Un an après, bilan mitigé pour le plafonnement du pétrole russe

Cette photographie prise le 11 juin 2023 et publiée par le Karachi Port Trust (KPT) montre un cargo russe transportant du pétrole brut au port de Karachi. (AFP)
Cette photographie prise le 11 juin 2023 et publiée par le Karachi Port Trust (KPT) montre un cargo russe transportant du pétrole brut au port de Karachi. (AFP)
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Publié le Mardi 05 décembre 2023

Un an après, bilan mitigé pour le plafonnement du pétrole russe

  • Avant la guerre en Ukraine, «les services européens permettaient le transport de 75% des exportations maritimes de pétrole russe» contre un tiers en juin 2023
  • Bilan après un an? Pour l'expert, «au cours des six premiers mois, les deux objectifs ont été atteints», la Russie percevant moins de revenus sans toutefois perturber l'offre mondiale et les prix du brut

LONDRES: Mécanisme inédit dans l'attirail des sanctions occidentales contre la Russie, le plafonnement du prix du pétrole brut russe fête mardi ses un an. Couronné de succès au début de sa mise en application, Moscou a depuis eu le temps de trouver le moyen de le contourner.

Entré en vigueur le 5 décembre 2022, le mécanisme de plafonnement du prix impose à la Russie de vendre son pétrole à 60 dollars le baril maximum aux pays membres de la coalition - Australie, Canada, Union européenne, France, Allemagne, Italie, Japon, Royaume-Uni et Etats-Unis.

Il est aussi interdit pour les entreprises basées dans ces pays de fournir les services permettant le transport maritime, notamment l'assurance ou la réassurance, de pétrole vendu au-dessus de ce prix.

"La Russie étant l'un des plus grands producteurs de pétrole, il était important de laisser les exportations de brut russe continuer à circuler, tout en réduisant les revenus (pour Moscou) en limitant le prix", résume pour l'AFP Giovanni Staunovo, analyste chez UBS.

A première vue, il s'agit là d'un pouvoir de dissuasion crédible, les pays du G7 fournissant les prestations d'assurance pour 90% des cargaisons mondiales et l'UE étant un acteur majeur du fret maritime - d'où leur capacité à répercuter ce plafonnement sur le pétrole livré à la majorité des clients de la Russie à travers le monde.

Avant la guerre en Ukraine, "les services européens permettaient le transport de 75% des exportations maritimes de pétrole russe" contre un tiers en juin 2023, note Jorge Leon, analyste chez Rystad Energy interrogé par l'AFP.

Bilan après un an? Pour M. Leon, "au cours des six premiers mois, les deux objectifs ont été atteints", la Russie percevant moins de revenus sans toutefois perturber l'offre mondiale et les prix du brut.

Revenus records

Première ombre au tableau: l'Oural, la principale variété de référence du pétrole russe, s'échangeait à plus de 60 dollars le baril sur certaines routes maritimes dès juillet, selon les données du groupe Argus.

En septembre, les revenus des exportations pétrolières de la Russie "ont bondi de 1,8 milliard de dollars" sur un mois "pour atteindre 18,8 milliards de dollars, (...) leur plus haut niveau depuis juillet 2022", selon le rapport d'octobre de l'Agence internationale de l'énergie (AIE) sur le marché du pétrole.

Le prix moyen à l'exportation du brut russe a même augmenté de 8 dollars par baril, pour atteindre 81,80 dollars en septembre, "bien au-dessus du prix plafonné", relève notamment l'AIE.

"Cette augmentation s'est produite alors que la Russie a réduit sa dépendance à l'égard des services maritimes occidentaux", selon l'institut économique ukrainien KSE basé à Kiev dans son rapport "Russian Oil Tracker" d'octobre.

Et pour cause: la Russie a construit une "flotte fantôme".

