L'armée israélienne ordonne l'évacuation de la ville de Gaza déchirée par les combats

Des Palestiniens pleurent les corps de leurs proches après un bombardement israélien à Deir El-Balah, dans le centre de la bande de Gaza, le 10 juillet 2024. (AFP)
Des Palestiniens pleurent les corps de leurs proches après un bombardement israélien à Deir El-Balah, dans le centre de la bande de Gaza, le 10 juillet 2024. (AFP)
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Publié le Jeudi 11 juillet 2024

L'armée israélienne ordonne l'évacuation de la ville de Gaza déchirée par les combats

  • Dans la bande de Gaza, des frappes meurtrières ont touché quatre écoles utilisées comme abris en quatre jours, tuant au moins 49 personnes selon les médecins.

BANDE DE GAZA : L'armée israélienne a largué mercredi des milliers de tracts sur la ville de Gaza, ravagée par la guerre, pour inciter tous les habitants à fuir l'offensive qui frappe la principale ville du territoire palestinien assiégé.
Les tracts, adressés à "tous les habitants de la ville de Gaza", indiquent des itinéraires d'évacuation et préviennent que la zone urbaine, qui comptait avant la guerre plus d'un demi-million d'habitants, "restera une zone de combat dangereuse".
Cet avertissement a été lancé alors que les troupes israéliennes, appuyées par des chars et des avions, ont combattu les militants du Hamas et du Jihad islamique dans les combats les plus violents que la ville ait connus depuis des mois dans le cadre de la guerre qui fait rage depuis le 7 octobre.
Les Nations unies ont déclaré que les dernières évacuations "ne feront qu'alimenter les souffrances massives des familles palestiniennes, dont beaucoup ont été déplacées à de nombreuses reprises".
"Les civils doivent être protégés", a déclaré le porte-parole du secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, Stephane Dujarric.
Un porte-parole du gouvernement israélien a déclaré que l'objectif était de "mettre les civils à l'abri du danger" alors que les troupes combattent les militants "là où ils se trouvent".
Umm Nimr Al-Jamal, une femme transportant ses maigres affaires à travers les ruines, a déclaré mardi à l'AFP que "c'est la douzième fois" que sa famille doit fuir.
"Combien de fois pourrons-nous endurer cela ? Un millier de fois ? Où allons-nous finir ?"
La recrudescence des combats, des bombardements et des déplacements s'est produite alors que les pourparlers devaient reprendre au Qatar en vue d'une trêve et d'un accord sur la libération des otages dans cette guerre qui entre dans son dixième mois.
Un responsable du Hamas, Hossam Badran, interrogé sur l'intensification des opérations militaires, a déclaré à l'AFP qu'Israël "espérait que la résistance renoncerait à ses demandes légitimes" dans le cadre des négociations sur la trêve.
Mais "la poursuite des massacres nous oblige à nous en tenir à nos exigences", a-t-il ajouté.
De violents combats ont également eu lieu à Rafah, dans l'extrême sud de la bande de Gaza, où des témoins ont déclaré à l'AFP que des chars israéliens avaient pénétré dans le centre-ville et avaient déclenché des tirs nourris sur les bâtiments.
À Gaza, des frappes meurtrières ont touché quatre écoles utilisées comme abris en quatre jours, tuant au moins 49 personnes selon des médecins et des responsables du territoire dirigé par le Hamas, et suscitant les reproches de la France et de l'Allemagne qui ont toutes deux qualifié ces attaques d'"inacceptables".
"Nous demandons que ces frappes fassent l'objet d'une enquête approfondie", a déclaré le ministère français des affaires étrangères, soulignant la frappe meurtrière de mardi sur une école près de la ville de Khan Yunis, dans le sud du pays.
"Il est inacceptable que des écoles, en particulier celles qui abritent des civils déplacés par les combats, soient prises pour cible.
Israël a déclaré que les frappes avaient visé des militants cachés dans des écoles.
Dans le quartier de Shujaiya, à l'est de la ville de Gaza, où des batailles importantes ont fait rage depuis l'ordre d'évacuation israélien du 27 juin, un porte-parole de l'agence de défense civile a déclaré qu'il y avait des "destructions" généralisées.
Shujaiya est devenue une "ville fantôme", a déclaré Mahmud Bassal.
M. Bassal ainsi que des témoins ont déclaré que les troupes israéliennes s'étaient retirées de la zone, bien que l'armée ait déclaré à l'AFP que ses forces "opéraient toujours" dans la région.
Pendant ce temps, une délégation israélienne dirigée par le chef des services d'espionnage David Barnea est arrivée à Doha pour des négociations de trêve, a déclaré une source au fait de ces négociations sensibles.
Le directeur de la CIA, William Burns, était également attendu dans la capitale qatarie après s'être entretenu au Caire mardi.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a quant à lui rencontré l'envoyé spécial du président américain Joe Biden pour le Moyen-Orient, Brett McGurk.
M. Netanyahu a "souligné son engagement" en faveur d'un plan de trêve proposé, "tant que les lignes rouges d'Israël sont préservées", a déclaré son bureau.
L'attaque du 7 octobre du Hamas contre le sud d'Israël, qui a déclenché la guerre, a entraîné la mort de 1 195 personnes, pour la plupart des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres israéliens.
Les militants ont également pris 251 otages, dont 116 se trouvent toujours à Gaza, parmi lesquels 42 sont morts selon l'armée.
Israël a répondu par une offensive militaire qui a tué au moins 38 295 personnes à Gaza, également des civils pour la plupart, selon les chiffres du ministère de la santé du territoire.
Le ministre de la défense, Yoav Gallant, a déclaré aux législateurs israéliens que 60 % des combattants du Hamas avaient été "éliminés ou blessés" au cours de la guerre.
Israël a imposé un siège punitif aux 2,4 millions d'habitants de Gaza, qui n'est allégé que par des livraisons d'aide sporadiques.
L'organisation humanitaire Médecins sans frontières a mis en garde contre une pénurie "critique" de fournitures médicales à Gaza, sans réapprovisionnement depuis plus de deux mois.
Mardi, des experts indépendants des droits de l'homme des Nations unies ont accusé Israël de mener une "campagne de famine ciblée", une affirmation fermement rejetée par Israël.
Les proches des otages israéliens, qui ont fait pression sur M. Netanyahou en exigeant une action rapide pour sauver leurs proches, ont entamé une marche de quatre jours depuis Tel Aviv jusqu'au siège du gouvernement à Jérusalem.
"Nous voulons que tout Israël se joigne à nous et rappelle à M. Netanyahu qu'il doit signer un accord pour les ramener et mettre fin à cette terrible guerre", a déclaré Ayala Metzger, belle-fille de l'otage Yoram Metzger, décédé en captivité.
Depuis le début de la guerre de Gaza, les forces israéliennes ont également échangé des tirs réguliers avec les militants du Hezbollah au Liban, alliés du Hamas, ce qui fait craindre une conflagration régionale plus large.
Alors que les affrontements transfrontaliers se sont intensifiés, le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a déclaré mercredi que son groupe mettrait fin aux attaques si les combats à Gaza s'arrêtaient.
"Si un cessez-le-feu est conclu, et nous l'espérons tous, notre front cessera le feu sans aucune discussion.


