Les armées accentuent leurs efforts pour retenir leurs troupes

Des soldats français patrouillent sur une plage avec des fusils HK416 alors qu'ils participent à un exercice militaire à grande échelle appelé "Orion", à Frontignan, dans le sud de la France (Photo, AFP).
Des soldats français patrouillent sur une plage avec des fusils HK416 alors qu'ils participent à un exercice militaire à grande échelle appelé "Orion", à Frontignan, dans le sud de la France (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Lundi 18 mars 2024

Les armées accentuent leurs efforts pour retenir leurs troupes

  • En 2023, 2.000 soldats ont manqué à l'appel dans l'armée de Terre et 200 pour l'armée de l'Air
  • Une nouvelle mesure permettra également à un chef de corps de disposer d'une enveloppe pour améliorer les conditions du personnel

PARIS: Avec un déficit de 3.000 personnels civils et militaires en 2023, les armées accentuent leurs efforts pour fidéliser leur effectifs au moment où les Européens vivent le retour de la guerre à leurs portes, avec un nouveau plan présenté lundi.

Selon le ministère, le problème n'est pas de recruter mais de retenir, avec un nombre plus élevé de départs que d'embauches, notamment chez les sous-officiers. En moyenne, les militaires servent un an de moins qu'auparavant sous les drapeaux.

Le plan du ministère rassemble une série de mesures existantes, et de nouvelles, pour alléger les contraintes de la vie militaire, améliorer le logement - la préoccupation numéro 1 des militaires -, les infrastructures parfois vétustes, l'employabilité des conjoints, la garde ou la scolarisation des enfants.

Certains aspects ont été abordés dans le plan Famille I (302 millions d'euros, qui couvrait la période 2018-2023, ndlr) dont le bilan est mitigé, selon un rapport parlementaire. Le ministère a lancé une nouvelle mouture avec cette fois un budget de 750 millions pour la période 2024-2030.

Les grilles de salaires des militaires du rang ont été révisées en 2023, celles des sous-officiers en 2024 et celles des officiers le seront plus vite que prévu, dès 2025, avec un surcoût de 70 millions d'euros, fait savoir le ministère.

Car un rapport du Haut Comité d'évaluation de la condition militaire (HCECM) a révélé un "mal-être" chez certains officiers, une catégorie de plus en plus consciente des écarts avec le privé.

Une nouvelle mesure permettra également à un chef de corps de disposer d'une enveloppe pour améliorer les conditions du personnel et régler les problèmes d'intendance au niveau local: douches à réparer, chauffage ou ampoules grillées, etc.

Selon la dernière enquête annuelle de la hiérarchie, le moral des armées semble pourtant bon, pour 73% des personnels interrogés.

Les principaux motifs d'insatisfaction remontés sont le logement et l'hébergement, la rémunération, et les moyens humains pour accomplir les missions. L'évolution du rapport au travail et au numérique de la jeune génération, l'équilibre avec la vie de famille, sont des préoccupations nouvelles mais qui ne sont pas propres aux armées.

«Reconnaissance»

Ce qui peut peser sur les militaires "c’est aussi la non-reconnaissance de la spécificité de leur engagement. La reconnaissance passe par les conditions matérielles mais aussi par des choses qui sont de l’ordre du symbolique, de l’estime qu’on porte à la fonction militaire", relève Bénédicte Chéron, maître de conférences à l'Institut catholique de Paris.

A ce titre, le recours à 5.000 soldats qui camperont sur la pelouse parisienne de Reuilly pour la sécurisation des JO, soit l'équivalent de l'opération antijihadiste Barkhane au Sahel d'où la France a été chassée par des juntes militaires hostiles, pourrait être source de frustration.

L'armée de Terre est par ailleurs confrontée à un problème organisationnel spécifique: l'éclatement des unités. "Les sections qui partent en mission sont composées d'hommes qui ne se connaissent pas, les hommes changent tout le temps de chef", regrette un officier.

Or "la capacité du groupe à développer une cohésion aide à supporter les sujétions militaires. Celles-ci sont d'autant plus acceptées que la cohésion est forte", fait remarquer Bénédicte Chéron.

