Riyad à la conquête de l'économie spatiale mondiale

L'Arabie saoudite adopte une démarche proactive pour garantir la pérennité des activités spatiales. (Fourni)
L'Arabie saoudite adopte une démarche proactive pour garantir la pérennité des activités spatiales. (Fourni)
En tissant des partenariats stratégiques, l'Arabie saoudite construit les fondements d'une industrie spatiale dynamique, bénéfique tant au niveau régional que mondial. (AFP)
En tissant des partenariats stratégiques, l'Arabie saoudite construit les fondements d'une industrie spatiale dynamique, bénéfique tant au niveau régional que mondial. (AFP)
"Le Centre pour l'avenir spatial voit le jour à un moment particulièrement opportun", souligne Nikolai Khlystov. (Fourni)
"Le Centre pour l'avenir spatial voit le jour à un moment particulièrement opportun", souligne Nikolai Khlystov. (Fourni)
La durabilité dans l'espace constitue l'une des missions fondamentales du C4IR. (Fourni)
La durabilité dans l'espace constitue l'une des missions fondamentales du C4IR. (Fourni)
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Publié le Mercredi 18 décembre 2024

Riyad à la conquête de l'économie spatiale mondiale

  • Nikolai Khlystov du Forum Économique Mondial estime que l'inauguration du Centre pour l'avenir spatial au C4IR de Riyad intervient à point nommé
  • Le centre ambitionne d'impliquer les acteurs industriels dans l'élaboration de politiques optimisant les retombées de l'économie spatiale tout en gérant les risques émergents

RIYAD : L'Arabie saoudite affirme son leadership mondial dans l'industrie spatiale en lançant des initiatives axées sur l'innovation, la durabilité et la coopération internationale.

Cette stratégie s'articule autour de l'inauguration du Centre pour la Quatrième Révolution Industrielle (C4IR) à Riyad et de son Centre pour l'avenir spatial, placé sous l'égide de l'Agence spatiale saoudienne.

Cette initiative novatrice s'inscrit dans un contexte crucial pour le secteur spatial, confronté à une demande croissante d'approches inédites.

Le C4IR traduit la volonté du Royaume de développer des solutions pionnières pour stimuler la croissance et l'innovation dans l'économie spatiale mondiale. Il constitue également un pilier majeur de Vision 2030, le programme de diversification économique et d'avancement technologique de l'Arabie saoudite.

Dans un entretien accordé à Arab News, Nikolai Khlystov, responsable des technologies spatiales au Forum Économique Mondial, qualifie l'initiative d'opportune. "L'industrie spatiale connaît actuellement une transformation rapide", explique-t-il. "De nouvelles approches innovantes s'imposent."

"Le Centre pour l'avenir spatial émerge à un moment charnière. Il va créer une synergie inédite entre les acteurs du secteur et insuffler de nouvelles perspectives au moment même où foisonnent idées et visions novatrices."

Ce centre se positionnera comme catalyseur de collaboration entre instances gouvernementales, secteur privé et organisations internationales. Cette convergence devrait accélérer l'émergence de solutions innovantes face aux défis spatiaux.

La durabilité spatiale figure parmi les enjeux prioritaires du C4IR. La prolifération des débris orbitaux et l'intensification du trafic satellitaire menacent sérieusement la sécurité et la pérennité des missions spatiales.

"La question du trafic spatial devient cruciale - la multiplication des satellites en orbite augmente considérablement les risques de collision", précise Khlystov.

"Si les satellites actifs nous procurent des données précieuses, l'espace reste encombré de nombreux débris anciens de toutes tailles."

Face à ces défis, Khlystov révèle que le C4IR collabore avec le FEM sur un projet phare. "Nous explorons activement les pistes de convergence pour progresser sur la gestion des débris orbitaux et la durabilité en orbite."

"En fédérant les acteurs et en stimulant l'innovation - qu'il s'agisse de bonnes pratiques ou de mécanismes financiers - nous entendons relever ces défis."

Négliger l'aspect durable pourrait compromettre non seulement les missions scientifiques mais l'ensemble de l'économie spatiale.

En privilégiant des solutions novatrices comme le recyclage satellitaire, les technologies de désorbitation et la gestion du trafic, l'Arabie saoudite adopte une approche proactive pour garantir la pérennité des activités spatiales.

