Les réseaux sociaux assouplissent la modération des contenus malgré l'approche des élections américaines

Cette photo d'illustration montre l'ancien président américain Donald Trump sur X (anciennement Twitter), le 24 août 2023. (AFP)
Cette photo d'illustration montre l'ancien président américain Donald Trump sur X (anciennement Twitter), le 24 août 2023. (AFP)
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Publié le Lundi 25 septembre 2023

Les réseaux sociaux assouplissent la modération des contenus malgré l'approche des élections américaines

  • «Les réseaux sociaux ne sont pas prêts pour le tsunami électoral de 2024», a déclaré l'ONG Global Coalition for Tech Justice dans un rapport publié ce mois-ci
  • Les chercheurs notent que plus de 50 élections majeures vont avoir lieu dans le monde l'année prochaine, aux États-Unis, mais aussi en Inde, en Afrique et dans l'Union européenne

WASHINGTON: Avec la saison électorale américaine qui approche, et un probable déluge de désinformation en ligne, la tendance récente des grandes plateformes à rendre leur modération des contenus moins sévère inquiète les associations.

"Les réseaux sociaux ne sont pas prêts pour le tsunami électoral de 2024", a déclaré l'ONG Global Coalition for Tech Justice dans un rapport publié ce mois-ci.

Les chercheurs notent que plus de 50 élections majeures vont avoir lieu dans le monde l'année prochaine, aux États-Unis, mais aussi en Inde, en Afrique et dans l'Union européenne.

"Pendant que les entreprises continuent à compter leurs profits, nos démocraties restent vulnérables aux tentatives de coup d'État violent, aux discours haineux et à l'ingérence électorale", écrivent-ils.

Entre la situation économique défavorable, marquée par une inflation hors norme et des plans sociaux, et un climat politique hostile, les géants numériques américains font preuve d'une certaine lassitude à l'idée d'être les shérifs du Far West de l'internet.

En juin, YouTube (Google) a déclaré qu'il cesserait de supprimer les contenus qui prétendent à tort que l'élection présidentielle américaine de 2020 a été entachée de "fraudes, d'erreurs ou de pépins".

Cette annonce s'écarte nettement de la politique mise en place en décembre 2020, qui visait à mettre un terme aux rumeurs erronées selon lesquelles l'élection de cette année-là avait été volée au président de l'époque, Donald Trump.

YouTube a justifié son action en déclarant que la suppression de ces propos pouvait avoir "pour conséquence involontaire de restreindre le discours politique".

«Recul significatif»

Sous la houlette d'Elon Musk, X (ex-Twitter) a de son côté largement assoupli la modération des contenus, malgré la fuite des annonceurs.

Le réseau social a surtout laissé revenir de nombreuses personnalités auparavant bannies pour avoir enfreint les règles de la plateforme sur la désinformation et l'incitation à la violence, notamment Donald Trump.

Le mois dernier, il a en outre décidé d'autoriser les publicités politiques payantes des candidats et des partis politiques américains.

"Le contrôle de Musk sur Twitter, maintenant X, a contribué à ouvrir une nouvelle ère d'insouciance de la part des grandes plateformes technologiques", estime Nora Benavidez, de l'ONG Free Press.

"Nous observons un recul significatif des mesures concrètes que les entreprises avaient mises en place".

Les entreprises subissent également la pression de nombreux conservateurs américains, qui les accusent d'être de connivence avec le gouvernement pour censurer ou supprimer les contenus de droite sous couvert de vérification des faits.

"Elles pensent qu'en continuant à apaiser les républicains, ils cesseront de leur causer des problèmes, alors qu'elles ne font qu'accroître leur vulnérabilité", considère Berin Szóka, président de TechFreedom, un groupe de réflexion.

Pendant des années, l'algorithme de Facebook a automatiquement relégué en bas de page les articles signalés comme faux ou trompeurs par l'un des partenaires extérieurs de la plateforme chargés de la vérification des faits, dont l'AFP.

