Emeutes: sur Snapchat ou TikTok les cyberenquêteurs traquent les violences

Des manifestants courent alors que des policiers français utilisent des gaz lacrymogènes à Paris le 2 juillet 2023, cinq jours après qu'un homme de 17 ans a été tué par la police à Nanterre, dans la banlieue ouest de Paris. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Des manifestants courent alors que des policiers français utilisent des gaz lacrymogènes à Paris le 2 juillet 2023, cinq jours après qu'un homme de 17 ans a été tué par la police à Nanterre, dans la banlieue ouest de Paris. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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Publié le Vendredi 07 juillet 2023

Emeutes: sur Snapchat ou TikTok les cyberenquêteurs traquent les violences

  • Une cinquantaine de gendarmes et une douzaine de réservistes sont mobilisés par le Commandement de la gendarmerie dans le cyberespace (ComCyberGend)
  • Le but de cette cellule toujours active: "anticiper les appels à commettre des exactions" puis "capturer des preuves numériques" pour identifier leurs auteurs

PARIS: "On brûle tout dans le 57", "mortier74": depuis les émeutes qui ont suivi la mort de Nahel, les cyberenquêteurs fouillent Snapchat, TikTok et autres réseaux sociaux pour identifier revendeurs d'engins pyrotechniques ou auteurs d'appels aux violences, une tâche titanesque.

Jeudi 29 juin, la France vient de connaître une deuxième nuit d'émeutes, après la mort du jeune Nahel, tué à Nanterre par le tir d'un policier. Alors que les forces de l'ordre sont déployées en nombre dans la rue, les cyberenquêteurs se mettent aussi en ordre de marche derrière leurs écrans.

Une cinquantaine de gendarmes et une douzaine de réservistes sont mobilisés par le Commandement de la gendarmerie dans le cyberespace (ComCyberGend). Le but de cette cellule toujours active: "anticiper les appels à commettre des exactions" puis "capturer des preuves numériques" pour identifier leurs auteurs.

Perquisitions

"Dans le week-end, un peu plus de 50 projets délictueux" ont ainsi été repérés par les gendarmes, explique à l'AFP le général Marc Boget, le patron du ComCyberGend.

Deux hommes sont par exemple arrêtés le 1er juillet à Biache-Saint-Vaast (Pas-de-Calais), au lendemain d'un appel lancé sur Snapchat à "commettre des exactions contre les bâtiments publics et patrouilles de gendarmerie", détaille le général.

Lors de perquisitions, des "tutos expliquant comment confectionner un cocktail Molotov", plusieurs téléphones et un bidon d'essence sont saisis.

Les deux suspects ont reconnu les faits et ont été condamnés à cinq et six mois d'emprisonnement avec sursis, ainsi qu'à une interdiction de port d'arme de cinq ans.

"On brûle tout dans le 57", "appel à la guérilla": en Moselle, des vidéos diffusées sur TikTok aboutissent à la géolocalisation et à l'arrestation d'un jeune de 16 ans qui postait ce type de messages sur plusieurs réseaux sociaux.

Même profil

Certains sont aussi mis en cause pour avoir "ravitaillé" des émeutiers en engins pyrotechniques, très utilisés lors des émeutes qui ont touché de nombreuses villes de France.

Mardi, à Cluses (Haute-Savoie), un homme qui revendait des mortiers d'artifice via les réseaux sociaux a été interpellé, après une enquête de l'Office central de lutte contre la cybercriminalité (OCLCTIC) de la police judiciaire.

Le profil des mis en cause est souvent le même qu'une majorité des émeutiers: des mineurs ou jeunes majeurs, pas connus de la justice, ou pour des faits de peu de gravité.

Il y a "d'un côté des très jeunes, entraînés par une dynamique de groupe, et d'autres, un peu plus intelligents, qui en ont profité pour se faire du pognon", ajoute le général Boget.