Les investissements du Royaume dans le secteur spatial s'inscrivent dans son ambition de devenir un acteur majeur de l'économie spatiale mondiale. Fort d'une combinaison de partenariats stratégiques internationaux et d'une base industrielle nationale solide, le pays occupe une position unique pour stimuler l'innovation.

en bref

 

  • La synergie public-privé est au cœur de la stratégie saoudienne pour piloter les avancées mondiales en matière de durabilité et d'innovation spatiale
  • Les applications des données spatiales, notamment l'observation terrestre et la navigation, profitent aux secteurs saoudiens de l'énergie, des ressources minières et de la gestion des catastrophes
  • Les technologies émergentes, comme l'exploitation des astéroïdes et la fabrication en microgravité, ouvrent de nouvelles perspectives pour les ambitions spatiales du Royaume.

"Le Royaume occupe une position stratégique sur l'échiquier mondial, soutenue par un tissu industriel national dynamique et innovant", souligne Khlystov.

"Pour développer de nouveaux modèles économiques dans le secteur spatial, il est crucial d'impliquer largement les industries locales."

Les retombées économiques des activités spatiales se manifestent principalement sur Terre via l'exploitation des données. "L'essentiel de l'impact se concrétise au sol", précise Khlystov.

"Les données satellitaires, dans leur diversité, transforment profondément de nombreux secteurs d'activité."

Ces applications, englobant l'observation terrestre, la navigation et la connectivité, s'avèrent déjà indispensables dans les domaines de l'énergie, des ressources minières et de la gestion des catastrophes.

La stratégie saoudienne d'exploitation des données spatiales s'aligne sur ses objectifs plus larges d'optimisation et de résilience de son tissu industriel.

La collaboration public-privé apparaît comme un levier essentiel du succès, notamment face aux défis des débris orbitaux et de la durabilité. Le positionnement international de l'Arabie saoudite la prédispose naturellement à orchestrer ces efforts.
"La dimension public-privé est incontournable dans ce secteur intrinsèquement mondial", affirme Khlystov. "Le Royaume peut assumer un rôle moteur sur les questions clés d'évolution du secteur, d'opportunités et de défis, particulièrement en matière de durabilité spatiale."

Le C4IR a été conçu pour catalyser ces collaborations en réunissant agences gouvernementales, entreprises privées et organisations internationales.

Cette démarche illustre l'engagement du Royaume à développer des solutions pionnières pour dynamiser l'économie spatiale mondiale.

En forgeant des alliances solides, l'Arabie saoudite pose les jalons d'une industrie spatiale florissante, bénéfique tant au niveau régional que mondial.

Le secteur spatial mondial bouillonne de technologies émergentes prometteuses. Si certaines, comme l'exploitation minière des astéroïdes et la fabrication en microgravité, en sont encore à leurs balbutiements, elles dessinent des perspectives enthousiasmantes.

"Les avancées technologiques actuelles sont passionnantes", s'enthousiasme Khlystov.

"Les futures applications permettront de désorbiter les satellites et de gérer les débris spatiaux, voire de les ravitailler ou les recycler. La fabrication de matériaux en orbite pourrait également devenir réalité."

La construction d'une industrie spatiale dynamique nécessite des infrastructures et un écosystème adaptés. L'Arabie saoudite s'engage déjà résolument dans cette voie.

"Le Royaume dispose d'atouts considérables : des ressources foncières importantes, des installations de recherche et développement, et un écosystème entrepreneurial en plein essor", détaille Khlystov.

"L'émergence de champions nationaux, à l'image du Neo Space Group, est déterminante pour stimuler l'innovation et la croissance."

Les efforts du Royaume pour développer un écosystème de startups robuste et investir dans les infrastructures, notamment les laboratoires spécialisés, constituent le socle d'un secteur spatial durable et innovant.

L'organisation d'événements internationaux, tel que le forum mondial "Connecting the World from the Skies", représente un autre volet stratégique de l'ambition spatiale saoudienne. Ces rencontres offrent une plateforme privilégiée d'échange et de collaboration.

"Ces événements jouent un rôle capital en rassemblant les acteurs mondiaux du secteur", explique Khlystov.  "L'organisation de telles conférences en Arabie saoudite facilite le dialogue entre les parties prenantes clés."

"Ces rendez-vous favorisent également la création de nouveaux partenariats tout en nourrissant les discussions stratégiques mondiales."

Par l'organisation de ces événements, l'Arabie saoudite cultive des partenariats internationaux qui feront progresser l'agenda spatial mondial.

Le C4IR marque un tournant : avec cette initiative alliant durabilité, innovation et collaboration, l'Arabie saoudite s'impose comme chef d'orchestre de la révolution spatiale mondiale.

"C'est une avancée remarquable pour le Royaume", déclare Khlystov. "L'horizon qui se dessine est riche de promesses, et la communauté spatiale internationale attend avec intérêt les fruits de cette initiative."


