Avec Bolsonaro hors course, la droite brésilienne en quête de leader

L'ancien président brésilien Jair Bolsonaro (Photo, AFP).
L'ancien président brésilien Jair Bolsonaro (Photo, AFP).
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Publié le Dimanche 02 juillet 2023

Avec Bolsonaro hors course, la droite brésilienne en quête de leader

  • La question du leadership du camp Bolsonaro se pose d'ores et déjà
  • L'ancien chef de l'Etat a donc prévu de rester actif et de multiplier déplacements et réunions politiques

BRASILIA: La condamnation à huit années d'inéligibilité de l'ex-président Jair Bolsonaro laisse la droite brésilienne sans leader et ouvre une bataille très incertaine pour sa succession, trois ans avant le prochain scrutin présidentiel.

En le déclarant vendredi inéligible pour "abus de pouvoir politique", le Tribunal supérieur électoral (TSE) a mis M. Bolsonaro hors course pour la présidentielle de 2026. En cause: ses "fausses" informations visant à décrédibiliser le vote électronique avant sa défaite face au candidat de gauche Luiz Inacio Lula da Silva fin 2022.

Il est devenu à 68 ans le premier chef d'Etat déclaré inéligible par la justice électorale, quelques mois après avoir perdu de justesse (1,8% d'écart) face à Lula avec 58 millions de suffrages, 400.000 de plus que du temps de sa victoire quatre ans plus tôt. Lula, lui, avait été empêché par la justice de concourir en 2018, avant que la Cour suprême ne lui rende ses droits politiques.

"L'électorat de droite au Brésil est consolidé et, avec un Bolsonaro plus faible, est en quête de leader. Il y aura un héritier", estime Leonardo Paz, politologue à la Fondation Getulio Vargas.

«Rabatteur de voix»

"Nous allons continuer à travailler. Je ne suis pas mort. (...) Ce n'est pas la fin de la droite au Brésil", a assuré vendredi M. Bolsonaro.

Le responsable d'extrême droite, qui avait réussi à s'imposer comme le chef incontesté d'un vaste courant allant jusqu'à la droite classique, a assuré sarcastiquement qu'en rendant son jugement, le TSE avait fait de lui un "rabatteur de voix de luxe".

Son Parti libéral (PL), qui a fait de lui cette année son président d'honneur, compte en effet sur son influence pour faire élire ses candidats aux municipales de 2024, première échéance avant la présidentielle de 2026.

L'ancien chef de l'Etat a donc prévu de rester actif et de multiplier déplacements et réunions politiques.

"Il a besoin de rester dans le paysage face aux médias et à ses supporters", pour ne pas se faire oublier, analyse Leandro Consentino, politologue à l'institut Insper de Sao Paulo.

M. Bolsonaro, qui a prévu de faire appel de sa condamnation devant la Cour suprême, a bien d'autres rendez-vous judiciaires qui l'attendent. En plus d'une quinzaine de procédures devant le tribunal électoral, l'ex-dirigeant est ciblé par la Cour suprême dans cinq affaires, notamment pour son rôle présumé d'inspirateur des attaques du 8 janvier commises par ses partisans les plus radicaux contre les lieux de pouvoir à Brasilia. Il risque la prison.

Bolsonarisme sans Bolsonaro 

Grande inconnue: qui sera mis sur orbite par l'ancien président, qui jusque-là s'est bien gardé d'adouber qui que ce soit ?

La presse et les experts se hasardent déjà depuis des mois à dire qui pourrait être le favori.

Parmi ceux qui semblent s'imposer à ce stade: le gouverneur de l'Etat de Sao Paulo (sud-est) et ex-ministre des Infrastructures, Tarcisio de Freitas, le gouverneur du Minas Gerais (sud-est), Romeu Zema, ou encore l'ex-ministre de l'Agriculture et sénatrice Tereza Cristina, soutenue par l'agronégoce, secteur capital de l'économie brésilienne. Un autre nom qui revient est celui de Michelle Bolsonaro, qui a joué un grand rôle dans la dernière campagne de son mari auprès de l'électorat féminin.

Après le jugement, les alliés de l'ex-président se sont bousculés pour lui exprimer leur solidarité, à l'image de M. Freitas, qui a affirmé que son "leadership ne peut être remis en question et perdure".

Enfin, la mise hors jeu électoral de Jair Bolsonaro ne signifie pas nécessairement un affaiblissement de la droite face à Lula, selon les experts.

La question sera de savoir "si (la droite) pourra marcher unie ou si, devant la prolifération de noms, elle va vers une dispersion", explique M. Consentino.

Au Parlement, le camp Bolsonaro est aujourd'hui plus fort encore qu'il ne l'était sous son mandat, et a déjà infligé de sévères revers au président de gauche, en particulier sur les questions environnementales.

Publié par le quotidien Globo samedi et intitulé "Bolsonarisme sans Bolsonaro?", un éditorial le souligne: synonyme d'une puissante évolution conservatrice de l'opinion brésilienne, le bolsonarisme "survivra probablement" aux déboires de son inspirateur car "c'est un phénomène social et pas simplement électoral".