La situation est différente pour l'armée de l'Air ou la Marine, qui recrutent chacune environ 4.000 jeunes par an - contre 16.000 pour l'armée de Terre -, dont une forte proportion de métiers techniques sur un marché très concurrentiel dans le nucléaire, l'aéronautique ou le cyber.

En 2023, 2.000 soldats ont manqué à l'appel dans l'armée de Terre et 200 pour l'armée de l'Air. Seule la Marine a atteint son objectif d'embauches.

En comptant les autres branches (administratives, techniques, renseignement, etc.), les armées ont dû composer l'an passé avec un déficit total de 3.000 militaires, selon le ministère.

Les armées françaises, qui comptent plus de 272.000 civils et militaires, s'en sortent toutefois plutôt bien par rapport à d'autres pays comme l'Allemagne, qui envisage de réintroduire le service militaire, ou le Royaume-Uni, où seuls cinq militaires sont recrutés pour huit partants.

Mais signe que la situation est brûlante, les commissions de la défense du Sénat et de l'Assemblée nationale viennent de lancer chacune leur mission sur le sujet.


Dix passeurs présumés jugés pour un naufrage meurtrier dans la Manche

Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
Short Url
  • Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés
  • La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche

LILLE: Dix hommes, dont huit Afghans, sont jugés à partir de lundi à Lille pour leur rôle présumé de passeurs dans le naufrage d'une embarcation clandestine qui avait fait quatre morts et quatre disparus dans la Manche en décembre 2022.

Parti entre 1H00 et 1H30 du matin dans la nuit du 13 au 14 décembre 2022, le canot, qui transportait en majorité des migrants afghans, avait fait naufrage à quelques kilomètres des côtes anglaises.

Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés.

La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche.

Selon les éléments de l'enquête, alors que les migrants gonflaient le bateau avant le départ, plusieurs ont entendu une détonation, synonyme selon eux de crevaison. Les passeurs leur ont dit de ne pas s'en faire et qu'il s'agissait du seul bateau disponible pour eux.

D'après les témoignages des rescapés, il n'y avait pas assez de gilets de sauvetage pour tout le monde et aucune des personnes décédées n'en portait un. La température était glaciale et la mer très agitée.

Après une ou deux heures de traversée, un boudin a commencé à se dégonfler et l'eau à entrer dans l'embarcation, jusqu'à atteindre les genoux des passagers. Paniqués, ils se sont mis debout pour tenter de faire signe à un bateau. Mais le fond du canot, peu solide, a ployé sous leur poids et celui de l'eau, et tous se sont retrouvés à l'eau.

Neuf des prévenus sont jugés, jusqu'à vendredi, pour homicide involontaire par violation d'une obligation de sécurité, deux d'entre eux le sont pour blanchiment, tous pour aide au séjour irrégulier. Huit sont afghans, un syrien, un irakien.

Certains des prévenus sont soupçonnés d'avoir recruté des passeurs et assuré la logistique auprès des passagers, d'autres d'avoir géré l'organisation sur le camp de migrants de Loon-Plage (Nord), où vivaient les migrants avant leur tentative de traversée, toujours selon les éléments de l'enquête. D'autres encore sont jugés pour s'être occupés du transport des migrants vers la plage et de la mise à l'eau du canot, et deux pour avoir collecté une partie des paiements.

Le mineur sénégalais qui pilotait le canot est, lui, inculpé dans le cadre d'une procédure au Royaume-Uni.

Apparu en 2018, le phénomène des traversées de la Manche en petites embarcations est à l'origine de nombreux naufrages, le plus meurtrier ayant coûté la vie à 27 personnes en novembre 2021.

Depuis le début de l'année, au moins 15 migrants sont morts dans la Manche, bras de mer parmi les plus fréquentés du monde et où les conditions météorologiques sont souvent difficiles, selon un décompte de l'AFP à partir de chiffres officiels. En 2024, 78 étaient morts ainsi, un record.


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
Short Url
  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
Short Url
  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».