La Russie relève encore son taux directeur pour contrer l'inflation et l'affaiblissement du rouble

Une femme passe devant le siège de la Banque centrale russe dans le centre de Moscou le 6 septembre 2023. (Photo par Alexander Nemenov / AFP)
Une femme passe devant le siège de la Banque centrale russe dans le centre de Moscou le 6 septembre 2023. (Photo par Alexander Nemenov / AFP)
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Publié le Vendredi 15 septembre 2023

La Russie relève encore son taux directeur pour contrer l'inflation et l'affaiblissement du rouble

  • Malgré deux hausses consécutives du taux directeur par la BCR, une première fois le 21 juillet (de 7,5% à 8,5%), puis une deuxième en urgence mi-août à 12%, la devise nationale reste à des niveaux très faibles face au dollar et à l'euro
  • Une des causes des difficultés russes provient de la baisse considérable des revenus liés à la vente des hydrocarbures, sous l'effet des sanctions et de la détermination affichée des Européens à sortir de leur dépendance énergétique vis-à-vis de Moscou

MOSCOU : La Banque centrale russe (BCR) a annoncé vendredi relever son taux directeur de 12% à 13%, sa troisième hausse d'affilée en moins de deux mois pour contrer l'inflation et l'affaiblissement du rouble, sur fond de sanctions internationales à cause de l'Ukraine.

«Nous nous attendons à ce que le taux de croissance soit plus modéré au second semestre», a également reconnu sa directrice, Elvira Nabioullina, lors d'une conférence de presse.

Plus tôt vendredi, ses services avaient annoncé dans un communiqué que face à «une pression inflationniste (...) élevée» et à «l'affaiblissement du rouble cet été», «un resserrement monétaire supplémentaire est nécessaire», faisant ainsi passer le taux directeur à 13%.

Cette décision intervient quelques jours après que Vladimir Poutine a dit ne pas voir de «problèmes insurmontables» avec le rouble, lui qui depuis un an et demi affirme que les multiples sanctions qui affectent la Russie depuis son assaut contre l'Ukraine ont échoué à mettre à mal durablement l'économie russe.

Pourtant, malgré deux hausses consécutives du taux directeur par la BCR, une première fois le 21 juillet (de 7,5% à 8,5%), puis une deuxième en urgence mi-août à 12%, la devise nationale reste à des niveaux très faibles face au dollar et à l'euro.

Vendredi, il fallait débourser 97 roubles pour obtenir un dollar et 103,1 pour un euro, des niveaux presque aussi bas que ceux de mars 2022, dans la foulée de la vague de sanctions qui avait touché l'économie russe en représailles de l'offensive en Ukraine.

Cette faiblesse du rouble s'est inexorablement accompagnée d'un retour de l'inflation (à +5,15% en août), qui s'ajoute au coût croissant du conflit ukrainien, faisant craindre à de nombreux Russes pour leur niveau de vie.

Dans ces conditions, «le retour de l'inflation à l'objectif et sa stabilisation à près de 4% impliquent également une période prolongée de maintien de conditions monétaires strictes», a affirmé vendredi la BCR, qui s'attend désormais à une inflation «entre 6 et 7%» en fin d'année.

Une des causes des difficultés russes provient de la baisse considérable des revenus liés à la vente des hydrocarbures, sous l'effet des sanctions et de la détermination affichée des Européens à sortir de leur dépendance énergétique vis-à-vis de Moscou.

- Bras de fer -

L'annonce de la BCR vendredi risque toutefois de ne pas satisfaire tous les grands patrons russes.

Ces derniers jours, le PDG de la première banque nationale, Sberbank, German Gref, et Andreï Kostine, le patron de sa rivale VTB, s'étaient dits en faveur du maintien du taux directeur à 12%.

Pour M. Gref, «les mesures prises par la BCR pour maintenir la stabilité financière affecteront forcément la croissance économique, toutes les entreprises le ressentiront, et les banques aussi» du fait du coût accru du crédit et donc des investissements, avait-il averti en début de semaine.

Ces derniers mois, un bras de fer s'est installé entre Elvira Nabioullina, selon qui il ne faut pas intervenir plus que nécessaire dans l'économie nationale au risque de l'affaiblir, et le ministre des Finances, Anton Silouanov, partisan d'un contrôle plus fort des mouvements de capitaux dans le pays.

Mi-août, après le précédent relèvement du taux directeur, les deux dirigeants avaient eu une réunion avec Vladimir Poutine, actant un statu quo temporaire en attendant de voir l'évolution des indicateurs.