Mais le réseau social a récemment donné aux utilisateurs américains plus de pouvoir sur l'algorithme, pour choisir quels contenus ils veulent voir en priorité.

Hyperpolarisation

"Les plateformes n'ont commencé à prendre ces risques (de désinformation) au sérieux qu'après l'élection de 2016", a écrit Yoel Roth, ancien haut responsable de Twitter, dans une tribune publiée dans les médias américains la semaine dernière.

"Aujourd'hui, face à la perspective d'attaques disproportionnées contre leurs employés, elles semblent de plus en plus réticentes à prendre des décisions controversées, laissant la désinformation et les abus s'envenimer (...)".

La question de la modération des contenus est devenue brûlante du fait de l'hyperpolarisation de la politique aux États-Unis.

Au début du mois, la Cour suprême des États-Unis a temporairement suspendu une ordonnance limitant la capacité du gouvernement à contacter les entreprises de médias sociaux pour qu'elles suppriment les contenus qu'il considère comme de la désinformation.

Une juridiction inférieure avait rendu cette décision, estimant que les fonctionnaires américains étaient allés trop loin.

Les chercheurs en désinformation ne sont pas épargnés par l'obsession de certaines personnalités de la droite américaine vis-à-vis de la modération des contenus.

Des institutions réputées telles que l'Observatoire de l'Internet de Stanford font face à une enquête du Congrès menée par les républicains ainsi qu'à des poursuites de la part de militants conservateurs qui les accusent de promouvoir la censure, une accusation qu'ils réfutent.


La flottille pour Gaza quitte la Tunisie, direction le territoire palestinien

Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
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  • Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place
  • Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser"

BIZERTE: Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire.

"Nous essayons d'envoyer un message à la population de Gaza, (de lui dire) que le monde ne l'a pas oubliée", a dit à l'AFP la militante écologiste suédoise Greta Thunberg avant d'embarquer dans le port de Bizerte, dans le nord de la Tunisie.

"Lorsque nos gouvernements ne prennent pas leurs responsabilités, nous n'avons pas d'autre choix que de prendre les choses en main", a-t-elle ajouté.

Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place.

Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser", "nous partons par solidarité, dignité et pour la justice".

Les embarcations arrivées d'Espagne s'étaient transférées à Bizerte après un séjour mouvementé à Sidi Bou Saïd, près de Tunis.

La "Global Sumud Flotilla", accueillie par des rassemblements de soutien, a indiqué que deux de ses bateaux avaient été visés par des attaques de drones deux nuits de suite la semaine passée, publiant des vidéos à l'appui. Après la deuxième annonce, les autorités tunisiennes ont dénoncé "une agression préméditée" et dit mener une enquête.

L'eurodéputée franco-palestinienne Rima Hassan qui, comme Greta Thunberg, avait été détenue à bord du "Madleen" lors d'une précédente traversée vers Gaza, a dit à l'AFP redouter "bien entendu" de nouvelles attaques, ajoutant: "on se prépare aux différents scénarios".

Selon elle, les personnalités les plus en vue - dont l'actrice française Adèle Haenel - ont été réparties entre les deux plus gros bateaux de coordination "de manière à équilibrer et (ne) pas concentrer toutes les personnalités visibles dans un seul et même bateau".

Le départ de Tunisie a été repoussé à plusieurs reprises en raison de motifs de sécurité, de retard dans les préparatifs pour certains bateaux et de la météo.

La Global Sumud Flotilla ("sumud" signifie "résilience" en arabe), qui comprend aussi des embarcations parties ces derniers jours de Corse (France), Sicile (Italie) et Grèce, avait initialement prévu d'atteindre le territoire palestinien à la mi-septembre, après deux tentatives bloquées par Israël en juin et juillet.

 


Les ministres du Groupe E3 condamnent les frappes israéliennes à Doha

Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
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  • Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza
  • Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas

PARIS: Les ministres des Affaires étrangères de l’Allemagne, de la France et du Royaume-Uni ont condamné, dans une déclaration conjointe, les frappes israéliennes ayant visé Doha le 9 septembre. Ils estiment que ces attaques constituent une violation de la souveraineté du Qatar et représentent un risque d’escalade supplémentaire dans la région.

Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza. « Nous appelons toutes les parties à intensifier leurs efforts pour parvenir à un cessez-le-feu immédiat », ont-ils insisté.

Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas. Ils appellent les parties à « faire preuve de retenue » et à saisir l’opportunité de rétablir la paix.

Les ministres ont réaffirmé que la priorité devait rester la mise en place d’un cessez-le-feu permanent, la libération des otages et l’acheminement massif d’aide humanitaire à Gaza pour enrayer la famine. Ils demandent l’arrêt immédiat des opérations militaires israéliennes dans la ville de Gaza, dénonçant les déplacements massifs de civils, les pertes humaines et la destruction d’infrastructures vitales.

Ils exhortent par ailleurs à garantir aux Nations unies et aux ONG humanitaires un accès sûr et sans entrave à l’ensemble de la bande de Gaza, y compris dans le Nord.

Enfin, le Groupe E3 a rappelé sa condamnation « sans équivoque » des crimes commis par le Hamas, qualifié de mouvement terroriste, qui doit, selon eux, « libérer immédiatement et sans condition les otages, être désarmé et écarté définitivement de la gouvernance de la bande de Gaza ».


L’ONU adopte une résolution franco-saoudienne pour la paix israélo-palestinienne sans le Hamas

L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
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  • Résolution adoptée par 142 voix pour, 10 contre — dont Israël et les États-Unis
  • Le vote précède un sommet de haut niveau co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre

​​​​​​NEW YORK : L’Assemblée générale des Nations unies a voté massivement vendredi en faveur de l’adoption de la « Déclaration de New York », une résolution visant à relancer la solution à deux États entre Israël et la Palestine, sans impliquer le Hamas.

Le texte a été approuvé par 142 pays, contre 10 votes négatifs — dont Israël et les États-Unis — et 12 abstentions. Il condamne fermement les attaques du Hamas du 7 octobre 2023, exige le désarmement du groupe, la libération de tous les otages, et appelle à une action internationale collective pour mettre fin à la guerre à Gaza.

Intitulée officiellement « Déclaration de New York sur le règlement pacifique de la question de Palestine et la mise en œuvre de la solution à deux États », la résolution a été présentée conjointement par l’Arabie saoudite et la France, avec le soutien préalable de la Ligue arabe et de 17 États membres de l’ONU.

Le texte souligne la nécessité de mettre fin à l’autorité du Hamas à Gaza, avec un transfert des armes à l’Autorité palestinienne, sous supervision internationale, dans le cadre d’une feuille de route vers une paix durable. Celle-ci inclut un cessez-le-feu, la création d’un État palestinien, le désarmement du Hamas, et une normalisation des relations entre Israël et les pays arabes.

L’ambassadeur de France, Jérôme Bonnafont, qui a présenté la résolution, l’a qualifiée de « feuille de route unique pour concrétiser la solution à deux États », soulignant l’engagement de l’Autorité palestinienne et des pays arabes en faveur de la paix et de la sécurité. Il a aussi insisté sur l’urgence d’un cessez-le-feu immédiat et de la libération des otages.

Ce vote intervient à quelques jours d’un sommet de haut niveau de l’ONU, co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre, où le président Emmanuel Macron s’est engagé à reconnaître officiellement un État palestinien.

La représentante américaine, Morgan Ortagus, s’est vivement opposée à la résolution, la qualifiant de « coup de communication malvenu et malavisé » qui récompenserait le Hamas et nuirait aux efforts diplomatiques authentiques.

Elle a dénoncé la mention du « droit au retour » dans le texte, estimant qu’il menace le caractère juif de l’État d’Israël.

« Cette résolution est un cadeau au Hamas,» a déclaré Mme Ortagus, ajoutant que le désarmement du Hamas et la libération des otages étaient la clé de la fin de la guerre. Elle a exhorté les autres nations à se joindre aux États-Unis pour s'opposer à la déclaration.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com