Les Etats-Unis accusent la Russie d'avoir usé d'un agent chimique en Ukraine

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  • Washington a annoncé mercredi une nouvelle vague de sanctions visant des entreprises ou des personnes russes ou étrangères
  • Une centaine d'entreprises russes, parmi les plus de 200 également visées, opèrent spécifiquement dans les secteurs de la défense, du transport ou des technologies

WASHINGTON: Les Etats-Unis accusent la Russie d'avoir eu recours à un agent chimique, la chloropicrine, contre les forces ukrainiennes, en violation de la Convention sur l'interdiction des armes chimiques (CIAC), selon un communiqué mercredi du département d'Etat.

En outre, la Russie se sert d'agents anti-émeutes comme "méthode de guerre en Ukraine, également en violation de la convention", ajoute la diplomatie américaine dans ce texte.

"L'utilisation de ces produits chimiques n'est pas un incident isolé et est probablement motivée par le désir des forces russes de déloger les forces ukrainiennes de positions fortifiées et de réaliser des avancées tactiques sur le champ de bataille", écrit le département d'Etat.

Washington a annoncé en parallèle mercredi une nouvelle vague de sanctions visant des entreprises ou des personnes russes ou étrangères, accusées de participer à l'effort de guerre russe dans l'invasion de l'Ukraine.

Outre des entreprises russes de la défense, ainsi que des entités chinoises, ces sanctions concernent également plusieurs unités de recherche et entreprises impliquées dans les programmes d'armes chimiques et biologiques russes.

"Le mépris permanent de la Russie pour ses obligations au titre de la CIAC s'inscrit dans la même logique que les opérations d'empoisonnement d'Alexeï Navalny et de Sergueï et Ioulia Skripal avec des agents neurotoxiques de type Novichok", poursuit le département d'Etat.

Alexeï Navalny, ancien opposant au président russe Vladimir Poutine, décédé le 16 février, avait été victime d'un grave empoisonnement qu'il avait attribué au Kremlin,

L'ancien agent double russe Sergueï Skripal et sa fille Ioulia Skripal avaient été empoisonnés en Angleterre en 2018.

La Russie a déclaré ne plus posséder d'arsenal chimique militaire, mais le pays fait face à des pressions pour plus de transparence sur l'utilisation d'armes toxiques dont il est accusé.

Selon les Instituts nationaux de la santé (NIH), la chloropicrine est un produit chimique qui a été utilisé comme agent de guerre et comme pesticide et qui, en cas d'inhalation, présente un risque pour la santé.

«Contournement» des sanctions 

"Les sanctions prises aujourd'hui visent à perturber encore plus et affaiblir l'effort de guerre russe en s'attaquant à son industrie militaire de base et aux réseaux de contournement (des sanctions existantes, ndlr) qui l'aident à se fournir", a déclaré la secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, citée dans un communiqué.

Parmi les entreprises étrangères visées, seize sont chinoises ou hongkongaises, pour la plupart accusées d'aider la Russie à se fournir en composants qui sont normalement interdits, mais aussi, pour deux d'entre elles, d'avoir procuré les matériaux nécessaires à la production de munitions.

Les sanctions concernent des entreprises issues de cinq autres pays: les Emirats arabes unis, la Turquie et l'Azerbaïdjan, ainsi que deux membres de l'Union européenne, la Belgique et la Slovaquie.

Une centaine d'entreprises russes, parmi les plus de 200 également visées, opèrent spécifiquement dans les secteurs de la défense, du transport ou des technologies.

Enfin, les sanctions concernent aussi les infrastructures de gaz et pétrole russes, alors que Moscou cherche à développer celles qui lui permettraient d'exporter plus facilement ses hydrocarbures, en particulier vers la Chine. Ces exportations se font actuellement par pétroliers ou méthaniers, faute d'oléoducs et gazoducs suffisants vers l'est.

Ces sanctions prévoient notamment le gel des avoirs des entreprises ou personnes visées et présentes aux Etats-Unis, ainsi que l'interdiction pour des entités ou citoyens américains de faire affaire avec les cibles des sanctions.

Les membres du G7 ainsi que l'UE et plusieurs pays proches, tels que l'Australie ou la Corée du Sud, ont multiplié les sanctions à l'encontre de la Russie depuis le déclenchement de l'invasion de l'Ukraine en février 2022.

Les dernières sanctions ont en particulier ciblé le secteur minier, notamment l'aluminium, le cuivre et le nickel, dont l'importation aux Etats-Unis et au Royaume-Uni sont désormais interdits.


