L'algorithme de Facebook ne modifie pas les croyances politiques des usagers

La série d'études scientifiques est le résultat d'une collaboration entre Meta et un groupe de chercheurs d'universités américaines (Photo d'illustration, AFP).
La série d'études scientifiques est le résultat d'une collaboration entre Meta et un groupe de chercheurs d'universités américaines (Photo d'illustration, AFP).
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Publié le Vendredi 28 juillet 2023

L'algorithme de Facebook ne modifie pas les croyances politiques des usagers

  • Cette série d'études est le résultat d'une collaboration entre Meta et un groupe de chercheurs d'universités américaines
  • 97% des publications qualifiées de fausses par un programme de vérification d'informations étaient davantage vues par des conservateurs que des progressistes

WASHINGTON: Les bulles d'informations dans lesquelles nous maintiennent les algorithmes des réseaux sociaux renforcent-elles la polarisation politique, ou reflètent-elles simplement des divisions déjà existantes?

Un important projet de recherche conduit au moment de l'élection américaine de 2020 a conclu que, contrairement à ce qui est souvent avancé, l'algorithme de Facebook ne modelait pas les croyances politiques de ses utilisateurs.

Cette série d'études est le résultat d'une collaboration entre Meta -- la maison-mère de Facebook et Instagram -- et un groupe de chercheurs d'universités américaines. Ces derniers ont eu accès aux données internes de l'entreprise et ont eu la possibilité de réaliser des tests en changeant l'expérience en ligne des utilisateurs.

Au total, quatre études ont été publiées dans les journaux scientifiques Science et Nature.

L'algorithme "influence de façon très importante l'expérience des gens sur la plateforme", c'est-à-dire ce qu'ils y voient et leur temps d'utilisation, ont déclaré les responsables du projet, Talia Stroud de l'université du Texas à Austin, et Joshua Tucker, de l'université de New York.

Mais "changer l'algorithme, même pour quelques mois, a peu de chance de modifier les croyances politiques des gens", ont-ils ajouté. Ces croyances ont été mesurées via des questionnaires, remplis par les utilisateurs après avoir participé aux expériences, lesquelles ont modifié les contenus affichés sur leur page d'accueil.

Les chercheurs ont reconnu que la période de trois mois observée n'était peut-être pas suffisante pour détecter un effet, sachant que la polarisation politique aux Etats-Unis se renforce depuis plusieurs décennies.

Malgré tout, "ces résultats défient le discours habituel, qui rend les bulles d'informations des réseaux sociaux responsables des problèmes contemporains de la démocratie américaine", ont écrit les auteurs d'une des études.

Pas de «baguette magique»
L'algorithme de Facebook, qui utilise l'apprentissage automatique pour mettre en avant tel ou tel contenu en fonction des intérêts des utilisateurs, a été accusé de renforcer leur isolement dans une bulle idéologique, ainsi que la désinformation.

Pour la première étude, environ 40.000 volontaires ont été recrutés via des invitations sur leur page Facebook et Instagram. Un groupe a conservé l'algorithme tel quel, et l'autre est passé à un affichage des publications par ordre chronologique (les plus récentes en haut).

Cet ordre chronologique était utilisé par Facebook à ses débuts, et certains observateurs estiment que repasser à cette méthode pourrait réduire l'impact néfaste des réseaux sociaux.

L'étude a montré que le groupe passé au fil chronologique passait moitié moins de temps sur Facebook et Instagram que le groupe ayant conservé l'algorithme intact.

Avec l'ordre chronologique, les utilisateurs voyaient également davantage de contenus d'amis aux opinions plus modérées, ou de groupes et de pages ayant une audience aux opinions diverses.

Mais cet ordre chronologique a également eu pour effet d'augmenter la quantité de contenus politiques et non fiables visionnés.

Malgré tous ces changements, les chercheurs n'ont pas observé de modifications des croyances politiques chez ces utilisateurs.

"Cela suggère que le fil chronologique n'est pas une baguette magique contre le problème de la polarisation politique", a conclu la co-autrice Jennifer Pan, de l'université Stanford.