Un mois plus tard, la BCR a donc été forcée de trancher et les autorités pourraient même décider d'agir au-delà de la seule variation du taux directeur.

Le ministère des Finances pousse en effet pour réintroduire une obligation pour les gros exportateurs russes de rapatrier et convertir en rouble leurs devises issus de leurs recettes à l'étranger, les forçant à ne plus les stocker hors de Russie malgré les sanctions, de façon à ce que ces revenus intègrent l'économie russe et soutiennent le rouble.

Début 2022, la BCR avait déjà mis en place un tel mécanisme pour tenter de limiter les effets des lourdes sanctions internationales, avant de progressivement le faire disparaître, satisfaite des indicateurs macro-économiques.

«Contrairement à la croyance populaire, la structure monétaire des règlements à l'export n'a pas d'impact significatif sur la dynamique du taux de change», a répliqué vendredi Mme Nabioullina.


IA: Google investit 5 milliards de livres au Royaume-Uni avant la visite de Trump

Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
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  • Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat
  • Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres

LONDRES: Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays.

Cette somme financera "les dépenses d'investissement, de recherche et développement" de l'entreprise dans le pays, ce qui englobe Google DeepMind (le laboratoire d'IA du géant californien), a indiqué le groupe dans un communiqué.

Google ouvre mardi un centre de données à Waltham Cross, au nord de Londres, dans lequel il avait déjà annoncé l'an dernier injecter un milliard de dollars (850 millions d'euros). La somme annoncée mardi viendra aussi compléter ce financement, a précisé un porte-parole de l'entreprise à l'AFP.

Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat.

Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres.

Selon un responsable américain, qui s'exprimait auprès de journalistes, dont l'AFP, en amont de la visite, les annonces se porteront à "plus de dix milliards, peut-être des dizaines de milliards" de dollars.

Le gouvernement britannique avait déjà dévoilé dimanche plus d'un milliard de livres d'investissements de banques américaines dans le pays, là aussi en amont de la visite d'Etat du président Trump.

Et l'exécutif britannique a annoncé lundi que Londres et Washington allaient signer un accord pour accélérer les délais d'autorisation et de validation des projets nucléaires entre les deux pays.

Depuis le début de la guerre en Ukraine, Londres redouble d'efforts pour se dégager des hydrocarbures et a fait du nucléaire l'une de ses priorités.

Le partenariat avec Washington, baptisé "Atlantic Partnership for Advanced Nuclear Energy", doit lui aussi être formellement signé lors de la visite d'État de Donald Trump.

 


La note française menacée de passer en catégorie inférieure dès vendredi

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
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  • La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne
  • Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie

PARIS: Fitch sera-t-elle vendredi la première agence de notation à faire passer la note souveraine française en catégorie inférieure? Les économistes, qui le pensaient il y a quelques jours, discernent des raisons d'en douter, mais ce ne pourrait être que partie remise.

Fitch ouvre le bal des revues d'automne des agences de notation. Toutes, au vu de l'état des finances publiques françaises et de la crise politique persistante depuis la dissolution, classent la France AA- ou équivalent (qualité de dette "haute ou bonne"), avec, pour certaines comme Fitch, une "perspective négative".

Ce qui préfigure une dégradation: en ce cas, la France basculerait en catégorie A (qualité "moyenne supérieure"), et devrait verser à ceux qui investissent dans sa dette une prime de risque supérieure, accroissant d'autant les remboursements de cette dette.

Pour Eric Dor, directeur des études économiques à l'IESEG School of Management, une dégradation serait "logique". D'abord parce que la situation politique n'aide pas à mettre en œuvre "un plan crédible d'assainissement budgétaire", comme Fitch l'exigeait en mars.

Mais aussi pour effacer "une incohérence" : 17 pays européens sont moins bien notés que la France alors qu'ils ont - à très peu d'exceptions près - des ratios de finances publiques meilleurs que les 5,8% du PIB de déficit public et 113% du PIB de dette publique enregistrés en France en 2024.

Coup d'envoi 

Depuis mardi, la nomination rapide à Matignon de Sébastien Lecornu pour succéder à François Bayrou, tombé la veille lors du vote de confiance, ravive l'espoir d'un budget 2026 présenté en temps et heure.

Lucile Bembaron, économiste chez Asterès, juge ainsi "plausible" que Fitch "attende davantage de visibilité politique" pour agir.

D'autant, remarque Hadrien Camatte, économiste France chez Natixis, que les finances publiques n'ont pas enregistré cette année de nouveau dérapage inattendu, et que "la croissance résiste".