236 demandes de retrait de contenus

Depuis dimanche et l'amorce d'un retour au calme, les cyberenquêteurs se concentrent sur la "partie investigation" et "entre 20 et 50 personnes" devraient être prochainement arrêtées, selon le ComCyberGend.

Durant le week-end, "plus de 550 demandes de retraits" de contenus illicites, notamment des appels à la haine ou à la violence, ont été adressés aux modérateurs des réseaux sociaux. "On arrivait dans la demi-heure à faire enlever" des vidéos qui relayaient des exactions, assure Marc Boget.

Pharos, la plateforme de signalement rattachée à la police judiciaire, a de son côté notifié aux différents réseaux 236 demandes de retrait de contenus.

Des "supers" chiffres au vu des effectifs de police et gendarmerie impliqués, mais "ridicules" au regard de "l'immensité" du nombre de vidéos postées lors des nuits d'émeutes, juge Baptiste Robert, chercheur en cybersécurité et fondateur de Predicta Lab.

"Aujourd'hui, il n'existe pas de solutions techniques, d'outils automatisés, qui permettent une modération saine et efficace des contenus", poursuit le chercheur.

"Ce qui compte, c'est le symbole", complète Leïla Mörch, spécialiste de la gouvernance d'internet et de la modération des contenus. "Même si elles sont minoritaires", ces enquêtes "montrent qu'un cadre réglementaire se construit, que l'Etat se saisit de ces questions, malheureusement de manière encore trop parcellaire".


Enquête pour corruption et perquisitions chez la ministre de la Culture Rachida Dati

Des perquisitions ont été menées jeudi au domicile de la ministre française de la Culture Rachida Dati, ainsi qu'à la mairie de l'arrondissement de Paris qu'elle dirige, dans le cadre d'une enquête pour corruption, selon une source proche du dossier à l'AFP. (AFP)
Des perquisitions ont été menées jeudi au domicile de la ministre française de la Culture Rachida Dati, ainsi qu'à la mairie de l'arrondissement de Paris qu'elle dirige, dans le cadre d'une enquête pour corruption, selon une source proche du dossier à l'AFP. (AFP)
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  • L'enquête est ouverte "notamment des chefs de corruption active et passive, trafic d'influence, détournement de fonds publics, recel et blanchiment de ces délits en lien avec l'exercice du mandat de parlementaire européen de Madame Rachida Dati"
  • Il y est fait mention jeudi d'"opérations de perquisition visant divers lieux, dont notamment la mairie du 7e arrondissement de Paris et le ministère de la Culture, ainsi que des domiciles"

PARIS: Des perquisitions ont été menées jeudi au domicile de la ministre française de la Culture Rachida Dati, ainsi qu'à la mairie de l'arrondissement de Paris qu'elle dirige, dans le cadre d'une enquête pour corruption, selon une source proche du dossier à l'AFP.

La ministre, par ailleurs candidate à la mairie de Paris, est soupçonnée d'avoir perçu 299.000 euros d'honoraires du groupe industriel français GDF Suez quand elle était députée européenne, sans en déclarer la provenance au Parlement européen.

L'enquête est ouverte "notamment des chefs de corruption active et passive, trafic d'influence, détournement de fonds publics, recel et blanchiment de ces délits en lien avec l'exercice du mandat de parlementaire européen de Madame Rachida Dati", a écrit le procureur de la République financier, Jean-François Bohnert, dans un communiqué.

Il y est fait mention jeudi d'"opérations de perquisition visant divers lieux, dont notamment la mairie du 7e arrondissement de Paris et le ministère de la Culture, ainsi que des domiciles".

Ces perquisitions s'inscrivent dans le cadre d'une enquête ouverte le 14 octobre et confiée à deux juges d'instruction du tribunal judiciaire de Paris, toujours selon ce communiqué, confirmant des informations de presse.