L'Arabie saoudite condamne les actions d'Israël à Gaza devant la CIJ

 Le représentant du Royaume, Mohamed Saud Alnasser, s'exprime devant la Cour. (Capture d'écran)
Le représentant du Royaume, Mohamed Saud Alnasser, s'exprime devant la Cour. (Capture d'écran)
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  • Tel-Aviv "continue d'ignorer" les décisions de la Cour internationale de justice, déclare le représentant du Royaume
  • M. Alnasser a ajouté qu'"Israël a transformé Gaza en un tas de décombres", soulignant la dévastation généralisée et les souffrances infligées aux civils.

DUBAI : L'Arabie saoudite a condamné mardi devant la Cour internationale de justice la campagne militaire israélienne en cours à Gaza, l'accusant de défier les décisions internationales et de commettre de graves violations des droits de l'homme.

S'exprimant devant la Cour, le représentant du Royaume, Mohamed Saud Alnasser, a déclaré qu'Israël "continue d'ignorer les ordres de la Cour" et a insisté sur le fait que "rien ne justifie les violations commises par Israël à Gaza".

M. Alnasser a ajouté qu'"Israël a transformé Gaza en un tas de décombres", soulignant la dévastation généralisée et les souffrances infligées aux civils.

Ses remarques ont été formulées au deuxième jour des audiences de la CIJ sur les obligations humanitaires d'Israël à l'égard des Palestiniens, qui se déroulent dans le cadre d'un blocus israélien total de l'aide à la bande de Gaza, qui dure depuis plus de 50 jours.

Ces audiences s'inscrivent dans le cadre d'efforts plus larges visant à déterminer si Israël a respecté les responsabilités juridiques internationales dans sa conduite lors de la guerre contre Gaza.

