La Tribune va lancer un nouveau journal du dimanche

Rodolphe Saadé, directeur général de la société française de transport et d'expédition de conteneurs CMA CGM (Photo, AFP).
Rodolphe Saadé, directeur général de la société française de transport et d'expédition de conteneurs CMA CGM (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 21 août 2023

La Tribune va lancer un nouveau journal du dimanche

  • Ce lancement est une nouvelle preuve des ambitions grandissantes du milliardaire franco-libanais dans le secteur des médias
  • Selon lui, ce projet date de plusieurs mois, avant les remous au JDD, et n'a pas été monté pour concurrencer ce dernier

PARIS: Un nouveau venu dans les kiosques le dimanche et donc un concurrent pour le JDD: le journal économique La Tribune, récemment racheté par l'armateur CMA CGM du milliardaire Rodolphe Saadé, lancera en octobre une édition dominicale généraliste.

"La Tribune Dimanche" paraîtra en version papier et numérique à partir du 8 octobre et sera dirigé par Bruno Jeudy, ancien du JDD qui avait quitté en août 2022 la hiérarchie de Paris Match (groupe Lagardère) sur fond de désaccords avec sa direction.

Ce sera le quatrième journal national à sortir le dimanche. Deux seront des concurrents directs: le JDD (Journal du dimanche, secoué par une crise à cause de l'arrivée à sa tête de Geoffroy Lejeune, marqué à l'extrême droite) et Le Parisien/Aujourd'hui en France. Le dernier est le quotidien sportif L'Equipe.

Créé en 1985, La Tribune est aujourd'hui un quotidien de semaine exclusivement numérique, après avoir abandonné sa formule papier quotidienne en 2012 puis hebdomadaire en 2020.

"Il y a la place pour un nouveau quotidien du dimanche", a assuré à l'AFP le président de La Tribune, Jean-Christophe Tortora.

Il pointe le "paradoxe" de cette journée: c'est celle où les Français ont "le plus de temps pour lire" mais où il y a "le moins de quotidiens nationaux" et où "le réseau de distribution est le moins important".

«Pluralisme»

Selon lui, ce projet date de plusieurs mois, avant les remous au JDD, et n'a pas été monté pour concurrencer ce dernier.

"Je n'ai jamais vu un projet réussir en partant en croisade contre un autre", a-t-il martelé. "Notre idée, c'est de faire un projet pour quelque chose plutôt que contre".

L'institution dominicale a connu une grève historique de 40 jours entre fin juin et début août après l'annonce de l'arrivée à sa tête de M. Lejeune.

Beaucoup ont vu derrière cette nomination la main du milliardaire Vincent Bolloré, dont le groupe Vivendi est en train d'avaler Lagardère, propriétaire du JDD.

Inquiets que le titre prenne un virage à droite toute, nombre de journalistes ont décidé de partir.

Tiré à 120.000 exemplaires pour son lancement, La Tribune Dimanche sera généraliste et pas uniquement économique.

Le journal traitera pour moitié des "grands enjeux de société" (politique, éducation, climat...) et pour moitié de "culture et d'art de vivre", selon M. Tortora.

"On n'est pas là pour porter une ligne politique, on sera dans une ligne ni de droite ni de gauche, représentative du pluralisme de notre rédaction", a déclaré M. Tortora à l'AFP.

Cet élargissement à de nouvelles thématiques nécessitera des "recrutements externes" en plus de la rédaction actuelle de la Tribune (40 journalistes, dont "la moitié" est basée en province, selon le dirigeant).

Les premières recrues sont Soazig Quéméner (du magazine Marianne) comme rédactrice en chef et le journaliste politique Ludovic Vigogne (L'Opinion).

"C'est important pour nous d'avoir une offre politique riche, sérieuse", a commenté M. Tortora.

Par ailleurs, ce nouveau titre semble constituer un point de chute logique pour certains transfuges du JDD.

Les ambitions de Saadé

La Tribune Dimanche "va enrichir l'offre dominicale. C'est bien pour la presse et pour les lecteurs", a estimé Rodolphe Saadé sur le réseau X (ex-Twitter).

Ce lancement est une nouvelle preuve des ambitions grandissantes du milliardaire franco-libanais dans le secteur des médias.

Basé à Marseille, le puissant armateur CMA CGM, qu'il dirige, a pris le contrôle de La Tribune fin mai via le rachat du groupe Hima de M. Tortora.

Quelques semaines avant, Bruno Jeudy avait rejoint le journal pour y réaliser une interview hebdomadaire, "L'entretien du Jeudy".

En octobre, CMA CGM, qui a enregistré en 2022 un bénéfice net record de plus de 23 milliards d'euros, était déjà devenu propriétaire du groupe La Provence (les quotidiens régionaux La Provence et Corse Matin).

Il s'est ensuite invité, fin 2022, au capital du groupe audiovisuel M6, puis, début avril, à celui du média vidéo en ligne Brut.

Signe de ses ambitions dans le secteur, CMA CGM a recruté début mars Laurent Guimier, ex-directeur de l'information de France Télévisions, pour diriger sa branche médias, CMA CGM Media.


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».


Selon ManPowerGroup, l'IA pourrait réduire l'importance des « compétences » dans le recrutement

Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
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  • L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences ».
  • « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

PARIS : L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences », selon un dirigeant de ManPowerGroup.

En effet, « les compétences pourraient s'avérer obsolètes dans six mois », explique Tomas Chamorro-Premuzic, directeur de l'innovation du géant américain du travail temporaire, rencontré par l'AFP au salon Vivatech, à Paris, qui ferme ses portes samedi.  Selon lui, « il vaut mieux savoir que vous travaillez dur, que vous êtes curieux, que vous avez de bonnes aptitudes relationnelles et ça, l'IA peut vous aider à l'évaluer ».

Selon l'Organisation internationale du travail (OIT), « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

Cependant, les tâches informatiques (utilisation d'Internet, messagerie, etc.) pouvant être accomplies de manière autonome par des agents d'IA connaissent une « rapide expansion ». 

Dans ce contexte, les employeurs pourraient rechercher de plus en plus de salariés dotés de compétences hors de portée de l'IA, telles que le jugement éthique, le service client, le management ou la stratégie, comme l'indique une enquête de ManpowerGroup menée auprès de plus de 40 000 employeurs dans 42 pays et publiée cette semaine.

M. Chamorro-Premuzic déplore toutefois que ces compétences ne soient pas encore davantage mises en avant dans la formation. « Pour chaque dollar que vous investissez dans la technologie, vous devez investir huit ou neuf dollars dans les ressources humaines, la transformation culturelle, la gestion du changement », dit-il.

Les craintes d'un chômage de masse provoqué par l'IA restent par ailleurs exagérées à ce stade, estime le dirigeant, malgré certaines prédictions alarmistes.

D'après Dario Amodei, patron de la société d'intelligence artificielle Anthropic, cette technologie pourrait faire disparaître la moitié des emplois de bureau les moins qualifiés d'ici cinq ans. 

« Si l'histoire nous enseigne une chose, c'est que la plupart des prévisions sont fausses », répond M. Chamorro-Premuzic.

Concernant le recrutement, activité principale de ManPowerGroup, le dirigeant ajoute que « les agents d'intelligence artificielle ne deviendront certainement pas le cœur de notre métier dans un futur proche ». Il constate également que l'IA est utilisée par les demandeurs d'emploi.

« Des candidats sont capables d'envoyer 500 candidatures parfaites en une journée, de passer des entretiens avec leurs bots et de déjouer certains éléments des évaluations », énumère-t-il.