Taxe Zucman : «truc absurde», «jalousie à la française», selon le patron de Bpifrance

Nicolas Dufourcq, patron de Bpifrance, la banque publique d'investissement, a critiqué avec virulence mercredi l'idée d'une taxe Zucman, évoquant un "truc absurde", et "une histoire de jalousie à la française". (AFP)
Nicolas Dufourcq, patron de Bpifrance, la banque publique d'investissement, a critiqué avec virulence mercredi l'idée d'une taxe Zucman, évoquant un "truc absurde", et "une histoire de jalousie à la française". (AFP)
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  • M. Dufourcq, qui était interrogé sur RMC, a estimé que la taxe, dont le principe est d'imposer chaque année les contribuables dont la fortune dépasse 100 millions d'euros à hauteur de 2% de celle-ci, était "un truc complètement absurde"
  • Notant qu'avec la taxe Zucman, ils "paieraient tous en papier (en actions, NDLR) leurs 2%", M. Dufourcq a observé : "C'est moi, c'est la Bpifrance qui va gérer ce papier"

PARIS: Nicolas Dufourcq, patron de Bpifrance, la banque publique d'investissement, a critiqué avec virulence mercredi l'idée d'une taxe Zucman, évoquant un "truc absurde", et "une histoire de jalousie à la française".

M. Dufourcq, qui était interrogé sur RMC, a estimé que la taxe, dont le principe est d'imposer chaque année les contribuables dont la fortune dépasse 100 millions d'euros à hauteur de 2% de celle-ci, était "un truc complètement absurde", mais qui selon lui "n'arrivera pas".

Mais "ça panique les entrepreneurs : ils ont construit leur boîte et on vient leur expliquer qu'on va leur en prendre 2% tous les ans. Pourquoi pas 3? Pourquoi pas 4? C'est invraisemblable!", a-t-il déclaré.

Notant qu'avec la taxe Zucman, ils "paieraient tous en papier (en actions, NDLR) leurs 2%", M. Dufourcq a observé : "C'est moi, c'est la Bpifrance qui va gérer ce papier" : "Donc demain j'aurai 2% du capital de LVMH, dans 20 ans 20%, 20% du capital de Pinault-Printemps-Redoute (Kering, NDLR), 20% du capital de Free. C'est délirant, c'est communiste en réalité, comment est-ce qu'on peut encore sortir des énormités comme ça en France!?"

"Ces gens-là tirent la France. Il faut les aider (...) au lieu de leur dire qu'on va leur piquer 2% de leur fortune".

Il a observé que "si on pique la totalité de celle de Bernard Arnault, ça finance 10 mois d'assurance-maladie", mais qu'après "il n'y a plus d'Arnault".

"Il n'y a pas de trésor caché", a estimé M. Dufourcq, qui pense que cette taxe "n'arrivera jamais", et n'est évoquée que "pour hystériser le débat" politique.

Pour lui, il s'agit "d'une pure histoire de jalousie à la française, une haine du riche, qui est soi-disant le nouveau noble", rappelant les origines modestes de François Pinault ou Xavier Niel: "c'est la société française qui a réussi, on devrait leur dresser des statues".

"Il y a effectivement des fortunes qui passent dans leur holding des dépenses personnelles", a-t-il remarqué, "c'est ça qu'il faut traquer, et c'est ce sur quoi le ministère des Finances, je pense, travaille aujourd'hui".

Mais il y a aussi "beaucoup de Français qui passent en note de frais leurs dépenses personnelles", a-t-il observé. "Regardez le nombre qui demandent les tickets dans les restaus", pour se les faire rembourser.


IA: Google investit 5 milliards de livres au Royaume-Uni avant la visite de Trump

Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
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  • Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat
  • Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres

LONDRES: Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays.

Cette somme financera "les dépenses d'investissement, de recherche et développement" de l'entreprise dans le pays, ce qui englobe Google DeepMind (le laboratoire d'IA du géant californien), a indiqué le groupe dans un communiqué.

Google ouvre mardi un centre de données à Waltham Cross, au nord de Londres, dans lequel il avait déjà annoncé l'an dernier injecter un milliard de dollars (850 millions d'euros). La somme annoncée mardi viendra aussi compléter ce financement, a précisé un porte-parole de l'entreprise à l'AFP.

Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat.

Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres.

Selon un responsable américain, qui s'exprimait auprès de journalistes, dont l'AFP, en amont de la visite, les annonces se porteront à "plus de dix milliards, peut-être des dizaines de milliards" de dollars.