Ukraine: une attaque russe de missiles à Odessa fait une dizaine de blessés

Un policier ukrainien se tient à côté du corps d'une victime sur le site d'une frappe, dans le village de Zolotchiv, dans la région de Kharkiv, le 1er mai 2024, au milieu de l'invasion russe de l'Ukraine. (AFP)
Un policier ukrainien se tient à côté du corps d'une victime sur le site d'une frappe, dans le village de Zolotchiv, dans la région de Kharkiv, le 1er mai 2024, au milieu de l'invasion russe de l'Ukraine. (AFP)
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  • Odessa, un port sur la mer Noire vital pour les exportations ukrainiennes, est régulièrement visé par des attaques meurtrières de missiles et de drones
  • Tôt mercredi, les autorités locales avaient annoncé la mort d'au moins trois personnes, victimes d'une attaque russe de missiles sur la ville

KIEV: Une attaque russe de missiles a fait une dizaine de blessés à Odessa, une ville portuaire ukrainienne déjà ciblée en début de semaine par des attaques meurtrières, ont rapporté les autorités locales dans la nuit de mercredi à jeudi.

"Une nouvelle attaque russe de missiles balistiques" a touché Odessa, a rapporté le maire de cette ville du sud-ouest de l'Ukraine, Guennadiï Troukhanov, sur le réseau social Telegram.

"Des infrastructures civiles ont été détruites" et "13 personnes ont été blessées" dans l'attaque, a-t-il précisé, ajoutant que les pompiers combattaient "un incendie" d'ampleur, sans fournir davantage de détails.

Oleg Kiper, le gouverneur de la région d'Odessa, a de son côté affirmé qu'une "attaque russe de missile sur Odessa" avait blessé 14 personnes. "Des infrastructures civiles ont été endommagées, dont des entrepôts postaux", a-t-il ajouté.

Odessa, un port sur la mer Noire vital pour les exportations ukrainiennes, est régulièrement visé par des attaques meurtrières de missiles et de drones.

Tôt mercredi, les autorités locales avaient annoncé la mort d'au moins trois personnes, victimes d'une attaque russe de missiles sur la ville. Et lundi, une attaque similaire conduite par Moscou y avait tué cinq personnes, d'après des responsables locaux.

La Russie frappe sans relâche les villes ukrainiennes depuis des mois et avance sur le front est de l'Ukraine avant l'arrivée d'armes américaines cruciales pour Kiev.


Guerre à Gaza: la Colombie rompt ses liens diplomatiques avec Israël

Le président de la Colombie Gustavo Petro a annoncé mercredi la rupture des liens diplomatiques avec Israël, qualifiant le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu de "génocidaire" dans sa conduite de la guerre à Gaza. (AFP).
Le président de la Colombie Gustavo Petro a annoncé mercredi la rupture des liens diplomatiques avec Israël, qualifiant le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu de "génocidaire" dans sa conduite de la guerre à Gaza. (AFP).
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  • Le président de la Colombie Gustavo Petro a annoncé mercredi la rupture des liens diplomatiques avec Israël, qualifiant le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu de "génocidaire" dans sa conduite de la guerre à Gaza
  • Israël a immédiatement accusé M. Petro de "récompenser" le mouvement islamiste palestinien Hamas qui a, de son côté, salué l'annonce du dirigeant colombien, la qualifiant de "victoire"

BOGOTA: Le président de la Colombie Gustavo Petro a annoncé mercredi la rupture des liens diplomatiques avec Israël, qualifiant le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu de "génocidaire" dans sa conduite de la guerre à Gaza.

Israël a immédiatement accusé M. Petro de "récompenser" le mouvement islamiste palestinien Hamas qui a, de son côté, salué l'annonce du dirigeant colombien, la qualifiant de "victoire".

M. Petro avait vivement critiqué, à plusieurs reprises, la guerre menée par Israël dans la bande de Gaza après les attaques sans précédent du Hamas dans le sud du territoire israélien le 7 octobre.

"Demain (jeudi), les relations diplomatiques avec l'Etat d'Israël seront rompues (parce qu'il a) un gouvernement, un président génocidaire", a déclaré mercredi le président colombien, lors d'un discours prononcé devant plusieurs milliers de partisans à Bogota à l'occasion du 1er-Mai.

En Israël, le chef du gouvernement est le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, tandis que le président, Isaac Herzog, a  un rôle avant tout symbolique.

"On ne peut pas revenir aux époques de génocide, d'extermination d'un peuple entier", a déclaré le président colombien. "Si la Palestine meurt, l'humanité meurt", a-t-il lancé, déclenchant les vivats de la foule.

Le ministre israélien des Affaires étrangères Israël Katz a aussitôt réagi en qualifiant Gustavo Petro d'"antisémite". "Le président colombien avait promis de récompenser les meurtriers et violeurs du Hamas, aujourd'hui il a tenu promesse", a écrit M. Katz sur X.

"Nous apprécions grandement la position du président colombien Gustavo Petro (...) que nous considérons comme une victoire pour les sacrifices de notre peuple et sa cause qui est juste", a déclaré pour sa part dans un communiqué la direction du Hamas, en appelant d'autres pays d'Amérique latine à "rompre" leurs relations avec Israël.