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com


Syrie: neuf morts dans des affrontements entre forces de sécurité et combattants druzes près de Damas

Mardi matin, quelques commerces ont ouvert leurs portes mais les rues de Jaramana, au sud-est de Damas, à majorité druze mais compte également des familles chrétiennes, étaient quasiment désertes, ont rapporté des habitants. (AFP)
Mardi matin, quelques commerces ont ouvert leurs portes mais les rues de Jaramana, au sud-est de Damas, à majorité druze mais compte également des familles chrétiennes, étaient quasiment désertes, ont rapporté des habitants. (AFP)
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  • Dans un communiqué, les autorités religieuses druzes locales ont "vivement dénoncé l'attaque armée injustifiée contre Jaramana (...) qui a visé les civils innocents", faisant assumer aux autorités syriennes "l'entière responsabilité "
  • "La protection de la vie, de la dignité et des biens des citoyens est l'une des responsabilités les plus fondamentales de l'Etat et des organismes de sécurité", a ajouté le communiqué

DAMAS: Neuf personnes ont été tuées dans des affrontements entre les forces de sécurité syriennes et des combattants de la minorité druze à Jaramana, dans la banlieue de Damas, sur fond de tension confessionnelle, selon un nouveau bilan mardi d'une ONG.

Ces violences interviennent un mois après des massacres qui ont visé la minorité alaouite, faisant des centaines de morts, dans le pays où la coalition islamiste qui a pris le pouvoir en décembre est scrutée par la communauté internationale.

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), "les forces de sécurité ont lancé un assaut" contre la banlieue à majorité druze de Jaramana, après la publication sur les réseaux sociaux d'un message vocal attribué à un druze et jugé blasphématoire envers l'islam.

L'OSDH, basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un solide réseau de sources en Syrie, a précisé que six combattants locaux de Jaramana et trois "assaillants" avaient été tués.

Plusieurs habitants de Jaramana joints au téléphone par l'AFP ont indiqué avoir entendu des échanges de tirs dans la nuit.

"Nous ne savons pas ce qui se passe, nous avons peur que Jaramana devienne un théâtre de guerre", a affirmé Riham Waqaf, une employée d'une ONG terrée à la maison avec son mari et ses enfants.

"On devait emmener ma mère à l'hôpital pour un traitement, mais nous n'avons pas pu" sortir, a ajouté cette femme de 33 ans.

Des combattants locaux se sont déployés dans les rues et aux entrées de la localité, demandant aux habitants de rester chez eux, a dit à l'AFP l'un de ces hommes armés, Jamal, qui n'a pas donné son nom de famille.

"Jaramana n'a rien connu de tel depuis des années". La ville est d'habitude bondée, mais elle est morte aujourd'hui, tout le monde est à la maison", a-t-il ajouté.

Mardi matin, quelques commerces ont ouvert leurs portes mais les rues de Jaramana, au sud-est de Damas, à majorité druze mais compte également des familles chrétiennes, étaient quasiment désertes, ont rapporté des habitants.

 "Respecter l'ordre public" 

Dans un communiqué, les autorités religieuses druzes locales ont "vivement dénoncé l'attaque armée injustifiée contre Jaramana (...) qui a visé les civils innocents", faisant assumer aux autorités syriennes "l'entière responsabilité de ce qui s'est produit et de toute aggravation de la situation".

"La protection de la vie, de la dignité et des biens des citoyens est l'une des responsabilités les plus fondamentales de l'Etat et des organismes de sécurité", a ajouté le communiqué.

Il a dénoncé dans le même temps "toute atteinte au prophète Mahomet" et assuré que le message vocal était fabriqué "pour provoquer la sédition".

Le ministère de l'Intérieur a souligné mardi "l'importance de respecter l'ordre public et de ne pas se laisser entraîner dans des actions qui perturberaient l'ordre public".

Il a ajouté qu'il enquêtait sur le message "blasphématoire à l'égard du prophète" Mahomet pour identifier l'auteur et le traduire en justice.

Les druzes, une minorité ésotérique issue de l'islam, sont répartis notamment entre le Liban, la Syrie et Israël.

Dès la chute du pouvoir de Bachar al-Assad le 8 décembre en Syrie, après plus de 13 ans de guerre civile, Israël multiplié les gestes d'ouverture envers cette communauté.

Début mars, à la suite d'escarmouches à Jaramana, Israël avait menacé d'une intervention militaire si les nouvelles autorités syriennes s'en prenaient aux druzes.