Tout est parti d'une enquête préliminaire conduite depuis le 16 avril "sur la base, notamment, d'un signalement Tracfin (renseignement financier, ndlr) reçu par le PNF (Parquet national financier)", explique Jean-François Bohnert.

Me Olivier Pardo, un des avocats de Mme Dati, sondé par l'AFP, s'est refusé à tout commentaire. Ses autres conseils Ses autres conseils n'ont pas donné suite.

Selon une enquête diffusée début juin sur la chaîne de télévision publique France 2, les fonds du géant français de l'énergie avaient transité par un cabinet d'avocats, STC Partners, avant d'être rebasculés sur les comptes de Mme Dati en 2010 et 2011. D'après Complément d'enquête, l'origine de ces revenus n'a pas été déclarée au Parlement européen comme cela est requis pour éviter les conflits d'intérêt.

La candidate à la mairie de Paris avait qualifié sur les radio Europe 1 et télévision CNews ces accusations de "diffamatoires", assurant que les documents évoqués dans cette émission ont déjà "été examinés par la justice" dans le cadre des investigations sur l'affaire Carlos Ghosn.

Car Mme Dati est déjà renvoyée devant le tribunal correctionnel dans un autre dossier, pour corruption et trafic d'influence, dans lequel elle devra comparaître aux côtés de l'ancien tout-puissant patron de Renault-Nissan, Carlos Ghosn.

 


Troisième jour de grève au Louvre, le musée partiellement ouvert

Une délégation d'agents est par ailleurs reçue au ministère de la Culture pour tenter de trouver une issue à ce conflit qui avait conduit le Louvre à garder ses portes closes lundi, a appris l'AFP auprès du ministère. Cette mobilisation intervient alors que le musée peine à sortir de la crise provoquée par le cambriolage du 19 octobre. (AFP)
Une délégation d'agents est par ailleurs reçue au ministère de la Culture pour tenter de trouver une issue à ce conflit qui avait conduit le Louvre à garder ses portes closes lundi, a appris l'AFP auprès du ministère. Cette mobilisation intervient alors que le musée peine à sortir de la crise provoquée par le cambriolage du 19 octobre. (AFP)
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  • "On est déterminés mais en tant que syndicalistes responsables on a envie d'un apaisement. Il y a eu des avancées mais ça ne répond pas à nos revendications"
  • En première ligne dans ce dossier, le ministère de la Culture a jusqu'à présent notamment promis l'annulation d'une baisse de 5,7 millions d'euros des dotations publiques au Louvre et des recrutements que les syndicats jugent insuffisants

PARIS: Les agents du Louvre ont reconduit leur mouvement de grève jeudi au troisième jour de leur mobilisation contre leurs conditions de travail, contraignant de nouveau le musée à n'ouvrir qu'une partie de ses espaces, a-t-on appris de sources concordantes.

Une délégation d'agents est par ailleurs reçue au ministère de la Culture pour tenter de trouver une issue à ce conflit qui avait conduit le Louvre à garder ses portes closes lundi, a appris l'AFP auprès du ministère. Cette mobilisation intervient alors que le musée peine à sortir de la crise provoquée par le cambriolage du 19 octobre.

De nouveau réunis en assemblée générale jeudi matin, les salariés ont approuvé la poursuite de leur mobilisation contre les problèmes de sous-effectifs, la hausse des tarifs pour les non-Européens ou la dégradation du bâtiment, ont indiqué la CFDT et la CGT.

"On est déterminés mais en tant que syndicalistes responsables on a envie d'un apaisement. Il y a eu des avancées mais ça ne répond pas à nos revendications", a déclaré à l'AFP la déléguée CFDT Valérie Baud.

En première ligne dans ce dossier, le ministère de la Culture a jusqu'à présent notamment promis l'annulation d'une baisse de 5,7 millions d'euros des dotations publiques au Louvre et des recrutements que les syndicats jugent insuffisants.

