«Pertes énormes» pour les victimes des inondations en Chine

Un ouvrier nettoie les débris d'une rue à la suite des inondations causées par de fortes pluies dans la ville de Zhuozhou, dans la province du Hebei, dans le nord de la Chine, le 9 août 2023 (AFP).
Un ouvrier nettoie les débris d'une rue à la suite des inondations causées par de fortes pluies dans la ville de Zhuozhou, dans la province du Hebei, dans le nord de la Chine, le 9 août 2023 (AFP).
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Publié le Jeudi 10 août 2023

«Pertes énormes» pour les victimes des inondations en Chine

  • Des parties entières de Zhuozhou, une ville durement touchée en périphérie de la capitale dans la province du Hebei (nord), avaient été submergées
  • La gestion des bassins de rétention des eaux pluviales par des autorités locales qui s'étaient engagées à limiter les inondations à Pékin est également soupçonnée d'avoir aggravé le fardeau de la province

ZHUOZHOU, Chine: Des "pertes énormes" pour des habitants parfois "pas avertis" par les autorités de la montée des eaux : une semaine après des inondations record près de Pékin, des villages toujours recouverts de boue pansent leurs plaies.

Des parties entières de Zhuozhou, une ville durement touchée en périphérie de la capitale dans la province du Hebei (nord), avaient été submergées. Des champs, des commerces et des maisons se sont retrouvés sous deux mètres d'eau.

La gestion des bassins de rétention des eaux pluviales par des autorités locales qui s'étaient engagées à limiter les inondations à Pékin est également soupçonnée d'avoir aggravé le fardeau de la province.

Sous 30 degrés à l'ombre mercredi, dans le village de Sanbuqiao, qui dépend administrativement de Zhuozhou (prononcer "Djouo-Djo"), des carcasses de voitures et des montagnes de meubles souillés par l'eau boueuse sont mises à sécher devant des magasins.

"On aurait vraiment aimé être prévenu par les autorités de l'arrivée soudaine des eaux", déclarent à l'AFP deux villageois qui souhaitent rester anonymes pour des raisons de sécurité.

"On a été surpris car l'eau est montée très rapidement", déplore l'un d'eux.

La semaine dernière, le principal dirigeant provincial, Ni Yuefeng, a dit que les bassins de rétention des eaux pluviales du Hebei devaient "être utilisés à bon escient" afin de "réduire la pression pesant sur Pékin en matière de lutte contre les inondations".

Ces déclarations ont provoqué chez certains internautes de la province l'impression qu'ils ont été en partie sacrifiés sur l'autel de la protection de la capitale.

Journalistes chassés

Une autre villageoise, qui souhaite également conserver l'anonymat, regrette elle aussi n'avoir pas reçu d'avertissement des autorités au moment de l'arrivée des crues.

"En une ou deux heures, ça a atteint deux mètres, en pleine nuit. Notre petite maison n'est pas haute donc heureusement qu'on s'est rendu compte que l'eau montait sinon on aurait peut-être été noyé. On s'est réfugié dans la maison des voisins", raconte-t-elle.

"Avec la voiture qui a été emportée, les marchandises de notre entreprise, on en a pour environ un million de yuans de pertes (126 000 euros). On n'a pas d'assurance. Pour les indemnisations, j'attends de voir."

Certains habitants se montrent toutefois hostiles à ce que des victimes des inondations parlent à la presse.

Un homme, qui se présente comme un "simple villageois", ordonne ainsi aux journalistes de l'AFP de "quitter les lieux".

"Personne ne veut vous parler. Les journalistes n'ont rien à faire ici, sauf s'ils sont envoyés par les autorités locales. Laissez les gens en paix", lance-t-il fermement en faisant des signes de la main.

Les journalistes en Chine n'ont pas besoin de la permission des autorités pour se rendre dans des zones frappées par des inondations.

«Très cher»

En face, de nombreux commerçants et habitants déblaient des débris, tandis que six ouvriers dans une camionnette font une pause déjeuner.

"On répare les lignes électriques dont beaucoup sont encore coupées. Il faudra encore quelques jours pour tout remettre en état", explique-t-il.

Au bourg de Matou, des employés d'un garage font sécher au soleil des filtres et d'autres pièces détachées afin de pouvoir les revendre.

Juste devant sont garées les épaves des voitures de leurs clients, submergées pendant les inondations.

A l'intérieur du garage, des employés raclent les dernières traces de boue et replacent sur les présentoirs bidons d'huile et de lubrifiant.

"Les pertes sont énormes pour nous évidemment. On n'avait pas d'assurance", lâche un employé.