Ces propos ont été immédiatement rejetés par les dignitaires druzes, qui ont réaffirmé leur attachement à l'unité de la Syrie. Leurs représentants sont en négociation avec le pouvoir central à Damas pour parvenir à un accord qui permettrait l'intégration de leurs groupes armés dans la future armée nationale.

Depuis que la coalition islamiste dirigée par Ahmad al-Chareh, qui a été proclamé président intérimaire, a pris le pouvoir, la communauté internationale multiplie les appels à protéger les minorités.

Début mars, les régions du littoral dans l'ouest de la Syrie ont été le théâtre de massacres qui ont fait plus de 1.700 tués civils, en grande majorité des alaouites, selon l'OSDH.


Gaza 2025: 15 journalistes tués, selon le Syndicat des journalistes palestiniens

 Les violences contre les journalistes interviennent dans le cadre d'une nouvelle campagne militaire israélienne à Gaza, à la suite de l'échec d'un accord de cessez-le-feu avec le Hamas. (AFP)
Les violences contre les journalistes interviennent dans le cadre d'une nouvelle campagne militaire israélienne à Gaza, à la suite de l'échec d'un accord de cessez-le-feu avec le Hamas. (AFP)
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  • Le dernier rapport du syndicat fait état d'une augmentation des arrestations, des menaces et du harcèlement des journalistes par les Israéliens
  • Le syndicat a également enregistré 49 menaces de mort proférées à l'encontre de journalistes

LONDRES: Au moins 15 professionnels des médias ont été tués à Gaza depuis le début de l'année 2025, selon un nouveau rapport publié par le Syndicat des journalistes palestiniens.

Le rapport, publié ce week-end par le comité des libertés du syndicat chargé de surveiller les violations commises par Israël à l’encontre des journalistes, souligne la persistance du ciblage direct des professionnels des médias.

Sept journalistes ont été tués en janvier et huit en mars, selon le rapport.

Par ailleurs, les familles de 17 journalistes ont été endeuillées, tandis que les habitations de 12 autres ont été détruites par des tirs de roquettes et d’obus. De plus, 11 personnes ont été blessées au cours de ces attaques.

Le rapport note que la violence à l'encontre des équipes de journalistes ne se limite pas aux attaques mortelles. Il fait état de l'arrestation de 15 journalistes, à leur domicile ou alors qu'ils étaient en mission. Certains ont été libérés quelques heures ou quelques jours plus tard, tandis que d'autres sont toujours en détention.

Le syndicat a également enregistré 49 menaces de mort proférées à l'encontre de journalistes, dont beaucoup ont été avertis d'évacuer les zones qu'ils couvraient.

Le rapport relève également une intensification du harcèlement judiciaire, avec plus d’une dizaine de cas où des journalistes – en majorité issus du quotidien Al-Quds, basé en Cisjordanie – ont été convoqués pour interrogatoire et se sont vu interdire de couvrir des événements aux abords de la mosquée Al-Aqsa et dans la vieille ville de Jérusalem.

En Cisjordanie occupée, environ 117 journalistes ont été victimes d'agressions physiques, de répression ou d'interdictions de reportage, en particulier à Jénine et à Jérusalem. La commission a également recensé 16 cas de confiscation ou de destruction de matériel de travail.

Les violences à l'encontre des journalistes surviennent dans le cadre d'une nouvelle campagne militaire israélienne à Gaza, à la suite de l'échec d'un accord de cessez-le-feu avec le Hamas. Les forces israéliennes ont intensifié leur offensive, coupant les approvisionnements vitaux des 2,3 millions d'habitants de Gaza, laissant l'enclave au bord de la famine.

Les actions d'Israël font désormais l'objet d'audiences à la Cour internationale de justice de La Haye, où Tel-Aviv est accusé de violer le droit international en restreignant l'aide humanitaire à Gaza.

Le bilan humanitaire est catastrophique.

Selon le ministère de la santé de Gaza, plus de 61 700 personnes ont été tuées à Gaza depuis qu'Israël a lancé son offensive le 7 octobre 2023. Plus de 14 000 autres sont portées disparues et présumées mortes, les civils constituant la grande majorité des victimes.

Le Comité pour la protection des journalistes, organisme de surveillance de la liberté de la presse basé à Washington, a également lancé un signal d’alarme face au nombre élevé de journalistes tués, indiquant qu’au moins 176 d’entre eux – en grande majorité des Palestiniens – ont perdu la vie depuis le début de l’offensive israélienne sur les territoires occupés.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com