affirmé à l'AFP avoir "neutralisé" au printemps 2022 un puissant groupe criminel à Odessa, qui coopérait avec Moscou et "terrorisait et intimidait les habitants".

Pas de scission

Aussi patriotiques qu'ils se disent être, les criminels ukrainiens locaux peuvent aussi profiter des territoires laissés par les Russes chassés par la guerre.

Lorsque la guerre a éclaté, des membres de groupes criminels organisés internationaux de haut niveau ont quitté la Russie et l'Ukraine pour des régions moins agitées telles que l'Asie centrale et les Etats du Golfe.

"Nous savons qu'il y a encore beaucoup de coopération entre la pègre russe et la pègre ukrainienne, en dehors de l'Ukraine", révèle ainsi Tuesday Reitano.

Selon l'agence de police européenne Europol, il est très probable que les gangsters des deux pays continuent à travailler ensemble.

Les criminels utilisent en effet différentes routes de contrebande et l'arrêt de l'une d'entre elle ne stoppe pas le trafic. Ils s'adaptent et diversifient leurs opérations.

"Ils font attention aux profits et, malgré la guerre, continuent leurs activités criminelles, tout en cherchant les meilleures opportunités", explique Catherine De Bolle, directrice d'Europol.

"Nous ne voyons pas pour l'instant de scission entre la mafia russe et la mafia ukrainienne", tranche-t-elle.

A Odessa, que ce soit avec les Russes ou non, et malgré les obstacles imposés par la guerre, les gangsters sont toujours à l'oeuvre.

"Malgré tout, ça continue. Odessa reste Odessa", lance le contrebandier Kirim, en haussant légèrement les épaules.


Réunion sur Gaza vendredi à Miami entre Etats-Unis, Qatar, Egypte et Turquie

L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain. (AFP)
L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain. (AFP)
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  • Le Qatar et l'Egypte, qui font office de médiateurs autant que de garants du cessez-le-feu dans le territoire palestinien ravagé par deux ans de guerre, ont récemment appelé à passer à la prochaine phase du plan de Donald Trump
  • Celle-ci prévoit le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne de tout le territoire, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale

WSAHINGTON: L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain.

Le Qatar et l'Egypte, qui font office de médiateurs autant que de garants du cessez-le-feu dans le territoire palestinien ravagé par deux ans de guerre, ont récemment appelé à passer à la prochaine phase du plan de Donald Trump.

Celle-ci prévoit le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne de tout le territoire, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale.

Le cessez-le-feu à Gaza, entré en vigueur en octobre entre Israël et le Hamas, demeure précaire, les deux camps s'accusant mutuellement d'en violer les termes, tandis que la situation humanitaire dans le territoire reste critique.

Le président américain n'en a pas moins affirmé mercredi, dans une allocution de fin d'année, qu'il avait établi la paix au Moyen-Orient "pour la première fois depuis 3.000 ans."

La Turquie sera représentée à la réunion par le ministre des Affaires étrangères Hakan Fidan.

Dans un discours, le président turc Recep Tayyip Erdogan a quant à lui affirmé que son pays se tenait "fermement aux côtés des Palestiniens".

 

 


Zelensky dit que l'Ukraine a besoin d'une décision sur l'utilisation des avoirs russes avant la fin de l'année

ze;"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a déclaré Zelensky. (AFP)
ze;"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a déclaré Zelensky. (AFP)
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  • Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé jeudi que l'Ukraine avait besoin d'une décision européenne sur l'utilisation des avoirs russes gelés avant la fin de l'année
  • "Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a-t-il déclaré. Il avait indiqué auparavant que Kiev aurait un "gros problème" si les dirigeants européens ne parvenaient pas à un accord

BRUXELLES: Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé jeudi que l'Ukraine avait besoin d'une décision européenne sur l'utilisation des avoirs russes gelés avant la fin de l'année, lors d'une conférence de presse à Bruxelles en marge d'un sommet des dirigeants de l'UE sur le sujet.