"Au cours de l'année écoulée, la Russie s'est progressivement désengagée des services européens parce qu'elle achetait de vieux navires pour transporter son propre brut. Elle offrait également ses propres assurances", explique Jorge Leon.

Moscou a ainsi pu "poursuivre ses activités, (...) continuer à transporter ses propres marchandises".

Selon les estimations de l'institut KSE, environ 185 pétroliers pleins de la flotte fantôme ont quitté les ports russes en octobre 2023, transportant environ 2,6 millions de barils par jour d'exportations de brut.

«Fermer les yeux»

"Dans une certaine mesure, l'UE et les Etats-Unis ont fermé les yeux sur le fait que du pétrole russe (...) supérieur au plafond était acheminé vers la Chine ou l'Inde, car cela signifiait plus de brut américain et du Moyen-Orient pour les marchés occidentaux", fait valoir Stephen Innes, analyste chez SPI AM.

Jusqu'à il y a peu, le marché se concentrait sur l'idée d'un manque de brut, les investisseurs anticipant un sous-approvisionnement imminent.

Les craintes d'un déficit important de pétrole avaient même poussé le Brent, référence européenne du brut, jusqu'à près de 100 dollars fin septembre.

Mais la situation a changé: "en raison de l'augmentation de la production américaine, de l'amélioration des livraisons sud-américaines et canadiennes (...) les Etats-Unis pensent qu'il est temps de resserrer les vis", poursuit M. Innes.

Mi-octobre, Washington a annoncé de premières sanctions, visant deux entreprises, pour non-respect du plafond du prix du pétrole russe.


CMA CGM annonce la reprise de la compagnie aérienne cargo en faillite Air Belgium

CMA CGM a décidé de conserver la marque Air Belgium, "compagnie emblématique du paysage aérien belge", et les appareils resteront basés en Belgique. (AFP)
CMA CGM a décidé de conserver la marque Air Belgium, "compagnie emblématique du paysage aérien belge", et les appareils resteront basés en Belgique. (AFP)
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  • Le groupe marseillais, qui a lancé CMA CGM Air Cargo en mars 2021 pour proposer une offre de fret aérien, va mettre la main sur les quatre avions cargo d'Air Belgium
  • L'offre de reprise du transporteur maritime avait été validée par le tribunal de l'entreprise du Brabant wallon fin mars. Air Belgium accumulait les difficultés depuis 2023, après avoir tenté de lancer une activité passager qui n'a jamais été rentable

PARIS: Le transporteur maritime français CMA CGM a annoncé mercredi qu'il reprenait la compagnie aérienne belge Air Belgium qui était placée en liquidation en raison d'un passif important accumulé pendant la pandémie de Covid, en promettant de sauvegarder 124 emplois sur 401.

Le groupe marseillais, qui a lancé CMA CGM Air Cargo en mars 2021 pour proposer une offre de fret aérien, va mettre la main sur les quatre avions cargo d'Air Belgium. Il totalisera dès lors neuf appareils effectuant plusieurs liaisons depuis la France, la Belgique et les Etats-Unis. Sa flotte doit doubler d'ici 2027.

L'ajout des quatre appareils d'Air Belgium - deux Airbus A330F et deux Boeing B747F - "permet de renforcer immédiatement nos capacités aériennes tout en répondant aux défis logistiques actuels", s'est réjoui le vice-président exécutif de la division aérienne de CMA CGM, Damien Mazaudier.

L'offre de reprise du transporteur maritime avait été validée par le tribunal de l'entreprise du Brabant wallon fin mars. Air Belgium accumulait les difficultés depuis 2023, après avoir tenté de lancer une activité passager qui n'a jamais été rentable.

Les liens entre Air Belgium et CMA CGM sont anciens puisque la compagnie belge était chargée de l'exploitation de quatre Airbus A330F appartenant à CMA CGM Air Cargo basés à Liège, avant que la compagnie n'obtienne son certificat de transporteur aérien français et ne rapatrie ses appareils à l'aéroport de Paris-Charles de Gaulle.