Le gouvernement britannique avait déjà dévoilé dimanche plus d'un milliard de livres d'investissements de banques américaines dans le pays, là aussi en amont de la visite d'Etat du président Trump.

Et l'exécutif britannique a annoncé lundi que Londres et Washington allaient signer un accord pour accélérer les délais d'autorisation et de validation des projets nucléaires entre les deux pays.

Depuis le début de la guerre en Ukraine, Londres redouble d'efforts pour se dégager des hydrocarbures et a fait du nucléaire l'une de ses priorités.

Le partenariat avec Washington, baptisé "Atlantic Partnership for Advanced Nuclear Energy", doit lui aussi être formellement signé lors de la visite d'État de Donald Trump.

 


La note française menacée de passer en catégorie inférieure dès vendredi

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
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  • La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne
  • Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie

PARIS: Fitch sera-t-elle vendredi la première agence de notation à faire passer la note souveraine française en catégorie inférieure? Les économistes, qui le pensaient il y a quelques jours, discernent des raisons d'en douter, mais ce ne pourrait être que partie remise.

Fitch ouvre le bal des revues d'automne des agences de notation. Toutes, au vu de l'état des finances publiques françaises et de la crise politique persistante depuis la dissolution, classent la France AA- ou équivalent (qualité de dette "haute ou bonne"), avec, pour certaines comme Fitch, une "perspective négative".

Ce qui préfigure une dégradation: en ce cas, la France basculerait en catégorie A (qualité "moyenne supérieure"), et devrait verser à ceux qui investissent dans sa dette une prime de risque supérieure, accroissant d'autant les remboursements de cette dette.

Pour Eric Dor, directeur des études économiques à l'IESEG School of Management, une dégradation serait "logique". D'abord parce que la situation politique n'aide pas à mettre en œuvre "un plan crédible d'assainissement budgétaire", comme Fitch l'exigeait en mars.

Mais aussi pour effacer "une incohérence" : 17 pays européens sont moins bien notés que la France alors qu'ils ont - à très peu d'exceptions près - des ratios de finances publiques meilleurs que les 5,8% du PIB de déficit public et 113% du PIB de dette publique enregistrés en France en 2024.

Coup d'envoi 

Depuis mardi, la nomination rapide à Matignon de Sébastien Lecornu pour succéder à François Bayrou, tombé la veille lors du vote de confiance, ravive l'espoir d'un budget 2026 présenté en temps et heure.

Lucile Bembaron, économiste chez Asterès, juge ainsi "plausible" que Fitch "attende davantage de visibilité politique" pour agir.

D'autant, remarque Hadrien Camatte, économiste France chez Natixis, que les finances publiques n'ont pas enregistré cette année de nouveau dérapage inattendu, et que "la croissance résiste".

L'Insee a même annoncé jeudi qu'en dépit du "manque de confiance" généralisé, celle-ci pourrait dépasser la prévision du gouvernement sortant - 0,7% - pour atteindre 0,8% cette année.

Anthony Morlet-Lavidalie, responsable France à l'institut Rexecode, observe aussi que Fitch, la plus petite des trois principales agences internationales de notation, "donne rarement le coup d'envoi" des dégradations.

Mais il estime "très probable" que la principale agence, S&P Global, abaissera le pouce lors de sa propre revue, le 28 novembre.

Selon ses calculs, la France ne sera en effet pas en mesure de réduire à moins de 5% son déficit public l'an prochain, contre les 4,6% qu'espérait François Bayrou.

Les économistes affirment cependant qu'une dégradation ne troublerait pas les marchés, "qui l'ont déjà intégrée", relève Maxime Darmet, économiste senior chez Allianz Trade.

Syndrome 

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne.

Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie.

Il craint des taux qui resteraient "durablement très élevés", provoquant "un étranglement progressif", avec des intérêts à rembourser captant "une part significative de la dépense publique, alors qu'on a des besoins considérables sur d'autres postes".

L'économiste décrit une France en proie au "syndrome du mauvais élève".

"Lorsqu'on avait 20/20", explique-t-il - la France était jusqu'à 2012 notée AAA, note maximale qu'a toujours l'Allemagne - "on faisait tout pour s'y maintenir. Maintenant on dit que 17/20 (AA-) ça reste une très bonne note. Bientôt ce sera +tant qu'on est au-dessus de la moyenne, c'est pas si mal+. Quand on est la France, en zone euro, on devrait quand même être un peu plus ambitieux que cela!", dit-il à l'AFP.

Pour autant, même abaissée à A+, "la dette française resterait de très bonne qualité", relativise M. Camatte, préférant souligner "la forte épargne des ménages et une position des entreprises qui reste très saine".