"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a-t-il déclaré. Il avait indiqué auparavant que Kiev aurait un "gros problème" si les dirigeants européens ne parvenaient pas à un accord sur l'utilisation de ces avoirs pour financer l'Ukraine. En l'absence d'accord, Kiev sera à court d'argent dès le premier trimestre 2026.

 

 


Trump impose des restrictions d'entrée à sept autres pays et aux Palestiniens

Des personnes arrivent à l'aéroport international John F. Kennedy de New York, le 9 juin 2025. (AFP)
Des personnes arrivent à l'aéroport international John F. Kennedy de New York, le 9 juin 2025. (AFP)
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  • Donald Trump élargit les interdictions d’entrée aux États-Unis à sept pays supplémentaires, dont la Syrie, et inclut les Palestiniens munis de documents de l’Autorité palestinienne
  • La Maison Blanche invoque la sécurité nationale, tout en prévoyant des exceptions limitées, dans le cadre d’un durcissement général de la politique migratoire

WASHINGTON: Donald Trump a étendu mardi les interdictions d'entrée aux Etats-Unis aux ressortissants de sept pays, dont la Syrie, ainsi qu'aux Palestiniens.

Le président américain a signé une proclamation "restreignant et limitant davantage l'entrée des ressortissants étrangers afin de protéger la sécurité des Etats-Unis", a indiqué la Maison Blanche.

Les nouveaux pays concernés par cette mesure sont le Burkina Faso, le Niger, le Mali, le Soudan du Sud et la Syrie, tandis que le Laos et la Sierra Leone passent de restrictions partielles à totales.

Les Palestiniens disposant de documents de voyage émis par l'Autorité palestinienne sont également visés.

L'administration Trump avait déjà imposé des restrictions totales visant les ressortissants de douze pays et des dizaines d'autres pays se sont vus imposer des restrictions partielles.

S'agissant de la Syrie, la mesure intervient quelques jours après une attaque meurtrière contre des soldats américains dans le centre de ce pays.

L'administration Trump dit avoir identifié des pays où les vérifications sont "tellement insuffisantes qu'elles justifiaient une suspension totale ou partielle de l'admission des ressortissants de ces pays".

La proclamation prévoit cependant des exceptions pour les résidents permanents légaux, les titulaires de visas existants, certaines catégories de visas comme les athlètes et les diplomates, et les personnes dont "l'entrée sert les intérêts nationaux des Etats-Unis".

Depuis son retour au pouvoir en janvier, Donald Trump mène une vaste campagne contre l'immigration illégale et a considérablement durci les conditions d'entrée aux Etats-Unis et l'octroi de visas, arguant de la protection de la sécurité nationale.

Ces mesures visent ainsi à interdire l'entrée sur le territoire américain aux étrangers qui "ont l'intention de menacer" les Américains, selon la Maison Blanche.

De même, pour les étrangers qui "pourraient nuire à la culture, au gouvernement, aux institutions ou aux principes fondateurs" des Etats-Unis.

Le président américain s'en est récemment pris avec virulence aux Somaliens, disant qu'il "ne voulait pas d'eux chez nous".

En juin, il avait annoncé des interdictions d'entrée sur le territoire américain aux ressortissants de douze pays, principalement en Afrique et au Moyen-Orient (Afghanistan, Birmanie, Tchad, Congo-Brazzaville, Guinée équatoriale, Erythrée, Haïti, Iran, Libye, Somalie, Soudan, Yémen).

En revanche, le Turkménistan, pays qui figure parmi les plus reclus au monde, se voit accorder un satisfécit, la Maison Blanche évoquant mardi des "progrès significatifs" dans cet Etat d'Asie centrale.

Du coup, les ressortissants de ce pays pourront à nouveau obtenir des visas américains, mais uniquement en tant que non-immigrants.

Lors de son premier mandat (2017-2021), Donald Trump s'en était pris de façon similaire à certains pays, ciblant principalement des pays musulmans.