À la découverte d'une des expressions majeures de la musique et de la littérature arabes : le mouwachah, originaire de la lointaine al-Andalus et encore vivace aujourd’hui sous différentes formes, au Maghreb comme au Machrek. Les éclairages complémentaires de cinq universitaires : Ahmed Kharraz, Jaafar Ben El Haj Soulami, Rahma Barbara, Sadik Madani-Alaoui et Rima Labban, seront suivis d'un moment poétique et musical enchanteur par l'Association des ambassadeurs de la musique andalouse marocaine en France.
Dans le cadre de la Fête de la musique
À l’âge d’or de la civilisation arabo-musulmane, al-Andalus appartenait à l’al-Gharb al-islami, l’Occident musulman. Trait d’union entre le monde musulman et l’Europe, l’Andalousie musulmane puisait tout à la fois aux sources autochtones et à l’héritage traditionnel oriental dans tous les domaines de la créativité.
Au lendemain de la Reconquista, c’est ce riche et inépuisable bagage artistique et culturel que les Andalous, et plus tard les Morisques, emportèrent avec eux sur les rives Sud de la Méditerranée. Cette nouvelle communauté n’avait pas seulement la haute main sur le commerce et le pouvoir politique, mais était également riche d’un savoir-faire qui lui valut de jouir d’un statut privilégié dans les sociétés d’Afrique du Nord et même d’exercer son influence sur d’autres sociétés plus lointaines. Nouvelle élite du Maghreb, les Andalous y développèrent peu à peu leur l’art dans tous les domaines : architecture, musique, littérature… Ils exercèrent une influence manifeste sur la vie quotidienne, notamment dans les domaines vestimentaire, culinaire et dans celui des coutumes. Mais leur empreinte la plus visible – qui perdure de nos jours – se manifesta dans le chant et dans la musique andalouse appelée al-muwashshaḥ, mouwachah.
Selon sa terre d’accueil, cette musique prendra différents noms : al-āla au Maroc, gharnati en Algérie ou encore al-mālouf en Tunisie et en Libye. Elle connaîtra un nouvel élan au Moyen-Orient sous le nom de muwachahāt andalussia, et un écho sous le nom de qudud halabia.
Le mouwachah repose essentiellement sur deux éléments indissociables : la musique développée en Andalousie, qui doit ses caractéristiques au fameux Ziryab, et une poésie strophique initiée par Muqaddam b. Mu‘āfa al-Qabrī (de Cabra, ville de la province de Cordoue) puis développée par d’autres poètes andalous comme b. ‘Abd Rabbih. Le mouwachah est considéré comme l’une des expressions majeures de la musique et de la littérature arabes. Il est dorénavant admis que cet art est une pure création d’al-Andalus, que se sont réapproprié ses descendants au Maghreb et au Machreq selon toute une palette de nuances linguistiques, artistiques et rythmiques.
Cette journée d’étude se propose de faire découvrir au grand public les caractéristiques d’un art arabo-andalou authentique qui rythme encore de nos jours, au Maghreb comme au Machrek, les moments de joie et de nostalgie. Et qui, en dépit de ses origines lointaines, trouve à s’exprimer dans les sphères tant publique (médias, festivals, fêtes religieuses…) que privée (mariages, naissances, circoncisions, rassemblements familiaux…).