Jeudi, avec quelques heures de retard liées à la mobilisation, le musée a, comme mercredi, ouvert partiellement ses espaces aux visiteurs qui ont notamment accès au "parcours chefs d’œuvre" incluant la Joconde, la Vénus de Milo ou la Victoire de Samothrace, a indiqué la direction à l'AFP.

"Ce n'est pas un message positif par rapport aux grévistes", a réagi la CFDT.

Parallèlement à ce conflit social, la présidente du Louvre s'est de nouveau défendue jeudi matin, au lendemain d'une audition au Sénat où sa gestion de la sécurité du musée a été durement critiquée.

Interrogée sur France Inter, Laurence des Cars a affirmé disposer encore du crédit suffisant pour se maintenir à la tête du Louvre, qu'elle dirige depuis fin 2021.

"Je suis à la manoeuvre, je dirige ce musée dans une tempête, c'est très clair, mais je suis calme, déterminée pour accompagner les 2.300 agents du Louvre", a-t-elle assuré, ajoutant prendre sa "part quotidienne" de responsabilité dans les dysfonctionnements du musée.

 


«Marseille doit continuer à être debout», appelle Amine Kessaci, invité du conseil municipal

"Marseille a été debout, Marseille doit continuer à être debout face à la guerre de la drogue, face à celles et ceux qui veulent semer la terreur dans nos rues, qui veulent faire taire", a déclaré Amine Kessaci, 22 ans, endeuillé par la mort de deux de ses frères, dont un assassiné le 13 novembre sans doute pour le faire taire. (AFP)
"Marseille a été debout, Marseille doit continuer à être debout face à la guerre de la drogue, face à celles et ceux qui veulent semer la terreur dans nos rues, qui veulent faire taire", a déclaré Amine Kessaci, 22 ans, endeuillé par la mort de deux de ses frères, dont un assassiné le 13 novembre sans doute pour le faire taire. (AFP)
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  • Accueilli par des applaudissements nourris, le jeune homme a réclamé "des actions concrètes"
  • "Sans la rénovation des écoles, sans la création de services publics, sans l'action des centres sociaux, on ne pourra jamais sortir ces enfants des quartiers"

MARSEILLE: "Marseille doit continuer à être debout face à la guerre de la drogue", a appelé jeudi le militant écologiste Amine Kessaci, après le meurtre de son frère Mehdi en novembre, invité du dernier conseil municipal de la ville avant les prochaines élections municipales.

"Marseille a été debout, Marseille doit continuer à être debout face à la guerre de la drogue, face à celles et ceux qui veulent semer la terreur dans nos rues, qui veulent faire taire", a déclaré Amine Kessaci, 22 ans, endeuillé par la mort de deux de ses frères, dont un assassiné le 13 novembre sans doute pour le faire taire.

Accueilli par des applaudissements nourris, le jeune homme a réclamé "des actions concrètes". "Sans la rénovation des écoles, sans la création de services publics, sans l'action des centres sociaux, on ne pourra jamais sortir ces enfants des quartiers".

Pour le militant écologiste, "attaquer les petits jeunes au pied d'immeuble ne va pas stopper ces trafics internationaux". Il faut "exiger des pays comme l'Arabie Saoudite, comme le Qatar, comme la Thaïlande" d'extrader "les têtes de réseau qui vivent très bien de l'argent de la drogue, vivent loin du territoire et font couler le sang ici chez nous et nos enfants se retrouvent assassinés".

Mardi, lors de son déplacement à Marseille, le président de la République Emmanuel Macron a réaffirmé sa détermination à mener la "guerre" contre le narcotrafic.

Il a affiché sa volonté d'aller "chercher dans les pays où sont les têtes de réseau de la coopération, pour pouvoir saisir leurs biens, pour pouvoir arrêter les têtes de réseau, nous les restituer".

Le chef de l’Etat doit se rendre dimanche pour le Noël aux troupes aux Emirats arabes unis, où d'importants narcotrafiquants ont trouvé refuge, selon la justice française.