CMA CGM a décidé de conserver la marque Air Belgium, "compagnie emblématique du paysage aérien belge", et les appareils resteront basés en Belgique. Deux d'entre eux effectuent une liaison régulière entre Bruxelles et la Chine, tandis que les deux autres sont exploités pour le compte de tiers, a indiqué Damien Mazaudier.

Parallèlement, le groupe marseillais a annoncé son intention de renforcer sa flotte basée à Chicago, où stationnent déjà deux Boeing B777F, "auxquels viendront s'ajouter trois autres appareils" du même modèle.

Ce hub permet d'effectuer des liaisons entre les Etats-Unis, la Chine et l'Asie du Sud-Est. CMA CGM n'a pas souhaité commenter l'impact de la guerre commerciale en cours entre Pékin et Washington sur cette activité.

"Ces avions renforceront la présence du groupe sur les routes transpacifiques et soutiendront l'expansion de ses activités cargo sur le marché américain", a expliqué CMA CGM.

En Europe, CMA CGM Air Cargo dispose déjà de liaisons régulières depuis Paris vers Hong Kong, Shanghai et Zhengzhou.


L’autorité portuaire saoudienne renforce l’attractivité de Dammam avec une zone logistique ambitieuse

La zone logistique de Dammam fait partie d'un plan d'investissement plus large de 10 milliards de SR visant à établir 20 centres logistiques intégrés à travers le Royaume.
La zone logistique de Dammam fait partie d'un plan d'investissement plus large de 10 milliards de SR visant à établir 20 centres logistiques intégrés à travers le Royaume.
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  • L'Autorité portuaire générale d'Arabie saoudite, connue sous le nom de Mawani, a signé un nouvel accord pour développer une zone logistique d'une valeur de 300 millions de riyals saoudiens (79 millions de dollars) dans le port Roi Abdulaziz de Dammam
  • Le projet renfore l'ambition du Royaume de devenir une plaque tournante mondiale de la logistique

RIYAD : L'Autorité portuaire générale d'Arabie saoudite, connue sous le nom de Mawani, a signé un nouvel accord pour développer une zone logistique d'une valeur de 300 millions de riyals saoudiens (79 millions de dollars) dans le port Roi Abdulaziz de Dammam, renforçant ainsi l'ambition du Royaume de devenir une plaque tournante mondiale de la logistique.

Le projet, lancé en partenariat avec Alissa International Motors - une filiale du groupe Abdullatif Alissa Holding - couvrira 382 000 mètres carrés. La nouvelle installation servira de plaque tournante pour l'importation et la réexportation de véhicules et de pièces détachées, a indiqué l'autorité dans un communiqué.

Cette initiative s'aligne sur les objectifs de la stratégie nationale de l'Arabie saoudite en matière de transport et de logistique, qui vise à améliorer l'efficacité de la chaîne d'approvisionnement et à attirer les investissements étrangers et nationaux. La zone logistique de Dammam fait partie d'un plan d'investissement plus large de 10 milliards de RS visant à établir 20 centres logistiques intégrés à travers le Royaume sous la supervision de l'autorité.

La nouvelle installation comprendra un entrepôt de 7 000 mètres carrés consacré au stockage des pièces détachées et conçu pour accueillir plus de 13 000 véhicules.

"Ce développement renforcera l'avantage concurrentiel du port et sa position en tant que centre logistique régional en fournissant des services logistiques de haute qualité", selon Mawani.

L'autorité a également souligné que le projet contribuerait à la diversification de l'économie et renforcerait la participation du secteur privé à la croissance du Royaume.

Le port Roi Abdulaziz, qui constitue déjà un lien vital entre l'Arabie saoudite et les marchés internationaux, offre des infrastructures et des capacités logistiques de pointe, ce qui en fait une destination attrayante pour les entreprises de commerce international.

