Présidentielle aux Maldives : nette victoire du candidat pro-chinois

Des partisans du People's National Congress (PNC) et du candidat pro-Chine Mohamed Muizzu se rassemblent dans une rue de Malé, le 30 septembre 2023, pour demander la libération de l'ancien président des Maldives, Abdulla Yameen, qui a été arrêté. (AFP)
Des partisans du People's National Congress (PNC) et du candidat pro-Chine Mohamed Muizzu se rassemblent dans une rue de Malé, le 30 septembre 2023, pour demander la libération de l'ancien président des Maldives, Abdulla Yameen, qui a été arrêté. (AFP)
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Publié le Dimanche 01 octobre 2023

Présidentielle aux Maldives : nette victoire du candidat pro-chinois

  • Selon les résultats de la commission électorale, M. Muizzu, 45 ans, a obtenu 54,06% des suffrages face au président sortant de 61 ans
  • La victoire de M. Miuzzu pourrait déboucher sur un rapprochement avec Pékin, dans une région hautement stratégique

MALÉ, MALDIVES: Le candidat pro-chinois Mohamed Muizzu a remporté samedi la présidentielle aux Maldives en devançant nettement le chef de l'Etat sortant Mohamed Solih, qui a oeuvré au renforcement des liens avec l'Inde, allié traditionnel de l'archipel.

Selon les résultats de la commission électorale, M. Muizzu, 45 ans, a obtenu 54,06% des suffrages face au président sortant de 61 ans qui a aussitôt concédé sa défaite en adressant ses "félicitations" à son rival, sur X (ex-Twitter).

La victoire de M. Miuzzu pourrait déboucher sur un rapprochement avec Pékin, dans une région hautement stratégique. Haut lieu du tourisme de luxe, cet archipel de l'océan Indien se situe sur l'une des routes maritimes les plus fréquentées du monde dans une zone où l'Inde et la Chine rivalisent d'influence.

Le vainqueur de la présidentielle, dont le parti était entré dans l'orbite de Pékin pendant le mandat de son mentor Abdulla Yameen (2013-2018), a notamment défendu sans réserves les largesses financières accordées par Pékin dans le cadre des "nouvelles routes de la soie", gigantesque projet chinois d'investissements dans les pays en développement.

Quand il était au gouvernement de M. Yameen, M. Muizzu, actuellement maire de Malé, avait par ailleurs été le fer de lance d'un projet de pont financé par la Chine, pour un coût de 200 millions de dollars, reliant la capitale au principal aéroport du pays.

Le premier tour de la présidentielle lui avait déjà donné une confortable avance (46,1% contre 39,1%) face au président sortant Ibrahim Mohamed Solih qui s'est efforcé, pendant son mandat, d'améliorer les relations tendues avec New Delhi.

En concédant sa défaite, M. Solih a tenu "à féliciter la population qui participé à un processus démocratique et pacifique".

Le taux de participation s'est établi à 85% pendant le second tour, pendant lequel l'organisme de surveillance Transparency Maldives a relevé quelques incidents de "violence électorale". La police a annoncé avoir arrêté 14 personnes pour violation des règles électorales.

Virage pro-chinois 

En 2018, M. Solih avait remporté une victoire surprise à la présidence en succédant à M. Yameen, qui purge actuellement une peine de 11 ans de prison pour corruption et blanchiment.

Il avait reproché à son prédécesseur d'avoir poussé le pays dans le piège de la dette chinoise en empruntant massivement pour les infrastructures.

A l'époque, le virage du gouvernement de M. Yameen au profit de Pékin avait alarmé New Delhi, qui partage les inquiétudes occidentales face à l'affirmation croissante de la Chine dans l'océan Indien.

A son arrivée au pouvoir, M. Solih a rapidement agi pour rétablir les relations de l'archipel avec New Delhi, en invitant le Premier ministre indien Narendra Modi à assister à son investiture et en permettant de renforcer sa petite présence militaire.

Pendant la campagne pour sa réélection,  il a cherché à rallier des soutiens en faisant campagne sur des questions locales telles que le logement.

Le parti de M. Muizzu avait, lui, centré le débat sur la diplomatie en critiquant le rapprochement de M. Solih avec l'Inde, un pays au poids politique et économique démesuré aux Maldives et objet d'une désaffection ancienne.

Son parti du PPM et des groupes militants ont régulièrement organisé des manifestations exigeant une réduction de l'influence indienne dans la nation musulmane.

Pendant la campagne, les alliés de M. Muizzu ont affirmé que son élection contribuerait à débarrasser le pays de toute ingérence étrangère.

M. Muizzu a pourtant ouvertement fait part de ses projets de suivre la ligne pro-Pékin de son mentor Yameen.

"Nous sommes impatients de revenir au gouvernement en 2023 (...) pour écrire un nouveau chapitre de liens forts entre nos deux pays", avait-il déclaré lors d'une réunion avec des membres du Parti communiste chinois l'an dernier.

Pendant la campagne, l'ancien ministre des Affaires étrangères Ahmed Shaheed avait toutefois assuré à l'AFP que le prochain président "devra trouver un équilibre les intérêts de l'Inde et de la Chine". "Vous ne pouvez pas rejeter l'Inde et survivre", avait-il prévenu.


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
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  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.