«On respire du poison»: les enfants de Delhi à bout de souffle

Vue aérienne de New Delhi au milieu de fortes conditions de smog, le 8 novembre 2023. (Photo de Shubham KOUL / AFP)
Vue aérienne de New Delhi au milieu de fortes conditions de smog, le 8 novembre 2023. (Photo de Shubham KOUL / AFP)
Short Url
Publié le Jeudi 09 novembre 2023

«On respire du poison»: les enfants de Delhi à bout de souffle

  • Le niveau de PM 2,5, microparticules cancérigènes qui pénètrent les poumons et le sang, s'élève à 390 microgrammes par mètre cube d'air, soit 25 fois le niveau quotidien maximum fixé par l'OMS
  • Les enfants sont plus vulnérables à la pollution atmosphérique car leur cerveau et leurs poumons, entre autres organes vitaux, ne sont pas pleinement développés, explique le médecin

NEW DELHI: A un mois seulement, Ayansh Tiwari porte déjà un masque nébuliseur sur son petit visage, souffrant de difficultés respiratoires que les médecins imputent à l'inhalation de l'air toxique qui, chaque hiver, empoisonne la capitale indienne.

L'état alarmant du petit Ayansh contraint ses parents à le conduire aux urgences de l'hôpital gouvernemental Chacha Nehru Bal Chikitsalaya.

Comme lui, tous les enfants dans cette salle spartiate des urgences peinent à respirer. Beaucoup souffrent d'asthme et de pneumonie. Ces affections augmentent avec les pics de pollution atmosphérique alimentée par les brûlis agricoles, les émissions industrielles et du transport routier dans la mégapole de 30 millions d'habitants.

"Il est partout ce brouillard empoisonné", déplore Julie Tiwari, maman de Ayansh qui tousse dans ses bras.

Jeudi, le niveau de PM 2,5, microparticules cancérigènes qui pénètrent les poumons et le sang, s'élève à 390 microgrammes par mètre cube d'air, soit 25 fois le niveau quotidien maximum fixé par l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

Maladies respiratoires 

"J'essaie de garder les portes et les fenêtres fermées autant que possible. Mais on respire du poison tout le temps. Je me sens si impuissante", confie à l'AFP la jeune mère de 26 ans, au bord des larmes.

Une étude publiée en 2020 par The Lancet, une revue médicale, imputait 1,67 million de décès, un an plus tôt, à la pollution de l'air en Inde, dont près de 17.500 dans la capitale.

"C'est une cohue à rendre fou dans nos urgences à cette période", lâche le docteur Dhulika Dhingra, pneumologue pédiatrique et directrice de l'hôpital.

Les enfants sont plus vulnérables à la pollution atmosphérique car leur cerveau et leurs poumons, entre autres organes vitaux, ne sont pas pleinement développés, explique le médecin.

Selon une étude publiée dans la revue Lung India en 2021, près d'un écolier sur trois à Delhi souffre d'asthme et d'obstruction des voies respiratoires.

En outre, la fréquence respiratoire des enfants est plus élevée que celle des adultes, ce qui signifie qu'ils inhalent davantage d'air toxique, poursuit le Dr Dhingra.

"Ils ne tiennent pas en place, ils s'agitent et courent et la fréquence respiratoire augmente en parallèle. Ce qui les expose davantage aux effets de la pollution", explique-t-elle. "Cette saison est très difficile pour eux, ils peuvent à peine respirer."

Mohammad Akhlad, un bébé de 11 mois, souffre d'une pneumonie depuis huit jours.

"C'était un enfant tellement heureux. Il ne fait que pleurer et tousser ces derniers jours", s'inquiète sa maman, Chandni Begum, le nourrisson, apathique et pâle, sur ses genoux.

"Nous ne pouvons échapper à ce poison dans l'air qui nous rend malade", ajoute cette femme au foyer vivant dans l'un des bidonvilles de la ville.

Comme tous ces parents qui se pressent dans les couloirs de l'hôpital, où les traitements et les médicaments sont fournis gratuitement, elle ne peut débourser des soins dans une clinique privée ni s'offrir un seul purificateur d'air.

Selon Seema Kapoor, pédiatre et directrice de l'hôpital, l'affluence des malades est constante depuis que les températures ont chuté et que les polluants stagnent plus près du sol.

"Les maladies respiratoires représentent de 30 à 40% de la fréquentation totale", dit-elle.

Air vicié et pauvreté 

Pour le docteur Dhingra, le seul conseil à donner aux parents est d'empêcher autant que possible les activités de plein-air de leurs enfants.

"Vous vous rendez compte: dire à un parent de ne pas laisser son enfant sortir et jouer à cause de cet environnement toxique."

Le gouvernement de Delhi a annoncé la fermeture d'urgence des écoles, l'arrêt des chantiers de construction et l'interdiction de la circulation des véhicules diesel.

Mais les brûlages du chaume dans les Etats agricoles voisins, contribuant de manière significative à la pollution de Delhi, se poursuivent sans relâche. La Cour suprême, mardi a déploré "le véritable meurtre de nos jeunes".

Mais pour le vendeur de légumes Imtiaz Qureshi, désemparé, à l'hôpital, ce ne sont que des mots.

"Nous devons vivre jour après jour dans cet air", rappelle cet homme de 40 ans, qui passe son temps dans les rues. "Si je sors, l'air me tuera, si je ne le fais pas, la pauvreté me tuera."


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Short Url
  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Short Url
  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Short Url
  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.