"On attend le plan d'indemnisation du gouvernement. Tout ça va coûter très cher je pense. Peut-être plusieurs centaines de millions de yuans rien que pour la zone ici".

Le gouvernement chinois a annoncé mercredi soir l'allocation d'une aide d'urgence d'un milliard de yuans (126 millions d'euros) pour les victimes de zones particulièrement touchées par les inondations.

Un autre commerçant dit être bien conscient que la province du Hebei a été utilisée pour limiter les crues à Pékin.

"Après, est-ce que c'était nécessaire ou pas ? On est juste de petites gens. On ne connaît pas les détails de tout ça".

"On voit juste l'eau qui monte, les inondations et les pertes que ça entraîne. Le reste, ça nous dépasse."


Tanzanie : la présidente investie malgré les violences électorales

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
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  • Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021
  • Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin

NAIROBIE: Samia Suluhu Hassan a été investie lundi présidente de la Tanzanie, où l'internet reste coupé depuis les manifestations réprimées dans le sang contre son élection, l'opposition évoquant au moins 800 morts.

Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021. Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin.

"Moi, Samia Suluhu Hassan, jure que je remplirai mes fonctions de présidente de la République (...) avec diligence et un cœur sincère", a-t-elle affirmé. La cheffe de l'Etat, qui portait un voile rouge et un long vêtement noir, a également prôné dans un discours "l'unité et la solidarité".

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan.

La cérémonie, qui n'était pas ouverte au public, contrairement aux précédentes, s'est tenue dans un espace ressemblant à un terrain de parade militaire de la capitale Dodoma, où quelques podiums dressés ne réussissaient pas à masquer un grand vide.

Des chanteurs et chanteuses se sont succédé, avant l'arrivée de la présidente, pour chanter les louanges de "Mama Samia", son surnom parmi ses soutiens, devant un parterre de dignitaires et de militaires. Parmi les invités étaient notamment présents les présidents de la Zambie, de la Somalie et du Burundi.

Mme Hassan a, selon la commission électorale, obtenu 97,66% des suffrages. L'élection a été qualifiée de "parodie de démocratie" par l'opposition, les deux principaux opposants ayant été soit emprisonné, soit disqualifié.

L'opposition a également dénoncé d'importantes tricheries le jour de l'élection, mais aussi sur le taux de participation de 87% selon la commission électorale.

Le scrutin a surtout été marqué par un fort niveau de violence, des manifestations anti-régime ayant été réprimées dans le sang et la Tanzanie mise sous cloche: l'internet reste coupé depuis mercredi, ce qui ralentit considérablement la sortie d'informations.

Cadavres 

De premières photos et vidéos de cadavres, parfois empilés les uns sur les autres, mais aussi d'hommes en uniforme usant de leur arme à feu, commencent à apparaître sur les réseaux sociaux.

Le service de fact-checking de l'AFP a pu vérifier que certaines d'entre elles n'avaient jamais été postées auparavant. Plusieurs éléments montrent qu'elles ont été prises en Tanzanie.

Un porte-parole du principal parti d'opposition, Chadema, a estimé vendredi qu'au moins 700 manifestants hostiles au régime ont été tués en Tanzanie en trois jours. Un chiffre estimé crédible par une source sécurité, qui a alors mentionné "des centaines de morts".

Le samedi, ce porte-parole, John Kitoka, a ensuite fait état d'au moins 800 tués.

Des informations crédibles corroborent l'idée que des centaines, et peut-être même des milliers de personnes ont été tuées lors des violences électorales, a de son côté estimé une source diplomatique interrogée par l'AFP.

D'après des "rapports préoccupants", la police utilise également le blocage d'internet pour "traquer les membres de l'opposition et les manifestants qui pourraient avoir des vidéos" de ses atrocités, a poursuivi cette source.

La Mission d'observation électorale de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC), dont la Tanzanie fait partie, a pointé lundi dans un rapport préliminaire "un faible nombre d'électeurs dans tous les bureaux de vote" où ses observateurs se trouvaient, avec parfois "plus de policiers que de votants", des irrégularités et des incidents violents "au cours desquels des membres de la police ont fait usage d'armes à feu".

Les écoles restent fermées lundi et les transports publics à l'arrêt. La capitale économique Dar es Salaam et les principales villes du pays ont retrouvé un peu de calme depuis le week-end.

Dimanche, le pape Léon XIV a indiqué prier "pour la Tanzanie" et évoqué les "nombreuses victimes" des affrontements ayant éclaté après les élections.

L'élection présidentielle était couplée avec les législatives.

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a réclamé vendredi une "enquête minutieuse et impartiale sur les accusations d'utilisation excessive de la force".


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.