Meta salue les résultats
Une deuxième étude a analysé l'impact des contenus repartagés, qui constituent plus d'un quart de ce que voient les utilisateurs de Facebook.

Supprimer ces partages de publications par des amis pourrait être un moyen de contrôler les contenus viraux, selon certains. C'est donc ce qui a été expérimenté pour un groupe d'utilisateurs.

En conséquence, ceux-ci ont vu la proportion de contenus politiques baisser sur leur page d'accueil, mais encore une fois, cela n'a pas eu d'impact sur leurs croyances politiques.

Une troisième étude a elle analysé l'effet des contenus issus de pages, groupes, ou utilisateurs ayant des opinions similaires, qui constituent la majorité de ce que les utilisateurs adultes américains voient sur Facebook.

Dans une expérience impliquant plus de 23.000 usagers, supprimer ce type de contenu n'a de nouveau pas eu d'impact sur l'extrémisme idéologique ou la croyance dans des affirmations erronées.

Toutefois, une quatrième étude a confirmé un effet de "ségrégation idéologique" sur Facebook. Les utilisateurs conservateurs avaient davantage tendance à être enfermés dans une bulle idéologique que les personnes de gauche, ont relevé les chercheurs.

De plus, 97% des publications qualifiées de fausses par un programme de vérification d'informations -- dont l'AFP fait partie -- étaient davantage vues par des conservateurs que des progressistes.

Dans un communiqué, Meta a salué ces résultats.

Ils "s'ajoutent aux éléments de recherches qui s'accumulent montrant qu'il n'y a pas de preuve que les réseaux sociaux sont la cause d'une polarisation dommageable, ou ont des conséquences importantes sur des comportements ou croyances politiques", a déclaré Nick Clegg, le responsable des affaires internationales de Meta.


Évolution du financement des banques saoudiennes face à la hausse de la demande de prêts hypothécaires, selon S&P Global

Le financement hypothécaire représentait 23,5 % du total des crédits alloués par les banques saoudiennes à la fin de 2023, contre 12,8 % en 2019. (AFP)
Le financement hypothécaire représentait 23,5 % du total des crédits alloués par les banques saoudiennes à la fin de 2023, contre 12,8 % en 2019. (AFP)
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  • l'agence de notation a déclaré que les profils de financement des institutions financières du Royaume devraient subir des changements, principalement en raison d'une initiative soutenue par l'État pour stimuler l'accession à la propriété
  • Les besoins de financement continus de l'initiative économique Vision 2030 et la croissance relativement faible des dépôts, sont susceptibles d'inciter les banques à rechercher d'autres sources de financement

RIYAD : Les banques saoudiennes devraient poursuivre des stratégies alternatives de financement pour faire face à l'expansion rapide des prêts, alimentée par la demande de nouveaux prêts hypothécaires, selon S&P Global.

Dans son dernier rapport, l'agence de notation a déclaré que les profils de financement des institutions financières du Royaume devraient subir des changements, principalement en raison d'une initiative soutenue par l'État pour stimuler l'accession à la propriété.

Selon l'analyse, le financement hypothécaire représentera 23,5 % de l'allocation totale de crédit des banques saoudiennes à la fin de 2023, contre 12,8 % en 2019.

« Les besoins de financement continus de l'initiative économique Vision 2030 et la croissance relativement faible des dépôts, sont susceptibles d'inciter les banques à rechercher d'autres sources de financement, y compris l’externe », a déclaré S&P Global. 

Le rapport prévoit également que cette recherche de financement externe pourrait potentiellement avoir un impact sur la qualité de crédit du secteur bancaire saoudien.

Selon l'agence de notation basée aux États-Unis, la croissance des prêts parmi les banques saoudiennes a dépassé celle des dépôts, avec un ratio prêts/dépôts supérieur à 100 % en 2022, contre 86 % à la fin de 2019.

S&P Global s'attend à ce que cette tendance persiste, en particulier avec les prêts aux entreprises jouant un rôle plus important dans la croissance au cours des prochaines années. « Nous considérons que les banques saoudiennes se tourneront probablement vers des stratégies de financement alternatives pour soutenir cette expansion », indique le rapport. 