Par ailleurs, Mawani a signé un autre contrat avec Sultan Logistics pour l'établissement d'une zone logistique supplémentaire dans le port du roi Abdulaziz, d'une valeur de 200 millions de RS. D'une superficie de 197 000 mètres carrés, l'installation comprendra 35 000 mètres carrés d'espace d'entreposage, des bureaux administratifs, des parcs de stockage pour les conteneurs secs et réfrigérés, ainsi qu'une zone de réexportation dédiée.

"Ces installations amélioreront la qualité des services logistiques offerts dans le port et soutiendront le commerce grâce à une efficacité opérationnelle accrue", a ajouté Mawani.

La création de ces nouvelles zones devrait considérablement renforcer la capacité opérationnelle et la compétitivité du port Roi Abdulaziz.

En 2024, l'Arabie saoudite a lancé, développé et inauguré huit zones et centres logistiques, soutenus par environ 2,9 milliards de RS d'investissements du secteur privé. Ces efforts s'inscrivent dans le cadre d'une stratégie plus large visant à consolider la position du Royaume en tant que puissance logistique mondiale de premier plan.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Moody’s et Fitch attribuent des notes de qualité à AviLease, société du PIF

Détenue par le Fonds d'investissement public d'Arabie saoudite, la société AviLease a annoncé que Moody's lui avait attribué la note Baa2 avec une perspective stable et que Fitch lui avait attribué la note BBB avec une perspective stable. (Photo fournie)
Détenue par le Fonds d'investissement public d'Arabie saoudite, la société AviLease a annoncé que Moody's lui avait attribué la note Baa2 avec une perspective stable et que Fitch lui avait attribué la note BBB avec une perspective stable. (Photo fournie)
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  • Les deux agences ont mis en avant le portefeuille de haute qualité d'AviLease, composé d'avions de nouvelle technologie, ainsi que la solidité de son bilan et sa trajectoire de croissance
  •  Elles ont noté que la société devrait devenir l'un des principaux acteurs du secteur mondial du leasing d'ici à 2030

RIYAD: La société saoudienne AviLease a reçu des notations de crédit de premier ordre de la part des agences Moody’s et Fitch Ratings, alors qu’elle poursuit l’expansion de son portefeuille et renforce son rôle stratégique dans le secteur aéronautique du Royaume.

Détenue par le Fonds d'investissement public d'Arabie saoudite, AviLease a annoncé que Moody's lui avait attribué la note Baa2 avec une perspective stable et que Fitch lui avait attribué la note BBB avec une perspective stable.

Les deux agences ont mis en avant le portefeuille de haute qualité d'AviLease, composé d'avions de nouvelle technologie avec une forte combinaison de crédit, ainsi que la solidité de son bilan et sa trajectoire de croissance.

Elles ont noté que la société devrait devenir l'un des principaux acteurs du secteur mondial du leasing d'ici à 2030.

«Les notations ouvrent la voie à une flexibilité financière encore plus grande, car nous pourrons accéder aux marchés des capitaux de la dette non garantie», a déclaré Edward O'Byrne, PDG d'AviLease, dans un communiqué de presse.

Il poursuit: «L'obtention d'une notation de qualité en moins de trois ans depuis notre création est un exploit remarquable, et nous pensons qu'elle positionne AviLease dans un groupe restreint de bailleurs de l'industrie en un temps record.»

Les notations reconnaissent également le rôle stratégique d'AviLease dans le soutien des initiatives du secteur de l'aviation du PIF dans le cadre de la Vision 2030 de l'Arabie saoudite.

«Ces notations permettront à AviLease d'accéder aux marchés de capitaux mondiaux pour financer ses stratégies commerciales, en se positionnant à l'avant-garde de l'industrie du leasing d'avions, en parfaite adéquation avec la stratégie nationale de l'aviation et la Vision 2030 de l'Arabie saoudite», a déclaré Fahad al-Saif, président d'AviLease.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com