L'Insee a même annoncé jeudi qu'en dépit du "manque de confiance" généralisé, celle-ci pourrait dépasser la prévision du gouvernement sortant - 0,7% - pour atteindre 0,8% cette année.

Anthony Morlet-Lavidalie, responsable France à l'institut Rexecode, observe aussi que Fitch, la plus petite des trois principales agences internationales de notation, "donne rarement le coup d'envoi" des dégradations.

Mais il estime "très probable" que la principale agence, S&P Global, abaissera le pouce lors de sa propre revue, le 28 novembre.

Selon ses calculs, la France ne sera en effet pas en mesure de réduire à moins de 5% son déficit public l'an prochain, contre les 4,6% qu'espérait François Bayrou.

Les économistes affirment cependant qu'une dégradation ne troublerait pas les marchés, "qui l'ont déjà intégrée", relève Maxime Darmet, économiste senior chez Allianz Trade.

Syndrome 

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne.

Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie.

Il craint des taux qui resteraient "durablement très élevés", provoquant "un étranglement progressif", avec des intérêts à rembourser captant "une part significative de la dépense publique, alors qu'on a des besoins considérables sur d'autres postes".

L'économiste décrit une France en proie au "syndrome du mauvais élève".

"Lorsqu'on avait 20/20", explique-t-il - la France était jusqu'à 2012 notée AAA, note maximale qu'a toujours l'Allemagne - "on faisait tout pour s'y maintenir. Maintenant on dit que 17/20 (AA-) ça reste une très bonne note. Bientôt ce sera +tant qu'on est au-dessus de la moyenne, c'est pas si mal+. Quand on est la France, en zone euro, on devrait quand même être un peu plus ambitieux que cela!", dit-il à l'AFP.

Pour autant, même abaissée à A+, "la dette française resterait de très bonne qualité", relativise M. Camatte, préférant souligner "la forte épargne des ménages et une position des entreprises qui reste très saine".


La précarité s'ancre dans le quotidien des Français, alerte le Secours populaire

Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier. (AFP)
Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier. (AFP)
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  • "La précarité est toujours plus ancrée en France, elle interfère dans tous les aspects de la vie, que ce soit la santé, les loisirs, la vie familiale", estime auprès de l'AFP Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire
  • "La situation en France s'est détériorée" depuis une quinzaine d'années et dernièrement "on observe une stabilisation", précise Henriette Steinberg

PARIS: La précarité s'ancre dans le quotidien des Français, touchant tous les aspects de la vie des plus fragiles, alerte jeudi le Secours Populaire, qui publie un baromètre témoignant de cette situation jugée préoccupante.

"La précarité est toujours plus ancrée en France, elle interfère dans tous les aspects de la vie, que ce soit la santé, les loisirs, la vie familiale", estime auprès de l'AFP Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire.

L'association publie un baromètre qui indique qu'un tiers des Français (31%) rencontrent des difficultés financières pour se procurer une alimentation saine permettant de faire trois repas par jour. De même 39% ont du mal à payer leurs dépenses d'électricité et 49% à partir en vacances au moins une fois par an, selon ce sondage réalisé par l'Institut Ipsos, auprès d'un échantillon de 1.000 personnes, représentatif de la population nationale âgée de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas.

"La situation en France s'est détériorée" depuis une quinzaine d'années et dernièrement "on observe une stabilisation", précise Henriette Steinberg.

Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier.

Malgré un "léger mieux" constaté sur certains indicateurs lié au "ralentissement de l'inflation", ce baromètre révèle "une situation sociale toujours très préoccupante", selon le Secours populaire.

En début de semaine, la déléguée interministérielle à la prévention et la lutte contre la pauvreté, Anne Rubinstein, a évoqué des "difficultés" rencontrées par l'Etat pour résorber un taux de pauvreté qui a atteint un niveau record en 2023 en France métropolitaine.

Face à cette situation, la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS) a appelé mardi à une "mobilisation collective" pour "débloquer la lutte contre la précarité".

Au niveau européen, 28% de la population déclare se trouver en situation précaire, également selon ce baromètre du Secours Populaire, qui s'appuie aussi sur des échantillons de 1.000 personnes représentatifs de neuf autres pays (Allemagne, Grèce, Italie, Pologne, Royaume-Uni, Moldavie, Portugal, Roumanie, Serbie).

La part des personnes se considérant comme précaires demeure à un niveau "très alarmant" en Grèce (46%) et en Moldavie (45%), pointe le baromètre.

En 2024, le Secours populaire a soutenu 3,7 millions de personnes en France. L'association fournit notamment de l'aide alimentaire et organise des activités pour différents publics pour rompre l'isolement.