Espagne: la maison mère de Paco Rabanne et Jean Paul Gaultier se lance en Bourse

 Les marques Nina Ricci, Paco Rabanne et Jean Paul Gaultier font vendredi leur entrée sur les marchés financiers avec l'introduction en Bourse à Madrid de leur maison mère, le groupe espagnol Puig, en pleine expansion dans le secteur du luxe. (AFP).
Les marques Nina Ricci, Paco Rabanne et Jean Paul Gaultier font vendredi leur entrée sur les marchés financiers avec l'introduction en Bourse à Madrid de leur maison mère, le groupe espagnol Puig, en pleine expansion dans le secteur du luxe. (AFP).
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  • Cent dix ans après sa création, la maison de beauté catalane va connaître une petite révolution avec cette opération, censée lui donner les moyens de concurrencer les grands noms du secteur
  • C'est "une étape décisive" qui "nous permettra d'être plus compétitifs sur le marché international de la beauté", soulignait dans un récent communiqué le PDG de l'entreprise, Marc Puig

MADRID: Les marques Nina Ricci, Paco Rabanne et Jean Paul Gaultier font vendredi leur entrée sur les marchés financiers avec l'introduction en Bourse à Madrid de leur maison mère, le groupe espagnol Puig, en pleine expansion dans le secteur du luxe.

Cent dix ans après sa création, la maison de beauté catalane va connaître une petite révolution avec cette opération, censée lui donner les moyens de concurrencer les grands noms du secteur comme Estée Lauder, Hermès, Kering et LVMH.

C'est "une étape décisive" qui "nous permettra d'être plus compétitifs sur le marché international de la beauté", soulignait dans un récent communiqué le PDG de l'entreprise, Marc Puig, en assurant viser une "approche de long terme".

Fondé en 1914 à Barcelone par l'entrepreneur Antonio Puig Castellò, le groupe de parfums et cosmétiques espagnol s'est fait une place ces dernières années parmi les géants du luxe et de la mode, en multipliant les acquisitions de marques de prestige.

La maison catalane contrôle ainsi les griffes Paco Rabanne, Nina Ricci, Charlotte Tilbury, Carolina Herrera, Dries Van Noten et Jean Paul Gaultier. Il a également noué des contrats de licence avec Prada, Christian Louboutin et Comme des Garçons.

Contrôle familial

L'introduction en Bourse de Puig se fera vendredi au prix de 24,50 euros par action. Elle est présentée par les analystes comme le plus gros lancement boursier de l'année en Espagne et comme l'un des principaux en Europe.

Le montant fixé pour l'action Puig valorise le groupe barcelonais à près de 14 milliards d'euros. Cela lui permettra d'intégrer directement l'Ibex 35, indice vedette regroupant les 35 plus grosses entreprises espagnoles.

Cette opération d'envergure se déclinera en deux phases: une émission de nouvelles actions, devant rapporter 1,25 milliard d'euros, et la vente de parts détenues par Exea, la holding de la famille Puig, pour près de 1,36 milliard d'euros.

Cette double opération pourrait être complétée par une vente de titres réservée à certains investisseurs pour un total de 390 millions d'euros, selon le groupe. De quoi lever au total quelque 3 milliards d'euros.

Malgré cette opération, la famille Puig assure qu'elle restera l'actionnaire majoritaire de l'entreprise avec 71,7% des parts. Elle conservera, en outre, une très large majorité des droits de vote (92,5%) au sein de son conseil d'administration.

« Muscle financier »

L'introduction en Bourse du groupe catalan avait été officialisée le 8 avril, après avoir été évoquée pour la première fois le 20 octobre par Marc Puig en personne dans un entretien au quotidien économique Financial Times.

Le PDG de 62 ans avait alors estimé qu'elle permettrait d'imposer une "discipline" de marché à l'entreprise et d'éviter les possibles "difficultés" auxquelles les sociétés familiales sont confrontées lors du passage de témoin entre générations.

Il arrive, en effet, "que les entreprises familiales perdent leur position sur le marché. Elles peuvent commencer à mourir lentement et personne au sein de l'entreprise n'en est conscient", avait insisté le petit-fils d'Antonio Puig, à la tête du groupe depuis 2004.

Selon Javier Cabrera, analyste chez XTB, ce lancement boursier devrait permettre à la maison de beauté catalane d'acquérir du "muscle financier", en profitant de la "bonne dynamique boursière du secteur".

De fait, le contexte est actuellement porteur pour le luxe, dont les poids lourds ont enregistré des niveaux de ventes record en 2023, malgré un léger ralentissement après deux années de croissance à deux chiffres.

Puig a, pour sa part, réalisé l'an dernier un chiffre d'affaires de 4,3 milliards d'euros et dégagé un bénéfice net de 465 millions d'euros, en hausse de 16% sur un an. Et cette dynamique pourrait s'accélérer.

Les acquisitions réalisées ces dernières années permettent "une forte croissance" et une "diversification des revenus" du groupe, observe Javier Cabrera, qui insiste sur ses bons résultats en Chine, marché devenu incontournable pour le secteur du luxe.


Liban: l'Union européenne annonce une aide d'un milliard d'euros pour soutenir l'économie

Le Premier ministre libanais Najib Mikati (au centre) pose pour une photo avec la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et le président chypriote Nikos Christodoulides lors de leur rencontre au siège du gouvernement du Grand Sérail à Beyrouth (Photo, AFP).
Le Premier ministre libanais Najib Mikati (au centre) pose pour une photo avec la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et le président chypriote Nikos Christodoulides lors de leur rencontre au siège du gouvernement du Grand Sérail à Beyrouth (Photo, AFP).
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  • Le président chypriote s'était déjà rendu au Liban le 8 avril pour discuter avec M. Mikati de la question des réfugiés
  • Le Liban, frappé par une crise économique depuis 2019 dit accueillir près de deux millions de réfugiés syriens

BEYROUTH: La cheffe de la Commission européenne a annoncé jeudi à Beyrouth une aide d'un milliard d'euros pour soutenir la "stabilité socio-économique" du Liban et appelé ce pays à bien coopérer dans la lutte contre l'immigration clandestine.

Les fonds seront "disponibles à partir de cette année jusqu’en 2027. Nous voulons contribuer à la stabilité socio-économique du Liban", a déclaré Ursula von der Leyen, ajoutant "compter sur une bonne coopération" des autorités libanaises dans la lutte contre l'immigration clandestine vers l'Europe.

Le Liban, frappé par une crise économique depuis 2019 dit accueillir près de deux millions de réfugiés syriens, soit le plus grand ratio par habitant au monde.

Le petit pays méditerranéen, frontalier de la Syrie, n'a de cesse d'exhorter la communauté internationale de les rapatrier, les armes s'étant tues dans plusieurs régions syriennes.

Les migrants, demandeurs d'asile et réfugiés qui quittent le Liban par bateau à la recherche d'une vie meilleure en Europe se dirigent souvent vers Chypre qui affirme être en première ligne face aux flux migratoires au sein de l'UE.

"La réalité actuelle de cette question est devenue plus grande que la capacité du Liban à la traiter", a déclaré le Premier ministre libanais Najib Mikati, lors d'une conférence de presse en présence de Mme. von der Leyen et du président chypriote Nikos Christodoulides.

Augmentation des ressortissants syriens à Chypre 

"Nous renouvelons notre demande à l'UE, (...) d’aider les personnes déplacées dans leur pays (d'origine et non au Liban), pour les encourager à rentrer volontairement", a-t-il poursuivi.

De son côté, Chypre, qui fait état d'une augmentation des arrivées de ressortissants syriens, estime que la guerre entre Israël et le Hamas à Gaza, qui a déclenché des violences à la frontière israélo-libanaise, a affaibli les efforts de Beyrouth pour empêcher les départs.

De janvier à avril 2024, plus de 40 bateaux transportant environ 2.500 personnes ont accosté à Chypre, a indiqué à l'AFP l'agence de l'ONU pour les réfugiés (HCR).

Chypre avait conclu il y a des années avec le Liban un accord pour le retour de migrants en situation irrégulière.

Le président chypriote s'était déjà rendu au Liban le 8 avril pour discuter avec M. Mikati de la question des réfugiés et de la manière de contrôler le flux migratoire vers son pays.